Encore une réforme qui n’a pas donné les effets escomptés

2 mesures européennes ont été lancées et financées, mais avec de piètres résultats. On a donc, une fois de plus, jeté de l’argent par les fenêtres en mettant des objectifs trop contraignants. En clair : on finance beaucoup au moment où le jeune n’est déjà plus employable. Il faudrait faire le boulot de formation, d’éducation avant. Dans le cas présent, on a de gros moyens qui ne pourront mener qu’à l’échec alors que moins d’argent mis avant pourrait sauver la mise…

Il faudrait mettre le paquet sur l’éducation car c’est elle qui doit être chargée de mener à l’emploi. Mais vu le faible niveau de la France en la matière, j’ai bien peur que tous les fonds Européens destinées à lutter contre le chômage ne servent à rien…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 Juillet 2015

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Le bilan du dispositif pour les jeunes est décevant
Le taux de chômage des jeunes reste à un niveau record, en dépit des investissements européens dans des programmes trop contraignants
Cela devait être la solution européenne au chômage des jeunes. Lancées en grande pompe il y a deux ans,  » l’initiative pour l’emploi des jeunes  » et la  » garantie européenne jeunesse  » devaient être, sur le papier, une petite révolution pour l’Union européenne. Lors d’un sommet, en juin 2013, les Etats membres s’étaient notamment engagés à proposer à tous les jeunes sans emploi et sortis du système scolaire une formation, un emploi ou un accompagnement dans les quatre mois (la  » garantie pour la jeunesse « ).

Pour appuyer ce programme,  » l’initiative pour l’emploi des jeunes  » prévoyait, elle, de financer à hauteur de 6 milliards d’euros des projets correspondant à cet objectif dans les régions où le chômage dépasse les 25 % (par exemple les outre-mer et le Nord-Pas-de-Calais ou la totalité des régions espagnoles). Les ministres de l’emploi français et allemand vantaient alors dans les colonnes du Monde un  » new deal européen  » et promettaient  » des remèdes puissants, immédiats et durables au problème aigu de l’emploi des jeunes en Europe « .

Deux ans plus tard, malgré deux sommets intermédiaires uniquement consacrés à ces programmes, le taux de chômage des jeunes, du moins en France, reste à un niveau record (24,1 %), malgré la baisse du nombre de chômeurs de moins de 25 ans annoncée lundi 27 juillet par Pôle emploi (– 1,1 %). Et la déception est perceptible sur le terrain.  » Pour toucher les aides, il va falloir que les jeunes soient en insertion 120 jours sur douze mois en entreprise, explique Didier Leschi, préfet à l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis, qui voit seulement arriver les fonds maintenant. Mais ceux qui ont conçu ces programmes n’imaginent pas combien c’est compliqué de trouver des entreprises prêtes à prendre des jeunes en difficulté loin des codes et des savoir-être collectifs, comme ceux de notre département.  » Il sent déjà qu’il va avoir du mal à dépenser les 11 millions d’euros de fonds européens mis à disposition de son département.

 » Les règles de gestion sont très exigeantes, cela ne favorise ni l’innovation ni la rapidité « , critique également l’Association des régions de France (ARF), destinataire d’une partie des crédits.  » Il n’y a aucune visibilité pour les citoyens, c’est uniquement un truc de techno « , lâche même un fonctionnaire qui travaille sur ces projets.  » Cela a créé beaucoup d’attentes mais les réponses ne sont pas à la hauteur, appuie Margherita Bussi, chercheuse à la confédération européenne des syndicats. En Italie, il y a eu beaucoup d’inscriptions sans réponse sur le site Web. Si les jeunes ne sont pas suivis, l’idée de garantie n’existe pas. «  » Une partie de l’argent n’est pas utilisée pour ce à quoi il est destiné « , s’inquiète également Guillaume Balas, un eurodéputé PS, en pointant les aides aux entreprises décidées par l’Espagne, qui ne semblent pas correspondre à l’esprit du programme.  » On ferait bien d’être un peu moins tatillon sur la distribution des fonds et un peu plus précis sur leur suivi. « 

 » Aucun retour sur les projets « 
Deux ans après le lancement, impossible en effet d’avoir un bilan précis de l’état d’avancement de ces programmes. A Bruxelles, la commissaire à l’emploi, la Belge Marianne Thyssen, n’est pas disponible pour en parler, mais la Commission ne cache pas que cela ne va clairement pas assez vite.  » C’est trop tôt pour faire un bilan, il y aura un rapport en 2016, promet-on seulement. Mais on pense que la garantie jeune et l’initiative apportent des résultats : le taux de chômage des jeunes a reculé de 23,2 % à 20, 9 % depuis 2013.  » Mais sans suivi des programmes pays par pays, difficile de savoir s’ils sont permis en quoi que ce soit de concrétiser cette baisse.

 » Nous n’avons aucun retour sur les projets. Il y a eu du retard à l’allumage, l’Europe est allée plus vite que les éventuels porteurs de projet « , affirme l’eurodéputée (Les Républicains) Elisabeth Morin-Chartier. Début 2015, elle s’est battue pour faire adopter le plus rapidement possible un amendement assouplissant les avances financières de la Commission, qui étaient jusqu’ici trop faibles pour permettre à certains Etats, notamment en Europe du Sud, de lancer leurs programmes.  » On n’a jamais fait aussi vite pour amender un programme « , assure Mme Morin-Chartier. Alors qu’à peine quelques millions avaient été dépensés jusqu’ici, près d’un milliard d’euros ont été mis à disposition des Etats fin mai dans l’espoir que les programmes débutent enfin réellement sur le terrain, notamment en Europe du Sud.

700 postes de conseillers
Pour une fois, le gouvernement français a pourtant fait figure de bon élève. Avec l’Italie, il a été le premier pays à détailler, dès l’été 2014, comment les 620 millions d’euros qui lui sont attribués seront répartis. 75 millions iront par exemple au financement de la  » garantie jeunes « , qui consiste à assurer un suivi aux jeunes en difficultés en échange d’une petite allocation. 27 millions d’euros permettront de créer 700 postes de conseillers Pôle emploi spécialistes du suivi des jeunes. Le ministère du travail et de l’emploi promet que 100 % des fonds européens prévus pour la France seront bien programmés d’ici à fin 2015 et ensuite progressivement dépensés. Reste à convaincre les acteurs de terrain de s’emparer enfin vraiment de ces fonds.

J.-B. C.

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