Pôle emploi doit redevenir plus efficace !

Pôle emploi doit prendre ses problèmes à bras le corps et se remettre à travailler pour remplir les buts qu’on lui a fixés !

Il n’est pas normal que les chômeurs de longue durée ne soient pas les plus accompagnés pour leur retour à l’emploi car il est le plus difficile pour cette catégorie de population.

De plus, l’intensité de l’action de Pôle emploi devrait croitre avec l’ancienneté du chômage, au contraire de ce qui est fait actuellement. L’absentéisme pose très clairement problème, et l’établissement de journées de carence dans l’entreprise ne ferait pas de mal. Enfin, il faut faire un véritable travail de ciblage des candidats par rapport aux demandes réelles des entreprises.

Pôle emploi doit donc se remettre en cause car on a cruellement besoin de ses services actuellement. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir une agence fonctionnant dans l' »à peu près ».

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 3 Juillet 2015

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Pôle emploi mis en cause pour son inefficacité
Dans un rapport publié jeudi, la Cour des comptes dénonce le sort réservé aux chômeurs de longue durée

Ce n’est pas la stratégie de l’opérateur de l’Etat qui est en cause mais les modalités de ses interventions, soulignent les magistrats de la rue Cambon.

A sa décharge, Pôle emploi est confronté à de redoutables défis depuis sa création, fin 2008. Issu de la fusion de l’ANPE et du réseau des Assédic, ce service public, qui emploie quelque 53 000 agents pour un budget de 5 milliards d’euros, a dû digérer un big bang organisationnel. Et faire face à l’explosion du chômage de masse : entre janvier 2009 et janvier 2015, le nombre de personnes figurant sur les listes de Pôle emploi est passé de 3,9 millions à 6,2 millions, toutes catégories confondues, soit une hausse de 58 %.

Dans ce contexte,  » les missions de Pôle emploi apparaissent particulièrement complexes « , reconnaît la Cour des comptes. Il lui faut, à la fois, assurer l’indemnisation de ses publics, de plus en plus nombreux, et  » poursuivre un objectif de retour à l’emploi  » alors que la croissance est faible.

Le versement des allocations se déroule dans des conditions  » satisfaisantes « , aux yeux de la haute juridiction, même si le  » processus de gestion  » mériterait d’être modernisé, le traitement des demandes restant largement fondé sur le recours au  » papier « . Autre point noir qui n’a pas encore été gommé : l’effrayante complexité des règles d’indemnisation, qui déroute les bénéficiaires et engendre parfois des erreurs – avec, par exemple,  » des paiements indus qui doivent faire l’objet de remboursements « .

Mais c’est sur la réinsertion professionnelle que le bât blesse.  » Estimer la performance de Pôle emploi  » en la matière constitue un exercice  » difficile « , admet la Cour, car les indicateurs disponibles ne permettent pas d’apprécier ce qui relève de l’action de l’opérateur de l’Etat et ce qui résulte d’autres facteurs sur lesquels il n’a pas prise (conjoncture économique, reprises d’activité favorisées par d’autres structures publiques ou privées, etc.). Cependant, les données relatives au chômage de longue durée montrent une aggravation du phénomène. Ainsi, la part des demandeurs d’emploi inscrits depuis au moins un an s’est accrue : 43,3 % en janvier contre 30,3 % début 2009.

Pourtant, Pôle emploi a redéfini sa stratégie, en 2012, en différenciant ses services suivant les besoins des personnes. Celles qui sont proches du marché du travail bénéficient d’un accompagnement  » suivi  » ; celles qui en sont éloignées ont un accompagnement  » renforcé  » ; enfin, celles se trouvant dans une situation intermédiaire sont  » guidées « .

Tâches chronophages

La Cour approuve ces réorientations mais leur mise en œuvre, en revanche, pose question, selon elle. Le nombre de personnes fortement épaulées est relativement faible : un peu plus de 283 000, soit 5 %  » seulement du total des demandeurs d’emploi ayant un conseiller référent « . Fait édifiant, les chômeurs de longue durée (au moins un an) se voient  » essentiellement  » accorder un accompagnement suivi ou guidé alors que la logique voudrait qu’ils soient surtout dans la catégorie renforcée. Autre constat saisissant : l’intensité de l’action de Pôle emploi  » décroît avec l’ancienneté du chômage « . Ainsi, la part des demandeurs d’emploi  » sans préconisation d’action  » après 13 à 18 mois d’inactivité varie de 60 % à 85 % selon les modalités de suivi ; elle est deux fois moins élevée pour ceux qui sont au chômage depuis un à six mois…

Ces mauvais résultats tiennent, pour partie, à des problèmes d’organisation. Les conseillers sont accaparés par de multiples tâches chronophages (gestion, management, accueil…). Du coup,  » l’accompagnement des chômeurs ne compte qu’entre 29 % et 37 % de – leur – emploi du temps « , déplore la Cour. Elle évoque aussi les difficultés induites par le niveau d’absentéisme, plutôt élevé : près de 25  » jours calendaires  » par agent, en 2013, du fait, principalement d’arrêts maladie.

Enfin, les magistrats de la rue Cambon regrettent que la recherche d’offres d’emploi par l’opérateur ne soit plus  » universelle  » et se concentre sur les opportunités de postes pour les chômeurs  » faisant l’objet d’un accompagnement, en particulier ceux qui sont le plus en difficulté « . Il y a là  » un double risque  » :  » Ne plus apparaître comme un interlocuteur au contact des entreprises et (…) perdre sa crédibilité en présentant des candidats particulièrement éloignés des profils souhaités par les employeurs. « 

Ces observations ulcèrent le directeur général de Pôle emploi, Jean Bassères.  » C’est un rapport exclusivement à charge « , qui contient plusieurs  » erreurs d’appréciation  » et véhicule une  » vision dépassée du service public de l’emploi « ,écrit-il dans la réponse cinglante qu’il a adressée à la Cour. Il conteste notamment le raisonnement consistant à ne regarder que l’action déployée pour les demandeurs d’emploi avec un suivi  » renforcé  » alors que ceux  » “en guidé” (…) bénéficient eux aussi d’un accompagnement régulier « .

Il s’indigne que  » soient passées sous silence  » les évolutions impulsées par Pôle emploi : une partie significative des agents (2 000 équivalents temps plein travaillés) va être redéployée d’ici à 2018 vers  » l’accompagnement personnalisé  » des chômeurs, assure-t-il. Selon lui, l’opérateur a amélioré sa  » performance en termes de retour à l’emploi « , entre 2011 et 2014. Enfin, M. Bassères réfute l’idée selon laquelle Pôle emploi s’éloigne de son rôle d’intermédiaire avec les entreprises et offre à celles-ci des services faibles : 4 000 conseillers leur sont affectés, martèle-t-il.

Bertrand Bissuel

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