La France est toujours au bord du précipice budgétaire

Voici un bel article qui remet bien les pendules à l’heure.

La France n’est pas bien meilleure que la Grèce. Elle la talonne, et de près !

Il est temps de réagir et de travailler pour faire changer cette situation qui empire année après année.

Il faut donc réformer, et de manière forte et massive ! Etendre le nombre de dimanches travailler, favoriser le transport par car, ne suffira pas. On ne peut pas se contenter de mesurettes, il faut changer de paradigme et engager une véritable révolution afin de redonner à notre économie une vivacité nouvelle seule à même de sortir notre pays de l’ornière !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 9 Avril 2015

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La France, une Grèce qui s’ignore

La richesse par habitant ne croît pas, elle recule : de 0,1 % en 2012, de 0,2 % en 2013 et de 0,1 % en 2014, si l’on en croit par ailleurs Eurostat. Trois ans de récession par habitant.  » Le problème fondamental de la France est l’absence de croissance économique « , résume l’OCDE. L’avantage de tels rapports, c’est qu’ils permettent d’établir des séries longues, de sortir des querelles d’héritages droite-gauche et de s’extirper du  » on-fait-dire-aux-statistiques-ce-que-l’on-veut « , gri-gri bien commode pour nier une réalité dérangeante.

Tentons donc d’identifier ce qui s’est passé. En 1989, avec la chute du mur de Berlin, Milton Friedman et l’école de Chicago se frottèrent les mains, ravis d’avoir gagné la guerre froide contre le communisme. Un quart de siècle plus tard, à écouter les frondeurs, la France donne le sentiment d’avoir été battue par les vents libéraux.Ultras, forcément ultras. Trop de rigueur, pas assez de keynésianisme. Or il n’en est rien. La France devient, année après année, plus socialiste que jamais.

Inlassablement, le taux des dépenses publiques augmente en France : il est de 57,3 % du PIB, record mondial derrière la Finlande. Dix points de plus que l’Allemagne. La France est aussi championne des impôts, juste derrière le Danemark et devant la Belgique. Cette envolée des dépenses et des impôts s’explique par la progression de l’Etat social, auquel la France consacre 32 % de son PIB. Ce chiffre n’était que de 25,2 % en 1990.  » Les dépenses sociales apparaissent parmi les plus importantes de l’OCDE, surtout pour les soins de santé et la vieillesse « , estime l’organisation. Les réformes des retraites n’ont jamais mis à contribution les retraités, dont le niveau de vie est proche de celui des actifs, et les Français sont ceux qui ont la plus longue retraite : vingt-cinq ans, quatre ans de plus que la plupart des pays de l’UE. Les dépenses de santé sont parmi les plus élevées.  » La qualité des soins offerts est reconnue, mais leurs coûts semblent disproportionnés et les dépenses publiques pourraient être diminuées significativement sans compromettre la qualité et l’égalité d’accès aux soins.  » L’OCDE déplore aussi que  » les transferts sociaux, s’ils contribuent à réduire les inégalités, restent peu ciblés « .
Aux marges de la zone euro

Concrètement, la France étouffe sous l’impôt et la dépense publique. Il faudra opérer une réduction dont Valls-Hollande n’osent pas parler pour l’instant. L’OCDE le dit en termes plus alambiqués :  » La baisse prévue du ratio de dépenses, qui devra être significative, est une condition sine qua non pour pouvoir engager à moyen terme une réduction des prélèvements obligatoires les plus distortifs, ce qui permettra d’améliorer la croissance tendancielle.  » L’OCDE cite en exemple la Suède, le Canada, Israël et l’Espagne, qui ont réussi à diminuer de 10 points de PIB leurs dépenses publiques. Et cruelle conclusion :  » Même si la France en faisait autant, son ratio de dépenses serait toujours au-dessus de la moyenne de l’OCDE.  » Et qu’on n’invoque pas, pour justifier la dérive des dépenses, les nécessaires investissements – ils sont stables à 4 % du PIB depuis quinze ans – ni les intérêts sur la dette – ils se sont réduits de 2,8 % en l’an 2000 à 2,1 % du PIB grâce à l’effondrement des taux.

La France continue d’avoir le droit du travail parmi les plus protecteurs :  » La réforme du marché du travail français est une condition fondamentale à toute stratégie de croissance et de bien-être « , assène l’OCDE. Poliment, elle salue les réformes Sapin, avant de dire une vérité toute crue :  » L’impact de ces réformes demeure à ce stade limité.  » Peu d’employeurs ont fait usage de la nouvelle loi, les salariés peuvent la refuser et la jurisprudence n’est  » pas complètement établie « ,  » ce qui crée une incertitude pour les employeurs « .

C’est au fond le ton du rapport de l’OCDE, qui aimerait tant que la France soit sur le droit chemin. La direction est bonne, le ton juste depuis que Valls-Macron ont mis fin aux erreurs du début de mandat de François Hollande. Et les économistes du Château de la Muette donnent toute une série de recommandations :  » Leur impact total serait de l’ordre de 0,3 % – 0,4 % de croissance supplémentaire par an sur un horizon de cinq à dix ans.  » La question est de savoir si le gouvernement accomplit 1 %, 10 % ou un tiers du chemin nécessaire.

L’affaire est décisive. Car, à regarder les graphiques de l’OCDE, la France se situe dangereusement aux marges de la zone euro. Elle court le risque de devenir une grande Grèce, à force de trop diverger avec l’Allemagne et les économies du Nord. Que les taux d’intérêt retrouvent un niveau normal, et le poids de la dette, qui approche les 100 % du PIB, sera insupportable. Surtout lorsqu’on partage la même monnaie qu’une Allemagne en voie de désendettement.

par Arnaud Leparmentier

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