Les enseignants de prépas ne doivent pas être des privilégiés

Notre pays, comme tout le monde le sait, se bat en permanence pour sauvegarder ses privilèges de toutes sortes, et tant pis si cela nuit à l’intérêt général. Dossier du jour : les enseignants de prépas. Ceux-là gagnent beaucoup, beaucoup d’argent, avec une charge de travail plus que limitée. Et en plus, avec leur salaire de cadre supérieur, ils bénéficient d’heures supplémentaires alors qu’un cadre, dans le privé, est au forfait jour !

Un véritable scandale quand on pense au salaire ridicule de leurs confrères professeurs des écoles ! On ne peut pas continuer dans cette voie où les professeurs gagnant le plus sont aussi ceux qui passent le moins de temps devant les élèves. Le boulot d’un professeur est d’être devant ses élèves, pas à tergiverser et blablater sur les meilleures conditions d’enseignement. Un professeur doit enseigner. S’il veut faire autre chose, il y a d’autres métiers pour cela.

C’est honteux, scandaleux, qu’un prof émargeant à 100 KEuros n’assure que onze heures de cours par semaine ! Il faut mettre fin, aussitôt que possible à ce scandale financé par l’argent public.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 19 Novembre 2013

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Les profs des zones prioritaires déchargés au détriment des enseignants de prépas ?

C’EST LE DOSSIER le plus sensible des discussions sur les métiers. Celui qui devrait permettre d’alléger le quotidien des enseignants de zone d’éducation prioritaire (ZEP), en piochant dans les avantages octroyés à ceux réputés les plus privilégiés… C’est en tout cas une piste mise sur la table des négociations.

Le ministre de l’éducation nationale envisage de diminuer le nombre d’heures de cours des professeurs en ZEP – d’une heure et demie à deux heures en moins par semaine, de source syndicale. Toutes les écoles et les collèges de l’éducation prioritaire ne seraient pas immédiatement concernés – dans un premier temps, seulement ceux qui concentrent le plus de difficultés.

Pour financer cette mesure, avec un budget serré, le ministre pourrait engager une réforme conduisant à alléger la feuille de paie des professeurs de classes préparatoires. Celle-ci peut atteindre des sommes inégalées – jusqu’à plus de 100 000 euros par an, selon la Cour des comptes.

Déshabiller Pierre pour habiller Paul ?  » Cela ne vise pas uniquement les professeurs de classes préparatoires, précise Vincent Peillon. Il s’agit de repenser tout le système des avantages et des décharges pour qu’il soit transparent et justifié.  » L’idée est de supprimer les heures dites  » de première chaire  » dont bénéficient les professeurs de 1re et de terminale, les  » heures de cabinet  » réservées aux enseignants d’histoire-géographie, les heures de laboratoire en sciences, les décharges en classes préparatoires… Elles seraient en réalité calculées autrement, à partir d’un système unique de  » pondération  » dont bénéficieraient, aussi, les enseignants de ZEP.

Sauf que, dans cette réforme, il y aurait des perdants. Les professeurs de prépas en ont déjà pris conscience.  » Le projet conduirait à une perte de revenu de 10 % à 15 % pour la majorité des professeurs de classes prépas « , assure Dominique Schiltz, du syndicat Snalc. Les plus touchés pourraient perdre, selon ses calculs, jusqu’à 10 000 euros par an.

Explication : les professeurs de prépas assurent entre huit et onze heures de cours par semaine, selon les effectifs de leur classe – plus l’effectif est élevé, moins ils ont d’heures. Avec la réforme, ils passeraient tous à dix heures. Ceux qui sont à huit ou neuf heures – la majorité – seraient pénalisés.  » Soit parce qu’ils feraient des heures en plus sans être payés plus, soit parce que, effectuant déjà des heures supplémentaires – mieux rémunérées que les heures d’enseignement – , ils ne feraient pas plus d’heures, mais verraient leur salaire diminuer « , avance la Société des agrégés. Elle estime la perte entre 6 300 et 7 800 euros par an pour un professeur de deuxième année ayant plus de trente-cinq élèves.

 » Les lésés seraient ceux qui sont les mieux payés, qui ont le plus d’heures supplémentaires et les plus grosses classes « , renchérit M. Schiltz. Souvent ceux qui exercent dans les prestigieuses prépas parisiennes…  » Ce serait assez violent pour des personnels qui n’ont pas été revalorisés depuis trente ans !, déplore Blanche Lochmann, présidente de la Société des agrégés de l’université. Ils seraient blessés par le message qu’on leur transmettrait, consistant à dire qu’ils sont privilégiés. Leur salaire, ils ne le volent pas. « 

C’est pourtant bien une mesure de justice sociale que défend M. Peillon.  » Il y a une forme de pénibilité reconnue, mais, curieusement, elle n’est pas du côté de ceux qui s’occupent des élèves dans les quartiers les plus difficiles, a-il déclaré le 23 octobre. Ce que ces professeurs font pour la nation est considérable. Or, ils n’ont pas une heure de décharge, seulement une prime de 100 euros – par mois – .  » Une somme qui lui semble insuffisante au regard des tâches qui sont les leurs. Plus qu’ailleurs, les enseignants de ZEP  » sont confrontés à des situations difficiles, doivent travailler en équipe, assurer une relation avec les familles… Il faut le reconnaître « .

Au. C.


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