Des décisions honteuses pour la maîtrise des dépenses

Il faudrait savoir ! D’un côté on rend les Universités indépendantes et maîtresses de leur budget, et de l’autre, on taxe celles qui ne dépensent pas assez ! C’est honteux et scandaleux !

Du coup, ça donne une légitimité à ceux qui ne font pas d’efforts budgétaires !

En effet, à quoi cela sert-il de faire des efforts si l’Etat, dans sa grande bonté, joue les Robins des bois de paquotille en allant prendre aux riches pour donner aux pauvres ?

Avec ce genre de méthodes, il ne m’étonne donc plus du tout que Bercy et l’IGF excusent M. Mathieu Gallet d’avoir tant dépensé pour la rénovation de son bureau, et que les comptes de l’Etat soient à ce point désastreux !

On nous vante à chaque instant que nous sommes gouvernés par des génies et par des gens brillants ! Force est de constater que nous sommes avant tout gouvernés par des gens qui ne savent absolument pas gérer un budget et se conduisent perpétuellement comme des cigales et non comme des fourmis responsables !

Pauvre France !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 25 Avril 2015

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Les universités soumises à un  » exercice de solidarité  » inédit
L’Etat a décidé de ponctionner 47 établissements de 100 millions d’euros pour financer le budget de l’enseignement supérieur
Elles patientent depuis six mois, mais l’attente est en passe de prendre fin. Lundi 27 avril, universités et écoles d’ingénieurs publiques connaîtront la dotation que l’Etat leur versera en 2015. Et, parmi elles, celles qui sont désignées pour participer à un inédit  » exercice de solidarité  » – selon l’expression du ministère de l’éducation nationale – de 100 millions d’euros seront également fixées sur leur sort.

Si leur budget, voté par le Parlement, est stable (à 12,8 milliards d’euros), l’ensemble des établissements qui dépendent du ministère de l’enseignement supérieur recevront cependant 200 millions supplémentaires cette année. Pour les financer, l’Etat dégage 100 millions d’euros grâce à la fin du chantier de désamiantage de Jussieu. L’autre moitié sera récupérée sur la dotation prévue de 47 établissements, l’Etat considérant qu’ils ont mis trop d’argent de côté ces dernières années.

Sont concernés 11 universités sur 76, 25 écoles d’ingénieurs sur 36 et 12  » grands établissements « . Les règles prudentielles imposent aux universités d’avoir au moins 30 jours de réserve – les  » fonds de roulement  » – devant elles. L’Etat s’est intéressé aux établissements qui avaient économisé plus du double (soit 65 jours). Selon un rapport des inspections générales de Bercy et du ministère de l’éducation remis le 10 avril, sur un total de 1,4 milliard d’euros de fonds de roulement,  » de 350 à 375 millions d’euros ne sont pas engagés – dans des projets – et sont donc mobilisables « , précise le ministère. Manière de montrer que l’Etat, qui n’en retient que 100, est resté mesuré.

Cette modération affichée ne suffira sans doute pas à calmer la colère qui sourd sur les campus, surtout dans les établissements les plus touchés : l’université d’Artois (Pas-de-Calais) se voit retenir 24 millions d’euros mais ses réserves s’élevaient à 161 jours ! Lille-II 8,8 millions, Paris-II-Panthéon-Assas 7,7 millions…  » La solidarité, très bien, j’y suis très attaché, indique Xavier Vandendriessche, président de l’université Lille-II. Mais j’y participe déjà à hauteur de 8 millions par an, somme qui devrait nous revenir, à en croire l’Etat lui-même, mais qu’il ne nous verse pas ! Par ailleurs, la solidarité ne devrait pas connaître de limites. D’accord pour partager l’argent, mais il faut aussi partager les postes… Il m’en manque 484, quand d’autres en ont 700 ou 800 en trop. « 

Le fonds de roulement de Lille-II passera de 90 à 72 jours. L’université avait mis 43 millions de côté.  » Pourquoi se fait-il que mon établissement dispose de cette somme ? poursuit M. Vandendriessche, parce que notre université a toujours été gérée avec mesure et rigueur. Nous essayons d’être efficaces en utilisant le moins d’argent possible. Aujourd’hui, le plafond de la fac de médecine fuit et l’IUT de Roubaix s’effondre. Si on me prend mes fonds de roulement, comment je fais les réparations ? « 

Côté écoles d’ingénieurs, la colère est tout aussi vive.  » C’est une mesure scandaleuse et inéquitable, estime François Cansell, président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI). Cela fait des années que nous assainissons nos comptes. Ce sont ceux qui y ont le plus travaillé qui seront pénalisés.  » Comme lui, M. Vandendriessche déplore le message ainsi envoyé à la communauté universitaire :  » C’est la prime à une gestion dispendieuse, s’agace-t-il : allez-y, dépensez votre argent ! A la fin, il n’y aura aucune conséquence, l’Etat fera une rallonge en prenant de l’argent aux autres… « 

Excès de prudence
Ce n’est vraiment pas comme cela que l’on voit les choses au ministère. Sans oser prononcer les mots de  » mauvais gestionnaire  » à propos des établissements qui économisent trop, une source proche du dossier considère que  » ce n’est pas une prime à la mauvaise gestion. Au contraire : des réserves prudentielles excessives ne sont pas signe de sagesse et de cohérence. L’excès de prudence n’est plus de la prudence. Les universités doivent développer une culture de l’investissement « . Le ministère rappelle d’ailleurs que  » l’opération n’obère pas la capacité des établissements à investir : il a été tenu compte des projets d’investissement d’ores et déjà engagés, qui ont été placés en dehors de l’assiette de l’opération de mobilisation « .

L’Etat insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de réaliser des économies, mais de financer des mesures  » qui étaient parfois attendues depuis longtemps par la communauté universitaire  » : la compensation des frais d’inscription qui ne sont pas payés aux universités par les étudiants boursiers et l’augmentation mécanique des rémunérations (baptisée  » glissement vieillissement technicité « ). L’argent permettra également de financer des mesures catégorielles et les 1 000 emplois supplémentaires promis en 2015. Reste un point : l’opération sera-t-elle reconduite en 2016 ? Au ministère, l’idée ne choque pas.

Benoît Floc’h


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