Il faut soutenir nos amies les bzzz !

J’ai reçu un message pour une pétition afin de sauver les abeilles : à vos claviers ! 😉

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Chères amies, chers amis d’Avaaz,

Dans le monde entier, les abeilles sont menacées d’extinction et l’agence sanitaire européenne vient de reconnaître la toxicité de certains pesticides. Nous avons 48 heures avant une rencontre-clé: mobilisons 2 millions de personnes pour sauver les abeilles.

Signez the petition Dans le monde entier, des milliards d’abeilles meurent en silence, menaçant nos cultures et notre alimentation. Mais dans 48 heures, l’Union européenne pourrait interdire les pesticides les plus dangereux et ouvrir la voie à une interdiction internationale qui pourrait bel et bien sauver les abeilles.

Quatre pays européens ont déjà interdit ces poisons ; les colonies d’abeilles s’y reconstituent lentement. Voilà quelques jours, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a déclaré pour la première fois que certains pesticides tuent les abeilles. Aujourd’hui, juristes et députés européens appellent à une interdiction totale. Mais Bayer et d’autres producteurs de pesticides mènent un lobbying acharné pour maintenir leurs produits sur le marché. Si, massivement, nous dénonçons leur action, nous pourrons pousser la Commission européenne à faire passer la santé des citoyens et la protection de l’environnement avant les plus-values de quelques actionnaires.

Heureusement, nous savons que nos voix comptent! L’an dernier, nos 1,2 million de signatures avaient forcé les autorités américaines à engager une consultation sur les pesticides. Aujourd’hui, avec 2 millions de signatures, nous pouvons convaincre l’UE de se débarrasser de ces poisons et paver la voie à une interdiction planétaire. Signez cette pétition urgente essaimez en l’envoyant à tous vos proches. Avec des députés européens, nous remettrons votre message lors de la réunion-clé qui aura lieu à Bruxelles cette semaine:

http://www.avaaz.org/fr/sauvez_les_abeilles/?bZEDuab&v=21431

Les abeilles ne servent pas uniquement à produire du miel: elles sont essentielles à la vie sur Terre et pollinisent chaque année 90% des plantes sauvages et cultivées. Ces dernières représentent une valeur d’environ 40 milliards de dollars et plus d’un tiers des disponibilités alimentaires mondiales. Si les abeilles disparaissent, nos fruits, légumes et noix préférés pourraient disparaître des étals.

Au cours des dernières années, les colonies d’abeilles ont fortement décliné. Des espèces se sont déjà éteintes et certaines espèces américaines ont vu leurs colonies décimées, réduites à 4% de leur population habituelle. Les scientifiques cherchent des réponses depuis longtemps, et aujourd’hui, l’EFSA affirme que certains pesticides, les néonicotinoïdes, pourraient être responsables de ce massacre. La France, l’Italie, la Slovénie et même l’Allemagne, pourtant patrie de Bayer, l’un des plus grands producteurs de ces pesticides, les ont déjà interdits. Mais Bayer continue d’exporter son poison dans le monde entier.

Aujourd’hui, nous entrons dans une phase cruciale pour l’interdiction des pesticides. Les députés européens intensifient leur pression sur la Commission et certains pays pour faire adopter une loi contre ces poisons. Nous pouvons les aider par un soutien citoyen massif contre ce puissant lobby. Signez cette urgente pétition adressée aux responsables européens et partagez cet e-mail autour de vous:

http://www.avaaz.org/fr/sauvez_les_abeilles/?bZEDuab&v=21431

Les menaces s’accumulent sur la biodiversité qui nous permet de vivre et d’admirer la nature. Les membres d’Avaaz s’unissent une fois encore pour protéger les animaux en danger,grands ou petits. Qu’il s’agisse de gagner une bataille pour empêcher la Commission baleinière internationale de légaliser le meurtre de ces géants des océans ou qu’il s’agisse de sauver les abeilles, ces minuscules créatures dont la nature est si dépendante, nous allons nous unir pour défendre le monde que nous voulons.

Avec espoir,

Luis, Ari, Alice, Iain, Ricken, David, Alaphia et toute l’équipe d’Avaaz

POUR EN SAVOIR PLUS:

Pesticides: un risque enfin admis pour les abeilles (Le Monde) http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/01/16/pesticides-un-risque-enfin-admis-pour-les-abeilles_1817630_3244.html
Un pesticide pour expliquer l’effondrement des colonies d’abeilles (Conso-Globe) http://www.consoglobe.com/colonie-abeilles-pesticides-effondrement-cg
La pollinisation (Agriculture.technomuse.ca) http://www.agriculture.technomuses.ca/francais/les-abeilles/la-pollinisation/effets-sur-fruits.php
Donnons une chance aux abeilles (Alliance des Verts Européens, communiqué) http://www.greens-efa.eu/donnons-une-chance-aux-abeilles-9026.html« 
L’EFSA identifie les risques associés aux néonicotinoïdes pour les abeilles (EFSA) http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/130116.htm?utm_source=homepage&utm_medium=infocus&utm_campaign=beehealth

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L’entreprise : grande absente de ce débat

Dans ce débat, je ne vois nulle place de l’entreprise au sens large du terme. On y parle de la réussite à l’Université. Certes, c’est une bonne chose, mais si ça sert à former des gens qui ne sont pas en adéquation avec le monde du travail, à quoi cela sert-il ?

Ainsi, on parle de formations (dixit) :  » Humanités « , et de formations  » culture antique et modernité européenne  qui mêlera lettres classiques, langues anciennes, histoire et lettres modernes. »

C’est bien, mais est-ce que l’on est si sûr que ces formations sont demandées dans le monde du travail ? Il ne faut pas et il ne faut jamais oublier que la formation sert à obtenir un emploi. Il y a urgence en la matière quand le taux de chômage chez les jeunes atteint les 25%…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 27 Novembre 2012

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Universités : priorité à la réussite des étudiants
Les Assises nationales de l’enseignement supérieur se concluent mardi. Un texte de loi est prévu fin mars

Plus de 100 auditions, 1 200 contributions écrites, 20 000 participants à plus de 500 réunions et débats en région… C’est peu dire que les Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche ont mobilisé. Lancés en juillet, les débats se concluront mardi au Collège de France, où sont attendus quelque 500 participants.

Le comité de pilotage devrait faire des propositions sur les trois thèmes fixés par Geneviève Fioraso, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche : la réussite de tous les étudiants, une ambition pour la recherche et la révision de la gouvernance des universités. Un projet de loi devrait être déposé fin mars 2013, et voté avant fin juin 2013. Parmi ces propositions, certaines devraient être plus ou moins bien accueillies.

Réduire l’échec en première année Faire réussir tous les étudiants en premier cycle est la priorité du gouvernement. Le plan  » Réussir en licence « , lancé en 2007 avec 730 millions d’euros de crédits qui devaient diviser par deux l’échec des premières années, a été un fiasco : en première année, un étudiant sur deux échoue et seulement 38 % de ceux entrés en première année en 2008 ont bouclé leur cursus en trois ans. Ce sont les bacs généraux qui réussissent le mieux (44 %). Seuls 10 % des titulaires d’un bac technologique décrochent leur licence en trois ans. Aucun bac professionnel n’y parvient, selon le ministère.

Le comité de pilotage propose ainsi, pour réduire ce taux d’échec, de décloisonner les enseignements afin de laisser aux étudiants le temps de la réflexion.  » Il faut être dans une spécialisation progressive et non pas dans une formation très spécialisée dès la première année « , avait déclaré François Hollande, lors de son discours sur l’enseignement supérieur le 5 mars à Nancy. C’est aussi le message qu’a adressé, lundi 26 novembre, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, lors de l’ouverture des assises nationales.

La pluridisciplinarité est une vieille revendication des syndicats étudiants. La conférence des présidents d’université (CPU) est aussi sur la même ligne.

Plusieurs universités ont, vont ou réfléchissent à mettre en place ce type de cursus. Paris-10 (Nanterre) a lancé il y a quelques années une licence  » Humanités « , Rennes-2 travaille sur une licence baptisée  » culture antique et modernité européenne  » qui mêlera lettres classiques, langues anciennes, histoire et lettres modernes.

Des licences pluridisciplinaires (chimie-biologie, maths-informatique ou maths-physique) démarreront en septembre 2014 à l’université Pierre-et-Marie-Curie à Paris.  » Nos étudiants disent qu’ils veulent avoir du temps pour se spécialiser « , confirme Fabrice Chemla, vice-président de la formation initiale et continue.

Mais la pluridisciplinarité ne devrait pas faire l’unanimité. Le collectif Sauvons l’université, s’il n’est pas contre le principe, critique sa mise en oeuvre.  » On sera plutôt dans la dilution de disciplines « , critique son porte-parole Etienne Boisserie, qui craint un enseignement au rabais. Au-delà, c’est toute la recherche en France qui risque d’en pâtir.  » Si les enseignements sont dilués, les étudiants seront beaucoup moins armés pour faire de la recherche en master. « 

Christine Noille, la présidente de Sauvons l’université, rappelle qu' » en classes prépa les élèves ont six heures par semaine de chaque discipline, à l’université, une heure trente ou deux heures par semaine dans le meilleur des cas ! « 

Plus de places en BTS et en DUT Trop de bacheliers titulaires d’un bac pro ou d’un bac techno ne trouvent pas de place dans ces filières qui leur sont pourtant destinées et échouent inévitablement à l’université. Le Plan licence de 2007 prévoit un accès de droit aux IUT des bacheliers technologiques avec mention. Dans les faits, ce sont les bacs généraux qui trustent les places : 68 % des étudiants en IUT, 30 % pour les bacs techno et 2 % pour les bacs pro.

Pendant sa campagne, François Hollande avait indiqué vouloir leur réserver des places sans pour autant parler de quota, ce qui revient pourtant au même.  » Si l’incitation à accueillir en priorité les bacs pro en STS – préparant au BTS – et les bacs techno en IUT ne suffit pas, nous passerons par la loi « , devait indiquer, lundi, Jean-Marc Ayrault.

Le comité de pilotage veut aller dans ce sens en appliquant une sorte de discrimination positive.  » Jusqu’à présent, ce sont des commissions dans les IUT qui choisissent leurs étudiants. Nous proposons que ce soit le recteur – et donc l’Etat – qui affectera les étudiants « , indique un de ses membres.

L’idée d’imposer des quotas déplaît fortement aux directeurs des 115 IUT. Celle d’un fléchage, une orientation imposée des étudiants, pourrait les faire bondir.  » Nous sommes opposés aux quotas, avertit d’emblée Jean-François Mazoin, président de l’association des directeurs d’IUT, mais favorables à prendre des engagements par contrat avec l’Etat et les recteurs. Notre objectif est d’arriver à un équilibre, 50 % de bacs généraux et 50 % de bacs techno. « 

Le manque de bacs techno en IUT s’expliquerait aussi, selon Jean-François Mazoin, par un déficit de candidats.  » Il faut faire passer le message dans les lycées afin qu’ils mettent notre filière en premier choix sur Admission post-bac. A la rentrée 2012, seuls 38 % des bacheliers techno avaient inscrit un IUT en premier voeu sur ce logiciel. « 

L’évaluation des enseignants C’est là encore une revendication des étudiants, mais elle devrait faire hurler les enseignants. Si elle se fait ici ou là dans les universités au bon vouloir des professeurs, elle reste très marginale.  » Il faut installer une culture de l’évaluation des enseignants « , indique un membre du comité de pilotage. Un cadre méthodologique national pourrait être créé si cette proposition est retenue.

Moins de pouvoirs pour les présidents d’université La loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) sur l’autonomie a été très critiquée pour avoir donné trop de pouvoirs aux présidents. Dès sa nomination, Geneviève Fioraso avait dit  » vouloir en finir avec l’hyperprésidentialisation « .

Sur ce point, Jean-Marc Ayrault souhaite que la communauté universitaire  » tire les leçons de la LRU « .  » J’attends des propositions en matière de gouvernance qui permettront un rééquilibrage des pouvoirs « , a-t-il indiqué. Le comité de pilotage veut supprimer le droit de veto du président sur les recrutements et lui retirer ses pouvoirs sur l’avancement et les primes des personnels. Il veut aussi introduire une procédure de destitution du président et de ses vice-présidents.

Vers la création d’une nouvelle structure d’évaluation Plutôt que de réformer l’Aéres, l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, critiquée de toute part, le comité de pilotage opte pour la création d’une nouvelle entité.  » Si l’Aéres a fait progresser la France sur deux points : l’évaluation de tous les laboratoires et des formations, elle est devenue beaucoup trop bureaucratique et c’est une agence de notation qui ne donne pas d’indications pour s’améliorer « , explique le comité de pilotage.

Nathalie Brafman

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Savoir gérer un budget, ça sert à ça.

Souvent, quand je discute avec des gens et que je leur dis l’état des finances publiques, j’obtiens pour réponse : « De toutes façons, la France ne peut pas faire faillite… Un état n’est jamais en faillite ».

