Quand l’éducation nationale, réforme après réforme, reste immobile

Les problèmes de notre éducation sont connus et largement repris dans cet article : notre système n’est ni efficace, ni juste.

Il n’est pas efficace car coûte très cher pour des résultats qui nous classent dans le ventre mou vis à vis des autres pays.

Il n’est pas juste car il promeut des élèves déjà favorisés socialement, ou des élèves fils ou filles de professeurs de l’Education Nationale.

Les réformettes proposées aujourd’hui résoudront-elles la situation ? Non !

Comment, en effet, penser qu’une réforme sur le Latin, le Grec ou l’Allemand va résoudre quoi que ce soit ? Comment penser que la part d’autonomie accordée par la réforme va augmenter une mise en concurrence des collèges, mise en concurrence qui est déjà largement présente ? En quoi le renforcement de l’autorité des chefs d’établissement va influer sur les résultats scolaires et l’inégalité des résultats scolaires face à la classe sociale ?

J’ai l’impression, une fois de plus, que certains profs ne font grève que par intérêt personnel et non pas dans l’intérêt des élèves…

Pour moi, une fois de plus, on est passé à côté du but recherché dans cette énième réforme.

Il faut engager une réforme qui lutte contre les inégalités sociales et qui remette les résultats de nos élèves en phase avec les exigences de notre pays ! En un mot, il faut faire en sorte d’améliorer le niveau scolaire des élèves et que ce niveau soit uniforme !

Le problème c’est que je ne vois pas de lien clair entre la réforme et les objectifs cités.

Pour que l’on ait de bon résultats, il faut donner envie d’étudier, il faut donner du plaisir, il faut inciter à se dépasser dans un cadre scolaire calme et serein. Il faut aussi que nos enseignants soient pleinement impliqués dans cet objectif et forcer les plus favorisés (agrégés, profs de classe prépa) à travailler plus car ils sont payés pour travailler et non se complaire de leurs diplômes ! Ainsi, est-il bien normal qu’un agrégé passe moins de temps devant l’élève qu’un collègue ne l’étant pas ?

Cessons de dépenser l’argent de l’Education Nationale à rémunérer certains profs et mettons cet argent pour les élèves afin de remplir nos missions éducatives et de sortir la France de sa médiocrité scolaire dont les profs portent la majeure partie de la responsabilité !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 13 Mai 2015

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Tohu-bohu sur le collège

L’Histoire, creuset de la nation, est une passion française. L’école, creuset de la République, en est une autre. Quand elles se rejoignent et que la politique s’en mêle, le psychodrame national est garanti. Nous y voilà plongés, une nouvelle fois, avec le projet de réforme de l’organisation et des programmes du collège, que la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, entend mettre en œuvre à la rentrée de septembre 2016, en application de la loi d’orientation sur l’école votée par le Parlement en juin 2013.

Que n’a-t-on entendu depuis quelques jours ! A droite, l’on a sonné le tocsin : réforme la plus  » détestable  » (Nicolas Sarkozy, UMP),  » médiocrité pour tous  » (François Fillon, UMP),  » attentat contre la République  » (Jean-Christophe Lagarde, UDI),  » mystification et démolition  » (François Bayrou, MoDem). Bruno Le Maire (UMP) a été le plus cinglant : dans une lettre adressée au chef de l’Etat et déjà signée par plus de 230 parlementaires, il dénonce  » un naufrage pour notre nation « . Pour tous, l’abandon de la réforme s’impose.

Auparavant, au propre comme au figuré, c’est l’Académie qui s’était insurgée. Marc Fumaroli avait pris la défense de l’enseignement du latin et du grec, auquel on  » s’apprête à donner le coup de grâce « . L’historien Pierre Nora avait déploré, dans ce projet,  » l’expression d’une France fatiguée d’être elle-même « . Pour Alain Finkielkraut, la ministre  » réalise l’exploit de faire pire encore que le désastre actuel de l’école « , tandis que Luc Ferry, Régis Debray, Michel Onfray et d’autres donnaient de la voix.

