Quand la pourriture confond ses intérêts propres et les intérêts d’une entreprise publique

Mme Anne Lauvergeon, en mettant Areva dans la panade, a entraîné l’Etat avec, in fine, l’ensemble des contribuables qui devront, une fois de plus, mettre la main à la poche…

Quand arrêtera-t-on d’engager des dirigeants qui n’engagent pas la même rigueur à gérer leur budget personnel et le budget de l’entreprise publique qu’ils dirigent ?

Mme Anne Lauvergeon n’a fait que se servir de l’entreprise pour son intérêt propre en oubliant de faire son métier correctement, c’est à dire gérer l’entreprise de façon responsable en ayant en tête que cette entreprise était fortement liée à du financement public.

Le rôle d’une entreprise publique n’est pas de faire en sorte de servir ses dirigeants. Lorsque ceux-ci abusent du système, ils doivent être condamnés !

Je souhaite donc que Mme Anne Lauvergeon paie pour avoir pris Areva pour un prolongement de son porte-monnaie !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 15 mai 2016

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UraMin : Anne Lauvergeon mise en examen

L’enquête porte sur le rachat de la société canadienne par Areva en 2007
Après onze heures d’audition, vendredi 13 mai, Anne Lauvergeon, ancienne présidente du directoire d’Areva (2001-2011), est ressortie du bureau des juges Renaud Van Ruymbeke, Claire Thépaut et Charlotte Bilger avec une mise en examen dans l’un des deux volets de l’affaire UraMin, l’acquisition ruineuse de la société canadienne en 2007 par le groupe nucléaire français.

Les trois magistrats du pôle financier lui reprochent une  » présentation de comptes inexacts  » et la  » diffusion de fausses informations « . En revanche, elle a été placée sous le statut moins défavorable de témoin assisté pour le chef d’ » abus de pouvoir « . Mme Lauvergeon aurait tenté de minimiser ce qui s’est révélé un fiasco, refusant d’inscrire des dépréciations d’actifs (impairments) trop lourdes dans les comptes 2010 pour conserver une chance d’être reconduite pour un troisième mandat en juin 2011, malgré l’opposition du président de la République, -Nicolas Sarkozy.

La mise en examen de Mme Lauvergeon était requise par le parquet national financier. Il avait été saisi en 2014 par la Cour des comptes, qui jugeait ses responsabilités  » incontestables « .  » Ces manœuvres contraires à l’intérêt d’Areva et ayant engendré des pertes considérables pour le groupe auraient eu pour objet de permettre à Anne Lauvergeon de tenter de se maintenir à la tête du groupe « , soupçonnaient les magistrats de la Cour. UraMin, le désastreux chantier du réacteur EPR d’Olkiluoto (Finlande) et la catastrophe de Fukushima au Japon ont -conduit Areva à la quasi-faillite et à son démantèlement en cours, EDF reprenant l’activité de fabrication des réacteurs (Areva NP).

Mme Lauvergeon n’a pas tenu compte des alertes de ses propres géologues, qui concluaient que les teneurs en uranium des sites d’UraMin (Afrique du Sud, Namibie et République centrafricaine) étaient plus faibles que ce qu’indiquait la société d’expertise SRK mandatée par le vendeur, UraMin, et que les gisements étaient pratiquement inexploitables de façon rentable à un moment où les cours de l’uranium s’étaient effondrés.

Course en avant

De nombreux courriers électroniques internes, consultés par Le Monde, prouvent que la Business Unit Mines avait alerté Mme Lauvergeon de la situation dès 2008 dans le cadre d’impairment tests destinés à comparer la valeur future d’un actif à sa valeur inscrite au bilan. Notamment sur les gisements d’Afrique du Sud et de Namibie, où elle recommandait la prudence. Elle s’était au -contraire lancée dans une course en avant : l’acquisition d’UraMin pour 1,8 milliard d’euros avait été suivie d’un investissement de 1 milliard en Namibie pour mettre en production la mine de Trekkopje.

En mai 2010, le directeur financier du pôle minier propose une dépréciation de 1,4 milliard à 1,6 milliard d’UraMin. A la fin de l’année, il porte l’impairment à 1,82 milliard d’euros. Le patron des mines, Sébastien de Montessus, qui sera prochainement entendu, prévient alors de  » l’incapacité d’amortir le coût d’acquisition d’UraMin « .

Rien n’y fait : Mme Lauvergeon n’inscrira que 426 millions cette année-là. Et son successeur, Luc Oursel, devra ajouter près de 1,5 milliard fin 2011, soit une dépréciation totale équivalent au prix d’achat de ce qui était naguère présenté comme une pépite !

Parallèlement, les mêmes juges mènent une enquête sur l’époux de Mme Lauvergeon, Olivier Fric, mis en examen le 30 mars pour délit d’initié et blanchiment. Selon une note de Tracfin, l’organisme antiblanchiment du ministère des finances, il aurait pu bénéficier d’informations privilégiées pour acheter puis revendre des actions UraMin entre mai et juin 2007, en pleine offre publique d’achat d’Areva sur la -société canadienne. Il avait alors réalisé une plus-value de 300 000 euros. M. Fric a démenti tout délit d’initié.

Jean-Michel Bezat


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