La construction européenne doit venir du peuple !

On parle dans ce texte que tout serait plus simple s’il y avait un budget européen. Le problème c’est que les peuples sont plus que méfiants envers l’Europe, alors pourquoi et comment essayer de leur faire avaler ça, en plus ?

Il faut arrêter, de la part de nos politiques, de ne pas écouter la voix du peuple en leur faisant avaler des décisions sans leur demander leur avis : c’est le meilleur moyen qu’ils se rebiffent à terme ! Il faut arrêter l’idéologie consistant à toujours donner plus de pouvoirs à l’Europe sans poser la question aux peuples quant à leur véritable désir de fonder une Nation Européenne.

Remettons le peuple au centre de l’Europe ! C’est par là, et seulement par là, que se jouera son avenir.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 21 Juillet 2015

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En France, la tentation fédérale en butte à l’eurosceptiscime généralisé
Les europhiles imaginent sans trop y croire l’approfondissement de la zone euro
Un très mauvais accord, même s’il évite le pire « , commente l’écologiste Daniel Cohn-Bendit.  » Un jeu à somme négative dans lequel tout le monde a perdu « , soupire le centriste Jean-Louis Bourlanges. Pour les plus anciens et les plus fervents partisans de la construction européenne, comme ces deux ex-députés européens, la négociation du week-end du 12 juillet sur le nouveau plan d’aide à la Grèce a certes permis d’éviter à Athènes une sortie de l’euro, dont la plupart ne voulaient pas entendre parler. Mais elle a mis en lumière les failles de l’intégration européenne.

Chez ces europhiles, c’est l’inquiétude qui domine. Contraints d’affronter depuis des années le fort vent d’euroscepticisme qui souffle sur le continent, alimenté par la montée des aspirations identitaires et des partis xénophobes, ils doutent de la capacité – et de la volonté – des responsables politiques à consolider un édifice européen dont la fragilité est apparue au grand jour.  » On a fait probablement le plus difficile – en évitant un  » Grexit  » – , mais il va falloir tenir la distance, avec ténacité et constance, pour sauver la Grèce et sauver le projet politique européen « , souligne Elisabeth Guigou, présidente (PS) de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale et ancienne ministre des affaires européennes (1990-1993).

Chef de file des députés français du groupe du Parti populaire européen (PPE), Alain Lamassoure voudrait pour sa part mettre à distance le cas de la Grèce dont le  » modèle « , selon lui, est celui d’un  » pays en transition plutôt que d’un pays développé européen  » et  » qui n’est pas en mesure de respecter les règles européennes « .  » Il y a trois ou quatre ans, le problème grec mettait en cause la zone euro. Aujourd’hui, le problème grec est un problème pour la Grèce. C’est une très bonne nouvelle. Full stop ! « , tranche l’ancien ministre des affaires européennes (1993-1995), qui invite à  » laisser retomber le soufflé politico-médiatique « .

M. Bourlanges, qui se dit  » profondément frustré « , est beaucoup plus pessimiste sur l’impact des dernières négociations :  » La Grèce est embarquée dans une aventure impossible, avec une politique menée par un premier ministre qui n’y croit pas. L’Europe du Nord a dû consentir à éviter le “Grexit” au prix d’une montée de la défiance à l’égard des pays du Sud qui est épouvantable. Et en France, on s’est réjoui indûment d’avoir fait passer un compromis qui n’est bon pour personne. « 

Fonctionnement  » irrationnel « 
 » Depuis l’arrivée de Tsipras, poursuit-il, on a voulu négocier. C’est-à-dire mégoter, mentir et, pour finir, humilier. La vraie méthode, celle de l’âge classique de la construction européenne, aurait consisté à chercher d’abord un consensus de raison, en définissant un modèle économique pour la Grèce qui soit compatible avec son maintien dans la zone euro. Et, en l’absence de consensus, à étudier les conditions d’un “Grexit” qui ne fragilise pas la zone euro et ne soit pas une catastrophe pour la Grèce. « 

S’ils apprécient différemment les conséquences sur l’Union européenne du sort de la Grèce, tous se rejoignent sur un plaidoyer en faveur d’une plus forte intégration économique et politique au sein de la zone euro.  » Faire un plan de sauvetage en deux nuits blanches… Le fonctionnement de l’Europe est irrationnel, inefficace et dangereux « , constate M. Cohn-Bendit, qui déplore que la monnaie unique soit  » gérée par la coopération intergouvernementale, faute de l’arme nécessaire, qui serait un budget européen « .

 » Si ce budget était porté de 1 % à 10 % du PIB, le problème de l’aide à la Grèce serait soumis à une Commission européenne, un Conseil européen et un Parlement européen « , souligne-t-il, en rappelant que le budget fédéral des Etats-Unis est supérieur à 20 % du PIB.  » La grande faiblesse de l’Union européenne, c’est le gouffre qui existe entre ses compétences juridiques et la taille infinitésimale du budget communautaire « , constate également M. Lamassoure.  » Ce qui manque, c’est une autorité politique et morale unique qui définisse une politique cohérente pour la zone euro « , note M. Bourlanges.  » Il faut un budget de la zone euro, et donc un Parlement de la zone euro « , renchérit Mme Guigou, qui souhaite également que des plans ambitieux en faveur du numérique et des énergies renouvelables viennent  » donner de la visibilité  » à ce budget européen, afin de  » favoriser l’acceptation par les peuples « .

Car il reste à convaincre les peuples… et leurs dirigeants.  » Si on veut pouvoir garder de la souveraineté, il faut la partager. Il faudra avoir le courage d’animer le débat public sur cette question, sans quoi on sera envahi par les nationalismes « , souligne Mme Guigou, qui estime que  » c’est l’absence de perspective qui nourrit les peurs « . Instruit par l’expérience, M. Lamassoure craint que  » les représentants des gouvernements freinent des quatre fers  » sur la gouvernance de la zone euro.  » On verra le degré de volonté politique des uns et des autres « , ajoute-t-il.  » Je n’arrive pas à identifier des gouvernants ou des forces politiques capables de jouer aux “grands” de l’Europe comme dans le passé « , s’inquiète M. Cohn-Bendit.

Jean-Baptiste de Montvalon


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