C’est bien entendu faux et les conséquences peuvent être fâcheuses. Actuellement, sur 240Mds d’Euros de recettes, on dépense 320Mds. Si on n’y prend pas garde, la situation Grecque concernant leurs hôpitaux pourra être la même en France. Il faut donc agir vite.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 27 Novembre 2012

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REPORTAGE
L’inexorable descente aux enfers du système de santé de la Grèce
Les hôpitaux parent au plus pressé, alors que le paludisme ou la tuberculose sont de retour
Thessalonique (Grèce) Envoyé spécial

C’était en 2009, il y a une éternité. L’époque où l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) jugeait le système de santé grec  » relativement efficace « , l’époque où les médecins de Thessalonique avaient réussi à soigner le mélanome dont souffrait Mme I. Trois ans plus tard, quand le cancer est revenu, ils n’ont pas même essayé. C’est M. I. qui raconte. Anonymement, par peur de  » représailles  » :  » Les médecins ont prescrit un traitement à ma femme, mais comme les dépenses engagées étaient potentiellement lourdes, celui-ci devait désormais être validé par une commission de médecins et de responsables de l’administration. Cette commission a refusé le traitement, et quand je suis allé chercher les résultats, l’un de ses membres m’a pris à part : « Nous avons dû faire un choix, et nous allons garder l’argent pour soigner des enfants. Votre femme a 62 ans, laissez-la donc mourir à la maison ». « 

Le cas est extrême, isolé, mais partout dans les treize hôpitaux de Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, des médecins  » jouent à Dieu « , selon le mot de Leta Zotaki, chef du service de radiologie de l’hôpital de Kilkis, au nord de la ville.  » Quand le papier radiographique manque, on décide de qui a le plus besoin de l’examen, on fait du troc avec les autres hôpitaux, ou bien on demande aux patients d’acheter le matériel « , explique cette syndicaliste, qui a elle-même vu son salaire de 4 000 euros divisé par deux et dont les gardes ne sont pas payées depuis le mois de mai.

Sur la porte d’une salle de l’hôpital, des infirmières ont accroché une affichette :  » N’apportez pas de chocolats à vos proches, achetez-leur du papier toilette.  » Tout manque : gants en latex, compresses, réactif pour les examens sanguins, cathéters… Seule consolation, les employés des hôpitaux publics ont pour l’heure échappé aux mises au chômage technique qui sont monnaie courante dans d’autres secteurs publics. Mais les médecins partis – en retraite, dans le privé ou à l’étranger – ne sont pas remplacés : à Kilkis, on est passé de 160 à 125 praticiens.

Dès avant le début de la crise, les caisses d’assurance-maladie grecques étaient structurellement déficitaires. Tous les deux ou trois ans, l’Etat les renflouait. Mais depuis 2009, en réponse aux injonctions de la  » troïka  » (UE, FMI, BCE) et dans l’espoir d’équilibrer les finances du pays, les dépenses publiques dans le domaine de la santé ont subi une diminution de 32 %. Et la situation s’est dégradée à mesure que le chômage augmentait (25 % en novembre) et que le nombre de cotisants diminuait.

L’hôpital public, qui avait déjà subi des coupes budgétaires de 40 % entre 2007 et 2009, est entré dans la crise en situation de grande faiblesse. Pour tenter de rétablir les comptes, les patients se sont vu demander un paiement forfaitaire de 5 euros (passé à 25 euros dans le budget voté à l’automne) pour toute consultation, puis une participation variable aux frais médicaux. Sans compter, parfois, la fakelaki, l' » enveloppe  » de quelques billets qui fait office de coupe-file et atterrit directement dans la poche du médecin.

Les chômeurs, eux, ne sont plus couverts un an après la perte de leur emploi, et doivent s’acquitter de la totalité des frais médicaux. Le plus souvent, ils ne soignent pas, et attendent que les pathologies s’aggravent pour finalement se rendre aux urgences. Les admissions y ont bondi d’un tiers. Les unités de soins intensifs sont également débordées : les syndicats estiment que 30 à 40 personnes sont chaque jour privées d’accès à ces services.

L’autre solution, pour les malades désargentés, paraît bien dérisoire. A Thessalonique, elle se trouve rue Ionos-Dragoumi, un appartement anonyme sommairement transformé par Médecins du monde (MDM) en cabinet de crise. Une cinquantaine de personnes patientent jusque dans les escaliers avant d’être examinées par des médecins bénévoles à la mine épuisée, qui soignent les petites pathologies, distribuent des médicaments, assurent des vaccinations, se muent en psychologues ou en travailleurs sociaux.

 » Il y a dix ans, nous avons ouvert le centre pour soigner les migrants de passage, raconte Sofia Garane, la jeune directrice de cette antenne locale de MDM. Avec la crise, le nombre de patients a été multiplié par dix et les Grecs sont devenus majoritaires.  » Despina Ioanidou, 48 ans dont huit de chômage, vient régulièrement chercher des médicaments pour soigner son dos et sa dépression.  » J’ai à peine de quoi payer mon électricité et ma nourriture, comment pourrais-je consulter un vrai docteur ou même aller à l’hôpital ? « 

Depuis deux ans, les médecins de la rue Dragoumi ont aussi vu apparaître de nouvelles pathologies liées à la malnutrition des enfants. Dans tout le pays, des maladies oubliées ont fait leur retour, comme le paludisme ou la tuberculose.

Totalement à plat, le système de soins grec frise l’explosion. Celui de la distribution de médicaments ne va guère mieux. En retard sur les remboursements, l’Etat doit près d’un milliard d’euros aux laboratoires et aux pharmaciens. Ces derniers, sachant qu’ils ne seront pas remboursés ensuite par les caisses d’assurance-maladie, refusent très majoritairement de fournir gratuitement aux patients les médicaments. Les malades doivent dès lors avancer les frais, comme Panagiota C., qui a dû débourser 100 euros pour ses anticoagulants et attendre six mois avant d’être remboursée, ou errer à la recherche d’un hôpital ayant le remède en stock. Selon l’association pharmaceutique panhellénique, 300 médicaments sont désormais quasi introuvables et la situation est particulièrement grave pour les traitements cardiaques et contre le cancer. Quant aux laboratoires, ils menacent de suspendre les approvisionnements. Début novembre, le groupe Merck a annoncé qu’il cessait de fournir l’anticancéreux Erbitux aux hôpitaux en retard de paiement.

Les médicaments : voilà la solution, pour Stavros Baroutis, administrateur de l’hôpital Agios-Dimitrios, dans le centre de Thessalonique. En faisant passer de presque 0 % à 47 % la part de génériques utilisés dans son établissement, M. Baroutis a pu limiter les dégâts et supprimer  » seulement  » 80 lits.  » La non-utilisation de génériques avant la crise est révélatrice des manques de notre système de santé « , estime-t-il, égrenant la liste interminable de ces  » excès  » : aucune souplesse quant à la fermeture de services ou la diminution du nombre de lits ; matériel de pointe acheté au prix fort puis laissé à moisir dans les caves des hôpitaux ; absence de dossier médical ; examens réalisés en double ou en triple ; médecins trop nombreux ; gaspillage des petits consommables…

 » Cette crise aurait pu être l’occasion de remettre ce système à plat, explique M. Baroutis en trottinant dans les couloirs mal éclairés de son hôpital. Mais la purge est telle, les coupes si violentes, que l’on va tuer le système sans lui permettre de se réformer. « 

Benoît Vitkine

    M. Medvedev critique le  » manque d’énergie  » européen

    La crise dans l’Union européenne est considérée par Moscou  » comme une menace très sérieuse « , a déclaré lundi 26 novembre le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, dans un entretien à l’AFP et au Figaro, soulignant que la moitié des échanges commerciaux de la Russie se font avec l’UE.  » La situation chez nous dépend en bonne partie de ce qui se passe dans les économies de l’Union européenne « , a ajouté M. Medvedev, attendu en France lundi.

     » Il nous semble parfois que nos partenaires européens manquent d’énergie et de volonté pour prendre des décisions (…). Nos partenaires de l’UE semblent être sur le point d’arriver à un accord. L’important, c’est que ce ne soit pas trop tard « , a-t-il estimé.

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Quand la maison continue à brûler

« Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs », disait Chirac. Au vu de la situation catastrophique que vit notre climat aujourd’hui et au vu de la situation catastrophique du marché du CO2, la célèbre phrase de Chirac n’a jamais été autant d’actualité.

Un bien mauvais présage pour l’avenir…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 05 décembre 2012

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En dépit de l’urgence, Bruxelles repousse le sauvetage du marché du carbone
Gros pollueurs, les pays de l’Est de l’Europe préfèrent un prix du CO2 peu élevé

Les 12 000 sites industriels assujettis au marché européen du carbone devraient bénéficier encore un bon moment de quotas d’émissions de CO2 à prix cassé.

Pour faire remonter le cours de la tonne de ce gaz à effet de serre et inciter les entreprises à réduire leurs émissions au lieu de les compenser en achetant des quotas, la Commission européenne souhaitait faire approuver, avant la fin de l’année, le gel provisoire de 900 millions de crédits carbone sur les 8,5 milliards qui doivent être mis aux enchères entre 2013 et 2020.

Cette ambition vient de faire long feu : la commissaire européenne au climat, Connie Hedegaard, a annoncé, vendredi 30 novembre, qu’elle ne demanderait finalement pas aux représentants des Etats membres d’approuver cette mesure lors de la réunion du Comité du changement climatique, le 13 décembre. Un nouveau revers pour la Commission, qui a déjà dû renoncer, le 12 novembre, à inclure les compagnies aériennes extra-continentales dans son système de quotas.

Officiellement, le report annoncé ne vise qu’à garantir la légalité de la réforme, en demandant au Parlement européen de valider au préalable la capacité de la Commission à modifier l’offre de crédits carbone.

Les textes sont, sur ce point, pour le moins évasifs. La législation de l’Union stipule simplement que  » la Commission doit assurer le bon fonctionnement du marché du CO2 « . Mais, pour beaucoup d’observateurs, il devenait surtout urgent d’attendre, étant donné l’hostilité affichée par de nombreux pays à cette intervention sur le marché.

L’objectif de Bruxelles n’a pas changé : soutenir le prix du CO2 en réduisant l’offre de quotas. Le système communautaire d’échanges de quotas d’émissions, fer de lance de la politique climatique européenne, est noyé dans un excédent de 1,4 milliard de crédits, en raison d’une allocation trop généreuse et d’une baisse de la demande due au ralentissement de l’activité économique.

Le prix du quota plafonne depuis des mois à environ 7 euros. Or il devrait osciller entre 24 euros et 30 euros pour inciter les industriels à développer des technologies propres. Vendredi, après l’annonce de Bruxelles, le prix de la tonne est tombé à un nouveau record de 5,89 euros.

 » Si la volonté politique est là, toutes les décisions nécessaires pourront être prises avant le démarrage de la prochaine phase d’enchères, au début de l’année 2013 « , assurait pourtant Connie Hedegaard, le 25 juillet.

La  » volonté politique  » a rapidement manqué. Certains gouvernements, notamment dans les pays très dépendants des énergies fossiles et comptant des industries lourdes très polluantes, se satisfont de quotas bon marché et refusent tout coup de pouce au prix du carbone, qui risquerait de pénaliser la compétitivité de leur économie.

 » On s’attend à ce que la Pologne, la Roumanie, la République tchèque, la Hongrie, la Bulgarie et la Slovaquie disent non  » à cette proposition, prédit Konrad Hanschmidt, un analyste de Bloomberg New Energy Finance, à Londres.

Plus inquiétant pour la Commission, l’Allemagne risque fort de s’abstenir sur le sujet, en raison des divergences d’opinions entre le ministre de l’environnement, Peter Altmaier, qui soutient la proposition, et le ministre de l’économie, Philipp Rösler, vigoureusement opposé à tout  » gonflage artificiel des cours « . Une abstention qui pourrait suffire au camp du  » non  » pour bloquer la décision et ruiner les espoirs de sauvetage du marché du carbone.

Dans ce contexte, la demande de délai adressée le 8 novembre à Bruxelles par les députés du Parti populaire européen, émus de ce que la Commission fasse valider son projet par les Etats membres sans que le Parlement lui en ait donné le mandat, arrange finalement tout le monde. La balle est désormais dans le camp des eurodéputés.  » Je veux accélérer le vote en plénière, peut-être en mars ; cela dépendra du nombre d’amendements déposés par mes collègues « , a indiqué le député allemand social-démocrate Matthias Groote, président de la commission de l’environnement du Parlement.

Le processus communautaire, qui oblige non seulement à trouver un accord entre les Etats membres mais aussi entre les gouvernements et le Parlement, rend désormais improbable l’entrée en vigueur du nouveau calendrier d’enchères avant 2014. Un peu tard, pour une mesure présentée comme une intervention d’urgence.

Ces difficultés augurent mal de la capacité de la Commission européenne à imposer une réforme en profondeur du marché du carbone. Le 14 novembre, Mme Hedegaard a proposé des mesures structurelles visant à soutenir plus durablement le prix du CO2. Parmi elles, l’extension du marché à de nouveaux secteurs de l’économie, la création d’un prix plancher ou… le retrait définitif des quotas excédentaires.

Grégoire Allix

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Quand Bongibault perd un débat

Petit rappel des propos de M. Bongibault, lors d’une des premières manif contre le mariage pour tous :

Le journaliste : « […] Très rapidement, tout de même, est-ce que, tout simplement, vous pouvez nous dire, euh, Xavier, pourquoi vous venez manifester autour du collectif la Manif pour tous aujourd’hui ? »

Xavier Bongibault : « Et bien, si je j’ai rejoins la manif pour tous dès le début, c’est pour rendre la liberté de parole aux homosexuels on nous explique en permanence que tous les homosexuels sont pour ce projet de loi parce qu’ils sont homosexuels, c’est une logique choquante et homophobe de la part d’ce gouvernement, c’est dire que tous les homosexuels n’ont pour seul instinct sexuel leur orientation sexuelle, c’est la ligne qui a été défendue par un homme que l’Allemagne a bien connu à partir d’1933 et c’est la ligne que défend aujourd’hui François Hollande. »

Quand on gagne un « point Godwin », on perd le débat. Bongibault a donc perdu son débat. Il faut donc en conclure que le mariage gay et l’adoption sont des causes justes.

