A-t-on bien besoin de ce genre d’articles ?

Je me pose ouvertement la question sur l’intérêt de tels articles. En fait, je n’ai que faire de l’ambiance des réunions de nos dirigeants. Je veux qu’ils préservent et qu’ils défendent l’intérêt général. Or, dans cet article, je vois de la superficialité, de la communication de bas étage, mais je ne vois pas de défense de l’intérêt général. Depuis que M. Hollande est au pouvoir, on assiste à un certain immobilisme. On s’attend à ce qu’il prenne les problèmes à bras le corps, mais il ne le fait pas.
Notre pays n’est pas dans une situation économique parfaite, loin s’en faut, mais ce genre d’articles fait penser à une classe de privilégiés qui sont bien aises de goûter aux dorures du pouvoir sans se soucier de l’intérêt général.
Quand allez-vous travailler Monsieur Hollande afin de sortir notre pays de l’ornière, en particulier dans le domaine économique ? Vous nous ferez signe lorsque vous aurez fini de contempler les dorures de votre bureau…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 15 Février 2013

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Discipline de Conseil
Au conseil des ministres, face à une équipe de novices, François Hollande a dû fixer des limites et bannir la familiarité. A sa manière, moins cassante que celle de François Mitterrand, plus calme que celle de Nicolas Sarkozy

Ils ont été priés de ne plus utiliser leur smartphone. Après quelques sonneries intempestives lors du conseil des ministres, les services de Matignon ont courtoisement demandé, fin janvier, aux membres du gouvernement de se faire plus discrets. Le bruit court que le chef de l’Etat lui-même ne se prive pas d’échanger des SMS avec certains de ses ministres, dès lors que le sujet l’inspire…

Ainsi en va-t-il du conseil des ministres sous François Hollande : il y a la règle, et la pratique. La règle, il a fallu la fixer très vite. Face à cette équipe de novices, dont la plupart ont secondé, affronté ou côtoyé le premier secrétaire du PS tous les mardis soir pendant onze ans au bureau national, il importait de rompre avec la familiarité.  » Il y a de l’amitié autour de la table. Mais il ne peut y avoir de proximité « , a d’emblée averti le chef de l’Etat, à l’occasion du premier conseil des ministres, le 17 mai 2012. Le tutoiement, auquel Jacques Chirac s’était risqué et que Nicolas Sarkozy avait systématisé, et l’usage des prénoms sont bannis.  » Les liens personnels demeurent, mais chacun doit respecter le cadre du lieu, l’autorité, les règles d’intervention « , explique au Monde le président.

La consigne initiale était claire, que confirme le ministre du travail, Michel Sapin, hollandais canal historique :  » Nous ne sommes plus au bureau national.  » Aujourd’hui, la solennité demeure.  » Tout le monde est impressionné par le lieu, par le rituel, juge le ministre des affaires européennes, Bernard Cazeneuve. Cela ne donne jamais le sentiment d’une dissipation. C’est impressionnant, quand même…  » Comme si, neuf mois après le retour de la gauche au pouvoir, les intéressés se pinçaient encore pour y croire. Mais une inévitable routine s’est peu à peu installée autour de ce moment éminemment ritualisé de la vie de l’exécutif.

Tous les mercredis, un peu avant 10 heures, les ministres patientent dans le salon Murat, au rez-de-chaussée du palais – seul de Gaulle, sous la Ve République, présidait le conseil au premier étage. Ils discutent par petites grappes, prennent leur café dans l’arrière-salle. D’autres annotent leur future communication. Le président, lui,  » a toujours quelques minutes de retard « , rapporte une ministre. Pas autant toutefois que François Mitterrand, qui pouvait faire patienter ses ministres pendant près d’une heure, comme le rappelle Bérengère Bonte, auteur du livre Dans le secret du conseil des ministres (Ed. du Moment, 2011).