Quant aux syndicats d’enseignants, ils ne sont pas en reste. Du SNES (à gauche) au Snalc (à droite) – exception faite du SGEN-CFDT et de l’UNSA –, ils redoutent que la part d’autonomie pédagogique accordée par la réforme ne conduise à une dangereuse  » mise en concurrence  » des collèges, à un renforcement de l’autorité des chefs d’établissement, ou encore à un grignotage des horaires dans certaines disciplines. Du coup, sept d’entre eux appellent à une journée de grève le 19 mai.

Dialogue de sourds

Devant cette levée de boucliers de tous côtés, le président de la République a eu beau fustiger  » le concert des immobiles – qui – , au nom de l’intérêt général supposé, défendent leurs intérêts particuliers « , et la ministre de l’éducation a eu beau défendre son projet pied à pied, fustiger – une belle bourde ! – les  » pseudo-intellectuels  » qui s’y opposent, dénoncer  » une entreprise de caricature ou de désinformation « , proposer des amendements et des garanties, rappeler que la réforme des programmes en est encore au stade de la consultation avec les enseignants, assurer qu’elle en gommera en bout de course le jargon parfois ridicule, rien n’y fait, pour l’heure.

Ce dialogue de sourds est accablant. Car le diagnostic est à peu près unanime. Les enquêtes menées par l’OCDE (le programme PISA) et d’innombrables rapports en témoignent : notre système éducatif est en train de perdre, à l’école et surtout au collège, la bataille de l’efficacité et de la justice scolaires. Comparées à ceux des pays similaires, ses performances entre 6 et 16 ans sont médiocres et elles ont tendance à régresser depuis une douzaine d’années ; en outre, loin de corriger les déterminismes sociaux, familiaux ou ethniques, il a tendance à les aggraver. Les dégâts sont connus : l’écart ne cesse de se creuser entre les meilleurs élèves, les mieux dotés socialement, et les moins bons ; 15 % connaissent de sévères difficultés et 25 % des acquis fragiles ; quelque 150 000 jeunes  » décrochent  » et sortent chaque année du système sans qualification et sans grand espoir de trouver du travail ; le tout sur fond de malaise croissant des enseignants.

Politique de gribouille

Réparer ce gâchis scolaire, démocratique et économique devrait donc mobiliser toutes les énergies. C’est l’intention affichée par la ministre de l’éducation. Pour favoriser l’apprentissage des savoirs fondamentaux et adapter le collège à la diversité de ses élèves – c’est le cœur de la réforme –, elle propose une autonomie accrue aux équipes éducatives pour mettre en place de nouvelles pratiques pédagogiques (trois heures par semaine d’accompagnement personnalisé des élèves ou de travail en petits groupes sur des projets interdisciplinaires évidemment en lien avec le programme…).

C’est tout sauf une révolution, et les expérimentations convaincantes ne manquent pas. Mais cela n’empêche pas la révolte. Celle des enseignants, qui défendent le sanctuaire de l’heure de cours classique, la hiérarchie des disciplines et la religion des programmes (même s’ils sont trop chargés et infaisables comme en histoire), et qui redoutent un bouleversement de leur culture professionnelle.

Celle des parents, qui ont appris à jouer de tous les leviers pour que leurs enfants accèdent aux filières les plus sélectives, donc les plus prometteuses. Notamment les classes bilangues dès la 6e, qui bénéficient à 16 % des élèves et seraient remplacées par l’introduction d’une seconde langue vivante pour tous à partir de la 5e.

Celle, enfin, de tous ceux, à droite notamment, qui dénoncent un  » nivellement par le bas  » aux antipodes de  » l’excellence républicaine pour tous  » dont ils se font les bons apôtres. Ils seraient plus convaincants s’ils n’avaient, quand ils étaient aux affaires, supprimé des dizaines de milliers de postes de professeurs et toute formation professionnelle des enseignants digne de ce nom. Ou s’ils formulaient clairement, aujourd’hui, leurs remèdes aux maux de l’école.