CQFD

Le point Godwin ? C’est expliqué ICI

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Le tram a-t-il encore un avenir ?

C’est une bonne question qui nous est posée ici : peut-on encore continuer à utiliser le Tram pour nos transports tant son prix est important ?

Des éléments de réponse sont fournis et la situation globale est décrite.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 23 Novembre 2012

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Le tram en bout de course
M le magazine du Monde | 23.11.2012 à 12h01 • Mis à jour le 23.11.2012 à 12h22 Par Olivier Razemon

Un kilomètre de tramway coûte entre 25 et 30 millions d’euros : trois fois plus qu’une ligne de bus. Le tramway de Montpellier est passé de deux à quatre lignes cette année.

En cette fin d’année 2012, le tramway est à la fête. Pas une semaine sans qu’un maire n’inaugure une nouvelle ligne. Après Lyon le 17 novembre, c’est au tour de Dijon (le 8 décembre) et du Havre (le 12) de voir leur réseau s’allonger de plusieurs kilomètres. En Ile-de-France, le T1 en Seine-Saint-Denis est prolongé jusqu’à Asnières (Hauts-de-Seine) depuis le 15 novembre et le T2 dans les Hauts-de-Seine jusqu’à Bezons (Val-d’Oise) depuis le 19. A Paris, le prolongement du T3, de la porte d’Ivry à la porte de la Chapelle, entrera en fonctionnement le 15 décembre, en présence de François Hollande. « Depuis 2000, on a doublé le nombre de villes équipées, triplé le nombre de kilomètres de voies et quadruplé la clientèle », constate Patricia Varnaison-Revolle, au Centre d’études sur les réseaux, les transports et l’urbanisme (Certu), qui dépend du gouvernement. Les apparences, pourtant, sont trompeuses. Si l’aura du tramway est loin d’avoir pâli, personne ne doute que son âge d’or est derrière lui.

Les comportements des collectivités locales sont en train de changer, à bas bruit, sous la pression des impératifs budgétaires. Le tramway coûte cher. Très cher, même : entre 25 et 30 millions d’euros le kilomètre. C’est cinq fois moins qu’un kilomètre de métro parisien mais trois fois plus qu’une ligne de bus. Le tramway, un luxe que la collectivité ne peut plus guère s’offrir ? Peu d’élus locaux l’admettent encore à voix haute, mais la Cour des comptes lance des signaux d’alerte à intervalles réguliers. En 2010, les magistrats dénonçaient la sous-estimation du coût du T3, à Paris. En 2012, ils remettaient en cause l’opportunité d’une ligne reliant Liévin à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais. Mais le plus souvent, les élus persistent, quitte à commander une étude complémentaire.

POPULATIONS NOUVELLES

Le prolongement du T3, à Paris, sera inauguré le 15 décembre.

Pratique, agréable et propre avec sa propulsion électrique, le tramway reste un mode de transport moderne, confortable… et considéré comme électoralement payant. Il change le visage de la ville et permet de justifier des aménagements – jusqu’alors tabous – qui remettent en cause la place accordée à l’automobile dans l’espace urbain. On plante des arbres et des graminées, on dessine une piste cyclable, on refait les trottoirs et on installe des bancs. Le tram attire aussi des populations nouvelles vers les transports en commun. A Paris et dans sa proche banlieue, les quatre lignes existantes « ont gagné 190 % de trafic en dix ans, contre 21 % pour l’ensemble des moyens de transport public », souligne Laurence Debrincat, au Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF). « Le tramway, c’est comme le cinéma ; on voit défiler le paysage urbain », s’émerveille l’architecte Roland Castro, qui a dessiné plusieurs projets d’immeubles à Bezons, le nouveau terminus du T2. Même les commerçants, souvent hostiles aux projets, découvrent, une fois la ligne inaugurée, que les passagers du tram font d’excellents clients.

Or, à moins de deux ans des élections municipales, l’enthousiasme qu’affichent les élus dissimule à peine un recentrage stratégique frappé au coin du réalisme. « Les demandes de financement émanant des collectivités privilégient aujourd’hui le bus circulant sur une voie spécifique alors que le tramway dominait encore il y a trois ans », souligne Mme Varnaison-Revolle, au Certu. A Strasbourg, la communauté d’agglomération a admis le 19 novembre qu’un projet de « tram-train », tramway roulant sur les voies de chemin de fer et destiné à desservir l’aéroport d’Entzheim, était « au point mort ». En cause, le creusement d’un tunnel, considéré comme « compliqué et coûteux ». Metz, Chambéry ou Belfort ont renoncé au tramway et assument leur choix. Metz Métropole présente fièrement son projet Mettis : un superbus qui desservira le centre-ville toutes les quatre minutes aux heures de pointe. Le design du bus, les voies spéciales et même le remodelage urbain aux alentours des deux lignes qui seront inaugurées à l’automne 2013 évoquent le tramway. Mais il s’agit bien d’un bus. A Belfort, le chevènementiste Christian Proust, président du syndicat des transports, a décidé de partir en croisade contre le tramway. « Mieux vaut multiplier les offres bus, vélo, voiture en autopartage. C’est moins cher et plus efficace », affirme-t-il. Plus efficace, sans doute. Mais socialement et politiquement moins glamour.

Olivier Razemon

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Une tribune de Virginie Despentes

A lire…

Un article du site Web tetu.com disponible sur http://www.tetu.com/actualites/france/virginie-despentes-repond-a-lionel-jospin-et-aux-anti-mariage-pour-tous-22503

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Invité vendredi dernier sur le plateau du Grand Journal de Canal+, Lionel Jospin est revenu sur ses réserves sur l’ouverture du mariage aux couples homos. «C’est la position de mon parti, et donc je la respecte, a commenté l’ancien Premier ministre. Ce n’était pas la mienne au départ. Ce que je pense c’est que l’idée fondamentale doit rester, pour le mariage, pour les couples et pour la vie en général, que l’humanité est structurée entre hommes et femmes.» L’écrivaine Virginie Despentes a choisi de lui répondre dans une tribune que publie TÊTU.com.

«Alors, cette semaine, c’est Lionel Jospin qui s’y colle. Il trouve qu’on n’entend pas assez de conneries comme ça, sur le mariage gay, il y va de son solo perso. Tranquille, hein, c’est sans homophobie. Il n’a pas dit qu’on avait le droit de casser du pédé ou de pourrir la vie des bébés gouines au lycée, non, juste, il tenait à signaler: attention, avec le mariage, on pousse mémé dans les orties. «L’humanité est structurée sur le rapport hommes femmes.» Juste, sans homophobie: les gouines et les pédés ne font pas vraiment partie de l’humanité. Ils ne sont pourtant pas stériles – mais comme ils ne vivent pas en couple, ce n’est pas de l’humain pur jus, pas de l’humain-humain comme l’est monsieur Jospin. Ce n’est pas super délicat pour les célibataires et les gens sans enfants, son truc, mais Jospin est comme ça: il a une idée forte de ce qu’est l’humanité, et l’humanité, c’est les femmes et les hommes qui vivent ensemble, copulent et produisent des enfants pour la patrie. C’est dommage pour les femmes, vu que, in fine, cette humanité là, c’est l’histoire de comment elles en ont pris plein la gueule pendant des millénaires, mais c’est l’humanité, que veux tu, on la changera pas. Et il faut bien l’admettre: il y a d’une part la grande humanité, qui peut prétendre aux institutions, et de l’autre, une caste moins noble, moins humaine. Celle qui devrait s’estimer heureuse de ne pas être persécutée, qu’elle ne vienne pas, en plus, réclamer des droits à l’état. Mais c’est dit sans animosité, hein, sans homophobie, juste: l’humanité, certains d’entre nous en font moins partie que d’autre. Proust, Genet, Leduc, Wittig, au hasard: moins humains que des hétéros. Donc, selon Lionel Jospin, il faut que je comprenne, et que je n’aille pas mal le prendre: depuis que je ne suce plus de bite, je compte moins. Je ne devrais plus réclamer les mêmes droits. C’est quasiment une question de bon sens.

Mais c’est dit sans homophobie, c’est ça qui est bien. Comme tous les hétéros qui ont quelque chose à dire contre le mariage gay. C’est davantage le bon sens que l’homophobie qui les pousse à s’exprimer. Dans ce débat, personne n’est homophobe. Ils sont juste contre l’égalité des droits. Et dans la bouche de Jospin on comprend bien: non seulement contre l’égalité des droits entre homos et hétéros, mais aussi contre l’égalité des droits entre femmes et hommes. Parce qu’on est bien d’accord que tant qu’on restera cramponnés à ces catégories là, on ne sera jamais égaux.

Je m’étais déjà dit que je ne me voyais pas «femme» comme le sont les «femmes» qui couchent gratos avec des mecs comme lui, mais jusqu’à cette déclaration, je n’avais pas encore pensé à ne plus me définir comme faisant partie de l’humanité. Ça va me prendre un moment avant de m’y faire. C’est parce que je suis devenue lesbienne trop tard, probablement. Je ne suis pas encore habituée à ce qu’on me remette à ma place toutes les cinq minutes. Ma nouvelle place, celle des tolérés.

Au départ, cette histoire de mariage, j’en avais moitié rien à faire – mais à force de les entendre, tous, sans homophobie, nous rappeler qu’on ne vaut pas ce que vaut un hétéro, ça commence à m’intéresser.

Je ne sais pas ce que Lionel Jospin entend par l’humanité. Il n’y a pas si longtemps, une femme qui tombait enceinte hors mariage était une paria. Si elle tombait enceinte d’un homme marié à une autre, au nom de la dignité humaine on lui faisait vivre l’enfer sur terre. On pouvait même envisager de la brûler comme sorcière. On en a fait monter sur le bûcher pour moins que ça. On pouvait la chasser du village à coups de pierre. L’enfant était un batard, un moins que rien. Bon, quelques décennies plus tard, on ne trouve plus rien à y redire. Est-on devenus moins humains pour autant, selon Lionel Jospin? L’humanité y a t-elle perdu tant que ça? A quel moment de l’évolution doit on bloquer le curseur de la tolérance?

Jospin, comme beaucoup d’opposants au mariage gay, est un homme divorcé. Comme Copé, Le Pen, Sarkozy, Dati et tuti quanti. Cet arrangement avec le serment du mariage fait partie des évolutions heureuses. Les enfants de divorcés se fadent des beaux parents par pelletées, alors chez eux ce n’est plus un papa et une maman, c’est tout de suite la collectivité. On sait que les hétérosexuels divorcent plus facilement qu’ils ne changent de voiture. On sait que l’adultère est un sport courant (qu’on lise sur internet les commentaires d’hétéros après la démission de Petraeus pour avoir trompé sa femme et on comprendra l’importance de la monogamie en hétérosexualité – ils n’y croient pas une seule seconde, on trompe comme on respire, et on trouve inadmissible que qui que ce soit s’en mêle) et on sait d’expérience qu’ils ne pensent pas que faire des enfants hors mariage soit un problème. Ils peuvent même faire des enfants hors mariage, tout en étant mariés, et tout le monde trouve ça formidable. Très bien. Moi je suis pour tout ce qui est punk rock, alors cette idée d’une immense partouze à l’amiable, franchement, je trouve ça super seyant. Mais pourquoi tant de souplesse morale quand ce sont les hétéros qui se torchent le cul avec le serment du mariage, et cette rigidité indignée quand il s’agit des homosexuels? On salirait l’institution? On la dévoierait? Mais les gars, même en y mettant tout le destroy du monde, on ne la dévoiera jamais d’avantage que ce que vous avez déjà fait, c’est perdu d’avance… dans l’état où on le trouve, le mariage, ce qui est exceptionnel c’est qu’on accepte de s’en servir. Le Vatican brandit la polygamie – comme quoi les gouines et les bougnoules, un seul sac fera bien l’affaire, mais c’est ni raciste ni homophobe, soyons subtils, n’empêche qu’on sait que les filles voilées non plus ne font pas partie de l’humanité telle que la conçoit cette gauche là, mais passons – ne vous en faites pas pour la polygamie: vous y êtes déjà. Quand un bonhomme paye trois pensions alimentaires, c’est quoi, sinon une forme de polygamie? Que les cathos s’occupent d’excommunier tous ceux qui ne respectent pas l’institution, qu’ils s’occupent des comportements des mariés à l’église, ça les occupera tellement d’y mettre un peu d’ordre qu’ils n’auront plus de temps à perdre avec des couples qui demandent le mariage devant le maire.

Et c’est pareil, pour les enfants, ne vous en faites pas pour ça: on ne pourra pas se comporter plus vilainement que vous ne le faites. Etre des parents plus sordides, plus inattentifs, plus égoïstes, plus j’m’enfoutistes, plus névrosés et toxiques – impossible. Tranquillisez vous avec tout ça. Le pire, vous vous en occupez déjà très bien.

Tout ça, sans compter que l’humanité en subit d’autres, des outrages, autrement plus graves, en ce moment, les gouines et les pédés n’y sont pour rien, je trouve Lionel Jospin mal organisé dans ses priorités de crispation. Il y a, en 2012, des atteintes à la morale autrement plus brutales et difficiles à admettre que l’idée que deux femmes veulent se marier entre elles. Qu’est-ce que ça peut faire? Je sais, je comprends, ça gêne l’oppresseur quand deux chiennes oublient le collier, ça gêne pour les maintenir sous le joug de l’hétérosexualité, c’est ennuyeux, on les tient moins bien. Parfois la victime n’a pas envie de se laisser faire en remerciant son bourreau, je pensais qu’une formation socialiste permettrait de le comprendre. Mais non, certaines formations socialistes amènent à diviser les êtres humains en deux catégories: les vrais humains, et ceux qui devraient se cacher et se taire.

