Les politiques devraient prendre exemple sur ce Monsieur pour gérer les valeurs au sein de l’Education nationale

Très clairement, M. Claude Onesta, nous donne une leçon d’éducation dans son interview.

Sa leçon d’éducation est claire : « Tu es intégré à une équipe et sans l’équipe tu n’es rien. Tu as peut-être du talent, mais sans les autres, ton talent ne sert à rien ! »

Ces valeurs devraient être enseignées au sein de l’éducation nationale tant elles sont indispensables à tous les niveaux, à tous les emplois et à toutes les entreprises.

M. Claude Onesta est un modèle de DRH où les enseignements sont clairs et mis à profit d’un seul but : faire gagner l’équipe.

Le seul point noir c’est que M. Claude Onesta ne comprend rien à la politique ! La politique est l’art de servir ses concitoyens et de respecter l’intérêt général. Exactement les valeurs que ce Monsieur prône ! Alors quand je lis « Qu’est-ce qui fait qu’on ne parle jamais de politique, ou de religion, qu’on ne se préoccupe pas de l’obédience ou de la couleur de l’un ou de l’autre ? », ça me fait un peu tiquer… Un peu tiquer car c’est quand même plus qu’hasardeux de confondre politique et religion !

A sa décharge, vu le niveau de nos politiciens, je ne peux lui jeter l’opprobre totalement : tout cela milite, une fois de plus, pour un renouvellement de nos élites parmi la société civile et non pas dans le vivier Science-Po et ENA qui n’a su fournir que des tocards depuis 30 ans…

En tous cas, une interview qui montre bien que les performances sportives peuvent être efficaces pour peu que l’on a de fortes valeurs morales.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 16 Janvier 2016

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CLAUDE ONESTA

 » La performance, en soi, on s’en fout « 
Pour le sélectionneur de l’équipe de France, qui défend son titre européen en Pologne à partir du 15 janvier, la clé de la réussite est la transmission entre des générations de joueurs talentueux
Théo Derot, Ludovic Fabregas, Benoît Kounkoud, Nedim Remili : ces joueurs âgés de 18 à 23 ans dont les noms ne vous disent rien, censés représenter l’avenir du handball français, vont devoir en -assurer le présent un peu plus tôt que prévu. Contraint par l’avalanche de forfaits parmi ses cadres – notamment William Accambray, Xavier Barachet ou Jérôme Fernandez –, Claude Onesta a retenu une brochette de jeunes pousses pour l’Euro en Pologne, où les Bleus défendent leur titre à partir de vendredi 15 janvier. L’occasion d’évoquer avec le sélectionneur de 58 ans la question essentielle de la transmission et des équilibres au sein de l’équipe de France.

Vous avez dû, cette fois-ci, faire appel à plus de néophytes que par le passé. Trop pour gagner l’Euro ?

On est un peu bousculés dans nos habitudes, parce que ces nouveaux arrivants vont être amenés à donner tout de suite des choses que les autres ont eu le temps de construire. Il risque d’y avoir une forme d’instabilité qui peut nous fragiliser, on n’est pas sûrs d’arriver au bout. Mais il faut veiller à ce que la difficulté d’une compétition comme l’Euro, associée au manque de maîtrise de l’équipe, ne dégrade pas la relation des gens entre eux. La performance, en soi, on s’en fout. Je m’en fous, moi, qu’on finisse huitième de l’Euro. Je préfère finir huitième et avoir continué à construire et améliorer un truc, plutôt que sixième avec un groupe qui commence à se tirer dessus. Ce qui m’intéresse, c’est que parmi les jeunes il y en ait deux ou trois qui deviennent des postulants réels pour les Jeux olympiques.

La clé des succès en série des Bleus -réside-t-elle dans ce renouvellement permanent de l’effectif ?

Les résultats sur la durée sont dus au talent des joueurs, et on a vu l’été dernier – en 2015, la France a été sacrée championne du monde chez les moins de 19 ans et les moins de 21 ans – que la machine continuait à produire des éléments de grande qualité. Mais entre la grande qualité qu’on a chez les jeunes et l’efficacité qu’il faut avoir au niveau senior, il y a toute une phase de transition qui, jusqu’à maintenant, a été menée avec beaucoup de lucidité.

Comment ?

Le fait qu’on ne mette pas les jeunes immédiatement en danger, qu’on ne les mette pas vraiment en concurrence, que la construction de l’équipe se fasse de manière feutrée et raisonnée, à mon avis, participe à son efficacité. Il ne suffit pas d’être français pour devenir un extraterrestre. Kentin Mahé, par exemple, était déjà avec nous lors de la préparation des Jeux olympiques de Londres – en 2012 – , et il a déjà fait une ou deux compétitions sans avoir beaucoup de responsabilités – l’Euro 2014, en tribunes, et le Mondial 2015, avec un temps de jeu réduit – . Il connaît parfaitement le niveau international et le fonctionnement de l’équipe de France. Alors le jour où vous lui affectez un peu plus de responsabilités, il ne tombe pas du troisième étage, il n’y a pas de rupture ni d’affolement.

Les jeunes joueurs soulignent aussi tous l’accueil et l’encadrement qu’ils reçoivent de la part des anciens…

Un jeune joueur, c’est quoi ? C’est quelqu’un qui va essayer d’intégrer une équipe mythique composée de gens qui sont, pour la plupart, des modèles pour lui. Quand on arrive et qu’on voit travailler Nikola Karabatic, Thierry Omeyer ou les autres, forcément, il y a un effet d’aspiration vers le haut. Mais on a aussi réussi à construire un modèle de transmission qui permet au jeune d’être pris en charge par l’ancien, ce qui est assez surnaturel dans le monde du sport où, en théorie, le jeune est un prédateur en puissance pour l’ancien.

