Quand le Medef oublie les principes de base de la démocratie

On m’a fait savoir (merci beaucoup M. L.) qu’il fallait que je parle de tout le monde dans ces colonnes : oui, il y a des problèmes dans des syndicats quand certains permanents peuvent oublier la réalité du terrain, mais oui, il faut ne pas oublier les pratiques honteuses du syndicat patronal !

C’est chose faite !

On a beau jeu de dire que les syndicats de salariés peuvent abuser du système par leurs permanents éloignés du terrain, mais cela arrive aussi aux syndicats patronaux d’abuser du système : le Medef oublie aujourd’hui les principes de base de la démocratie. Le Medef tente en effet actuellement, par la voix de sa présidente, de modifier ses statuts afin de lui offrir un mandat de plus, à la manière de la superbe démocratie Russe (…comme dirait l’autre…).

Je pense donc :

1. Qu’un syndicat salarié ne peut s’éloigner de sa base. Il faut faire en sorte que les responsabilités syndicales ne puissent s’exercer à plein temps en limitant le nombre d’heures de délégation cumulable des élus.
2. Qu’il faut donner une vraie démocratie aux syndicats patronaux en faisant en sorte de passer le pouvoir après un nombre de mandats donnés, ce, sans changer les statuts en cours de route pour favoriser une candidature.

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Grogne au Medef au sujet d’une candidature Parisot
LE MONDE | 16.01.2013 à 18h36 Par Claire Guélaud

Laurence Parisot, la présidente du Medef, achève son second mandat.

La campagne pour l’élection du prochain président (ou de la prochaine présidente) du Medef est officiellement ouverte. Le Conseil exécutif a débattu, lundi 14 janvier, de la question d’une modification des statuts, préalable indispensable à une troisième candidature de Laurence Parisot. Le même jour, Pierre Gattaz, PDG de Radiall, président du Groupe des fédérations industrielles et fils d’Yvon Gattaz, ancien président du CNPF (Conseil national du patronat français, l’ex-Medef), a annoncé sa candidature par email en fin de matinée.

La présidente de l’organisation patronale, qui a succédé à Ernest-Antoine Seillière en 2005, achève son second mandat. Selon les statuts actuels, elle doit passer la main en juillet, mais l’idée d’une troisième candidature la tente, a-t-elle expliqué lundi à quelque 200 membres des Medef territoriaux, depuis que « plusieurs personnes sont venues me voir, des présidents d’organisations territoriales, la présidente d’une grande fédération et plusieurs dirigeants du CAC 40, pour me dire qu’ils jugeaient souhaitable que je reste plus longtemps et qu’en période de turbulences, la stabilité de l’équipe dirigeante du Medef s’imposait ».

« L’IMAGE D’UNE ORGANISATION PAS DÉMOCRATIQUE »

Désireuse que la campagne interne au Medef ne s’ouvre pas trop tôt, Laurence Parisot avait demandé au conseil exécutif de ne traiter cette question qu’une fois conclue la négociation sur la sécurisation de l’emploi qui s’est achevée le 11 janvier. Mais Mme Parisot n’a pas appliqué la règle qu’elle avait demandé aux autres de respecter : elle a saisi, le 2 janvier, le comité des statuts du Medef, présidé par un de ses proches (Georges Drouin), de deux « incohérences » ou « anomalies ». La première tient au fait que deux candidats peuvent concourir pour des durées différentes (trois ans pour un second mandat, cinq ans pour un premier) ; la seconde tient à la limite d’âge (65 ans) imposée au numéro un du Medef, qui plaide par ailleurs pour le relèvement des âges de la retraite….

Laurence Parisot assure qu’elle n’a pas pris sa décision et fait observer que la saisine du comité des statuts est d’ordre général. Ses adversaires et même ceux qui ne le sont pas, ont toutefois accueilli fraîchement cette tentative de changer les règles à cinq mois d’une échéance électorale. « Nous n’avons pas été prévenus de sa démarche, alors qu’il y a eu un bureau le 7 janvier et un conseil exécutif exceptionnel le 9. Cette manœuvre n’est pas très bonne pour l’image du Medef. Elle donne de nous l’image d’une organisation pas démocratique », estime Pierre Gattaz. Un candidat potentiel, qui ne veut pas encore se déclarer, est encore plus direct : « C’est un véritable putsch », dit-il.

« AUCUN DES SOUTIENS DE PARISOT N’EST INTERVENU »

Que les challengers de Laurence Parisot s’émeuvent est logique, mais que des présidents de Medef territoriaux ou de grandes fédérations aujourd’hui proches d’elle aient critiqué sa démarche, est plus inquiétant pour elle. Ce fut le cas, lundi, des patrons de deux Medef territoriaux (Rhône-Alpes et Paca), du président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), Frédéric Saint-Geours, et du patron de la Fédération française du bâtiment, Didier Ridoret.

« Ce qui était surtout frappant, analyse un membre du conseil exécutif, C’est qu’aucun des soutiens de Mme Parisot n’est intervenu. Ni la Fédération bancaire française, ni l’UFIP (industries pétrolières) dont le président Jean-Louis Schilansky s’est déclaré partisan d’une candidature Parisot. » Le forcing de la présidente du Medef se révèle contre-productif : en quelques heures, elle pourrait avoir perdu le bénéfice de la signature d’un accord dit de sécurisation de l’emploi très favorable aux entreprises.

Claire Guélaud


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