J’ai l’impression qu’en tombant amoureuse d’une fille (qui, de toute façon, refuse de se reconnaître en tant que femme, mais je vais laisser ça de côté pour ne pas faire dérailler la machine à trier les humains-moins humains de Lionel Jospin) j’ai perdu une moitié de ma citoyenneté. J’ai l’impression d’être punie. Et je ne vois pas comment le comprendre autrement. Je suis punie de ne plus être une hétérote, humaine à cent pour cent. Pendant trente cinq ans, j’avais les pleins droits, maintenant je dois me contenter d’une moitié de droits. Ça me chagrine que l’Etat mette autant de temps à faire savoir à Lionel Jospin et ses amis catholiques qu’ils peuvent le penser, mais que la loi n’a pas à être de leur côté.

Si demain on m’annonce que j’ai une tumeur au cerveau et qu’en six mois ce sera plié, moi je ne dispose d’aucun contrat facile à signer avec la personne avec qui je vis depuis huit ans pour m’assurer que tout ce qui est chez nous sera à elle. Si c’est la mort qui nous sépare, tout ce qui m’appartient lui appartient, à elle. Si j’étais hétéro ce serait réglé en cinq minutes: un tour à la mairie et tout ce qui est à moi est à elle. Et vice versa. Mais je suis gouine. Donc, selon Lionel Jospin, c’est normal que ma succession soit difficile à établir. Qu’on puisse la contester. Ou qu’elle doive payer soixante pour cent d’impôts pour y toucher. Une petite taxe non homophobe, mais qu’on est les seuls à devoir payer alors qu’on vit en couple. Que n’importe qui de ma famille puisse contester son droit à gérer ce que je laisse, c’est normal, c’est le prix à payer pour la non-hétérosexualité. La personne avec qui je vis depuis huit ans est la seule personne qui sache ce que j’ai dans mon ordinateur et ce que je voudrais en faire. J’aimerais, s’il m’arrivait quelque chose, savoir qu’elle sera la personne qui gèrera ce que je laisse. Comme le font les hétéros. Monsieur Jospin, comme les autres hétéros, si demain le démon de minuit le saisit et lui retourne les sangs, peut s’assurer que n’importe quelle petite hétéro touchera sa part de l’héritage. Je veux avoir le même droit. Je veux les mêmes droits que lui et ses hétérotes, je veux exactement les mêmes. Je paye les mêmes impôts qu’un humain hétéro, j’ai les mêmes devoirs, je veux les mêmes droits – je me contre tape de savoir si Lionel Jospin et ses collègues non homophobes mais quand même conscients que la pédalerie doit avoir un prix social, m’incluent ou pas dans leur conception de l’humanité, je veux que l’Etat lui fasse savoir que je suis une humaine, au même titre que les autres. Même sans bite dans le cul. Même si je ne fournis pas de gamin à mon pays.

La question de l’héritage est centrale dans l’institution du mariage. Les sourds, les aveugles et les mal formés pendant longtemps n’ont pas pu hériter. Ils n’étaient pas assez humains. Me paraît heureux qu’on en ait fini avec ça. Les femmes non plus n’héritaient pas. Elles n’avaient pas d’âme. Leurs organes reproducteurs les empêchaient de s’occuper des affaires de la cité. Encore des Jospin dans la salle, à l’époque ils s’appelaient Proudhon. J’ai envie de vivre dans un pays où on ne laisse pas les Jospin faire le tri de qui accède à l’humanité et qui doit rester dans la honte.

Je ne vois aucun autre mot qu’homophobie pour décrire ce que je ressens d’hostilité à mon endroit, depuis quelques mois qu’a commencé ce débat. J’ai grandi hétéro, en trouvant normal d’avoir les mêmes droits que tout le monde. Je vieillis gouine, et je n’aime pas la sensation de ces vieux velus penchés sur mon cas et me déclarant «déviante». J’aimais bien pouvoir me marier et ne pas le faire. Personne n’a à scruter à la loupe avec qui je dors avec qui je vis. Je n’ai pas à me sentir punie parce que j’échappe à l’hétérosexualité.

Moi je vous fous la paix, tous, avec vos mariages pourris. Avec vos gamins qui ne fêteront plus jamais Noël en famille, avec toute la famille, parce qu’elle est pétée en deux, en quatre, en dix. Arrangez vous avec votre putain d’hétérosexualité comme ça vous chante, trouvez des connes pour vous sucer la pine en disant que c’est génial de le faire gratos avant de vous faire cracher au bassinet en pensions compensatoires. Vivez vos vies de merde comme vous l’entendez, et donnez moi les droits de vivre la mienne, comme je l’entends, avec les mêmes devoirs et les mêmes compensations que vous.

Et de la même façon, pitié, arrêtez les âneries des psys sur les enfants adoptés qui doivent pouvoir s’imaginer que leurs deux parents les ont conçus ensemble. Pour les enfants adoptés par un parent seul, c’est ignoble de vous entendre déblatérer. Mais surtout, arrêtez de croire qu’un petit Coréen ou un petit Haïtien regarde ses deux parents caucasiens en imaginant qu’il est sorti de leurs ventres. Il est adopté, ça se passe bien ou ça se passe mal mais il sait très bien qu’il n’est pas l’enfant de ce couple. Arrêtez de nous bassiner avec le modèle père et mère quand on sait que la plupart des enfants grandissent autrement, et que ça a toujours été comme ça. Quand les dirigeants déclarent une guerre, ils se foutent de savoir qu’ils préparent une génération d’orphelins de pères. Arrêtez de vous raconter des histoires comme quoi l’hétérosexualité à l’occidentale est la seule façon de vivre ensemble, que c’est la seule façon de faire partie de l’humanité. Vous grimpez sur le dos des gouines et des pédés pour chanter vos louanges. Il n’y a pas de quoi, et on n’est pas là pour ça. Vos vies dans l’ensemble sont plutôt merdiques, vos vies amoureuses sont plutôt calamiteuses, arrêtez de croire que ça ne se voit pas. Laissez les gouines et les pédés gérer leurs vies comme ils l’entendent. Personne n’a envie de prendre modèle sur vous. Occupez-vous plutôt de construire plus d’abris pour les sdf que de prisons, ça, ça changera la vie de tout le monde. Dormir sur un carton et ne pas savoir où aller pisser n’est pas un choix de vie, c’est une terreur politique, je m’étonne de ce que le mariage vous obnubile autant, que ce soit chez Jospin ou au Vatican, alors que la misère vous paraît à ce point supportable.»

Photo: DR.

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Il faut aider les héros

Elle dénonce des faits d’enrichissements de partis politiques, illégaux, et là voilà au RSA. Ne pourrait-on pas aider cette femme qui a oeuvré dans l’intérêt général en révélant de tels agissements ?

Quand on voit ce qu’elle est devenue, ça ne poussera pas d’autres à prendre leur courage à deux mains pour dénoncer les agissements qu’elle a dénoncés.

Au pire, elle peut écrire un bouquin sur ce qu’elle sait : par cette manière, elle aura un peu plus d’argent et pourra de nouveau vivre normalement. Autant assumer…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 23 Novembre 2012

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Claire Thibout :  » Si j’avais su que cela me coûterait si cher, j’aurais sans doute hésité « 

LE REGARD éteint, elle se ronge les ongles, replie ses bras contre sa poitrine comme pour se protéger, bute sur les mots… Claire Thibout est une femme brisée. L’ex-comptable des Bettencourt, dont le témoignage, en juillet 2010, fit basculer un différend familial en affaire d’Etat, est littéralement à bout. Elle a longuement hésité avant de recevoir Le Monde, dans le cabinet de son avocat Antoine Gillot, la veille de l’audition hautement médiatisée de Nicolas Sarkozy, qui la remet en pleine lumière. Pour son plus grand malheur.

 » C’est la dernière fois que je parle à la presse, annonce-t-elle, au bord des larmes. Non, je ne vais pas très bien… Je n’aspire qu’à une chose : retourner à l’anonymat le plus complet, que l’on m’oublie complètement. Je n’en peux plus qu’on parle de moi. Je ne peux plus supporter d’entendre mon nom à la télé ou à la radio, ça me donne littéralement la nausée.  » Depuis son licenciement par Liliane Bettencourt, début 2009, Claire Thibout est au chômage.

A 54 ans, elle désespère de retrouver un travail. Depuis quelques mois, elle semble résignée. Elle sent le soufre : personne ne veut prendre le risque d’embaucher la petite comptable qui a révélé la circulation d’enveloppes en liquide chez les Bettencourt, notamment celles qui auraient été destinées à Nicolas Sarkozy via Eric Woerth…  » Quand je me présente, c’est au nom de mon mari, pas de Thibout, mais ça ne suffit pas. Récemment encore, un employeur potentiel a découvert que j’avais travaillé chez les Bettencourt. Et je n’ai plus eu de nouvelles… « 

Poursuivie par le fisc

Son époux n’est pas mieux loti, contraint de mettre sa société d’informatique en liquidation, le procureur de Nanterre Philippe Courroye n’ayant jamais voulu lui rendre son matériel confisqué pour les besoins de l’enquête…  » Mes enfants voient leurs parents rester à la maison, ils n’y comprennent rien. J’emmène chez un psychiatre ma fille de 15 ans, très perturbée à force d’entendre répéter des horreurs sur moi dans certains médias, qu’on aurait « acheté » mon témoignage par exemple.  » Elle fait allusion aux 400 000 euros d’indemnités supplémentaires versées lors de son départ par la fille de Liliane Bettencourt alors en guerre contre sa mère, et qui ont jeté le trouble.  » L’enquête a prouvé ma bonne foi totale, mais certains ont toujours intérêt à laisser entendre que je ne suis pas claire « , déplore-t-elle.

Poursuivie par le fisc, elle vit désormais avec le RSA.  » Je touche moins de 500 euros par mois, alors que chez les Bettencourt j’en gagnais 11 000. Je suis contrainte de mettre en vente ma maison de campagne et mon studio à Paris.  » Paradoxalement, celle qui aurait dû être l’héroïne de l’affaire Bettencourt, dont les révélations ont été confirmées par les investigations (au point que le juge Gentil insiste dans ses auditions sur sa  » crédibilité « ), en est devenue l’une des principales victimes. Un témoin broyé par une affaire qui l’a dépassé, proie des policiers, des juges, des politiques et même des journalistes. Alors, le sort de Nicolas Sarkozy…

 » Qu’il soit mis en examen ou pas, je ne ressens rien. Je m’en contrefiche de Sarkozy, de Woerth ou de l’UMP, moi ! J’ai l’impression d’être une martienne dans cette histoire. Bien sûr, si Sarkozy a fauté, c’est normal qu’il paye, mais moi je n’en ai rien à faire, je vois surtout que tout ça a plombé des années de ma vie. Seule la déchéance de Courroye me ravit, car il m’a fait vivre des moments épouvantables qui me marqueront pour toujours. Il s’est comporté comme un voyou, prêt à tout pour me faire revenir sur mes propos, pas comme un magistrat. « 

Et si c’était à refaire ? Elle soupire, contrariée :  » Il aurait été plus simple que je ne parle pas de financements politiques. Pourtant, je n’ai fait que dire la vérité. Mais si j’avais su que cela me coûterait si cher, j’aurais sans doute hésité. Alors oui, avec le recul, je regrette, parce qu’ils ont flingué ma vie. « 

G. Da. et F. Lh.

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Quand le Medef oublie les principes de base de la démocratie

On m’a fait savoir (merci beaucoup M. L.) qu’il fallait que je parle de tout le monde dans ces colonnes : oui, il y a des problèmes dans des syndicats quand certains permanents peuvent oublier la réalité du terrain, mais oui, il faut ne pas oublier les pratiques honteuses du syndicat patronal !

C’est chose faite !

On a beau jeu de dire que les syndicats de salariés peuvent abuser du système par leurs permanents éloignés du terrain, mais cela arrive aussi aux syndicats patronaux d’abuser du système : le Medef oublie aujourd’hui les principes de base de la démocratie. Le Medef tente en effet actuellement, par la voix de sa présidente, de modifier ses statuts afin de lui offrir un mandat de plus, à la manière de la superbe démocratie Russe (…comme dirait l’autre…).

Je pense donc :

1. Qu’un syndicat salarié ne peut s’éloigner de sa base. Il faut faire en sorte que les responsabilités syndicales ne puissent s’exercer à plein temps en limitant le nombre d’heures de délégation cumulable des élus.
2. Qu’il faut donner une vraie démocratie aux syndicats patronaux en faisant en sorte de passer le pouvoir après un nombre de mandats donnés, ce, sans changer les statuts en cours de route pour favoriser une candidature.

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Grogne au Medef au sujet d’une candidature Parisot
LE MONDE | 16.01.2013 à 18h36 Par Claire Guélaud

Laurence Parisot, la présidente du Medef, achève son second mandat.

La campagne pour l’élection du prochain président (ou de la prochaine présidente) du Medef est officiellement ouverte. Le Conseil exécutif a débattu, lundi 14 janvier, de la question d’une modification des statuts, préalable indispensable à une troisième candidature de Laurence Parisot. Le même jour, Pierre Gattaz, PDG de Radiall, président du Groupe des fédérations industrielles et fils d’Yvon Gattaz, ancien président du CNPF (Conseil national du patronat français, l’ex-Medef), a annoncé sa candidature par email en fin de matinée.

