Quand on traite les gens comme de la merde, ils se conduisent comme tels…

Personnellement, quand je croise une femme avec un voile partiel ou intégral, je me sens très mal à l’aise. J’ai l’impression qu’elle prend la société des hommes comme des violeurs en puissance, prêt à abuser d’elle si elle montre une part de sa féminité. Je prends donc comme une insulte le fait d’être assimilé à un animal ne pouvant réfréner mes supposées pulsions.

Cependant, interdire le voile intégral est une bêtise car on ne traite pas l’idiotie avec plus d’idiotie encore !

Au contraire : il aurait fallu convaincre que porter le voile dans un pays laïque et démocratique comme le nôtre était un non-sens. Notre culture est profondément républicaine et laïque et réprouve le caractère fortement prosélyte d’un habillement au profil esthétique plus que suspect !

Nos politiques, avec leur compétence que l’on connaît, ont décidé d’interdire en outrepassant leur mission éducative.

On voit aujourd’hui le résultat : la pratique s’est accrue et on a, par notre action, incité les comportements que l’on voulait limiter.

C’est normal : quand on s’adresse à des imbéciles qui prennent leur religion au pied de la lettre, il ne faut pas être imbécile soi-même, et ne surtout pas entrer dans le piège de la répression qui ne fait que stigmatiser un comportement…

Quand on considère les gens comme de la merde, ils se conduisent comme tels, d’autant plus s’ils n’ont pas compris la culture du pays dans lequel ils vivent…

Il ne fallait pas interdire cette pratique, il fallait que la population réprouve dans son ensemble, mais sans verser dans l’interdiction. Le mal est fait car le problème a été augmenté : merci à l’incompétence de nos politiques !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 10 Octobre 2015

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Loi sur le voile intégral : « On a créé le monstre qu’on voulait éviter »
LE MONDE | 10.10.2015 à 10h49 • Mis à jour le 11.10.2015 à 03h35 | Par Julia Pascual

Ce sera un anniversaire sans bougie. Dimanche 11 octobre, la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public aura cinq ans. Cinq ans que le port du voile intégral est passible d’une contravention de 150 euros. Qui n’a pas réussi à décourager ce signe d’appartenance à un islam radical. Vendredi 9 octobre, Rachid Nekkaz, un homme d’affaires algérien, est allé régler de sa poche la contravention d’une de ces femmes. La 973e. C’est la manière qu’a trouvée ce bon communiquant pour lutter contre une loi qu’il juge liberticide. Il dit l’avoir « neutralisée » avec ses deniers. L’amende de vendredi avait été infligée à Stéphanie L., une convertie verbalisée devant l’école de ses enfants, à Nice. « C’est sa 11e amende », relève M. Nekkaz.

Régulièrement, le gouvernement se voit reprocher la mauvaise application de ce texte promulgué par Nicolas Sarkozy. En juin, sur France Inter, Henri Guaino jugeait ainsi que la loi n’était « pas appliquée ». Le 1er octobre, encore sur France Inter, Valérie Pécresse, chef de file du parti Les Républicains aux élections régionales en Ile-de-France, réitérait : « Est-ce que vous tolérez que, sur le sol français, la loi française qui interdit le voile intégral ne soit pas appliquée ? »

« Pas si grave »

Au ministère de l’intérieur, on démontre le contraire : il y a eu 332 verbalisations en 2012, 383 en 2013, 397 en 2014 et 200 sur les neuf premiers mois de 2015. Des chiffres stables mais faibles. Plusieurs verbalisations renvoyant parfois à une même personne « multirécidiviste » : une femme a par exemple été contrôlée à 33 reprises.

Pourquoi si peu de verbalisations ? « Depuis le début, nous avons dit que ce serait difficile à appliquer, fait valoir Nicolas Comte, porte-parole du syndicat Unité SGP Police FO. Mes collègues y réfléchissent à deux fois avant de se mettre dans des situations compliquées dans certains quartiers. Et puis les services sont débordés, donc la question se pose de les mobiliser sur une infraction pas si grave. » En somme, « le jeu n’en vaut pas la chandelle ». En de très rares occasions, la situation a pu dégénérer, comme à Trappes (Yvelines) où, en 2013, un contrôle d’identité mouvementé sur une femme intégralement voilée avait entraîné trois jours de violences urbaines.

