Quand le respect de l’intérêt général est oublié face à de similis intérêts économiques

On pensait que l’on en avait fini avec le fait de privilégier de similis intérêts économiques par rapport aux intérêts de la nature…

La nature est notre maison. Notre planète est la seule que nous ayons. La souiller, la salir, ne peut que se retourner contre nous, à terme et engager des dépenses autrement plus grandes que de l’entretenir.

Ainsi, il est particulièrement honteux et scandaleux de privilégier des intérêts économiques à court terme par rapport au parc national des Calanques qui se voit polluer avec des produits chimiques détruisant la nature !

Le chantage des emplois est inacceptable quand il s’agit de défendre notre planète !

A quoi sert-il d’avoir fait les beaux discours lors de la COP21 pour que nos abrutis de politiques ferment les yeux sur une pollution de cette ampleur ?

Cette décision politique est honteuse, inique et jette le discrédit sur l’ensemble de sa classe, M. Emmanuel Valls en premier plan, qui montre, par ses actes, qu’il souffre de la même incompétence que les autres !

Honteux !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 31 décembre 2015

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Royal accuse Valls d’avoir donné l’ordre d’autoriser les boues rouges
L’entreprise Alteo de Gardanne va poursuivre ses rejets d’effluents toxiques en Méditerranée, au cœur du parc national des Calanques
Les boues rouges de Gardanne (Bouches-du-Rhône) constituent une atteinte à l’environnement mais elles sont aussi un vrai poison pour le gouvernement. Ségolène Royal avait mis tout son poids dans ce dossier pour mettre un terme au déversement de résidus de bauxite en Méditerranée, au cœur du parc national des Calanques, quitte à envisager une reconversion du site. La ministre de l’écologie se plaint de ne pas avoir été entendue et accuse Manuel Valls d’avoir poussé le préfet des Bouches-du-Rhône et de Provence-Alpes-Côte d’Azur à donner son feu vert, mardi 29 décembre, à l’entreprise Alteo pour poursuivre son activité.

 » L’ordre est venu du premier ministre au préfet, en direct, a-t-elle déclaré à l’AFP. Je n’ai pas du tout changé d’avis, je pense que c’est une mauvaise décision qui est essentiellement suscitée par le chantage à l’emploi. « 

Matignon a rétorqué dans la soirée en niant son implication, assurant que le préfet n’avait fait que suivre l’avis indépendant du Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques rendu le 22 décembre. Celui-ci proposait d’autoriser l’usine de Gardanne non pas à se débarrasser de ses boues rouges solides en mer comme elle le fait depuis 1966, mais à y envoyer ses eaux résiduelles, pendant encore six ans, comme le demandait Alteo.

Du côté des services de l’Etat comme chez les élus locaux des Bouches-du-Rhône, une issue positive semblait acquise depuis l’avis favorable de l’enquête publique menée cet été. Certains espéraient même un délai de dix ans assorti d’une autorisation d’occupation du domaine public maritime de trente ans pour pouvoir continuer à utiliser la vieille canalisation qui plonge dans le canyon sous-marin de Cassidaigne, à 7,7 kilomètres des calanques de Cassis. Finalement, Alteo obtient moins que prévu : une autorisation de deux ans, sous conditions, renouvelable trois fois au maximum.

Contamination accrue
Autrefois propriété de Pechiney, le site de Gardanne produit de l’alumine de spécialité à partir de la bauxite destinée à la céramique industrielle et aux verres spéciaux. Il emploie 400 salariés et 250 personnes sous-traitantes. En plus de quarante ans, il a rejeté au moins 20 millions de tonnes de déchets qui se sont accumulées sur 2 400 km2 au fond de la Méditerranée.

Alteo avait jusqu’au 31 décembre 2015 pour cesser d’envoyer ses déchets en mer. Pour y parvenir, l’industriel s’est doté de trois filtres-presses depuis 2007, moyennant 27 millions d’euros, pour moitié subventionnés par l’Agence de l’eau. Les boues rouges déshydratées sont désormais stockées à terre, en plein air, près de Gardanne, ce qui ne va pas sans poser problème aux riverains. Seules les eaux partent en mer.

Le problème, c’est que ses effluents liquides dépassent les seuils réglementaires en arsenic, aluminium et fer notamment, et continuent de charrier beaucoup de métaux en suspension. Dans sa dernière étude sur le sujet réalisée à la demande de la ministre de l’écologie, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail conclut à une contamination accrue de la Méditerranée, au débouché de la conduite, notamment en mercure. Depuis 2014, Ségolène Royal a en effet multiplié les commandes d’expertises scientifiques, mais il reste beaucoup d’incertitudes sur les effets à long terme du cocktail arsenic, mercure, chrome, dioxines, furanes et PCB dans la chaîne alimentaire.

Ces derniers mois, des collectifs d’associations locales et de pêcheurs se sont mobilisés pour réclamer la fin pure et simple des rejets en mer.  » Nous sommes prêts à aller devant le Conseil d’Etat, assure Renée Dubout de l’Union calanques littoral. Mais il aurait été plus rapide que la ministre le saisisse elle-même. « 

Même avec le nouveau procédé, il part encore en mer chaque jour 6 tonnes d’aluminium (au lieu de 64 tonnes précédemment), 83 kg de fer (contre 270 tonnes), 11 kg d’arsenic (contre 42 kg) et 20 mg de mercure (contre 80 g). Bassins de rétention, traitements physico-chimiques : il existerait selon les experts des solutions pour filtrer davantage les eaux résiduelles.

C’est sous cet angle que France Nature Environnement a tenté jusqu’au dernier moment de faire pression pour obtenir qu’Alteo travaille à réduire ses taux d’arsenic et de mercure dans ses effluents. La fédération qualifie néanmoins l’autorisation préfectorale de  » demi-victoire pour la protection de la Méditerranée et de la zone marine du parc national des Calanques. Grâce à la mobilisation de tous, ce délai a été ramené de 20 ans à 10 ans et maintenant à 6 ans « , écrit-elle dans un communiqué.

 » La décision du préfet met un terme à une longue période d’incertitude pour l’entreprise et ses salariés, a commenté Frédéric Ramé, président d’Alteo. Nous entendons relever le défi des rejets liquides d’ici au 21 décembre 2021. « 

Martine Valo


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