La présidente de l’organisation patronale, qui a succédé à Ernest-Antoine Seillière en 2005, achève son second mandat. Selon les statuts actuels, elle doit passer la main en juillet, mais l’idée d’une troisième candidature la tente, a-t-elle expliqué lundi à quelque 200 membres des Medef territoriaux, depuis que « plusieurs personnes sont venues me voir, des présidents d’organisations territoriales, la présidente d’une grande fédération et plusieurs dirigeants du CAC 40, pour me dire qu’ils jugeaient souhaitable que je reste plus longtemps et qu’en période de turbulences, la stabilité de l’équipe dirigeante du Medef s’imposait ».

« L’IMAGE D’UNE ORGANISATION PAS DÉMOCRATIQUE »

Désireuse que la campagne interne au Medef ne s’ouvre pas trop tôt, Laurence Parisot avait demandé au conseil exécutif de ne traiter cette question qu’une fois conclue la négociation sur la sécurisation de l’emploi qui s’est achevée le 11 janvier. Mais Mme Parisot n’a pas appliqué la règle qu’elle avait demandé aux autres de respecter : elle a saisi, le 2 janvier, le comité des statuts du Medef, présidé par un de ses proches (Georges Drouin), de deux « incohérences » ou « anomalies ». La première tient au fait que deux candidats peuvent concourir pour des durées différentes (trois ans pour un second mandat, cinq ans pour un premier) ; la seconde tient à la limite d’âge (65 ans) imposée au numéro un du Medef, qui plaide par ailleurs pour le relèvement des âges de la retraite….

Laurence Parisot assure qu’elle n’a pas pris sa décision et fait observer que la saisine du comité des statuts est d’ordre général. Ses adversaires et même ceux qui ne le sont pas, ont toutefois accueilli fraîchement cette tentative de changer les règles à cinq mois d’une échéance électorale. « Nous n’avons pas été prévenus de sa démarche, alors qu’il y a eu un bureau le 7 janvier et un conseil exécutif exceptionnel le 9. Cette manœuvre n’est pas très bonne pour l’image du Medef. Elle donne de nous l’image d’une organisation pas démocratique », estime Pierre Gattaz. Un candidat potentiel, qui ne veut pas encore se déclarer, est encore plus direct : « C’est un véritable putsch », dit-il.

« AUCUN DES SOUTIENS DE PARISOT N’EST INTERVENU »

Que les challengers de Laurence Parisot s’émeuvent est logique, mais que des présidents de Medef territoriaux ou de grandes fédérations aujourd’hui proches d’elle aient critiqué sa démarche, est plus inquiétant pour elle. Ce fut le cas, lundi, des patrons de deux Medef territoriaux (Rhône-Alpes et Paca), du président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), Frédéric Saint-Geours, et du patron de la Fédération française du bâtiment, Didier Ridoret.

« Ce qui était surtout frappant, analyse un membre du conseil exécutif, C’est qu’aucun des soutiens de Mme Parisot n’est intervenu. Ni la Fédération bancaire française, ni l’UFIP (industries pétrolières) dont le président Jean-Louis Schilansky s’est déclaré partisan d’une candidature Parisot. » Le forcing de la présidente du Medef se révèle contre-productif : en quelques heures, elle pourrait avoir perdu le bénéfice de la signature d’un accord dit de sécurisation de l’emploi très favorable aux entreprises.

Claire Guélaud

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Un défaut de protocole ?

Ok, cette souche de rats développe des cancers spontanément. Ok, le nombre de rats est trop faible pour en tirer des faits indéniables. Ok, M. Séralini s’est servi de son étude pour vendre son bouquin, il n’empêche…

Il n’empêche que, comme il est fait mention dans cet article, que le protocole est le mode des études qui est réalisé pour prouver l’inocuité des OGM est largement insuffisant.

Par ses manques manifestes, M. Séralini démontre que le principe de précaution doit être respecté et que d’autres études doivent être lancées rapidement pour démontrer, par des études sur le long terme, l’inocuité des OGM sur notre santé.

Sur des rats ? Sur des humains ? Sur d’autres animaux ? Nul ne le sait, mais les tests devront porter sur une large population de rats, les plus normaux possibles et par des organismes indépendants afin que ses conclusions s’imposent à tous.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 21 Novembre 2012

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Gilles-Eric Séralini L’homme aux rats
Son étude sur la toxicité des OGM a provoqué un vif débat jusqu’à l’Assemblée nationale, où ses travaux ont été passés au crible, lundi 19 novembre. Le chercheur considère, lui, qu’il n’a fait que son  » boulot « 

Les photos de ses rats aux tumeurs grosses comme des oranges ont fait le tour de la planète. Gilles-Eric Séralini a gagné. Comment ne pas être glacé d’effroi, à la vue des difformités de ces animaux sur lesquels le biologiste a testé les effets d’un régime à base de maïs transgénique et de désherbant ? Comment ne pas se persuader que  » oui, les OGM sont des poisons ! « , comme l’a titré le Nouvel Observateur qui avait eu la primeur de son étude parue, le 19 septembre, dans la revue Food and Chemical Toxicology ? Face au choc des images, les contre-expertises, les réfutations, les anathèmes même, sont de peu de poids.

Lundi 19 novembre, l’audition publique organisée par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques n’a pas tranché la controverse. Mais le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a confirmé sa volonté de relancer, au niveau européen,  » le débat sur les protocoles d’autorisation des OGM « .

En même temps que ces rongeurs dénaturés, la France, le monde ont découvert, sur les plateaux de télévision, le visage de l' » homme aux rats « . Figure joviale, silhouette bonhomme, tour de taille épanoui, verbe facile. Avec cela, une part d’ombre, les verres fumés qui masquent le regard, la moustache qui voile la lèvre, la voix légèrement nasillarde qui déroule la démonstration dont rien ni personne ne saurait le faire dévier.

Dans la rue, les passants l’interpellent. Aux réunions qu’il anime, le public l’ovationne.  » Au laboratoire, ça a été la folie. Un défilé de journalistes, de caméras, de micros « , raconte un de ses jeunes thésards de l’université de Caen. Il y occupe, au fond d’un couloir, un bureau exigu décoré de son diplôme de chevalier de l’ordre national du Mérite et d’une photo de ses enfants : Harmonie et Alexandre (celui  » qui protège les hommes  » en grec), un beau résumé de son engagement.

Cette célébrité, il dit ne pas l’avoir cherchée. Simplement, il se doit de défendre son travail. De ne pas laisser le terrain libre à ses détracteurs. Ceux, dit-il, qui  » mettent en cause mon honnêteté, me traitent d’activiste ou de clown « . De faiseur de  » junk science  » (pseudoscience). De  » marchand de peur « , a un jour écrit le généticien Marc Fellous, président de l’Association française des biotechnologies végétales. Ceux qui le côtoient décrivent, eux,  » un homme de conviction et de devoir, un chercheur compétent, déterminé, dont le courage force le respect « . Lui, ne se pose pas en justicier :  » On me colle sur le paletot des étiquettes de militant ou de lanceur d’alerte. Mais je fais juste mon boulot d’enseignant-chercheur, qui est de dire à la société ce que je trouve. « 

Son brûlot a pourtant été mis en scène par une opération de marketing très éloignée des standards académiques, dont il assure aujourd’hui, sans états d’âme, le service après-vente. Passons sur la publicité faite, à la faveur de l’emballement médiatique, à son livre Tous cobayes ! (Flammarion, 224 p., 19,90 euros) et à son pendant cinématographique Tous cobayes ?, sortis au même moment et accompagnés d’un documentaire sur France 5. Mais que dire de la clause de confidentialité exigée des journalistes, triés sur le volet de surcroît, en contrepartie de l’obtention de son étude ? Elle leur interdisait de la soumettre à l’analyse contradictoire d’autres scientifiques avant d’en rendre compte. Transparence…

Il s’agissait d' » éviter toute fuite qui aurait pu compromettre sa publication « , se défend le biologiste. La précaution, il est vrai, ne relève pas de la pure paranoïa, si l’on en juge par les pressions qui s’exercent aujourd’hui sur l’éditeur de Food and Chemical Toxicology, pour que celui-ci se rétracte et retire de sa revue l’article sulfureux, pourtant dûment accepté par un comité de lecture. Excommunication, au sens propre, de l’hérétique !

La culture du secret, chez les Séralini, est une histoire de famille. En Algérie française, où il naît en août 1960, son père travaille comme technicien radio pour les services de renseignement de l’armée. Sa mère est institutrice. Après l’indépendance, la famille s’installe en Haute-Savoie, puis à Nice. Il a 5 ans quand naît son jeune frère, Marc, frappé à l’âge de 3 mois par une encéphalite postvaccinale, qui le laissera lourdement handicapé. Gilles-Eric Séralini en a été  » marqué à vie « . A l’un de ses vieux amis, le botaniste-écologue Jean-Marie Pelt, il a souvent confié qu' » il pense d’abord, dans son travail, aux enfants des générations futures « .

De son adolescence, il garde le souvenir d’une vie modeste, dans un logement social, qui lui forge  » un caractère indépendant, trempé aux épreuves « . Il s’évade dans les romans d’aventures et d’anticipation, ou dans l’écriture de nouvelles fantastiques. Plus tard, il aimera les poètes, le jazz, Soline – sa femme, rencontrée à 20 ans à une exposition qu’il avait organisée -, la nature aussi, où il se réfugie chaque fois qu’il le peut,  » seul avec les cailloux, la terre, les arbres « .

Précoce, il passe un bac scientifique à 16 ans, entame des études de biologie moléculaire pour toucher  » au coeur des mystères de la nature et de la vie « , soutient une thèse sur les relations entre hormones et cancers, décroche une bourse internationale qui l’exile quatre ans au Canada, où il se forme aux biotechnologies. De retour en France, il devient, à 31 ans, le premier professeur de biologie moléculaire de l’université de Caen.  » Professeur de 1re classe depuis 2009 « , précise-t-il.

Très vite, il entre en croisade contre les organismes génétiquement modifiés.  » Je ne suis pas contre les OGM en laboratoire, pour étudier le rôle des gènes, insiste-t-il. C’est une voie de synthèse de médicaments très utile.  » Mais, poursuit-il,  » ce qui pose problème, ce sont ceux que l’on retrouve dans les champs et dans les assiettes « . A ses yeux, la supercherie est  » d’avoir fait croire que les OGM allaient réduire l’usage des pesticides, alors que l’essentiel des plantes génétiquement modifiées sont rendues tolérantes à l’herbicide le plus vendu dans le monde, le Roundup de Monsanto, ou produisent elles-même un insecticide « .

Pendant neuf ans, de 1998 à 2007, il siège à la Commission du génie biomoléculaire chargée d’évaluer et d’autoriser les OGM, s’opposant avec opiniâtreté aux partisans des cultures transgéniques. Dans le même temps, il fonde en 1999, avec Corinne Lepage, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen), dont il préside le conseil scientifique. Depuis, il ne cesse de pourfendre  » le laxisme criminel des experts « , ceux qui  » ont fait une poubelle de notre monde et de notre corps « , qui  » laissent des familles balafrées par des maladies obscures « .

Dès 2006, il prépare, clandestinement, l’expérimentation dont les résultats affoleront l’opinion. Le scénario est digne d’un film d’espionnage. Nom de code :  » In vivo « . Pendant deux ans, 200 rats seront nourris avec des croquettes de maïs transgénique NK 603 de Monsanto, traité ou non au Roundup, ou encore abreuvés avec de l’eau  » enrichie  » en désherbant. Un laboratoire, localisé depuis par Mediapart, sera aménagé en cachette près de Saint-Malo. Une tonne de semences génétiquement modifiées cultivées en catimini au Canada puis embarquées jusqu’au Havre. L’équipe, une petite vingtaine de collaborateurs aux tâches cloisonnées, astreinte au silence.

La suite est connue. Gilles-Eric Séralini produit un terrifiant tableau clinique : tumeurs mammaires en série, nécrose du foie, inflammations rénales, mortalité vertigineuse. Tour à tour, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, les six académies savantes françaises, le Haut Conseil des biotechnologies, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, mettent en pièces ses conclusions. La souche de rats utilisée développe spontanément des tumeurs sur le long terme. Le nombre de rongeurs enrôlés, avec des groupes témoins de dix mâles et dix femelles seulement, insuffisant pour en tirer des statistiques pertinentes.

Les chercheurs du Criigen, même quand ils ne se prononcent pas sur le fond, volent à son secours.  » Le protocole expérimental n’est pas bon ? Très bien ! Cela signifie qu’il faut revoir toutes les études qui ont servi à autoriser les plantes transgéniques actuellement sur le marché, puisqu’elles ont le même protocole « , dit le généticien Pierre-Henri Gouyon : même souche de rats, mêmes effectifs, mais avec des tests menés, chez Monsanto, sur 90 jours seulement.  » Je ne sais pas si Séralini a raison ou tort, ajoute-t-il. Ce dont je suis sûr, c’est que pour le savoir, des études de grande ampleur et de long terme sont nécessaires. « 

Le doute est inoculé. Gilles-Eric Séralini, à qui certains reprochent de travailler en solitaire, sans la caution d’un grand organisme scientifique, n’est pas seul dans son combat. Près de 200 chercheurs,  » de 33 pays sur les cinq continents « , insiste-t-il, lui ont envoyé des messages de soutien. Et 140 scientifiques français viennent de prendre leurs distances avec les six académies savantes, dont la position a été arrêtée  » sans débat « , par  » un groupe d’une douzaine de personnes « . La communauté scientifique, écrivent-ils,  » doit garder le souvenir d’erreurs passées, concernant l’amiante, par exemple « .

