Il faut corriger cette situation qui fait honte à notre pays !

Quand on analyse cette situation, notre pays n’en sort pas grandi ! On n’arrive pas à fournir un minimum de respect à une toute petite frange de notre population. On pourrait penser que la situation des femmes en prison serait meilleure vu qu’elles sont moins nombreuses. Or, il n’en est rien… Elles se voient noyer dans la masse de l’incompétence de notre pays en la matière…

On doit donc se focaliser sur elles : on leur doit cela car, justement, elles sont moins nombreuses… Leurs droits doit être donc respecté au minimum au niveau des hommes. Cela n’est pas le cas…

On doit donc construire plus de places pour elles dans les établissement existants, ce, partout sur le territoire, afin qu’elles puissent être proches de leur famille, ce qui facilitera d’autant plus leur réintégration dans la société.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 19 février 2016

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En prison, les femmes sont isolées et discriminées
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté dénonce dans un avis les conditions de détention
C’est un coup de projecteur sans précédent sur la condition méconnue des femmes incarcérées. Elles ne représentent que 3,2 % de la population emprisonnée, soit un peu plus de 2 000. Mais ce faible nombre ne leur garantit pas un traitement de faveur, ni même l’égalité avec les hommes. Dans un avis publié jeudi 18 février, Adeline Hazan, contrôleur général des lieux de privation de liberté, effectue un constat sans appel.  » Les femmes emprisonnées sont discriminées, résume Mme Hazan. Comme elles sont peu nombreuses, elles sont le parent pauvre de la prison. Le principe d’égalité entre les femmes et les hommes a fait beaucoup de progrès dans la société. Ce qui est valable dehors doit être valable dedans.  » Elles sont pourtant davantage éloignées de leur famille que les hommes détenus, vivent dans des locaux encore plus exigus, ont un accès réduit aux soins et aux activités à l’intérieur de la prison, bénéficient moins d’aménagements de peine…

Cela ne provient pas d’une volonté délibérée, mais de leur faible nombre et des contraintes matérielles liées à la stricte séparation des sexes en prison. Ce principe (auquel il est possible de déroger partiellement depuis 2009) a toujours prévalu, au point qu’il semble désormais faire partie intégrante de la peine. En prison, hommes et femmes ne doivent jamais être en contact et ne sont même pas autorisés à se croiser.

Seulement 56 établissements
Or, toujours en raison du faible nombre de femmes détenues, seuls deux établissements pour longues peines leur sont entièrement réservés (Rennes et Fleury-Mérogis, dans l’Essonne). La plupart du temps, elles sont détenues dans des quartiers spécifiques parfois très restreints (11 places pour les femmes à la maison d’arrêt d’Angoulême sur 277, 17 places sur 294 à Epinal). Pour respecter l’absence totale de mixité, quand une femme se déplace, tous les autres mouvements dans l’établissement doivent cesser. Les femmes doivent également être surveillées uniquement par des femmes. L’accueil du petit nombre de détenues demande du personnel dédié et représente donc une contrainte importante. Résultat : seuls 56 établissements pénitentiaires sur un total de 188 accueillent des femmes. Ils sont inégalement répartis sur le territoire. La plupart de ceux réservés aux longues peines se situent dans le nord de la France. Les femmes originaires du Sud se retrouvent donc éloignées de leurs proches.

Alors que les mineures devraient être incarcérées dans des unités spécifiques, mineures et majeures sont mélangées.  » La séparation par le sexe prime sur la séparation par l’âge, observe l’avis. Les quartiers “mineurs” des établissements pénitentiaires étant exclusivement occupés par des garçons, les filles se retrouvent dans des quartiers réservés aux majeures, sans aménagement au regard de leur âge. « 

Les quartiers pour femmes sont petits et isolés.  » Pour respecter la séparation des sexes, ces quartiers ne peuvent pas se trouver au milieu de la prison, explique Mme Hazan. Elles finissent toujours dans un petit coin éloigné.  » Elles ont moins accès que les hommes au régime de semi-liberté, car il est difficile d’organiser les entrées, sorties et contrôles spécifiques à ce régime au sein des quartiers pour femmes. Faute de place, elles ne bénéficient pas des  » secteurs arrivants  » réservés aux nouveaux venus, ni de quartiers d’isolement. Fréquemment, la séparation entre détenues et condamnées n’est pas respectée.

Comme leurs déplacements doivent s’intercaler entre les mouvements beaucoup plus fréquents des hommes, elles ont un accès réduit aux équipements et moins de possibilités de travailler.  » Du fait de leur accès limité, voire totalement inexistant aux espaces communs situés dans les quartiers hommes (gymnase, ateliers de production, salle de culte), les femmes sont principalement cantonnées à des activités d’intérieur au sein des quartiers femmes « , relève le rapport. Alors que les hommes travaillent en ateliers de production, font du sport à l’extérieur et pratiquent leur culte collectivement, les femmes sont en cuisine ou à la buanderie, participent à des ateliers broderie ou couture, et prient seules.

Mme Hazan, dont l’engagement féministe est connu (elle a été secrétaire nationale chargée des droits des femmes au PS) formule des propositions. Parmi elles, une meilleure répartition des quartiers pour femmes sur le territoire, et l’introduction de la mixité comme règle lors des déplacements et des activités (loisirs, travail, culte, etc.), la séparation entre les sexes devenant l’exception.

Expérimentation
Elle recommande également que les détenues puissent être surveillées par des hommes.  » Les femmes doivent être protégées du harcèlement, mais la totale étanchéité n’est pas le seul moyen d’y parvenir. Les surveillants doivent être formés à cette question, soutient Mme Hazan. Le but de la prison est aussi de préparer à la sortie, dans une société de mixité.  » Le rapport cite en exemple une expérimentation menée à Gradignan (Gironde), où 4 femmes travaillent dans le même atelier que 70 hommes, à l’écart et correctement protégées.

Mme Hazan n’ignore pas que ces propositions sont détonantes. Elle espère susciter la réflexion et inciter les directeurs d’établissements à expérimenter. Le ministère de la justice, responsable de la politique pénitentiaire, a quant à lui un mois pour répondre à ces observations.

Gaëlle Dupont

174 %
Taux d’occupation à la prison des femmes des Baumettes

Le manque de lieux d’accueil des femmes détenues  » alimente la surpopulation carcérale générale « , pointe l’avis du contrôleur général des lieux de privation de liberté. En janvier, à la maison d’arrêt des femmes des Baumettes, à Marseille, le taux d’occupation culminait à 174 % pour les détenues (hors des quartiers réservés aux mineures et  » mère enfant « ), contre 144 % à la maison d’arrêt des hommes.


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