Encore une réforme d’ampleur à réaliser dans l’intérêt général

Tout juste vient-on de sortir de la réforme, pour le moins plus qu’inaboutie, sur le collège, qu’il faut remettre le couvert pour le lycée ! En effet, la Cour des comptes vient de mettre son grain de sel en l’étudiant de près, et le moins que l’on puisse dire c’est que le compte n’y est pas !

En quelques mots : trop cher car trop d’établissements, avec trop d’heures et trop d’options… De plus, une efficacité qui laisse à désirer…

C’est pas nouveau. On le voit : malgré 80% d’une classe d’âge au Bac, l’échec est manifeste concernant l’enseignement supérieur, et les nouveaux diplômés ont bien du mal à satisfaire aux pré-requis exigés par les futurs employeurs…

Il faut cesser le fait de donner le choix de passer près de 50 langues différentes ou plus d’une dizaine d’options bien éloignées du terrain professionnel !

Bref, en matière de réformes dans l’Education Nationale, il reste encore beaucoup de boulot !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 30 Septembre 2015

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Le lycée, trop cher et impossible à réformer
Selon un rapport de la Cour des comptes, il faut moins d’établissements, moins d’heures et moins d’options
Le lycée coûte cher et il est peu efficace. C’est le constat, sévère, que dresse la Cour des comptes dans un rapport rendu public mardi 29 septembre. Les rapporteurs encouragent le gouvernement à réformer ce niveau d’enseignement pour lequel l’Etat dépense sans compter : 26 milliards d’euros, ont-ils chiffré. Il faut moins d’heures de cours, moins d’établissements, moins d’options et simplifier le baccalauréat, conseillent-ils.

Ils ont peu de chance d’être entendus. La priorité du quinquennat, c’est la réforme du primaire et du collège, qui enflamme les oppositions de tous bords. La loi de  » refondation « , promulguée en 2013 et qui a fixé les objectifs jusqu’en 2017, ne dit rien – ou presque – du lycée. Celui-ci avait été réformé par la droite, en 2010. A dix-huit mois de l’élection présidentielle de 2017, il est peu probable que la gauche, empêtrée dans son nouveau collège, ses nouveaux programmes et une nouvelle évaluation, lance la rénovation du lycée.

Il serait pourtant plus que temps, selon la Cour des comptes. Les résultats du lycée sont  » très moyens « , estiment les rapporteurs. Certes, l’objectif, fixé en 1985, de conduire 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat n’est pas loin d’être atteint. Mais la France n’est qu’au onzième rang des pays de l’Union européenne, observent-ils. Ils évoquent également le décrochage scolaire et notent surtout que  » les résultats faibles des étudiants en licence posent, indépendamment du taux de réussite au baccalauréat, la question de performance du lycée, tant en termes de niveau de connaissances et de compétences acquises par les élèves que la qualité de leur orientation « .

Le coût du bac
Or, pour financer ce lycée aux résultats moyens, l’Etat dépense 26 milliards d’euros par an. C’est 18,6 % du total consacré à l’éducation. Les autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) allouent beaucoup moins d’argent à ce niveau d’enseignement. La caractéristique est connue : la France privilégie le lycée alors que la plupart de ses voisins favorisent le primaire, là où tout se joue. Un lycéen français coûte 10 102 euros, contre 7 347 euros en moyenne dans les autres pays de l’OCDE.

Le constat n’est pas tout à fait neuf. Des études tirées des données PISA, programme international de suivi des acquis des élèves lancé il y a plus d’une décennie par l’OCDE, ont déjà mis l’accent sur ce déséquilibre en faveur du lycéen.  » Cela nous vient de l’histoire. Une histoire longue, que même les gouvernements de gauche, avant 2012, n’ont pas osé contrarier, analyse l’historien de l’éducation Claude Lelièvre. De fait, notre système privilégie les élites, leur renouvellement voire leur élargissement. « 

Dans les calculs opérés par la Cour des comptes, le bac tient une place à part, aussi sensible que symbolique.  » Il reflète imparfaitement le niveau  » des élèves et  » ne joue plus de rôle essentiel dans – leur – orientation « . Au-delà du coût de son organisation, que la Cour ne chiffre pas (la fourchette est large, des 50 millions d’euros par session communément admis au 1,5 milliard avancé par un syndicat de proviseurs), c’est bien sa  » complexité  » qui fait grimper la facture du lycée. La Cour des comptes donne l’exemple des langues. Les candidats peuvent faire un choix parmi 58 d’entre elles, même si  » 20 ont été choisies par moins de 50 élèves « . Or, l’épreuve implique des cours optionnels pour la préparer. D’où  » une offre de formation pléthorique « .

Beaucoup trop d’options : c’est l’une des raisons qui expliquent le coût du lycée français. La voie générale propose 15 enseignements facultatifs en seconde, 11 en première et 15 en terminale. Là encore, c’est une spécificité française, alors que les autres pays de l’OCDE resserrent leur enseignement sur les matières fondamentales. Or, ces options coûtent cher. En comparant le coût moyen des huit matières obligatoires de base avec celui de quatre disciplines optionnelles (langues anciennes, arts…), la Cour des comptes s’est rendu compte que le rapport allait du simple au double – voire de 1 à 6. C’est évidemment le faible nombre d’élèves qui explique un tel coût.

S’il y a beaucoup d’options, il y a aussi beaucoup d’heures d’enseignement. Et concentrées sur une trentaine de semaines de cours, quand l’Allemagne en a 38 et le Royaume-Uni 40. Un lycéen français reste assis en classe 1 108 heures par an, contre 964 pour les élèves de l’OCDE. Compte tenu, note la Cour, de la  » rigidité  » du service des enseignants, calculé sur la semaine et moins lourd qu’ailleurs, les dépenses grimpent vite.

Evaluer la précédente réforme
Enfin, pour des raisons historiques, géographiques et politiques, il y a également beaucoup de lycées en France : 4 291 recensés en 2011. Face à la petite taille et au coût de certains d’entre eux (11 % scolarisent moins de 100 élèves, soit 1 % des lycéens), pourquoi s’empêcher un redimensionnement ?  » Une cible de taille optimale d’établissement pourrait être fixée par les pouvoirs publics, au moins pour le lycée d’enseignement général et technologique « , estime la Cour des comptes.

Mais avant de pouvoir engager une réforme du lycée, il faudrait déjà évaluer celle conduite par Luc Chatel en 2010, dont beaucoup d’enseignants soulignent les points communs avec la réforme du collège engagée par -Najat Vallaud-Belkacem : accompagnement personnalisé, autonomie accrue des établissements… Cette évaluation, la communauté éducative l’attend toujours.  » L’inspection générale a déjà produit plusieurs rapports sur la réforme du lycée. En revanche, le bilan de la réforme n’a pas encore commencé, justifie-t-on au cabinet de la ministre de l’éducation. Des groupes de travail avec les organisations syndicales vont être mis en place pour que ce soit un bilan partagé.  » Echéance évoquée : novembre 2015. Probablement trop tard pour qu’un changement d’ampleur se dessine sous ce quinquennat.

Mattea Battaglia, et Benoît Floc’h


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