Quand on fait mine de redécouvrir les lois du marché

Ce qui m’étonne le plus dans cette histoire, c’est qu’il faille une note de la banque Natixis et d’un économiste pour apporter de la lumière aux lois du marché.

Si on se mettait un tant soit peu dans la tête d’un patron lambda, on aura eu la réponse aux questions sans demander l’avis à une banque ou à un tocard d’économiste qui n’a jamais foutu les pieds dans une boite…

Faisons l’exercice et mettons nous deux minutes dans la tête d’un patron.

Que recherche-t-il ? Des compétences pour faire tourner sa boite. Comment le veut-il ? Il veut que ça ne lui coûte pas trop cher. Ainsi, il faut que la personne qu’il embauche soit efficace tout de suite et il faut qu’il puisse se libérer une marge financière pour la survie de sa boite.

En conclusion : le patron veut des gens formés et les moins chers possibles.

Que disent la banque et l’économiste ? La même chose.

Il suffit donc de faire montre d’empathie vis à vis des patrons pour économiser du fric puisque l’on n’a plus besoin de rémunérer des gens qui redécouvrent la roue.

Et si c’était ça aussi le problème de la France, c’est à dire rémunérer des incompétents à dire ce qu’un collégien sait déjà ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 26 mars 2016

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Les jeunes et les jobs

Cela n’a pas été une surprise pour le gouvernement, mais les jeunes n’ont toujours pas digéré le projet de loi de la ministre du travail, Myriam El Khomri. Même s’ils étaient moins nombreux à battre le pavé ce jeudi 24 mars, ils continuent à être massivement opposés à un texte pourtant supposé leur faciliter l’accès à un job. Eux y voient plutôt une précarisation plus grande de leur situation. Celle-ci n’est pas très enviable, avec un taux de chômage à plus de 25 %, plus de deux fois supérieur à celui de la moyenne nationale, et une précarité plus grande encore. Que faire ?

Une note de la banque Natixis parue mardi 22 mars apporte un éclairage intéressant à ce débat. L’économiste Patrick Artus y pose une question simple : dans les grands pays développés, quels sont les facteurs qui, sur une longue période, affectent le plus ce fléau national ?

Sur la période 2002-2016, plusieurs hypothèses y sont testées qui constituent les arguments le plus souvent avancés pour expliquer le sous-emploi chez les moins de 25 ans. D’abord la qualité du système éducatif. Puis le niveau du salaire minimum. Un montant très élevé décourage-t-il l’embauche ? Ensuite le taux d’emploi des seniors. Les 55-65 ans prennent-ils le travail de leurs enfants ? Autre sujet sensible, le degré de protection de l’emploi qui découragerait les entreprises de faire appel à des jeunes. Un argument avancé pour justifier la loi El Khomri.

Les données dans les grands pays développés montrent des résultats surprenants et parfois contre-intuitifs. Ainsi, la protection de l’emploi telle qu’elle est mesurée par l’OCDE influe relativement peu sur la participation des jeunes au travail. L’Allemagne, avec un niveau de protection similaire à la France, affiche, de loin, le taux de chômage des jeunes le plus faible de tous les grands pays sur une longue période. Les Etats-Unis, où l’emploi est le moins encadré, ne font pas mieux que les Pays-Bas ou l’Autriche, bien plus protecteurs. De même, le niveau d’emploi des seniors n’est pas lié à celui des jeunes.

Formation continue
Seuls deux critères montrent finalement une corrélation claire : le niveau du salaire minimum – et donc le coût du travail – et la qualité de l’appareil éducatif. Ce dernier critère est le plus spectaculaire. De l’Allemagne, qui compte parmi les meilleurs pays selon les enquêtes PISA de l’OCDE, à l’Italie, le moins performant sur les deux dimensions, la relation est étroite.

Une grande réforme de l’emploi des jeunes ne peut donc se concevoir sans une remise à plat du système éducatif. Avec un corollaire : comme le souligne le démographe Hervé Le Bras, le diplôme initial est de moins en moins une protection pour trouver ou retrouver un travail, d’où la peur du déclas-sement des classes moyennes. Et donc la -nécessité impérieuse de repenser la formation tout au long de la vie dès que l’on veut s’attaquer au chômage.

Philippe Escande


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