Quand construire des routes augmente le trafic et restreindre le réduit

Il faut sortir du principe que le trafic automobile est une constante et qu’il suffirait d’augmenter les voies de communication pour voir les bouchons diminuer…

Le trafic automobile n’est pas une constante car les bagnoles sont conduites par des gens qui s’adaptent à ce trafic : ce principe change tout !

Le trafic automobile peut donc « s’évaporer », car l’automobiliste s’adapte à la réalité… Il est donc illusoire de vouloir construire à tout va car quand il est trop facile d’aller d’un lieu à un autre par la bagnole, la pollution automobile ne peut baisser par cet effet d’aubaine !

L’inverse est donc vrai : restreindre l’offre automobile est bon pour la nature même si l’automobiliste râle…

Mais que faut-il de mieux : que l’automobiliste râle ou qu’il respire sainement ?

Mieux vaut un râleur vivant et en bonne santé, qu’un type silencieux malade du cancer ou mort… Et tant pis pour les élections : le rôle d’un homme politique est de servir le citoyen, pas de se servir lui-même par des mesures démagogiques mettant en péril la santé de ses concitoyens…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 25 août 2016

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Le paradoxe de l’ » évaporation  » du trafic automobile

Le trafic parisien va-t-il s’adapter à la fermeture des voies sur berges ? C’est l’espoir formulé par la maire Anne Hidalgo. C’est également ce que suggèrent les constats établis dans plusieurs villes, où la circulation s’ajuste d’elle-même à l’offre d’axes routiers. En 1968, le mathématicien allemand Dietrich Braess montrait qu’une augmentation de la capacité des routes peut aboutir à une hausse des temps de trajet, générée par l’effet d’aubaine des nouveaux axes qui étaient alors plus empruntés. Ce  » paradoxe de Braess  » trouve son pendant en cas de réduction de la capacité routière.

On a pu le constater dans les villes qui cherchent à limiter l’espace octroyé à la voiture individuelle. Paul Lecroart, de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) d’Ile-de-France, a étudié les effets des aménagements réalisés dans une demi-douzaine de grandes villes de la planète.  » La suppression des voies rapides n’engendre pas de dégradation des conditions de circulation, -au-delà des ajustements de départ. Les reports de trafic restent limités et inférieurs aux prévisions « , écrit le spécialiste dans une note parue en 2012. De même,  » les déplacements motorisés perdus ne se retrouvent pas intégralement dans les transports en commun  » : une partie des trajets ne se fait tout simplement pas. M. Lecroart parle ainsi d’ » évaporation  » du trafic automobile.

Quand les voitures manquent à l’appel
Le même phénomène se produit lorsque la fermeture d’un axe résulte, non d’un projet urbain, mais d’une situation accidentelle. Ce fut le cas à Rouen à la suite de l’incendie du pont Mathilde provoqué par un camion rempli de produits pétroliers, en octobre 2012. Pendant les deux ans qui ont précédé la reconstruction de l’ouvrage, la Métropole de Rouen a certes constaté une hausse de la fréquentation sur les autres ponts et sur les itinéraires de contournement de l’agglomération ; en revanche, les comptages ne permettaient pas de retrouver les 80 000 véhicules par jour d’origine.

Un autre cas s’est produit à Varsovie en 2015 après l’obstruction d’un pont, sur lequel circulaient 105 000 véhicules chaque jour. Les autorités avaient observé une progression du trafic sur différents axes et une hausse de fréquentation des bus et tramways, mais 52 000 véhicules manquaient à l’appel. Evaporés.

Olivier Razemon


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