En attendant, devant le tohu-bohu, le risque est d’autant plus facile à imaginer qu’il se répète depuis une trentaine d’années : le renoncement, le maintien d’un statu quo que chacun déplore, mais auquel personne n’a le courage de s’attaquer. C’est-à-dire une politique de gribouille.

par Gérard Courtois

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La double poursuite doit continuer à être la norme en matière de délits boursiers

En matière de justice, le principe est de ne pas poursuivre deux fois pour les mêmes faits. En matière de justice cependant, il y a toujours un mécanisme principe-exception.

Ainsi, en matière financière, on doit être dans l’exception.

Le parquet national financier (PNF) et l’Autorité des marchés financiers (AMF) doivent continuer à travailler de manière conjointe, ce, pour deux raisons :

– Le parquet juge en matière pénale, c’est à dire, un trouble manifeste à l’ordre public. On doit donc répondre à la question si des agissements boursiers ont pu aboutir à un tel trouble et si des peines de prison sont requises. Par exemples, si des particuliers ont été floués, il est normal que cela soit le parquet qui soit chargé de ces enquêtes.

– L’AMF doit elle juger sur des principes basés sur le métier de la bourse. Elle peut donc juger sur des faits techniques qui ne sauraient dispenser d’enquêtes pénales.

On le voit : AMF et PNF doivent continuer à travailler de concert car les buts ne sont pas les mêmes. De plus, seul le PNF peut se targuer de défendre la société.

L’exception doit donc primer ici en disant que l’on peut condamner deux fois pour les mêmes faits car la finalité n’est pas la même.

Deux articles du journal ‘Le Monde’ daté du 13 Mai 2015

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Après l’affaire EADS, une loi sur les délits boursiers

Un débat s’achève, un autre commence, tout aussi complexe. Sauf surprise, le tribunal correctionnel de Paris devrait clore définitivement l’affaire EADS, lundi 18 mai, lors de l’annonce du délibéré du procès. Les avocats des prévenus – sept dirigeants et ex-dirigeants du groupe aéronautique, ainsi que Daimler et Lagardère, soupçonnés de délit d’initié en 2005 et 2006 –, mais aussi le parquet national financier (PNF), en la personne de la procureure Eliane Houlette, ont en effet réclamé la fin des poursuites, lors d’une audience lundi 11 mai. Motif : tous avaient été mis hors de cause, en 2009, par la commission des sanctions de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Or, le Conseil constitutionnel a jugé, en mars dernier, qu’un délit d’initié ne pouvait être poursuivi à la fois par le gendarme de la Bourse et par la justice pénale. Jusqu’à présent, justice administrative (à travers l’AMF) et pénale cœxistaient en matière boursière.

Surtout, dans son jugement, le Conseil constitutionnel a donné au législateur jusqu’au 1er septembre 2016 pour élaborer une nouvelle loi, afin de réformer le système actuel. C’est aussi une manière de se mettre en conformité avec le droit européen, qui tend à bannir la double poursuite.

Audrey Tonnelier

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EADS : vers une loi sur les délits boursiers
La justice devrait clore l’affaire. Mais le débat sur la double poursuite ne fait que commencer

C’est là que le bât blesse. Jusqu’à présent, l’AMF pouvait transmettre au parquet les dossiers lui semblant relever du pénal. Mais elle continuait en parallèle sa propre enquête.  » Désormais, il va falloir hiérarchiser les poursuites « , résume Jean-Yves Le Borgne, un des avocats de John Leahy, l’actuel directeur commercial d’Airbus.

Le jeune PNF, fort d’un an d’existence seulement, compte bien en profiter pour asseoir sa légitimité en la matière.  » Il y a une concertation à avoir entre l’AMF et nous, pour aiguiller les dossiers. Reste à savoir qui décidera ! « , soulignait Mme Houlette à l’issue de l’audience, lundi. Dans une interview aux Echos, la semaine dernière, la procureure avait plaidé pour une  » coopération  » entre les deux institutions. Tout en soulignant que  » l’opportunité des poursuites pénales est une prérogative du parquet et qu’il est difficilement concevable que le choix de la voie pénale dépende d’une décision administrative « …
Forte technicité

