Quand nos politiques veulent nous faire croire qu’ils sont compétents

A la lecture de cet article, on croit tout d’abord que nos politiques sont devenus compétents : se soucieraient-ils enfin de la bonne marche économique des institutions ?

Et puis, en creusant un peu, on se rend compte qu’il n’en est rien. Sous principe de dépenser toujours plus d’argent afin de tomber dans le populisme et la démagogie de bas étage, ils se sont enfermés dans une logique où l’emprunt était la pierre angulaire de l’économie locale.

Ils se soucient donc peu de la pérennité économique de leurs actions : seul compte le désir d’être élu et réélu. Pour cela, tout est bon à prendre, y compris de souscrire à des emprunts pour faire plaisir à tout le monde, comme si un père de famille, voulant absolument se faire aimer de ses enfants, dépensait sans compter en Playstation 4 et jeux vidéo de toutes sortes, ce, sans se soucier le moins du monde s’il a les moyens de le faire ou non, puisque Cofidis est là pour ça…

Sauf que, souscrire des emprunts, c’est bien, mais il faut les rembourser.

Les politiques locaux ont donc pris, un peu tard, conscience du problème, mais plutôt que d’avouer leurs fautes, ils ont réussi, vis à vis des personnes les plus crétines, à faire croire qu’ils avaient sauvé la population !

La vérité est toute autre : cette situation a été créée par eux et par eux seuls, et cette bévue coûte la bagatelle de 20 millions d’euros dépensés en pure perte.

Alors oui, ça aurait pu être encore plus grave, mais ça l’est déjà suffisamment car aucune institution publique ne peut se permettre de perdre 20 millions d’euros de cette manière.

N’oublions en effet jamais que le fond de soutien dont on parle dans cet article est de l’argent public, in fine, l’argent du contribuable !

De plus, 3.32% à l’heure actuelle, on ne peut pas dire que l’opération soit particulièrement intéressante, quand le ménage moyen peut emprunter à moins de 3% !

Il est donc temps de renvoyer ces politicards professionnels à leurs chères études et faire appel à de véritables responsables qui sauront mettre l’intérêt général avant leur désir d’être toujours et toujours réélus…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 4 février 2016

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Comment Romans-sur-Isère, victime des emprunts toxiques, a réussi à se désendetter
La ville a bénéficié d’une nouvelle disposition introduite dans la loi de finances pour 2016
Comme de nombreuses autres collectivités, Romans-sur-Isère (Drôme) fait partie de ces villes piégées par des emprunts structurés à risque – dits  » emprunts toxiques  » – contractés dans les années 2000. Depuis lundi 1er février, après l’adoption d’une délibération votée en conseil municipal, elle est devenue la première collectivité à sortir de ces prêts toxiques tout en se désendettant. Une première rendue possible grâce à une disposition introduite dans la loi de finances pour 2016, complétée par un décret du gouvernement, publié le 29 décembre 2015, modifiant la méthode de calcul des ratios financiers pour les collectivités territoriales bénéficiant du fonds de soutien. En gros, celui-ci permet de défalquer l’aide du fonds de soutien de la dette par habitant.

L’opération est exemplaire.  » Si la ville de Romans a pu renégocier, c’est d’abord parce qu’il y a le fonds de soutien, note Régis Baudoin, directeur, à Bercy, du dispositif de sortie des emprunts à risque. Mais ça n’aurait pas été suffisant sans le nouvel aménagement de la loi de finances, qui permet d’emprunter moins cher. Ce travail s’est fait au sein du Parlement. « 

C’est en effet par un amendement parlementaire que ce nouveau cadre juridique, plus favorable aux collectivités territoriales, a été mis en place. Elue en avril 2014 maire de Romans, Marie-Hélène Thoraval (Les Républicains), si elle ne découvre pas la situation d’endettement de la ville – 60 millions d’euros, composés à plus de 55 % de prêts toxiques, soit 1 736 euros par habitant –, est en revanche fermement résolue à engager une stratégie de désendettement. L’envolée du franc suisse, début 2015 – certains taux d’intérêt pouvant monter jusqu’à 16,8 % –, transforme cette résolution en  » impérieuse nécessité « .

 » Ça nous est tombé dessus comme une douche froide, raconte la maire. Il nous fallait impérativement trouver une solution pour des financements nouveaux. Nous avons engagé des négociations avec la Société de financement local. Le fonds de soutien était prêt à nous accompagner à hauteur de 19,6 millions d’euros, mais cela ne couvrait pas l’intégralité des indemnités de remboursement anticipé dont nous aurions dû nous acquitter. Moi, je voulais faire une opération blanche. « 

Aide de 19,6 millions d’euros
C’est sur la question des taux de réemprunt que ça coince : la loi prévoit que ceux-ci sont indexés sur le taux de l’usure du jour. Marc Goua, député (PS) de Maine-et-Loire et maire de Trélazé, ville elle aussi concernée par des emprunts toxiques, a présenté, lors de la discussion, à l’automne 2014, du projet de loi de finances pour 2015, un amendement visant à substituer les taux appliqués à la date de l’emprunt. L’amendement avait alors reçu un avis défavorable du gouvernement.

 » Sans doute n’avais-je pas suffisamment expliqué l’intérêt de l’opération, qui permet d’étaler dans le temps le remboursement et de faciliter les sorties de crédit pour les collectivités et pour le prêteur « , se défend le député. Toujours est-il que, cette fois, le travail engagé par la ville de Romans et celui poursuivi par le député de Maine-et-Loire vont se révéler payants. L’amendement est repris par Christine Pires Beaune (PS, Puy-de-Dôme), rapporteure spéciale des crédits de la mission relations avec les collectivités territoriales, puis par Valérie Rabault (PS, Tarn-et-Garonne), rapporteure générale du budget. Le gouvernement donne un avis de sagesse, l’amendement est adopté à l’Assemblée nationale.

Grâce à ce dispositif, la ville de Romans-sur-Isère a pu obtenir des prêts à taux fixe de 3,32 % à 4,49 %, tout en bénéficiant d’une aide de 19,6 millions d’euros du fonds de soutien, ce qui lui a permis de se désendetter immédiatement d’un million d’euros.

 » Une opération financière inespérée « , se félicite Mme Thoraval.  » J’espère bien que d’autres collectivités se saisiront de cette opportunité comme Romans l’a fait « , appuie M. Baudoin, convaincu que cette première peut servir d’exemple.

Patrick Roger


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