Lundi, Gilles-Eric Séralini a lancé à ses opposants :  » Libre à vous d’accepter une société où un OGM n’est pas testé plus de trois mois, où un herbicide n’est pas évalué plus de quelques semaines. Moi, je ne l’accepte pas. « 

Pierre Le Hir

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Quand la Cour Européenne des Droits de l’Homme abuse de son pouvoir

Très franchement, je ne vois pas en quoi l’Angleterre n’aurait pas le droit d’interdire le droit de vote aux prisonniers. Ils ont commis une faute et je conçois que l’Angleterre veuille supprimer les droits civiques à celui qui a commis un délit puni d’emprisonnement.

La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) abuse de son pouvoir en voulant instaurer ses règles d’autorité. Je comprends donc la réaction Anglaise.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 21 Novembre 2012

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Sept années de crise avec la Grande-Bretagne

LE NOUVEAU PRÉSIDENT de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), Dean Spielmann, fils d’un procureur général à Luxembourg qui a lui-même siégé à la Cour, connaît parfaitement les affaires françaises pour avoir présidé la section chargée des requêtes contre la France. Dix nouveaux juges, sur les 47 des pays membres du Conseil de l’Europe, viennent d’être élus et c’est ainsi une CEDH profondément renouvelée qui doit affronter l’une des crises majeures de son histoire.

C’est que le conflit s’envenime avec la Grande-Bretagne. Londres a été condamné une première fois en octobre 2005 par la Cour européenne parce qu’il privait tous ses détenus du droit de vote (arrêt Hirst), décision confirmée par la Cour en avril 2010 contre l’Autriche (arrêt Frodl), puis de nouveau, en 2011, contre le Royaume-Uni (Greens et MT). Le comité des ministres du Conseil de l’Europe – les 47 ministres des affaires étrangères -, chargé de faire appliquer les décisions de la Cour, s’en est ému en 2009 mais la Chambre des communes a, au contraire, adopté, le 10 février 2011, une motion favorable à l’interdiction, à une écrasante majorité (234 voix contre 22).

Le comité a donné un premier délai à la Grande-Bretagne pour se mettre en conformité, puis un second, jusqu’à six mois après une décision contre l’Italie (arrêt Scoppola) sur la même question  : l’ultimatum tombe le 23 novembre, et Londres n’a aucune envie de céder.

Le gouvernement de David Cameron a annoncé qu’il présenterait la veille un texte au Parlement, qui propose trois options : maintenir l’interdiction, donner le droit de vote aux détenus condamnés à moins de six mois, ou à moins de quatre ans de prison. Le coup est bien joué : le gouvernement semble faire un geste, mais les chances de faire exécuter l’arrêt Hirst restent minces. La Cour avait déjà fait preuve d’ouverture avec l’arrêt Scoppola, en acceptant que seuls les condamnés à des peines de moins de cinq ans puissent voter. Elle pourrait accepter les quatre ans, mais certainement pas que seuls les détenus condamnés à moins de six mois aient le droit de vote.

Ce n’est pas la première fois qu’un Etat rechigne à exécuter une décision. La Turquie, condamnée en 1996 à propos d’une expropriation à Chypre (arrêt Loizidou), a tergiversé jusqu’en 2003 ; la Russie et la Moldavie, condamnées en 2004 pour torture (arrêt Ilascu) en Transnistrie, ont fini par remettre en liberté les détenus, sans exécuter l’arrêt. Le droit de vote des détenus est une question sensiblement moins épineuse – ils peuvent voter en France, sauf en cas de privation des droits civiques, et ne le font guère -, mais la Grande-Bretagne en a fait une affaire de principe et ne veut pas paraître capituler. M. Cameron n’a pas caché son  » dédain pour les bureaucrates non élus de Strasbourg  » – qui sont en fait des juges et qui sont élus.

C’est un paradoxe  : la Grande-Bretagne a été l’une des premières à ratifier la Convention européenne des droits de l’homme (en 1951, la France en 1974) et n’a guère de leçons à recevoir en matière d’Etat de droit. Le Royaume-Uni n’a été condamné que 279 fois de 1959 à 2011. La France 627 fois, la Russie 1 140, la Turquie 2 404.

Le comité des ministres hérite ainsi de l’affaire. Mais  » face à un Etat farouchement récalcitrant, relève Nicolas Hervieu, l’un des meilleurs spécialistes de la Cour dans la Revue des droits de l’homme, le comité des ministres sem ble démuni « . Si les ministres estiment, contre l’avis de la Cour, que la solution votée jeudi est satisfaisante, la juridiction européenne en sortira passablement affaiblie. Avec la crise anglaise, c’est ainsi tout le système de protection européen des droits qui est fragilisé :  » Il y a un risque que l’attitude du Royaume-Uni envers les arrêts de la Cour ait un impact négatif sur les autres Etats « , s’inquiétait Nicolas Bratza, le prédécesseur de M. Spielmann.

Les Anglais, qui ont présidé six mois le comité des ministres, en ont profité pour convoquer en avril une conférence à Brighton dont le but avoué était de réduire les pouvoirs de la CEDH : elle ne devait  » pas compromettre sa réputation en contrôlant les décisions nationales qui n’ont pas besoin de l’être « , avait clairement annoncé David Cameron. La conférence n’a finalement accouché que de mesures symboliques, grâce notamment à la résistance de l’Autriche, mais aussi d’Andorre, du Luxembourg, de la Belgique, de la Pologne ou de l’Allemagne. La France, elle, a su se faire oublier pendant la crise anglaise. La précédente majorité n’a jamais caché son peu d’intérêt pour Strasbourg et soutenait en sous-main les Anglais. Le réchauffement des relations entre Paris et la Cour ne sera pas de trop pour appuyer le mandat du nouveau président.

F. J.

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A quand des syndicalistes connaissant la réalité du terrain ?

Le monde de l’entreprise va mal. Il faut plus de flexibilité dans le monde du travail en entreprise, tous les économistes en conviennent.

Le problème c’est que les syndicalistes négociateurs sont des privilégiés : ça fait belle lurette, pour la plupart, qu’ils sont permanents de leur organisation. Autrement dit, ils ne connaissent plus la réalité du terrain depuis longtemps. Ainsi, à des problématiques concrêtes, les syndicalistes opposent des dogmes mêlés d’idéologie.

Ce n’est pas de cette façon qu’on sortira la France des problèmes économiques qu’elle rencontre actuellement.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 16 Novembre 2012

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Des négociateurs sans grande expérience de l’entreprise

LA PLUPART des négociateurs syndicaux sont des permanents depuis de longues années, tous âgés de plus de 40 ans. Une fragilité dont la plupart convient.  » Autour de la table, je suis le seul à avoir vécu un plan social dur. Les autres ne savent pas ce que c’est de perdre son emploi « , se vante Maurad Rabhi, de la CGT, ancien de la filature ardennaise Cellatex, fermée en 2000, où les salariés avaient menacé de faire sauter leur usine pour obtenir de meilleures conditions de licenciement.

Des critiques qui piquent Patrick Pierron, de la CFDT, détaché de chez GDF et permanent syndical depuis vingt ans.  » Il ferait mieux de se vanter d’avoir sauvé des emplois, moi, j’ai été dans les entreprises en difficulté « , plaide-t-il. Agnès Le Bot, la chef de file de la CGT, n’a travaillé que deux ans dans un cinéma, mais elle rappelle qu’elle  » s’est battue dans son entreprise pour y bâtir une délégation syndicale « . De son côté, Stéphane Lardy, de Force ouvrière, est un juriste qui a fait toute sa carrière au syndicat, dont il a progressivement gravi les échelons. De quoi faire de lui  » un pur apparatchik « , de son propre aveu.

Les syndicats se justifient en rappelant qu’il faut plusieurs années d’expérience avant de pouvoir négocier sur l’emploi et que les entreprises privées acceptent rarement de détacher dans des centrales leurs délégués syndicaux.

Côté patronal, les négociateurs sont bénévoles et gardent leur entreprise, même s’ils avouent y consacrer bien moins de temps.  » La négociation sur l’emploi occupe plus de trois quarts de mon temps. Heureusement, j’ai une bonne équipe dans mes sociétés « , explique Patrick Bernasconi, du Medef. A la CGPME, Geneviève Roy compte sur son mari pour tenir son hôtel en semaine,  » mais j’y suis tous les week-ends « , assure-t-elle.

J.-B. C.

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Quand Michel Rocard se trompe sur le gaz de schiste

La mémoire a joué quelques tours à M. Rocard qui a dit que Lacq avait pu exploiter du gaz de schiste par fracturation hydrolique. En fait, de fracturation, il n’y a jamais eu.

Par contre, M. Rocard a oublié la sismicité engendrée par l’exploitation citée. Et si ce Monsieur, oh combien intelligent au demeurant, vérifiait ses dires avant de parler ?

En plus, M. Fillon a cru bon de reprendre ses dires sans vérification…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 16 Novembre 2012

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Gaz de schiste, gaz de Lacq : les erreurs de Michel Rocard et de François Fillon
La fracturation hydraulique n’a jamais été utilisée dans le sol calcaire des Pyrénées-Atlantiques

A l’occasion d’un entretien publié dans Le Monde du samedi 10 novembre, Michel Rocard indique ne pas comprendre la décision prise par François Hollande de fermer la porte au gaz de schiste pendant son quinquennat.

Depuis la loi du 13 juillet 2011, la fracturation hydraulique, seule technique disponible à ce jour pour exploiter les hydrocarbures de roche, mais dont les effets sur l’environnement (pollution des nappes phréatiques, émanations de méthane, etc.) sont potentiellement néfastes, a été interdite en France. Le chef de l’Etat marche, sur ce sujet, dans les pas de Nicolas Sarkozy.

Ce choix fait tempêter l’ancien premier ministre de François Mitterrand :  » Quand on sait que le gaz de Lacq était extrait par fracturation hydraulique sans dégâts sur place, on s’interroge. Or, la France est bénie des dieux. Pour l’Europe, elle serait au gaz de schiste ce que le Qatar est au pétrole. Peut-on s’en priver ? Je ne le crois pas. « 

Une analyse saluée dès mardi par François Fillon, candidat à la présidence de l’UMP :  » Comme Michel Rocard – décidément un des esprits les plus éclairés du pays – l’a dit : le gaz de Lacq était extrait par fracturation hydraulique et ça ne faisait de peine à personne… « 

La comparaison gaz de Lacq et gaz de schiste était tentante. Et on comprend bien pourquoi elle est venue à l’esprit de l’ancien responsable du PSU.

Etudiant à l’ENA en 1957, M. Rocard doit parfaitement se souvenir du lancement de l’exploitation du bassin de Lacq. Comme en témoignent les reportages de l’époque préservés à l’Institut national de l’audiovisuel, les milliards de mètres cubes de gaz naturel  » enfouis à 4 000 m, sous la province d’Aquitaine, celle du bon roi Henri  » devaient permettre  » de guider la France vers l’indépendance énergétique  » en diminuant d’un bon tiers nos importations de charbon.

Un Texas en plein Sud-Ouest ! La France semblait alors également  » bénie des dieux « . C’est ce même espoir qui berce aujourd’hui les partisans de l’exploitation du gaz de schiste, persuadés que le sous-sol français en regorge, même si aucune évaluation des réserves de l’Hexagone n’a été encore réalisée. Dont acte.

En revanche, côté technique, la mémoire de l’ancien député européen lui joue quelques tours.

Pour exploiter Lacq, découvert en 1951, l’industrie française a réalisé de belles prouesses techniques. Le gaz naturel était anormalement riche en hydrogène sulfuré, et les ingénieurs de l’époque ont dû inventer un acier spécial capable de résister à la corrosion.

En revanche, de fracturation hydraulique, il ne fut pas question, car  » comme tous les gisements de la région Aquitaine, Lacq est naturellement fracturé « , explique un chercheur de l’université de Pau et des pays de l’Adour (Pyrénées-Atlantiques).

Un constat confirmé par Nicolas Terraz, directeur général de Total Exploration-Production France, filiale du groupe pétrolier qui gère les puits aquitains depuis la fusion d’Elf et de Total :  » Les réservoirs disposent, c’est exact, de réseaux de fractures naturelles. La roche (du calcaire) a dû être stimulée, mais pas par fracturation hydraulique. La technique de l’acidification a été utilisée. Elle permet de faire migrer plus facilement les poches d’hydrocarbures vers le puits. C’est différent de la fracturation hydraulique, où l’injection à haute pression d’un fluide (mélange d’eau, de sable et d’adjuvants chimiques) ouvre dans le schiste des fissures qui peuvent s’étendre sur plusieurs centaines de mètres. « 

Développer Lacq fut néanmoins un défi. Dans les années 1950 et 1960, 33 millions de m3 de gaz naturel sont extraits chaque jour, de quoi assurer entre 40 % et 50% de la consommation française. Comme le confirme M. Terraz,  » à l’époque, l’impact sur l’environnement n’était pas pris en compte. On raisonnait plutôt en termes de sécurité. Et, à Lacq, la question-clé était la maîtrise des émanations de dioxyde de soufre (SO2), un gaz très toxique « .

Les progrès techniques et l’épuisement annoncé des puits, dont la grande majorité fermera fin 2013 (aujourd’hui Total produit 2,5 millions de m3 par jour), ont permis d’éliminer les rejets toxiques à 99,6 % contre 94 % dans les années 1970, selon le groupe pétrolier.

Reste un point commun au gaz de Lacq et au gaz de schiste, que Michel Rocard en revanche n’a pas évoqué : les mini-séismes.  » Quand vous changez la pression du fluide dans un sous-sol, vous en modifiez les contraintes, et êtes confrontés à une sismicité induite « , indique l’universitaire palois. A Lacq, les secousses enregistrées n’auraient jamais dépassé la magnitude 4.

