Eleveurs : dépensons moins et recentrons-nous sur le haut de gamme

Face à la crise des éleveurs, la France a pris beaucoup de mesures qui forment des dépenses supplémentaires pour l’Etat… qui est déjà en déficit chronique (baisse des charges, aides à la trésorerie des exploitants, etc.).

Le problème est connu : la France souffre de la concurrence, sur le bas de gamme, des Allemands (entre autres) qui offrent des produits moins chers car sortis d’exploitations bien plus grandes avec des salaires aussi plus bas car payés à des personnes issues de l’immigration.

On essaie donc de se battre sur un marché bas de gamme où d’autres pays ont d’ores et déjà des avantages indéniables par rapport à nous.

Je pense qu’on aurait tort d’essayer de se battre sur ce marché. Il me semble, au contraire, beaucoup plus judicieux, de réduire fortement la taille de nos exploitations en élevant moins de bêtes, mieux et plus longtemps afin de gagner en qualité et monter en gamme. Laissons les supermarchés se fournir dans des pays à plus faible qualité et recentrons notre pays sur notre véritable savoir-faire : la bonne bouffe en élevant des poulets fermiers et des cochons suffisamment longtemps pour que la viande soit bonne et pas bourrée aux antibiotiques !

Après, rien n’empêche notre pays de taxer plus lourdement les produits carnés bas de gamme, histoire que notre pays puisse constituer une véritable référence sur la viande et sur son savoir faire.

Dans cette mesure, nous avons tout à gagner : une hausse générale de la qualité, la lutte contre la malbouffe et la survie de nos paysans. Cerise sur le gâteau : un gage de qualité pour ces mêmes paysans auxquels on pourra redonner la fierté de produire de la qualité et pouvoir reconnaître la plus-value de la France en la matière !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 22 Juillet 2015

******************

Un plan d’urgence pour les éleveurs
L’Elysée promet de nouvelles aides alors que les acteurs de la filière ne parviennent pas à s’entendre
François Hollande n’a pas souhaité prendre le risque d’une extension de la contestation: il a annoncé un plan d’urgence en faveur des agriculteurs, mardi matin. Celui-ci, décidé lors d’une entrevue avec le ministre Stéphane Le Foll, lundi après-midi, devait être évoqué avec Manuel Valls lors de son déjeuner hebdomadaire à l’Elysée, puis finalisé mardi pour être annoncé au conseil des ministres de mercredi.

Ce plan, à en croire un conseiller ministériel, devrait comporter  » des mesures conjoncturelles, censées aider les éleveurs concernés, producteurs de lait ou de viande, à résoudre leurs difficultés de trésorerie pour payer impôts et charges sociales. Ce serait de l’argent débloqué ou des remises et tolérances acceptées dans le paiement des différentes taxes « , dans une ampleur et une durée qui devaient être fixées aujourd’hui. Le dispositif comportera également des mesures structurelles sur les prix.  » C’est sur cette base que l’Etat mettra la pression sur les industriels et les distributeurs « , poursuit ce conseiller. Sont également évoquées des aides à l’export ou une priorité donnée aux produits français dans les cantines publiques.

Dès lundi, la droite est monté au créneau, de François Fillon à Nicolas Sarkozy en passant par Alain Juppé. De son coté, Bruno Le Maire s’est rendu sur un barrage routier à Caen.  » Notre agriculture et nos paysans sont en train de mourir donc il y a urgence à réagir « , a déclaré le député de l’Eure des Républicains (LR). Sur place, les manifestants réclament toujours la venue du ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll. Ce dernier leur a proposé de les recevoir jeudi à Paris, quand il aura pris connaissance du rapport que le médiateur des prix, qu’il a désigné, doit lui remettre mercredi à 17 heures.

Qui manifeste ?

Vendre leur production à un meilleur prix pour les sortir de la crise : voilà en substance ce que réclament les éleveurs qui manifestent depuis le mois de juin contre la faiblesse des prix de vente. Ils accusent les autres acteurs de la filière (transformation, distribution, etc.) d’avoir fait chuter les prix au point d’étrangler leurs moyens de subsistance.  » Les éleveurs français n’ont plus de revenus. Ils sont incapables de régler les échéances bancaires « , s’alarmait ainsi en juin, Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine.

Si le mouvement a été initié par des producteurs de la filière bovine, ils ont été rejoints depuis peu par les éleveurs de porcs et de vaches laitières. Toutes filières confondues, 10 % des élevages seraient en difficulté financière estimait ainsi, vendredi, le ministère de l’agriculture.

Le prix du litre de lait s’est effondré en décembre 2014, la tonne étant payée 300 euros, une  » crise mondiale liée au marché du beurre, de la poudre de lait, à la fin des quotas et à la contraction des grands marchés « , évoque M. Le Foll. Concernant le bœuf, le ministre parle d' » un problème plus national, la consommation évolue  » qui fait que le prix d’achat du produit baisse, comme pour le porc.

L’accord du 17 juin

Dans ce contexte tendu par des mouvements de contestation à répétition, le ministère a réuni l’ensemble des acteurs de la filière et le 17 juin fixant un cadre de hausse des prix. Seuls la grande distribution et les industriels de la filière bovine avaient accepté de payer 5 centimes de plus par kilo de carcasse acheté dès le 18 juin, et d’augmenter les prix de ce même montant toutes les semaines jusqu’à ce que le prix d’achat aux éleveurs couvre les coûts de production. Selon le président de la Fédération nationale bovine, le coût d’achat moyen de la carcasse est de 3,7 euros le kilo pour un coût de production de 4,5 euros le kilo. L’accord du 17 juin devait donc permettre de combler en quelques semaines le différentiel existant.

Un mois plus tard, les accords n’ont été que très sommairement mis en application : des augmentations substantielles ont été pratiquées sur les prix d’achats de la viande mais elles restent inférieures aux sommes prévues par l’accord : le bœuf n’a été revalorisé que de 7 centimes le kilo sur un mois (contre une hausse de 5 centimes par semaine prévue dans l’accord).

La réponse des industriels et distributeurs ?

Les acteurs de la grande distribution ont assuré, lundi, avoir respecté leurs engagements.  » Nous avons augmenté comme prévu les prix de 5 centimes chaque semaine. Simplement, visiblement, ça ne redescend pas. (…) Il faut que ce que nous avons fait se répercute sur les éleveurs « , indique Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution.

Certaines enseignes, comme LIDL France qui s’est exprimée par l’intermédiaire de son responsable des achats Michel Biéro, engagent, elles, directement la responsabilité des industriels auprès desquels l’enseigne se fournit.  » Nous, on leur paye 10 centimes de plus sur chaque produit depuis deux semaines, et les éleveurs n’en ont reçu que deux. Les industriels se font du gras sur notre dos et c’est sur nous que s’abat la colère des éleveurs alors que nous avons tenu nos engagements « , ajoute-t-il.

Dès la signature de l’accord en juin, les différents acteurs de la filière bovine avaient accepté le principe d’une médiation sur la mise en œuvre de celui-ci. Pour Stéphane Le Foll, celle-ci devrait permettre de  » savoir qui a joué le jeu  » parmi les distributeurs et industriels.

Services Economie et France

Please follow and like us:

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *