Une lettre à M. Alain Juppé

Voici une lettre que j’ai envoyée récemment à M. Alain Juppé, candidat déclaré aux primaires de la droite pour les élections présidentielles de 2017…

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Expéditeur
Philippe NOVIANT

Destinataire
M. Alain Juppé
Maire de Bordeaux
Place Pey Berland
33000 Bordeaux

Le 3 mai 2016


Monsieur Alain Juppé,

Tout porte à croire, au vu de la situation actuelle, que vous serez élu Président de la République en Mai 2017. A mon avis, cela ne fait aucun doute : la longévité de votre carrière politique de haut niveau, plaide en cette faveur. De plus, vous avez exercé les plus hautes fonctions, locales et nationales. Le fait, enfin d’avoir une image de victime payant pour la faute d’autres vous apporte indéniablement un critère de sympathie fort, vis à vis de bon nombre de nos compatriotes. Nos citoyens aiment les gens qui ont eu l’humilité de s’exiler après avoir été accusés d’avoir fauté. Certains ont eu Sainte Hélène, d’autres le Canada 😉 Il n’est donc pas surprenant qu’un pardon soit donné majoritairement quand la faute n’a nullement impliqué la corruption ou l’enrichissement personnel.

Vous serez donc notre président en 2017, ce, de manière quasi-certaine. C’est un fait. Cependant, cela ne sera pas l’aboutissement de votre carrière, loin s’en faut. Bien au contraire, cela n’en sera que le commencement ! Si vous me permettez une comparaison hasardeuse, l’aboutissement de la carrière de M. Aimé Jacquet n’a pas commencé ce jour d’automne 1993 où il a pris les rênes de l’équipe de France de football ! L’aboutissement de sa carrière a au contraire eu lieu ce jour de juillet 1998 où l’équipe de France est devenue championne du monde ! La nomination ou la sélection à un poste ne peut donc valoir de fin en soi, c’est au contraire le remplissage d’objectifs qui l’est !

Quels sont ces objectifs ? Rendre à la France la place qui est la sienne sur l’échiquier international, c’est une évidence. Dans tous les domaines, nous perdons des places : la compétitivité économique, la santé, l’éducation, notre poids géopolitique, notre défense, n’en sont que quelques criants exemples.

Mais en plus de rendre à la France le lustre qui doit être le sien, la priorité des priorités est de mettre en œuvre des actions au service de l’intérêt général, in fine au service de tous les Français. En ce sens, nos politiques ont énormément perdu de leurs compétences ces 30 dernières années. M. Emmanuel Macron, devenu le symbole de la politique actuelle, a une définition de la politique. Pour lui, ce sont deux choses : de l’idéologie et des discours. Las, la véritable définition de la politique, c’est tout le contraire ! C’est du pragmatisme et des actions ! Cela montre et démontre bien que les choix politiques de ces 30 dernières années ont mené à des actions désastreuses vis à vis de l’intérêt général. L’idéologie et les discours ont mené à une gestion calamiteuse de notre pays où le budget n’est plus géré convenablement. Pire, il est géré comme un ménage gagnant le SMIC, surendetté, qui serait pris à la gorge financièrement à ne plus pouvoir rembourser ses traites, mais qui ne saurait dire non quand ses enfants demandent l’achat de la dernière PlayStation pour Noël ! Nos politiques ont trop souvent confondu leurs désirs et la réalité. Ils ont trop souvent eu une trop grande confiance dans leurs actions et n’ont eu que très rarement l’humilité de pouvoir dire « je ne sais pas, mais on va essayer ». Bien au contraire, ils engagent trop souvent des actions rapides et faites en dépit du bon sens et cette rapidité à vouloir réformer contre tous, sans mettre en place les actions pour contrecarrer les peurs au changement, a conduit trop souvent notre pays à un manque de réformes ou à des réformes totalement inefficaces. La priorité des priorités consistant à préserver l’intérêt général ne peut se satisfaire de personnes accaparées par leur idéologie ne se remettant que trop rarement en question.

L’idéologie, les discours doivent prendre fin. Les promesses, les dépenses dispendieuses effectuées pour calmer les plus virulents doivent cesser elles-aussi ! On ne peut plus continuer à dépenser l’argent que l’on n’a pas ! On ne peut plus continuer à payer des chômeurs 6000 Euros par mois pour qu’ils aillent faire les fanfarons sur M6 en disant qu’ils font le tour du monde avec cet argent car ils le méritent et qu’ils ont cotisé pour ça ! Les allocations chômage ne sont pas et n’ont jamais été des salaires de substitution ! Nous ne pouvons plus tolérer des profs de classe prépa payés près de 6000Euros par mois en heure sup’ car ils ont le privilège de faire passer 3 élèves à la fois en colle ! Nous ne pouvons plus tolérer des greffiers près les tribunaux de commerce être payés près de 30000Euros par mois pour aucun talent, aucun risque et aucune valeur ajoutée ! Nous ne pouvons plus tolérer de payer 1200Euros des huissiers à violer la vie privée des gens pour constater un adultère ! Nous ne pouvons plus tolérer ces mêmes huissiers être payés 1200Euros pour faire appliquer une décision de justice demandant à un ménage de quitter leur habitation sous motif de loyer non payé ! Nous ne pouvons tolérer de payer toujours ces mêmes huissiers à récupérer 700Euros pour une saisie attribution sur compte bancaire ! L’Etat est responsable des abus des huissiers car c’est l’Etat qui fixe leurs pouvoirs et que ces pouvoirs sont trop souvent mis à leur profit sans respect de l’intérêt général. Tous ces frais, toutes ces dépenses sont injustifiables. Elles le sont vis à vis des citoyens, mais aussi de l’état. Il est donc temps d’y mettre bon ordre.

Le problème, c’est que lorsque l’on s’attaque à des injustices en voulant appliquer des réformes, ceux qui profitent de ces injustices sont rarement coopératifs. On a vu des premiers ministres reculer devant un personnel nanti à la SNCF, alors même que l’intérêt général de la mesure était évident. Les réformes simples sont inefficaces, et les plus efficaces ne sont pas simples car elles impliquent toujours que des gens voient partir certains de leurs avantages, même s’ils sont complètement injustifiés vis à vis de l’intérêt général.

Dans un pays où les réformes sont toujours acceptées lorsqu’elles ne touchent que les autres, il va donc falloir trouver un moyen de mettre en place ces réformes. Les Français veulent des réformes… sans que rien ne change. Les Français jugent toujours que la faute vient des autres : les radars automatiques sont justifiés pour les chauffards dont personne ne fait jamais partie… Les 35h sont un mal pour l’économie pour les autres entreprises. Pour soi, ce n’est jamais le cas car on a toujours une productivité qui fait que l’on compense. Bref, la mauvaise foi Française est prégnante et s’opposera toujours avec force à des réformes d’ampleur, tandis que les mesurettes seront acceptées par tous… mais seront inefficaces… La loi Macron étant le plus formidable exemple d’une réforme acceptée par tous mais dont le seul mérite est de donner le nom de son auteur à un texte de loi. C’était d’ailleurs le seul but recherché.

Pourquoi je me décide à vous écrire aujourd’hui ? Pour deux raisons :

1. Vous avez une énorme responsabilité car vous êtes la dernière personne politique à pouvoir exercer le pouvoir démocratiquement. Après vous, si vous vous décidez à exercer le pouvoir comme on l’a exercé pendant 30 ans, la démocratie s’éteindra et Marine Le Pen prendra votre suite. Vous êtes notre dernier espoir en la matière. Le plafond de verre qui empêche encore Madame Le Pen se brisera si vous ne savez pas réformer la France comme il se doit. On ne peut continuer à gérer indéfiniment un pays à dépenser près de 70 milliards de plus que ce que l’on gagne, surtout quand on ne gagne que 250 milliards.

2. Vous êtes la seule personne à pouvoir avoir suffisamment d’humilité pour savoir les difficultés des tâches qui seront les vôtres l’année prochaine. En ce sens, votre modèle doit être « l’assemblée générale de copropriétaires ». Je m’explique. Lorsqu’une assemblée générale de copropriétaires est convoquée, tous ne sont pas d’accord sur les décisions à prendre. Un débat s’installe, les discussions peuvent être vives. Quand vient l’heure du vote, tout le monde fait silence et le résultat s’impose à tous. Tout le monde se calme car tout le monde sait que la majorité s’exprime et que ce résultat doit s’imposer : c’est le principe même de la démocratie. Il faut donc trouver le moyen d’exercer ce principe pour réformer la France. Cela peut se faire avec une politique de volonté forte qui saura mettre les nouvelles technologies au coeur de notre système démocratique. Est-il normal qu’une population de non élus comme le Conseil constitutionnel, la Cour de cassation ou le Conseil d’état imposent à ce point ce qu’il croit être ses normes à l’ensemble des Français ? La démocratie est-elle réellement servie à l’écoute de ces institutions ou ne le serait-elle pas mieux en posant directement la question aux intéressés ? J’ai un moyen, j’ai les idées permettant de remettre les Français au coeur du pouvoir, ce qui est une obligation démocratique car la démocratie en est sa plus simple définition. Nous avons donc deux choix : ou bien changer de constitution pour une VIe république véritablement démocratique, ou bien un statuquo qui continuera à écouter de vieilles institutions qui se disent s’exprimer au nom du peuple mais qui ne font que faire monter un mécontentement général qui mènera Madame Le Pen au pouvoir.

Comme je vous l’ai dit, j’ai des idées concrètes qui permettent de changer notre constitution. Je me tiens à votre disposition pour vous les expliquer de vive voix. Je ne dis pas que je détiens la seule et unique solution. Je dis juste qu’il va falloir trouver le moyen d’engager de véritables réformes et que celles-ci ne pourront être mises en place qu’avec le moyen de faire accepter les mesures à des gens qui seront perdants. De plus, il faudra trouver le moyen d’appliquer des réformes avec l’assentiment de nos institutions de non-élus que sont le Conseil constitutionnel, Conseil d’état et Cour de cassation. Nous n’avons pas le choix. Si nous échouons, il faudra faire la place à Marine Le Pen qui ne s’encombrera pas de la place de ces institutions de non-élus pour exercer un pouvoir autocratique qui mènera notre pays à sa ruine.

Le changement constitutionnel est devenu obligatoire car nos réformes se heurtent trop souvent à des pressions très fortes de catégories de population, toujours minoritaires, qui ont pris l’habitude de s’opposer sans ne rien proposer. Dans le cadre de réformes, ces catégories de population (cheminots, taxis, étudiants, lycéens, fonctionnaires divers et variés) ne cherchent pas à savoir si les mesures correctrices sont utiles à l’intérêt général. Il faudra donc trouver une recette, par un changement constitutionnel fort et démocratique, de contourner ces oppositions constituées par des peurs et craintes légitimes. Cette recette est la seule apte à rétablir une action véritablement efficace au service de l’ensemble des citoyens de France.

Je me tiens à votre disposition et vous apporte mon soutien sans faille dans votre candidature.

Veuillez agréer, Monsieur le futur Président de la République, l’expression de mes salutations distinguées.

Philippe NOVIANT


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