L’annonce par l’huissier de l’arrivée du président fait se lever comme un seul homme le gouvernement. Le chef de l’Etat fait son entrée, serre les mains de celles et ceux qui se trouvent sur sa trajectoire – comme Mitterrand, alors que de Gaulle faisait le tour de la table pour saluer chaque ministre – et lance un  » bonjour  » collectif. Avant d’ouvrir le conseil par un point sur la situation.

 » Ma communication n’est pas un éclairage sur l’actualité, indique François Hollande. Il s’agit de donner le sens de l’action du gouvernement, d’expliquer ce que j’en attends. Et cela me permet de passer un certain nombre de commandes.  » Le format en est variable : cinq minutes ou davantage.  » Cela dépend beaucoup de son humeur, dit Pierre Moscovici. Il peut être heureux ou détendu, ou au contraire crispé. Il est quand même plus concentré, moins volontiers jovial que par le passé « , précise le ministre de l’économie et des finances. Après quoi le président demande à son premier ministre s’il souhaite réagir.

Dans le salon Murat se joue aussi la représentation de la dyarchie au pouvoir. Et François Hollande se montre fort délicat à l’égard du chef du gouvernement. Il le congratule régulièrement, après une émission télévisée, par exemple, à la manière d’un Chirac. Il ne se montre jamais cinglant non plus avec ses ministres, comme jadis François Mitterrand.  » Mitterrand parlait peu, et il valait mieux qu’il n’interrompe pas un ministre… François Hollande est un homme plus bienveillant. Il ne fait jamais de tels recadrages « , compare Michel Sapin.  » Il n’humilie jamais personne « , assure le ministre de l’intérieur, Manuel Valls. Il lâche aussi des compliments, comme celui adressé le 6 février, à l’occasion du débat sur le mariage gay, à Christiane Taubira et Dominique Bertinotti, chargées respectivement de la justice et de la famille.

Si  » recadrage  » il y a, ce n’est  » jamais très directement « , témoigne une ministre. Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui n’est pas toujours concise, en a fait les frais :  » Madame la ministre, je crois que nous avons bien compris…  » Fidèle à ses habitudes, le président ne goûte pas l’affrontement, à la différence de Nicolas Sarkozy. Quant aux ordres, ils sont donnés sur le mode feutré de l’antiphrase :  » Je ne vous souhaite pas de bonnes vacances, parce que vous n’en avez pas « , a-t-il dit à ses ministres à la veille des fêtes. L’humour du personnage perce encore sous le costume du président. Mais les traits d’esprit vont désormais de pair avec les injonctions. Au fil des semaines, les impatiences présidentielles se sont exprimées avec davantage d’acuité.

Au retour des vacances d’été, la question est apparue, puis revenue dans la bouche du président :  » Quand ?  »  » Il est hypersollicitant « , glisse le ministre délégué à la formation professionnelle, Thierry Repentin. Le chef de l’Etat en convient :  » J’insiste beaucoup sur le temps. Ce qui compte, dans un conseil des ministres, ce n’est pas ce qu’on décide, mais ce qu’on applique. Dans une société qui va vite, l’Etat doit aller vite.  » Emplois d’avenir, vente des terrains de l’Etat ou Banque publique d’investissement : sur plusieurs dossiers, François Hollande s’est fermement enquis de la date de présentation d’un projet de loi.  » Un grand moment de solitude « , selon l’un des ministres interrogés. Le président l’a rappelé à tous, le 30 janvier :  » Si l’on annonce des choses en conseil des ministres, elles doivent avoir une application.  » Il l’a martelé quinze jours plus tard :  » Il faut que le gouvernement montre qu’il est dans l’action permanente ! « 

