La Royauté sert-elle la Démocratie outre-manche ?

On a des preuves que la famille royale d’Angleterre fait pression sur les ministres pour imposer certaines de ses vues. Ces tentatives ont-elles eu un impact ? Assurément ! Je n’imagine pas un seul instant un ministre faire fi des considérations de la famille royale sur certains sujets !

Forcément, ces points de vue, qui ne sont pas toujours donnés dans l’intérêt général, posent problème tant la Démocratie doit demeurer la pierre angulaire de tout mode de pouvoir qui se respecte.

En enfreignant ces règles, et en faisant en sorte que certaines voix portent plus que d’autres, la Démocratie s’en trouve diminuée, preuve par laquelle la Démocratie peut être moins bien servie par un système monarchique que par une République.

La République offre plus d’avantages car elle permet le remplacement de ses élites par les élections, ce que la Monarchie ne permet pas.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 28 Mars 2015

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l’histoire du jour
Les lettres qui révèlent l’excès de zèle du prince Charles

Peut-on devenir roi d’Angleterre quand on a la manie de faire pression sur le gouvernement afin de pousser tel ou tel dossier qui vous tient à cœur ? La décision rendue jeudi 26 mars par la Cour suprême du Royaume-Uni pose directement cette question qui vise le premier prétendant au trône, le prince Charles. Les plus hauts magistrats du pays ont validé la requête du quotidien The Guardian qui, depuis 2005, réclame la communication de vingt-sept lettres adressées par le prince de Galles à sept ministres dont ceux de la santé, de l’agriculture et de l’urbanisme, sur certaines de ses marottes comme les médecines douces, l’agriculture biologique et l’architecture. La demande du journal, fondée sur la loi sur la liberté de l’information, avait été acceptée par un premier tribunal, mais elle s’était heurtée au veto du procureur général. En jugeant illégal ce veto, la Cour suprême ouvre la voie à la publication de ce  » courrier de l’araignée noire « , ainsi dénommé à cause de la graphie très particulière du prince et de son amour des points d’exclamation.

Pareille décision  » porterait préjudice au prince de Galles dans sa préparation au règne « , avait estimé le procureur pour s’opposer à la demande du Guardian, en précisant que ces lettres contenaient des opinions  » particulièrement tranchées  » sur certains sujets. Tel est bien le royal dilemme désormais posé. Selon Paul Flynn, un député travailliste, la décision rendue jeudi, si elle a pour conséquence de mettre en doute la capacité de Charles à être roi, pourrait conduire l’opinion publique à souhaiter un saut de génération et une succession directe au prince William, au moment où surviendra le décès de la reine. Quant aux militants prorépublicains, ils se frottent les mains en estimant que ces lettres vont révéler à quel point le prince de Galles est  » une sérieuse force politique plutôt qu’un acteur apolitique et inoffensif « . Confirmée dans une récente biographie du prince, sa propension à intervenir tranche en effet avec la discrétion observée par Elizabeth II.

Le premier ministre conservateur, David Cameron, a qualifié l’arrêt de  » décevant « , estimant que  » les plus anciens des membres de la famille royale doivent pouvoir exprimer leur opinion confidentiellement au gouvernement « . A Clarence House, la résidence du prince Charles, on se dit  » déçu que le principe de vie privée n’ait pas prévalu « . Mais le palais royal ne subira plus pareil affront. Depuis la campagne du Guardian, le gouvernement a fait voter une loi prohibant toute publication du moindre courrier adressé au gouvernement par la reine ou l’un des héritiers du trône.

Philippe Bernard

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