Nous, staff de l’équipe de France, avons accepté de partager avec les joueurs une forme de co-construction du projet, dont ils sont devenus des acteurs. Ils ont réussi à accéder à une forme d’autonomie dans leur fonctionnement, et, dans cette autonomie, il y a la volonté d’accueillir les jeunes, parce qu’ils sont indispensables pour continuer à régner.

Quel rôle joue le sélectionneur dans l’intégration des nouveaux talents ?

Karabatic, c’est un bel exemple. Quand il est arrivé en 2002, les journalistes en ont fait la star immédiate. En gros, c’était le passage de témoin de Jackson Richardson à Nikola Karabatic. Mais les joueurs qui étaient là depuis trois ou quatre ans, qui réalisaient déjà les performances que ne faisait plus Richardson, et que ne faisait pas encore Karabatic, les Didier Dinart, les Bertrand Gille, les Jérôme Fernandez, vous croyez qu’ils allaient accepter de gagner les matchs sur le terrain et de se faire voler la lumière ?

Mon rôle a été de remettre les choses en ordre, et Karabatic, la première année, il n’a pas mis un pied sur le terrain. Au Mondial 2003, tous les jours, on me disait :  » Alors, aujourd’hui, il joue ?  » Non, pas besoin. Il a joué zéro minute. Si je l’avais traité comme une star, en le mettant sur le terrain, en le protégeant de tout, en excusant ses échecs, les autres n’auraient eu qu’une envie, le tuer.

A ceux qui débarquent, vous -prononcez un grand discours sur l’état d’esprit de l’équipe de France ?

Il n’y a pas de grand discours, mais dès les équipes de jeunes, on essaie de dire, en gros, qu’il n’y a pas de petite star ici. Et moi, je vais être dérangeant avec le nouveau, plutôt que de l’accueillir à bras ouverts. Tous les jours, je vais lui dire ce qui lui manque pour être légitime dans cette équipe. Pas forcément sur le terrain, mais dans le comportement, la façon de vivre avec les autres, la façon d’écouter les autres. Au bout d’un moment, que se passe-t-il ? Puisque moi je suis exigeant et dérangeant, ce jeune, qui peut être déstabilisé par moi, va être entouré par les autres joueurs.

On parle de  » génération Y « , où les mecs arrivent, jouent des coudes, n’en ont rien à foutre de ce qui s’est passé avant, mais si un vieux sent qu’il est mis en danger par un jeune, dès que j’ai le dos tourné, il ira lui foutre des coups pour bien lui expliquer que le patron, ici, c’est lui. A partir du moment où je fais l’inverse, et où l’emmerdeur, c’est moi, les autres ont plutôt tendance à récupérer le jeune et à le prendre en charge. Cette forme de compagnonnage existe parce que l’on fait en sorte que le jeune ne soit pas là pour concurrencer le cadre.

Ça n’arrive jamais qu’un jeune -débarque en équipe de France et joue des coudes ?

Non. Parce que si c’est le cas, moi, je le désosse. Il y a une règle de vie, qui est l’acceptation de l’autre. Ta différence n’est pas l’essentiel de ce que tu apportes. L’essentiel, c’est ta capacité à construire avec les autres, ta capacité d’intégration. Si tu ne mets en avant que ce qui te différencie, on n’a pas besoin de toi. On a besoin de gens qui s’associent. Ta différence, on va l’accepter à partir du moment où tu auras établi ta capacité de fusion avec les autres.

On n’entend jamais parler d’accroc au sein de l’équipe, ce qui semble -inconcevable…

L’accroc, c’est quoi ? C’est le moment où chacun va être centré sur lui-même et voir l’autre comme un danger. Ici, les gens ont compris qu’en s’associant, ils étaient plus forts. Au moment où chacun pourrait s’agacer de l’autre parce qu’il parle fort ou qu’il est un peu envahissant, il va se dire que ça ne sert à rien, ça va perturber le bon fonctionnement du groupe, et ce n’est pas l’essentiel puisqu’on est en train de construire ensemble, sur le terrain, quelque chose de bien plus conséquent. Ma vigilance, c’est ça. C’est pour ça que je ne vois plus des joueurs, je vois des hommes. Leur aspect  » joueur  » ne m’intéresse plus. Il n’y a jamais d’accrochage parce qu’on a réussi à imprimer comme essentiel ce type de fonctionnement.

Il n’y a jamais d’accrochage parce que les joueurs savent qu’au moindre écart Claude Onesta leur mettra des claques ?

Peut-être en partie. Mais si ce n’était que la peur de la claque, ça ne durerait pas. Qu’est-ce qui fait que dans un vestiaire sportif on ne se tue pas ? Qu’est-ce qui fait qu’on ne parle jamais de politique, ou de religion, qu’on ne se préoccupe pas de l’obédience ou de la couleur de l’un ou de l’autre ? Dans la vie sociale, la notion de communauté s’est évaporée, le système qu’on a construit sépare les gens, parce qu’on pense qu’en les séparant on va mieux les maîtriser, et tout le monde finit par être crispé, et par essayer de tuer l’autre pour survivre. Le vestiaire sportif est un endroit où la notion de fraternité est encore une réalité. La fraternité, ça ne veut pas dire qu’on s’aime tous et qu’on se doit tout. Ça veut dire que l’autre n’est pas un problème, qu’il est potentiellement une solution. Le sport est une forme d’harmonie, ce sont des gens qui, ensemble, vont composer une œuvre dont les éléments pris séparément n’auraient pas de sens.

Propos recueillis par Henri Seckel

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