Il est temps de réformer notre code du travail pour lutter contre le chômage

On ne peut toujours se satisfaire d’un taux de chômage toujours plus haut quant on parle de notre pays. Il faut réformer profondément notre pays pour sortir de cette impasse, de cette ornière que représente le chômage.

En France, on se satisfait d’un fort taux de chômage sous principe qu’il est bien indemnisé. On a toujours préféré un chômeur bien indemnisé à un travailleur mal payé. C’est un choix. Mais c’est un choix délétère car c’est un choix qui mine nos dépenses publiques, c’est un choix qui augmente nos dettes et c’est un choix que l’on ne pourra assumer indéfiniment sous peine de finir comme la Grèce !

Un pays qui se contente de ne pas travailler est un pays qui court à sa ruine ! Il est particulièrement surprenant qu’au pays de La Fontaine, on ne se souvienne pas que la cigale finit mal par rapport à la fourmi !

Le coût du travail est trop cher, surtout pour les personnes les moins qualifiées. Il faut donc axer les réformes sur la qualification et sur l’alignement du coût des moins qualifiés sur les autres pays. La baisse des coûts doit être transitoire en misant sur la qualification du personnel : c’est la clé des réformes à engager !

Quant aux propos de M. Bruno Ducoudré de l’OFCE, ils sont erronés : la démographie peut être source de croissance elle-même. Il est donc faux de dire que la France doit faire un effort supplémentaire par rapport aux autres pays. Elle doit juste s’aligner sur la qualité de la formation des autres pays. Pas besoin d’en faire plus : faisons-en déjà suffisamment, ce qui n’est pas le cas…

Il est temps que la France retourne au boulot car c’est de sa survie dont on parle dans ce cas !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 Juillet 2015

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Chômage : pourquoi la France reste embourbée
La relative stabilisation du nombre de demandeurs d’emploi en juin s’explique surtout par un changement du mode de calcul
Il faudra encore patienter pour voir la courbe du chômage s’inverser. Selon les statistiques diffusées lundi 27 juillet par le ministère du travail et par Pôle emploi, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a atteint, au mois de juin, un peu plus de 3,553 millions en métropole, soit une très légère hausse de 1 300 par rapport au mois précédent. Si l’on y ajoute ceux ayant occupé une activité réduite (catégories B et C), il y avait, à la fin juin, un peu plus de 5,397 millions d’inscrits à Pôle emploi dans l’Hexagone (–0,3 % sur un mois).

Ces chiffres, qui semblent témoigner d’une stabilisation du phénomène, doivent, en réalité, être maniés avec précaution, parce que Pôle emploi a modifié ses méthodes de classement des chômeurs. Disposant d’informations plus précises qui lui permettent de savoir quels sont les demandeurs d’emploi en formation, en service civique ou en contrat aidé, l’opérateur a basculé une partie d’entre eux, relevant des catégories A, B et C, vers les catégories D et E (demandeurs dispensés de  » faire des actes positifs de recherche d’emploi « ). Sans cette opération, le nombre de chômeurs en catégorie A aurait été plus élevé de 10 000 en juin (et de près de 25 000 dans les catégories A, B et C).

Ces données montrent combien le problème reste écrasant. La France est d’ailleurs l’un des rares pays de l’Union européenne, avec l’Autriche, la Belgique, la Finlande et la Roumanie, où le taux de chômage a augmenté entre mai 2014 et mai 2015. Partout ailleurs, cet indicateur a reculé. Sur l’ensemble de l’Union, le pourcentage moyen de demandeurs d’emploi dans la population active est passé de 10,3 % à 9,6 %, alors qu’il a progressé de 10,1 % à 10,3 % dans l’Hexagone, selon Eurostat, l’institut statistique européen.

Toutefois, les pays d’Europe du Sud, touchés directement par la crise de la dette européenne, affichent des taux bien plus forts qu’en France (22,5 % en Espagne, 25,6 % en Grèce, 13,2 % au Portugal), mais ces ratios ont fortement baissé depuis un an, grâce à une reprise soutenue après plusieurs semestres de crise. Le cas de la Grèce est à part car son économie a d’abord pâti, ces derniers mois, de l’incertitude autour des négociations européennes et de la fermeture des banques ; elle risque maintenant de subir le contrecoup des mesures d’austérité adoptées mi-juillet à Bruxelles.

Le taux de chômage français étant très éloigné de ceux d’Europe méridionale,  » la France ne peut pas être considérée comme le mauvais élève de l’Union européenne « , précise Bruno Ducoudré, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Mais les performances de notre pays sont loin d’être mirobolantes. Une morosité imputable, en partie, à une croissance un peu plus faible que la moyenne européenne. Avec + 0,1 % au dernier trimestre 2014 et + 0,6 % sur les trois premiers mois de l’année, la France a mis plus de temps à redémarrer que les autres pays.

L’évolution de la croissance n’explique que la moitié des variations du taux de chômage en Europe, d’après une étude publiée en mai par les économistes Tito Bœri (université Bocconi) et Juan F. Jimeno (Banque d’Espagne).  » Les institutions du marché du travail et les politiques de l’emploi  » jouent aussi un rôle, selon ces deux experts, qui pointent notamment du doigt le manque de flexibilité des salaires ou la rigidité du marché du travail en France. Résultat : en période de crise, le chômage augmente plus lentement, mais lorsque la reprise s’amorce, il met aussi plus de temps à refluer.

 » 130 000 nouveaux entrants « 
 » Notre droit du travail se distingue à la fois par sa complexité et son instabilité, avance l’économiste Bertrand Martinot, auteur de Chômage, inverser la courbe (2013, Les Belles Lettres) et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Tandis que certains pays, parmi ceux qui ont le taux de chômage le plus élevé, l’ont en partie réformé – par exemple l’Italie ou l’Espagne –, la France, elle, s’est contentée jusqu’à maintenant de réformes homéopathiques sur ce terrain. « 

Autre paramètre à prendre en considération, selon Bertrand Martinot : le coût du travail au niveau du salaire minimum  » est l’un des plus élevés au monde si l’on raisonne en termes horaires « .  » Cette situation pénalise les personnes peu ou pas qualifiées ainsi que celles qui débutent leur vie professionnelle « , assure-t-il, en évoquant les difficultés propres aux jeunes : 15 % à 20 % d’une classe d’âge sort de notre système de formation initiale sans aucun diplôme et l’apprentissage est insuffisamment développé, du fait du fort  » tropisme  » de l’éducation nationale en faveur de l’enseignement général. Bruno Ducoudré, lui, met l’accent sur d’autres facteurs explicatifs. La France, dit-il, doit composer avec le dynamisme de sa démographie, lié à un taux de fécondité parmi les plus élevés sur le Vieux Continent.  » Cela se traduit par environ 130 000 nouveaux entrants sur le marché du travail chaque année en moyenne, affirme l’économiste de l’OFCE. Nous avons donc besoin de plus de croissance que bien d’autres pays européens pour absorber cette hausse de la population active. « 

L’activité a pâti de la politique en matière de finances publiques. Elle a été placée sous le signe de  » l’austérité « , considère Bruno Ducoudré, d’abord par un relèvement de la fiscalité au début du quinquennat de François Hollande, puis par une maîtrise des dépenses, qui s’est appliquée au détriment de la population. Cela a un  » impact sur l’activité économique « , donc sur les besoins en main-d’œuvre, conclut Bruno Ducoudré..

Jean-Baptiste Chastand, et Bertrand Bissuel

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