Un effort à poursuivre en matière de réflexion sur l’éducation

Le livre de M. Alain Juppé va dans le bon sens, mais il manque, selon moi, une mise à plat claire et sincère de la situation ainsi qu’une ligne de conduite claire et efficace.

Pour le statut, il faut combattre les problèmes de notre Education :

1. Le système coûte trop cher pour des résultats qui ne sont pas à la hauteur de ces dépenses. Le rapport qualité/prix est très clairement trop faible
2. Notre système est profondément inégalitaire en promouvant les privilégiés et en laissant sur le bord de la route les autres
3. Notre système n’aboutit pas à une intégration efficace de nos jeunes sur le marché du travail

Pour mettre en place une correction de ces problèmes, il faut donner envie aux élèves d’apprendre, il faut leur donner du plaisir. Il faut abandonner le système de la note sanction pour passer par une valorisation de ses compétences et lui faire comprendre où sont ses défauts pour qu’il puisse s’améliorer et engranger des compétences, le tout, en prenant plaisir à le faire.

En clair, il faut mettre l’élève au coeur de la réforme en lui demandant ce qu’il veut faire et comment il veut le faire, afin de lui faire prendre du plaisir à apprendre en l’engageant dans son éducation !

On en est loin, très loin… Mais c’est la seule voie possible par laquelle nous devrons passer pour améliorer l’état de notre pays car l’éducation est à la base de cette problématique.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 22 Août 2015

*************

Sur l’éducation, le maire de Bordeaux prend la droite à contre-pied
Dans un livre à paraître le 26 août, Alain Juppé formule des propositions qui peuvent bousculer son camp comme les milieux enseignants

C’est peu dire que dans son livre Mes chemins pour l’école (JC Lattès, 306 pages, 12 euros), à paraître le 26 août, Alain Juppé se démarque des conceptions habituelles de sa famille politique sur l’éducation. Bien que formulé sobrement, son propos prend sèchement à contre-pied la majorité de la droite sans pour autant épargner la gauche conservatrice, puisqu’il formule aussi une série de propositions de nature à bousculer le système éducatif.

Proclamant son refus des  » effets d’estrade  » et des  » coups de menton « , posant en principe que l’école  » ne doit pas être un facteur de clivage entre la gauche et la droite « , il refuse de prôner l’abrogation des mesures de l’actuel gouvernement, pour lesquelles il ne prévoit que des  » adaptations « . Les couplets rituels sur l’urgence de rétablir  » l’instruction  » et  » l’autorité  » ou sur les ravages du  » pédagogisme  » sont totalement absents du livre. De même, il n’attaque pas le collège unique, qu’il préfère appeler  » collège commun  » et dont l’abandon équivaudrait, écrit-il, à accepter une  » ségrégation « .

Le maire de Bordeaux cite en exemple le film Les Héritiers, ode à l’engagement pédagogique sorti sur les écrans en décembre 2014, marque sa sympathie envers le collège expérimental Clisthène, à Bordeaux, montre son intérêt pour l’évaluation des élèves par compétences et même pour une expérience de classes sans notes dans un collège. Sur l’interdisciplinarité, un des aspects de l’actuelle réforme du collège qui inquiète le plus les enseignants, il se déclare  » plutôt séduit par cette idée « , bien que critique sur sa mise en œuvre.

Parallèlement, ses propres solutions apparaissent plutôt hardies. L’objectif étant de  » faire remonter la France de 10 places dans chacun des volets du classement PISA – établi par l’OCDE – « , il entend  » assurer à tous les jeunes Français une maîtrise complète de la langue française et du socle commun à la fin du collège  » et  » une véritable qualification à la sortie du système éducatif « . Pour y parvenir, il souhaite  » accroître substantiellement  » l’effort sur le primaire, en particulier la maternelle et le CP, de manière à y  » réduire fortement le nombre d’élèves par classe « .

 » Exigence absolue « 

Cet objectif serait obtenu par  » un redéploiement des moyens du second degré « . Alain Juppé ne mentionne pas dans ce livre son choix, exprimé auparavant, de rétablir le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite : il indique qu’il  » souhaite sanctuariser l’effort budgétaire global pour l’éducation nationale à son niveau actuel pour la période 2017-2022 « . En même temps, il présente comme  » une exigence absolue  » de  » revaloriser le statut d’enseignant  » par un  » rattrapage (…) par rapport à la moyenne de l’OCDE, en commençant par le premier degré, où les salaires seraient augmentés de 10 % dès la première année du mandat « .

Mais c’est sur la gouvernance des établissements scolaires que ses vues sont le plus audacieuses. Au moment où l’actuelle réforme du collège inquiète les enseignants en donnant aux établissements un surcroît d’autonomie, M. Juppé souhaite aller beaucoup plus loin. Il propose que la gestion de la dotation horaire (l’enveloppe d’heures de cours attribuée à chaque établissement) soit entièrement dévolue aux équipes éducatives dans les établissements volontaires. Les collèges et des lycées seraient dotés, à côté du conseil d’administration, d’un  » conseil éducatif d’établissement  » qui assumerait la gestion de l’autonomie. Cette instance, présidée par le chef d’établissement, serait composée de 6 à 15 enseignants élus par leurs pairs.

Quant au choix du chef d’établissement, le recteur  » proposerait  » plusieurs candidats,  » auditionnés par un jury composé du conseil éducatif d’établissement et du conseil d’administration « . Accompagnées d’une  » extension progressive  » (mais pas d’une généralisation) de la procédure des postes à profil (recrutement d’un professeur en fonction de son adhésion à un projet), ces propositions inédites conjuguent une autonomie poussée et une forme d’autogestion partielle du travail enseignant.

D’où viennent-elles ? Alain Juppé et son  » M. Education « , le député de la Marne Benoist Apparu, n’ont pas livré leurs secrets de fabrication. Outre des centaines de témoignages d’enseignants, de parents ou d’étudiants recueillis depuis le printemps, ils ont multiplié les rencontres de tout bord, parmi lesquelles celle, courant juillet, du sociologue François Dubet, voisin bordelais qui, dit-il, s’est borné, comme d’autres, à donner son avis.

Sur l’autonomie des établissements et la priorité au primaire, l’OCDE et l’Institut Montaigne, d’orientation libérale, peuvent être tenus pour des sources d’inspiration… sans que leurs options soient pour autant reprises à la lettre. Le maire de Bordeaux a élaboré sa propre synthèse et, sur cette base, annonce qu’il veut maintenant  » ouvrir le débat « .

Luc Cédelle


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *