Oui aux hauts salaires dans la fonction publique… justifiés par un service rendu à l’intérêt général !

Un salaire de 180 000 euros brut ou 190 000 euros brut, non justifié par un service rendu à l’intérêt général, c’est un peu cher payé…

S’il y a compétence et capacité pour ces postes, la rémunération doit avoir une forte composante variable basée sur des objectifs liés à un service rendu vis à vis de l’intérêt général. A priori, ce n’est pas comme cela que ces salaires ont été votés. C’est une faute, une faute grave car on parle ici d’argent public provenant directement des poches du contribuable.

Payer aussi cher des présidents qui ne servent que des minorités est choquant dans un pays qui se noie dans une mauvaise gestion permanente depuis plus de 30 ans.

Il est définitivement temps que ces pratiques cessent !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 15 décembre 2015

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Débat autour des salaires des présidents de groupement universitaire
Paris sciences et lettres et Paris Saclay n’ont pas respecté la consigne gouvernementale
Combien doivent gagner les dirigeants des mastodontes universitaires voulus par le gouvernement, au moment où le monde de l’enseignement supérieur traverse une grave crise de financement ? La polémique enfle sur la rémunération du président de la communauté d’universités et d’établissements (Comue) Paris sciences et lettres (PSL), Thierry Coulhon. Son salaire annuel de 180 000 euros brut, voté lors d’un conseil d’administration de PSL début novembre, passe mal.

Cette rémunération a été dénoncée le 23 novembre par le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser), l’organisme consultatif du supérieur, qui a décidé de voter contre l’entrée de quatre nouveaux établissements – dont l’EHESS – dans Paris sciences et lettres, qui regroupe déjà le Collège de France, l’Ecole normale supérieure ou encore l’université Paris-Dauphine. Motif : l’élitisme de cette Comue.

Le même jour, le président de la Comue Paris-Saclay – un autre regroupement, dont font partie Polytechnique, HEC ou encore l’université Paris-Sud –, Gilles Bloch, se voyait attribuer par son conseil un salaire de 190 000 euros brut.

Ces mégastructures, capables de faire jouer leur masse critique pour obtenir des financements et être plus visibles dans un monde universitaire ouvert à la concurrence internationale, ont été créées par la loi sur l’enseignement supérieur de juillet 2013.

La rémunération des présidents de Comue avait alors fait l’objet d’intenses discussions en coulisses avec le ministère. Peuvent-ils gagner plus que les présidents d’université qu’ils chapeautent ? Ces derniers, s’ils ne sont pas praticiens hospitaliers, perçoivent un salaire brut annuel de l’ordre de 105 000 euros (dont une prime de 27 000 euros). Les finances du supérieur étant très serrées, rouvrir la boîte de Pandore était risqué.

En septembre, à la demande du ministère, le vote sur le salaire de Thierry Coulhon avait été ajourné. Et, dans le but d’aligner la rémunération des présidents de Comue sur celle des présidents d’université, un décret, publié le 15 septembre, a étendu aux premiers la prime de charge administrative accordée aux enseignants-chercheurs devenant présidents d’université…

C’était compter sans les promesses de PSL et Paris-Saclay à leurs présidents. Ces deux Comue sont en effet les seules à avoir choisi d’ignorer le message… Explications : M. Coulhon est entré en fonction par intérim dès le mois de février, avec ce salaire. Ancien président de l’université Cergy-Pontoise, cet ex-directeur adjoint du cabinet de Valérie Pécresse au ministère de l’enseignement supérieur venait de quitter la direction du Mathematical Sciences Institute, à l’Australian National University de Canberra (Australie), et avait obtenu le maintien de sa rémunération. Ce qui avait déjà été approuvé par le conseil d’administration de PSL en janvier.

 » Loin d’être scandaleux « 
 » Très peu de personnes ont la légitimité académique, les compétences et la capacité pour ce poste. Ce n’est pas scandaleux, loin de là « , défend le président de l’Ecole normale supérieure, Marc Mézard. Président de l’université Dauphine et du comité des rémunérations du conseil de PSL, Laurent Batsch souligne que l’ensemble des directeurs d’établissement de la Comue s’est mis d’accord.

En septembre, M. Coulhon, professeur des universités, s’est mis en disponibilité de la fonction publique pour garder son salaire, avec un statut contractuel.  » Les Comue décompartimentent le système français des universités et des écoles. Elles nous exposent à la compétition internationale, et chacun doit être jugé sur son parcours, se défend-il. Ce débat est sain : il faut poser la question des rémunérations du supérieur qui sont insuffisantes, en se référant à la performance, et dans la transparence. « 

 » On ne peut pas se permettre ce débat, répond Patrick Bernard, professeur de mathématiques à l’Ecole normale supérieure et élu au conseil d’administration de PSL. Les chercheurs sont très courtisés à l’étranger, ils restent en France et ne voient pas d’un très bon œil que les moyens servent à rémunérer des présidents à des montants très élevés. « 

Pour M. Coulhon, son rôle est de faire de la Comue un seul établissement. Ses détracteurs voient le poste comme celui d’un coordinateur.  » L’objectif d’une Comue est de mutualiser les compétences et de faire des économies. Avec de tels salaires, on donne des bâtons à ceux qui veulent taper sur les Comue en les présentant comme des couches supplémentaires coûteuses « , regrette Franck Loureiro, secrétaire national de la CFDT et membre du Cneser.

Adrien de Tricornot


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