A Youngstown aussi, petite ville industrielle américaine de l’Ohio, des secousses sismiques de magnitude allant de 2,1 à 4 ont été enregistrées. Une douzaine entre mars 2011 et mars 2012. Selon un rapport du département des ressources naturelles de l’Etat, rendu public le 9 mars 2012, des  » circonstances coïncidentes  » montrent que l’exploitation locale des gaz de schiste les aurait provoquées.

Marie-Béatrice Baudet

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Quand les commerçants de la CAPV sont pris pour des vaches à lait Part 8

Pour une fois, je suis d’accord avec les élus de la Communauté d’agglomération du Pays voironnais (CAPV) : il y a vraiment de quoi être insastisfaits de nos parlementaires ! Ils n’ont pas modifié l’impôt car les riches entreprises paient moins quand les pauvres ont vu leur impôt grimper en flèche !

De plus, on a fait créer une nouvelle tranche, encore une fois basée sur le Chiffre d’affaires (CA) alors que le CA ne représente en rien un bénéfice : en effet, il n’est qu’un montant des ventes ! On peut vendre pour beaucoup et faire peu de marge et l’inverse peut aussi être vrai.

Bref, on a des incapables qui votent des lois et il y a de quoi en être largement insatisfaits !

L’image est cliquable.

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Quand l’écologie sert de moyen de communication à son détriment

Marrant ça… Marrant que l’on puisse se servir de l’environnement et de l’écologie dans un but de communication… et faire tout le contraire pour préserver son impact environnemental par derrière.

Pour faire cesser ce genre de pratique, le boycott peut être un bon moyen.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 15 Novembre 2012

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Bonnet d’âne pour Lesieur, Bolera Minera, Vinci et Areva

C’est une anti-récompense dont les entreprises se passeraient bien. Chaque année, les Amis de la Terre décernent les prix Pinocchio, bonnets d’âne du développement durable, aux groupes qui communiquent sur l’écologie sans se soucier des conséquences environnementales et sociétales néfastes de leurs activités. Mardi 13 novembre, trois d’entre eux ont été désignés par un vote de 17 000 internautes : Lesieur, Bolera Minera et Areva.

Dans la catégorie  » Plus vert que vert « , qui concerne le green washing (un verdissement d’image à bon compte), c’est Lesieur qui remporte la mise. En cause : la campagne publicitaire  » Aidons la Corne de l’Afrique : une bouteille d’huile Lesieur achetée, une bouteille envoyée « , censée illustrer l’aide de l’entreprise aux populations souffrant de famine. Bémol : Lesieur est la filiale de Sofiprotéol, l’un des principaux producteurs d’agrocarburants accusés de participer à l’insécurité alimentaire en concurrençant les cultures vivrières.

La catégorie  » Une pour tous, tous pour moi ! « , qui concerne la surexploitation des ressources naturelles, dénonce Bolera Minera, une joint-venture formée par les entreprises Bolloré et Eramet. Le groupe a obtenu en 2010 un permis d’exploration pour la recherche de lithium en Argentine, dans une région où vivent 33 communautés indigènes. Ces populations, qui affirment ne pas avoir été consultées, ont déposé une plainte devant la Cour suprême du pays.

Enfin, Areva remporte le prix  » Mains sales, poches pleines « . Motif ? Avoir nié sa responsabilité dans la dégradation des conditions de vie des populations vivant à proximité de ses mines d’uranium en Afrique, et notamment le décès d’un de ses anciens salariés au Niger des suites d’un cancer du poumon, en 2009.

Un prix Pinocchio d’honneur a en outre été remis à Vinci, associé pour l’occasion avec les autorités françaises et russes. Le géant français du BTP est pointé du doigt pour deux projets dont il est le concessionnaire : l’aéroport Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), dont la construction doit débuter en 2014 ; et l’autoroute qui doit relier, en 2013, Moscou à Saint-Pétersbourg, à travers la forêt de Khimki, réservoir de biodiversité.

 » Les engagements volontaires des entreprises ont fait la preuve de leur inefficacité : ils permettent d’améliorer leur image au prix de lourds impacts sur l’environnement et les populations locales, dénonce Romain Porcheron, chargé de la campagne des Amis de la Terre. Il faut un cadre juridique plus strict pour réguler leur activité dans les pays du Sud. « 

Audrey Garric

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Ca ne durera pas…

Cette situation est surprenante… mais, pour moi, elle ne durera pas. On a perdu notre AAA par deux fois, on le fera, sous peu, une troisième fois.

Très franchement, je ne suis pas optimiste. Pour moi, un pays qui a autant de mal avec la notion de travail (35h, compététivité en berne, dédommagement très important des chômeurs, chômage chronique des jeunes et des séniors, congés parentaux au top, un taux de chômage à 10%, etc.), ne peut avoir de la chance de bénéficier de taux bas ad-vitam.

Qui vivra verra, mais la France serait bien avisée de profiter de cette situation, car, pour moi, cela laisse augurer des lendemains moins chantants.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 07 décembre 2012

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ANALYSE
Les investisseurs n’ont jamais été aussi bienveillants avec la France
Le taux des emprunts à dix ans a touché son plus bas historique à moins de 2 %, malgré les faiblesses de l’économie française

Dégradée par les agences de notation, raillée par les Anglo-Saxons, la France ne semble être appréciée que par les marchés. Ces spéculateurs si souvent dénoncés par le gouvernement. Ignorant les présages sinistres sur le déclin de l’économie française et sa faillite annoncée, les investisseurs s’arrachent la dette de l’Etat. Mercredi 5 décembre en séance, leur appétit a fait reculer le taux des emprunts à dix ans à un plus bas historique – sous les 2 % – à 1,989 %, sur le marché secondaire (celui de la revente).

Du jamais-vu, se réjouit-on à l’agence France Trésor (AFT), chargée d’emprunter sur le marché au nom de l’Etat. Pour le pays, l’attractivité de la dette française se traduit par des économies substantielles : 1 % de moins sur les taux des emprunts à sept ans – la durée moyenne des emprunts français – c’est 1,7 milliard d’euros gagnés chaque année, calcule Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis.

Sur les onze premiers mois de l’année, le pays a emprunté à moyen et long terme (des dettes à échéance de plus de deux ans) au taux record de 1,87 %. A l’AFT, on imagine déjà battre la performance de 2010, où l’Etat s’était endetté à 2,53 % contre une moyenne de 4,15 % entre 1998 et 2007.

Tous les espoirs sont permis. Jeudi, l’AFT devait émettre entre 3 et 4 milliards d’euros de dettes à moyen et long terme et, dans la matinée, les taux à dix ans restaient en deçà de 2 % sur le marché.

Ces taux anormalement bas s’observent depuis des mois. Preuve qu’il ne s’agit pas d’un accident mais d’un choix des investisseurs. Ces derniers, il est vrai, n’ont guère d’alternative. Si l’on veut acheter des titres souverains de la zone euro sans risque, il y a bien la dette allemande, pays encore noté  » AAA « . Mais avec un taux proche de 1,3 %, elle offre un rendement inférieur à l’inflation (autour de 2 %), c’est-à-dire, au final, négatif…

Les marchés classent donc encore la dette française dans la catégorie des titres sans danger. De quoi donner tort à ceux qui, comme l’hebdomadaire britannique The Economist, pensent que la France sera la prochaine cible des spéculateurs.  » Cela prouve le décalage important entre le « commentariat » facilement décliniste, et la réalité du marché « , explique Gilles Moëc, économiste chez Deutsche Bank.

 » Vive la résistance « 

En dépit d’une tendance au laxisme budgétaire – les comptes n’ont pas été à l’équilibre depuis 1974 – et des rigidités de l’économie, les investisseurs saluent le  » pacte de compétitivité  » censé redonner aux entreprises 20 milliards d’euros. Ce n’est pas assez pour que celles-ci restaurent leurs marges, au plus bas depuis vingt-cinq ans, selon M. Caffet, mais  » ce n’est pas rien « . Certains pensent même que la France fait bien de ne pas se lancer trop frénétiquement dans la course à la compétitivité.  » Vive la résistance « , écrit ainsi Thomas Fricke, chef économiste au Financial Times Deutschland dans une tribune fin novembre.  » Pourquoi nous croyons à la France « , renchérissent dans Les Echos, mercredi, cinq hommes et femmes d’affaires à la tête de filiales françaises de grands groupes (General Electric, Siemens, Adecco, Accenture…).

Pas de quoi se réjouir pour autant. Le  » french bashing « , cette tendance à dénigrer la France, a encore de beaux jours devant lui.  » Beaucoup d’investisseurs se posent des questions sur le pays, même s’il n’y a pas d’action à ce stade, signale M. Moëc, rappelant les  » gros titres  » – menaces de nationalisation, remise en question partielle de la réforme des retraites… – qui ont l’inconvénient de renforcer des clichés sur le rejet de l’économie de marché par la France. « 

En outre, si la France a bien des atouts, ils ne sont souvent que le reflet de ses désavantages, pense M. Caffet : la résistance de la consommation cache le manque d’investissements ; la forte productivité des travailleurs, le faible nombre d’heures travaillées ; la diversité de l’économie, notre manque de spécialisation, etc. Bref, la bienveillance des marchés ne doit pas faire oublier la nécessité de réformer un pays qui se désindustrialise à grande vitesse et où la dépense publique est la plus élevée d’Europe, après le Danemark.

Claire Gatinois

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De nouveaux modes de production énergétiques

C’est un mode de production énergétique prometteur qui est présenté ici. Il reste à être amélioré et à bénéficier de recherches importantes afin qu’il puisse être à même de remplacer les modes de production actuels polluants et dangereux.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 20 Octobre 2012

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L’énergie des courants approche de la maturité
De grands industriels misent sur les hydroliennes, en voie de devenir une technologie de référence
Dublin Envoyé spécial

En 2011, Tony Lewis, professeur à l’université de Cork (Irlande), a été chargé de rédiger le chapitre consacré aux énergies de la mer dans un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).  » Nous avons eu un mal fou à chiffrer précisément le potentiel de ces énergies, car il existe des multitudes d’estimations, toutes réalisées avec des méthodologies différentes, explique-t-il. La conclusion à laquelle nous avons abouti est que le potentiel est tellement énorme – de huit à dix fois la demande mondiale d’électricité – qu’en donner une estimation précise n’a plus d’importance. « 

Le potentiel électrique des courants, marées, vagues, vents marins, différentiels de température ou de salinité était au coeur de la quatrième conférence internationale sur les énergies marines, qui s’est tenue à Dublin du mercredi 17 au vendredi 19 octobre. L’occasion pour les acteurs industriels, institutionnels et scientifiques de faire le point sur l’état de l’art dans un secteur encore loin d’être arrivé à maturité.

Des représentants du département américain de l’énergie y côtoyaient le fondateur d’Idénergie, une start-up québécoise qui a l’intention de commercialiser dès 2013 une hydrolienne fluviale à 10 000 dollars (7 800 euros) l’unité, pendant que Stephen Salter, 74 ans, pionnier des énergies marines de l’université d’Edimbourg, donnait une conférence iconoclaste intitulée  » Les hydroliennes sont-elles presque toutes mal conçues ? « 

Les grands groupes industriels, qui jetaient jusqu’à il y a peu un regard curieux mais lointain sur ces turbines destinées à transformer l’énergie cinétique des courants en électricité – comme une éolienne le fait avec l’air -, ne se posent visiblement pas cette question. Une des sociétés leaders en matière de technologie, la britannique Marine Current Turbines (MCT), dont le prototype de double hydrolienne est testé dans le nord de l’Irlande, a été rachetée à 100 % par Siemens en février. Alstom a annoncé, en septembre, avoir trouvé un accord avec Rolls-Royce pour le rachat de Tidal Generation Limited, autre concepteur d’hydroliennes.

Et le français DCNS doit décider d’ici à la fin d’année s’il fait jouer – ou non – l’option qui lui permettrait de prendre le contrôle de l’irlandais OpenHydro, dont il détient déjà 11 % du capital et qui doit fabriquer les quatre engins qu’EDF compte immerger en 2014 au large de l’île de Bréhat (Côtes-d’Armor), dans ce qui serait le premier parc expérimental d’hydroliennes raccordé au réseau électrique dans le monde.

De leur côté, l’électricien espagnol Iberdrola et l’énergéticien suédois Vattenfall multiplient les partenariats, alors que le japonais Kawasaki doit bientôt tester sa première hydrolienne aux îles Orcades, au nord de l’Ecosse.

 » Le fait marquant de cette conférence, c’est l’arrivée à maturité de la technologie hydrolienne « , estime Frédéric Le Lidec, directeur des énergies marines renouvelables de DCNS. L’énergie des courants a pris de l’avance sur l’éolien flottant, encore au stade expérimental, et surtout sur l’énergie tirée des vagues.  » A la différence des courants, où l’on observe une convergence technologique, on ne s’est pas encore forgé de conviction en matière d’énergie houlomotrice, reprend le représentant de DCNS. C’est encore foisonnant, on y recense plus de cent technologies différentes en développement. « 

Les experts estiment que l’exploitation commerciale des énergies de la mer n’est pas envisageable avant – au mieux – 2020.  » Cela passera par une réduction des coûts, assure David Ainsworth, directeur du développement de MCT. L’énergie des courants ne sera viable que si elle arrive à concurrencer les autres énergies renouvelables. « 

Les défis que devront surmonter les énergies marines dans les années à venir sont de plusieurs ordres : améliorer leur efficacité énergétique et leur fiabilité, dans un milieu pas forcément hospitalier, trouver des solutions de maintenance et de raccordement aux réseaux électriques qui ne fassent pas exploser les coûts, démontrer leur relative innocuité environnementale…

En France, trois années ont été nécessaires pour parvenir à constituer une plateforme technologique baptisée France Energies Marines, qui faisait à Dublin la promotion des cinq sites d’essais en voie de réalisation autour de l’Hexagone. En septembre, en conclusion de la Conférence environnementale, Jean-Marc Ayrault a demandé que soit réalisée avant la fin de l’année une étude sur le potentiel de la filière.