 » La coopération entre l’AMF et le PNF est d’ores et déjà très étroite. L’AMF est prête à la renforcer tant que cela ne remet pas en cause ses règles internes de fonctionnement ni son indépendance « ,rétorque-t-on à l’AMF. Le gendarme de la Bourse peut se targuer d’une forte technicité de ses enquêteurs et d’une plus grande célérité : il lui faut en moyenne deux à trois ans pour constituer et instruire les dossiers, contre dix à douze ans au pénal. Il s’emploie aussi à souligner qu’il ne délivre pas une justice au rabais. Depuis 2010, la commission des sanctions de l’AMF peut en effet infliger des amendes allant jusqu’à 100 millions d’euros (contre 10 millions d’euros auparavant), contre 1,5 million au maximum au pénal. En revanche, l’Autorité ne peut pas prononcer de peines de prison, et les parties civiles n’ont pas voix au chapitre.

De son côté, le PNF détient un pouvoir d’investigation plus important : il peut perquisitionner sans autorisation ou procéder à des écoutes. Mais sa lenteur lui fait perdre en efficacité pédagogique et dissuasive. Au reste, les cas de doubles sanctions sont rares : moins de dix dossiers sur 300 depuis 2010. En règle générale, le parquet, qui se prononce une fois que la Commission des sanctions de l’AMF a rendu sa décision, en tient compte dans la peine qu’il réclame à son tour.
 » Une enquête commune « 

 » Si le système pénal a une charge symbolique plus forte et des moyens cœrcitifs supérieurs, – … – son rôle dans notre domaine reste limité puisque, depuis 2004, aucune peine de prison ferme n’a été prononcée pour un abus de marché « , a d’ailleurs souligné Gérard Rameix, le président de l’AMF, lors de la présentation du rapport annuel de l’Autorité, le 5 mai. Il souhaite, au final, que la répression pénale soit réservée aux cas les plus graves de délits boursiers, ce qui n’est guère contesté. Toute la difficulté étant de savoir comment les distinguer…

 » Si la règle de l’aiguillage des dossiers – vers l’administratif ou le pénal – est retenue, on pourrait imaginer une enquête commune, avec d’abord une intervention de l’AMF, dont les enquêteurs sont de vrais techniciens, puis l’adjonction de policiers si besoin « ,estime Aurélien Hamelle, associé chez Allen & Overy et avocat de Daimler dans le procès EADS. Quant aux règles d’aiguillage,  » si elles sont fonction de la gravité des faits reprochés, on peut tenir compte du montant de l’infraction, de la capitalisation de la société concernée, ou encore du nombre de personnes soupçonnées « , décrypte M. Hamelle.

Mais qui trancherait in fine sur la juridiction ad hoc ?  » Ce pourrait être l’AMF, le PNF ou une commission paritaire, sorte de chambre préliminaire composée de magistrats « , selon M. Hamelle.  » La légitimité voudrait que ce soit le parquet qui décide de l’orientation des dossiers. Mais aujourd’hui, l’AMF est la plus rapide à démarrer – les enquêtes – . Or en pratique, c’est souvent la rapidité qui a gain de cause… « , souligne Me Le Borgne, l’avocat de M. Leahy.

S’ils ne veulent pas que le législateur tranche dans le vif, l’AMF et le parquet semblent donc condamnés à s’entendre. Le débat ne fait que commencer.

Audrey Tonnelier

Une audience sans suspense

Le parquet ayant décidé de requérir la fin des poursuites, l’issue du procès EADS ne faisait guère de doute, lundi 11 mai. La vingtaine d’avocats de la défense présents, aux côtés notamment de Noël Forgeard, l’ancien coprésident d’EADS, ont donc pu savourer le moment.  » Il est rare que l’avocat d’un prévenu remercie le tribunal « , a souri Jean Veil, l’avocat de Lagardère.  » Errare humanum est, perseverare diabolicum  » a cité Jean-Alain Michel, avocat de M. Forgeard. Beaucoup moins enthousiaste, Fredérik Karel-Canoy, représentant de petits actionnaires parties civiles, a réclamé une poursuite des débats.  » Il faut une réponse judiciaire pour restaurer la confiance des actionnaires  » a-t-il lancé.

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