Après la présentation des textes de loi (partie A), puis une brève séquence consacrée aux nominations (partie B), arrive l’heure des communications (partie C). Le conseil à la mode hollandaise ne comporte ni la longue leçon présidentielle que goûtait Nicolas Sarkozy, ni de passes d’armes.  » Au début, certains se mettaient à intervenir sur tout. Le président a mis le holà « , raconte Guillaume Garot, ministre délégué à l’agroalimentaire. Le jour où, après une communication de Vincent Peillon sur l’éducation, Stéphane Le Foll (agriculture), Valérie Fourneyron (sports) et Marisol Touraine (affaires sociales et santé) ont cru bon d’ajouter leur point de vue, François Hollande n’a rien dit. Mais au conseil suivant, il a indiqué de la façon la plus nette :  » Il y a d’autres lieux pour le débat.  » Il n’a pas non plus repris l’idée de son prédécesseur qui avait institué en fin de conseil une  » partie D  » réservée à un débat général.

 » Le conseil ne peut pas être un lieu de débats « , tranche Pierre Moscovici. Les textes sont déjà arbitrés, les communications préparées au niveau interministériel. Vincent Peillon résume :  » Cela apparaîtrait comme un désaccord.  » A la représentation hebdomadaire du théâtre gouvernemental, nulle place pour la divergence politique. Pour cette génération de nouveaux ministres socialistes nourrie à la compétition permanente, l’enjeu est de soigner son profil face à ses pairs, et bien sûr au président.  » Je ne les vois plus dans ce qu’ils étaient avant, je me réfère à ce qu’ils font maintenant « , assure pourtant le chef de l’Etat.

Il y a ceux qui opèrent à haute altitude, comme Pierre Moscovici, auteur d’exposés  » bien fichus mais souvent très techniques « , selon un collègue. Ceux dont le caractère transpire sous le costume institutionnel, tel Jérôme Cahuzac, le ministre du budget, qui récita ostensiblement sa communication, agacé d’avoir perdu un arbitrage. Ou encore les personnages qui semblent à contre-emploi :  » Manuel Valls est aussi humble à l’intérieur qu’il est sûr de lui à l’extérieur « , décrit un collègue.

Sous François Hollande, le conseil des ministres est un fleuve politique tranquille.  » Tout le monde sait que ce n’est pas en faisant le mariole qu’on marque des points « , glisse l’un. Certains y jouissent d’un avantage institutionnel, comme le ministre des affaires étrangères, assuré d’une communication chaque mercredi. Son ami Bernard Cazeneuve juge Laurent Fabius  » très pertinent, très drôle, subtil « . D’autres se montrent plus réticents à l’égard des prestations de l’ancien premier ministre :  » Dans le chiant, il est bon « , résume un collègue. Marylise Lebranchu, ministre de la réforme de l’Etat, elle, trouve  » toujours difficile de faire une intervention après le ministre des affaires étrangères « . Certains évoquent aussi les fréquents assoupissements du patron du Quai d’Orsay et racontent volontiers l’épisode où Manuel Valls, au cours d’un séminaire gouvernemental, fit bruyamment tomber son dossier sur la table pour le réveiller.

Tous ne parviennent pas à forcer leur nature. C’est le cas d’Arnaud Montebourg.  » Arnaud n’hésite pas à s’exprimer sur tous les sujets, commente un ministre. Et comme il a un avis sur tout…  » Un autre abonde :  » Il a des envolées lyriques et tout le monde prend un air exaspéré. C’est vrai qu’il ne fait pas dans la dentelle.  » Ainsi le 30 janvier, quand le ministre du redressement productif a détaillé son dessein industriel :  » Il faut renouer avec le post-gaullisme pompidolien de la stratégie de filière. Le TGV, ça ne va plus ! On en est au stade de la R16 customisée !  » La ministre du logement, Cécile Duflot, comme d’habitude, s’en est agacée, même si elle n’a pas réagi. A part ce SMS à François Hollande :  » Heureusement que l’eau de Corrèze est anesthésiante…  » Une référence à l’eau minérale Treignac puisée dans le département de l’ancien maire de Tulle, qui depuis octobre est posée sur la table du conseil.  » Elle est là pour toi « , a répondu le président.

David Revault d’Allonnes et Thomas Wieder


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