Plus fondamentalement, le phénomène reste marginal. « Le voile intégral est une réalité microscopique, appuie Mohamed-Ali Adraoui, auteur de Du Golfe aux banlieues. Le salafisme mondialisé (PUF, 2013). La loi a été un non-événement pour l’écrasante majorité des musulmans. » Les associations qui s’étaient montrées pour combattre le texte sont désormais en sommeil, à l’image des Amazones de la liberté.

Du côté des relais de la loi, la démonstration est la même : le site gouvernemental dédié, www.visage-decouvert.gouv.fr, a disparu et l’association Ni putes ni soumises, qui devait, par le biais de ses « ambassadrices de la laïcité » et une convention annuelle de 80 000 euros passée avec l’Etat, « sillonner la France pour faire de la pédagogie sur la question du voile intégral », n’a pas communiqué sur le sujet. Le Centre national d’information sur les droits des femmes et des familles et ses 111 structures territoriales ont également été sollicités par l’Etat pour participer au travail d’« information des personnes » concernées. Résultat : « Nous avons échangé avec moins de dix femmes, relève la directrice générale, Annie Guilberteau. Nous sommes en contact avec pléthore d’associations de quartier et le sujet ne nous est pas remonté de façon flagrante. »

A Paris, dans la rue Jean-Pierre Timbaud, connue pour ses librairies musulmanes et ses magasins de vêtements, on ne dit pas autre chose. Shainez travaille dans une boutique et vend « quelques » niqabs (qui ne laissent voir que les yeux) par semaine. Dans une autre enseigne, Mouni Lakehal parle « d’une vente chaque mois ». Ce qui ne manque pas d’énerver cette Algérienne de 60 ans : « Celles qui portent le niqab, c’est du show-off [de la frime] », lâche-t-elle.

« C’est ma façon de lutter »

Une critique que réfute Samira (le prénom a été modifié), qui fait justement des achats dans la rue et porte un niqab « parce qu’[elle se] sen[t] bien et qu’[elle] devien[t] [elle]-même ». La jeune femme de 28 ans dit avoir « cherché à [se] rapprocher du meilleur comportement, celui du prophète et de ses femmes ». Elle est issue d’une « famille musulmane pas ultra-pratiquante » et son mari était opposé au voile intégral. Samira porte le niqab depuis « environ trois ans » et dit avoir essuyé de nombreuses insultes dans la rue. A contrario, « il n’y a jamais eu d’altercation avec la police », constate-t-elle, alors qu’elle a déjà fait l’objet de quatre contrôles.

C’est aussi le cas de Leila (le prénom a été modifié), trentenaire célibataire de Vaulx-en-Velin (Rhône), qui décrit une vingtaine de contrôles d’identité et une seule verbalisation : « Je lève mon voile directement, les agents apprécient. Cela se passe très bien. » Leila, issue comme Samira d’une famille musulmane « pas forcément très pratiquante », raconte avoir troqué le voile pour le niqab au moment du vote de la loi : « C’est ma façon de lutter, de dire non au gouvernement qui me retire ma liberté. »

D’après Agnès de Féo, sociologue et réalisatrice de documentaires qui travaille depuis plus de dix ans sur le port du niqab, la loi a « agi comme un déclencheur et suscité des vocations ». Avant 2010, celles qui portaient le niqab « étaient davantage dans une démarche religieuse, piétiste. Aujourd’hui, même si elles affirment toujours vouloir plaire à Dieu, il y a une volonté de revendication, de rupture avec une société qu’elles considèrent comme hostile », explique-t-elle.

Cette analyse met à mal l’idée selon laquelle les femmes qui portent le niqab subiraient la mainmise d’un homme. On retrouve au contraire beaucoup de profils de femmes célibataires, divorcées ou agissant contre l’avis de leur mari et, dans tous les cas, revendiquant leur libre arbitre.

La sociologue évoque enfin une recherche « plus identitaire, qui est rarement suivie d’un investissement religieux profond ». En témoigne le nombre important de converties parmi les femmes qui revêtent le niqab. « Le battage médiatique autour de la loi a permis à certaines de découvrir un moyen de revendiquer une islamité valorisante à travers les codes salafistes, poursuit Agnès de Féo. C’est un renversement du stigmate. On les a nourries d’exclusion, on a projeté sur elles nos propres fantasmes, on a créé le monstre qu’on voulait éviter. »

Julia Pascual
Journaliste au Monde

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