Il faut que Israël devienne un Etat de droit !

Israël est-il un état de droit ? Je ne le pense pas. Quand on se permet d’enfermer les gens sans procès, on ne peut pas se targuer d’être un Etat de droit…

Cela est indigne d’un pays qui a été fondé par un peuple qui a autant souffert au XXe siècle ! Las, cette souffrance ne sert pas à réaffirmer les droits humains élémentaires, mais au contraire à faire montre de vengeance envers les gens qui ne sont pas d’accord avec la politique de cet Etat !

Quand un peuple a tant souffert, on s’attend à ce qu’il ne fasse pas souffrir les autres et impose un véritable Etat de droit en mettant la justice au coeur de sa politique !

En enfermant de manière abusive certains de ses prisonniers, et en les forçant à s’alimenter, Israël fait tout le contraire : pauvre pays !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 22 Août 2015

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La détention administrative contestée en Israël
L’avocat palestinien Mohammed Allan a mené deux mois de grève de la faim contre cette pratique judiciaire

Depuis plusieurs semaines, Khader Adnan est à la tête des manifestations organisées en soutien à Mohammed Allan, l’avocat palestinien de 31 ans qui vient d’interrompre sa grève de la faim commencée le 18 juin. Longue barbe et chemise à carreaux, Khader Adnan sait de quoi il parle. Ce Palestinien, accusé par Israël d’être un membre influent du Jihad islamique palestinien, est sorti le mois dernier d’une prison israélienne après une nouvelle grève de la faim de cinquante-six jours. Il était sous le coup d’une dixième détention administrative, imposée par Israël.

Héritée du mandat britannique, cette disposition permet aux autorités israéliennes de retenir quiconque pour six mois renouvelables indéfiniment, sans procès et sans informer le détenu des charges qui pèsent contre lui. La détention administrative  » viole les droits de l’homme les plus élémentaires « , estime Tom Mehager. Pour cet Israélien, responsable de la communication de l’association Adalah, qui défend les droits de la minorité arabe en Israël, il faut simplement l’interdire. Une demande relayée mercredi par le sous-secrétaire général aux affaires politiques de l’ONU, Jeffrey Feltman, qui juge l’usage systématique de ces détentions et l’absence de charges publiques  » incompatibles avec les standards internationaux des droits de l’homme « .

Justice d’exception

Si elle a été utilisée de manière inédite, début août, contre trois extrémistes juifs, la détention administrative est habituellement réservée aux Palestiniens soupçonnés de terrorisme. Près de 400 d’entre eux sont actuellement derrière les barreaux sous ce statut. Une justice d’exception, dont Mohammed Allan, en s’imposant une longue grève de la faim, est devenu l’opposant le plus médiatique.

Khader Adnan reconnaît le caractère  » ultime  » de cette méthode. Quand on l’interroge sur cette  » arme « , l’ancien détenu palestinien utilise toujours la même réponse énigmatique :  » Ce n’est pas une question de nourriture. C’est une question de dignité « . Le militant, très religieux, évoque aussi sa foi qui lui a permis de tenir durant ces moments d’intenses souffrances.

Dans son cas, comme dans celui de Mohammed Allan, le gouvernement israélien – qui se veut pourtant intraitable avec les  » terroristes  » présumés – a dû négocier. L’avocat palestinien a toujours refusé les différentes conditions proposées par les autorités israéliennes en échange de sa libération. Il a finalement bénéficié d’une décision de la Cour suprême qui a, après plusieurs reports, jugé son état incompatible avec une détention.

Impensable pour autant que les autorités israéliennes mettent fin à cette justice spécifique, bien trop pratique pour arrêter quiconque facilement, rapidement et le garder à sa guise. Jeudi 20 juillet, plusieurs ministres israéliens ont décrié la décision de la plus haute instance d’Israël sur le cas Allan. Pour la très droitière ministre (Likoud) de la culture et des sports, Miri Regev, elle crée un dangereux précédent qui pourrait inciter des centaines d’autres prisonniers à suivre cet exemple.  » La Cour suprême a cédé au chantage du terroriste Mohammed Allan au lieu d’appliquer la loi « , écrit la ministre sur son compte Facebook.

Fin juillet, le gouvernement israélien a fait voter un texte qui autorise le recours à l’alimentation forcée des détenus en grève de la faim. Mais aucun prisonnier n’a, pour le moment, subi ce traitement. Après avoir été transporté à l’hôpital de Beer Sheva pour être nourri de force, Mohammed Allan a dû être transféré dans un établissement à Ashkelon car aucun personnel médical ne souhaitait prendre la responsabilité de cet acte  » contraire à l’éthique médicale « , selon l’Association médicale mondiale. Idem dans la ville côtière, malgré un accord entre la direction de l’hôpital et les autorités pénitentiaires, les médecins ont refusé d’obéir.

 » Les médecins israéliens ne sont pas les jouets du gouvernement israélien « , argumente Amany Dayif, un responsable de l’ONG Médecins pour les droits de l’homme en Israël, basée à Tel-Aviv. Pour l’association, l’intubation de force s’apparente purement et simplement à de la torture.

L’organisation note, dans le même temps, que le recours à la grève de la faim est un procédé de plus en plus pratiqué par les détenus palestiniens victimes de la détention administrative. Cette méthode, utilisée en dernier recours, peut entraîner la mort à partir de 42 jours, affirme un médecin israélien. En 2012, deux codétenus palestiniens, Bilal Diab et Thaer Halahleh, avaient été libérés après 77 jours sans nourriture. Au moins huit cas de longues grèves de la faim ont été recensés ces dernières années, a calculé l’organisation de prisonniers palestiniens Addameer. Toutes se sont soldées par la libération des intéressés. Aucun gréviste de la faim n’est mort durant cette même période.

Nicolas Ropert


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