Une comparaison France-Allemagne

C’est un article qui met du baume au coeur des Français, mais ne doit pas faire illusion : si de manière économique l’Allemagne est supérieure à la France, c’est que l’Allemagne travaille bien plus que la France. Evidemment, que nos mesures sociales sont appréciées par les Allemands, mais on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre : si notre économie souffre, c’est aussi à cause du poids économique conséquent de ces mesures. Aujourd’hui la fourmi regarde avec envie la cigale, mais la cigale est en train de creuser son trou et quand l’hiver va arriver, la cigale va faire une autre tête…

On a un système qui dépense à tout va et qui plombe notre économie, en particulier par le système des congés parentaux. Il faut remettre les gens au travail, abandonner ces 35h qui nous plombent, dimunuer fortement les indemnités chômage et les retraites anticipées.

Quoiqu’il en soit, il ne faut pas écouter ces fourmis qui envient les cigales, car, de manière économique, l’Allemagne a bien plus à apprendre à la France que l’inverse.

Cet article est faux en grande partie : notre natalité n’est pas due au fait que les Française concilient facilement vie professionnelle et vie privée, elle est due au fait qu’on a des durée de congés parentaux parmi les plus élevés au monde (avec la Suède), et coûteux car ce côut n’est pas compensé par les impôts (…au contraire de la Suède…).

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 22 Janvier 2013

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Les Allemandes concilient difficilement vie professionnelle et vie privée
62 % des femmes travaillent à temps partiel contre 26 % des Françaises, et les systèmes de garde d’enfants sont réduits

Quand une étude européenne sur la politique familiale est publiée, on devine d’avance le résultat : l’Allemagne est lanterne rouge, et la France en tête de classe. Et cela tient à des raisons simples. Au premier regard, on pourrait croire que l’Allemagne est un pays particulièrement progressiste, doté d’un climat social dans lequel les femmes concilient sans problème leur métier et la maternité. Après tout, Kristina Schröder, 35 ans, ministre fédérale de la famille (CDU), fut la première ministre en Allemagne à mettre un enfant au monde durant ses fonctions. A peine la petite Lotte-Marie avait-elle franchi le cap des 2 mois et demi que sa mère était de nouveau installée à son bureau berlinois. Cette conservatrice est une non-féministe proclamée – à l’âge de 12 ans, elle était déjà fan d’Helmut Kohl. Elle se bat contre le principe d’un quota d’emplois réservés aux femmes et répète qu’elle n’entend pas être un exemple pour les autres femmes.

Le problème de Mme Schröder, c’est que les conservateurs ne savent pas trop quel modèle prôner : celui de la mère active ou celui, traditionnel, de la femme qui prodigue soins et amour. Le résultat, ce sont des initiatives politiques et une image contradictoires de la famille et de la femme dans la société.

En décembre 2012, une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a placé l’Allemagne dans les tout derniers rangs pour ce qui concerne l’égalité entre les sexes, et la France dans les premiers.

En termes de différence de salaires hommes-femmes, les Allemands se placent 32e sur les 34 pays membres de l’OCDE. Cela tient beaucoup au travail à temps partiel : 62 % des femmes occupent ce type d’emplois (contre 26 % des Françaises). Le taux de natalité est, lui, de 1,39 enfant par femme en Allemagne ; 2,01 enfants en France.

 » Mère corbeau « 

En France, depuis des décennies, l’un des principes directeurs est de permettre aux femmes à la fois de mettre des enfants au monde et de faire carrière, avec un système de garde d’enfants abordable et varié. On peut profiter de systèmes de garde en matinée, en après-midi, en journée pleine, et même de haltes-garderies pour de brèves durées. Il existe des assistantes maternelles cofinancées par l’Etat – les parents qui les emploient perçoivent, en fonction de leurs revenus, des aides allant de 170 euros à 450 euros. Selon l’Unicef, aucun pays au monde n’offre aux parents qui travaillent un soutien aussi généreux que la France.

En Allemagne, cette mutation culturelle avance cahin-caha. L’image traditionnelle de la mère reste enracinée. Il est difficile de traduire le terme de Rabenmutter, celle que l’on qualifie de  » mère corbeau  » parce qu’elle confie ses enfants à d’autres. On tentera, à partir de cet été, de combler le gigantesque manque de places d’accueil en instituant un droit opposable à une place en crèche.

Mais la mise en place du modèle français, avec par exemple l’école maternelle gratuite, est encore un objectif lointain. Car dans le même temps, le 1er août 2013, sera versée l’allocation destinée aux parents qui gardent chez eux leurs enfants (100 euros par mois la première année pour des enfants entre 1 et 2 ans, puis 150 euros).

Des experts exigent que soit aboli le  » quotient conjugal « , qui répartit la charge fiscale entre époux, qu’ils aient ou non des enfants. En France, le quotient familial tient compte du nombre d’enfants. On en constate les conséquences sur le taux de natalité.

Ulrike Heidenreich ( » Süddeutsche Zeitung « ) Traduit par Olivier Mannoni


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