Un signe encourageant, alors que les industriels piaffent, dans l’attente d’un appel d’offres portant sur l’installation d’hydroliennes au raz Blanchard. Situé au large du Cotentin et du cap de la Hague, ce  » hotspot  » de l’énergie des courants compterait pour la moitié dans le potentiel hydrolien européen.

Gilles van Kote

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La problématiques des nano-matériaux

Il faut que les mesures prises par Reach soient changées drastiquement pour prendre en compte la problématique des nano-matériaux. Car ils peuvent être ingérés et inspirés, ils représentent un danger au même titre que les produits chimiques les plus dangereux.

Ainsi, ils doivent subir une évaluation draconienne et le cadre de Reach doit être modifié afin de tester ces produits même s’ils sont produits à moins d’une tonne par an.

On doit donc affirmer, comme dit dans l’article le principe « pas de données – toxicologiques – , pas de marché » .

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 19 Octobre 2012

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Les nanomatériaux vont-ils échapper au filet sanitaire européen ?
Associations et syndicats demandent une réglementation adaptée aux risques liés à ces produits

Extrême déception « ,  » profondes inquiétudes « … Associations de consommateurs, ONG environnementales et syndicats font assaut de critiques contre Bruxelles. Objet de leur colère : une communication de la Commission européenne sur les nanomatériaux faite, début octobre, au Parlement, au Conseil et au Comité économique et social européens. Le document – le premier sur le sujet depuis 2008 – écarte en effet l’idée d’une réglementation spécifique à ces produits et à l’évaluation de leurs risques. Ce qui revient, estiment les représentants de la société civile dans une réponse qui sera adressée vendredi 19 octobre à la Commission, à laisser les mains libres aux industriels, sans contrôle de la toxicité de produits toujours plus nombreux sur le marché.

Automobiles, carburants, électroménager, équipements de sport, appareils électroniques, panneaux solaires, ciments, peintures, crèmes solaires, chaussettes, poudres alimentaires, pansements, instruments médicaux… Plus de 2 000 articles de consommation courante contiennent des nanoparticules, dont la taille est de l’ordre du milliardième de mètre (50 000 fois moins que l’épaisseur d’un cheveu).

Le marché mondial des nanomatériaux serait de 11 millions de tonnes, d’après les services de Bruxelles, pour une valeur de 20 milliards d’euros. Et le secteur des nanotechnologies représenterait entre 300 000 et 400 000 emplois directs en Europe. Ce qui en fait un secteur-clé pour  » la croissance, l’emploi, l’innovation et la compétitivité  » aux yeux de l’exécutif bruxellois.

La médaille a toutefois un revers. Les nanoparticules présentent des risques particuliers, encore mal connus, pour la santé et l’environnement. Leur taille infinitésimale, qui leur donne des propriétés remarquables (résistance, souplesse, conductivité, adhérence…), les rend aussi extrêmement réactives. Or elles sont susceptibles de pénétrer sous la peau ou dans les poumons, et de se disperser dans l’air, le sol ou l’eau. Une récente étude réalisée par l’administration française a montré que des nanoparticules pouvaient altérer la qualité et le rendement de cultures.

Comment prendre en compte cette dangerosité ? Par  » une approche de la sécurité au cas par cas « , répond la Commission. A ses yeux,  » les nanomatériaux sont semblables aux substances et produits chimiques normaux « . Elle estime donc que la réglementation générale appliquée aux produits chimiques au sein de l’Union – le système d’enregistrement, d’évaluation et d’autorisation Reach – est  » le cadre le plus adapté à la gestion des nanomatériaux « . Seule est envisagée une  » modification des annexes de Reach, afin de préciser la façon dont les nanomatériaux doivent être pris en considération « .

Pour Monique Goyens, qui dirige le Bureau européen des unions de consommateurs,  » Bruxelles fait primer l’objectif de croissance économique et adopte la politique de l’autruche pour ce qui est des risques « . Comme pour tout autre produit chimique, défend-elle,  » le principe « pas de données – toxicologiques – , pas de marché » devrait s’appliquer « .

 » La protection des travailleurs s’est-elle perdue dans le nano-cosmos ? « , ironise la Confédération européenne des syndicats. Quant aux Verts du Parlement, ils jugent  » très trompeur de suggérer que les règles générales, conçues pour des substances normales, sont appropriées pour les nanomatériaux « .

Ceux-ci passent en effet à travers les mailles du filet sanitaire de Reach. Car ce règlement ne s’applique qu’aux productions chimiques de plus d’une tonne par an, seuil loin d’être atteint pour beaucoup de nanomatériaux. En outre, le dispositif de déclaration ne distingue pas les formes nanométriques des formes classiques. Or un même produit peut prendre de multiples nanoformes, dont les propriétés et donc la toxicité sont radicalement différentes. Bruxelles reconnaît d’ailleurs que, dans les dossiers d’enregistrement actuels,  » seules quelques informations visent précisément la sécurité d’utilisation des nanomatériaux spécifiques « .

Des évaluations de risques sont certes menées, à l’échelle communautaire (notamment par l’Autorité européenne de sécurité des aliments) ou nationale. En France, l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié cinq rapports depuis 2006. Mais les conclusions sont parfois édifiantes : chargée d’expertiser un matériau contenant des nanotubes de carbone, produits en France par Arkema, l’Anses a relevé, en avril,  » un manque d’informations sur son potentiel toxique et écotoxique et l’absence totale d’éléments relatifs aux scenarii d’exposition et au cycle de vie du produit « .

 » Prétendre évaluer les risques au cas par cas, c’est noyer le poisson « , estime David Azoulay, du Center for International Environmental Law, une ONG d’avocats spécialisée dans le droit environnemental.  » Un examen au cas par cas est impossible. Il y faudrait des années et on serait toujours en retard « , pense aussi Olivier Merckel, responsable de ce dossier à l’Anses. Celle-ci travaille à  » une méthodologie d’évaluation des risques spécifiques à des groupes de nanomatériaux « . Et elle va désormais publier un rapport annuel regroupant toutes les données disponibles sur ces produits.

Parmi les Vingt-Sept, la France est en pointe dans ce domaine. Suite au Grenelle de l’environnement, l’Anses tiendra, à compter du 1er janvier 2013, un inventaire des substances nanoparticulaires mises sur le marché, afin d’en assurer la traçabilité. Un exemple qui pourrait être suivi par l’Italie, la Belgique ou le Danemark.

Suivre à la trace ces particules lilliputiennes ne suffira cependant pas à contrôler leur innocuité. En juin, douze pays, dont la France, avaient pressé Bruxelles d’améliorer  » sans retard  » la réglementation sur les nanomatériaux. Le chantier reste entier.

Pierre Le Hir

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Le Thorium : avenir du nucléaire ?

Le Thorium représente une avancée majeure dans la production énergétique nucléaire. Il a des avantages que l’Uranium n’a pas. Ce n’est donc pas pour rien que la Norvège entreprend des recherches en ce domaine. Par contre, ‘Le Monde’ n’a pas suffisamment bossé son dossier car il n’a relevé aucun avantage tangible alors que la technologie est bien différente.

Le point majeur de la technologie au Thorium, c’est que le combustible embarque son propre système de refroidissement et que ce système se fait à pression terrestre. Ainsi, en cas d’emballement, il suffit de couper les générateurs pour que le système redevienne stable, sans pour autant compter sur des génératrices extérieures pour refroidir le dispositif.

Le magazine Science et Vie en a fait un dossier très complet, en Novembre 2011, disponible ICI.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 5 Janvier 2013

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La Norvège tentée par le nucléaire pour exploiter ses réserves de thorium
Le combustible alternatif à l’uranium va être testé dans un réacteur d’essai, malgré l’impopularité de l’atome
Stockholm Correspondance

La Norvège va-t-elle miser sur l’énergie nucléaire au moment où se dessine un mouvement mondial de sortie de l’atome ? La compagnie norvégienne Thor Energy s’apprête à tester dans le réacteur d’essai d’Halden, près d’Oslo, un combustible dont elle détient d’importantes réserves : le thorium. La question est très controversée. Le thorium, qui tire son nom du dieu scandinave du tonnerre, est un combustible nucléaire à fort potentiel. Mais après l’accident de Fukushima, l’option nucléaire n’est plus très populaire en Norvège, où 95 % du courant provient de l’hydroélectricité.

Ses partisans présentent le thorium comme une source d’énergie nucléaire plus sûre et plus efficace que l’uranium généralement utilisé. Ce serait du nucléaire  » vert « , doté de multiples avantages : son abondance ; sa capacité à produire de l’uranium 233, un isotope fissile extrêmement énergétique ; une faible quantité de déchets radioactifs ; des caractéristiques peu propices aux usages militaires.

Dès les années 1960, le thorium avait été évoqué comme une alternative douce à l’uranium, notamment en Norvège, qui dispose des ressources en thorium parmi les plus importantes du monde avec le Brésil, l’Inde, l’Australie et les Etats-Unis. En 2007, l’Inde a annoncé son intention de développer des réacteurs au thorium et continue de travailler sur cette option malgré l’annonce de l’achat de deux réacteurs EPR à Areva en 2010.

Fin novembre 2012, le Thorium think tank a présenté un rapport affirmant que les réserves norvégiennes de thorium pouvaient contenir jusqu’à 120 fois plus d’énergie que tout le pétrole et le gaz du pays. De tels chiffres, même exagérés, suffisent à donner le tournis dans un petit pays qui sait ce qu’il doit aux hydrocarbures de la mer du Nord qui ont fait sa richesse depuis les années 1970.

Le Thorium think tank estime qu’il faudrait consacrer près de 150 millions d’euros à des forages exploratoires dans les dix prochaines années, mais rappelle que pour la seule année 2010, le montant des investissements de forage sur le socle norvégien pour les hydrocarbures s’est élevé à plus de 2 milliards d’euros.

 » Le test va commencer à la mi-mars. Nous allons tester une petite quantité de thorium que nous avons acheté en Allemagne « , explique au Monde Fridtjov Owre, directeur du projet Halden. Le projet Halden est un programme lancé dès la fin des années 1950 par les pays membres de l’Agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire. La France y est représentée par EDF, le Commissariat à l’énergie atomique et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.

 » Le thorium norvégien n’est pas encore exploité comme minerai. Nous en sommes encore au stade où nous évaluons les ressources. Mais ce qui est sûr, c’est que le jour où le pétrole disparaîtra de Norvège, le thorium, lui, fera un excellent remplaçant pour notre pays « , assure Fridtjov Owre.

La Norvège doit importer aujourd’hui environ 15 % de ses besoins en électricité. Le thorium norvégien serait potentiellement un produit d’exportation, à l’instar des hydrocarbures aujourd’hui.

Formellement, le feu vert du Parlement n’est pas requis pour le test d’Halden. Mais une réunion d’information y a été organisée. Pour les partisans du thorium, la bataille de l’opinion est loin d’être gagnée. En 2008, l’Agence norvégienne de sûreté nucléaire avait déclaré que comme pour l’uranium, l’exploitation du thorium basée sur des réacteurs classiques comprendrait  » la production de déchets radioactifs, l’émission de substances radioactives dans l’air et l’eau « . Son rapport poursuivait que, comme pour l’uranium, l’exploitation du thorium représentait  » un risque d’accident incluant la possibilité d’une réaction en chaîne incontrôlée et, dans le pire des cas, la fusion du coeur du réacteur « . Les organisations de protection de l’environnement avaient ainsi pu écarter l’image d’une énergie nucléaire douce.

La même année, une commission parlementaire avait toutefois encouragé l’expérimentation du thorium dans le réacteur d’Halden et recommandé que  » l’option thorium demeure ouverte tant qu’elle représente un complément intéressant à l’uranium pour renforcer la durabilité de l’énergie nucléaire « .

Les défenseurs du thorium estiment que le réchauffement climatique combiné aux besoins croissants d’énergie dans le monde font de cet élément une alternative digne d’être envisagée.

Olivier Truc

    Le Japon pourrait construire de nouveaux réacteurs

    Le Japon pourrait non seulement redémarrer ses réacteurs nucléaires arrêtés depuis la catastrophe de Fukushima, mais aussi relancer la construction de nouvelles centrales, selon le premier ministre japonais, Shinzo Abe.  » Les nouveaux réacteurs seront différents de ceux construits il y a quarante ans « , a précisé M. Abe, le 31 décembre 2012, dans le but de rassurer la population. Alors que la précédente majorité préparait le Japon à sortir du nucléaire, le Parti libéral-démocrate, qui a remporté les élections législatives le 16 décembre, n’avait pas caché sa conviction que l’Archipel ne peut pas se passer de l’énergie nucléaire. – (AFP.)

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Le réchauffement n’est pas prêt de s’arrêter

Vu comment ça se passe, et vu l’évolution du taux de CO2, il est fort à craindre que le réchauffement global continuera à être problématique ces prochaines années…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 15 Novembre 2012

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Climat
Record d’émissions mondiales de CO2 en 2011

Les émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont atteint en 2011 un nouveau record : 34 milliards de tonnes dans le monde, contre 33,2 milliards de tonnes en 2010. Selon les données fournies, mardi 13 novembre, par le Forum économique international pour les énergies renouvelables, la Chine arrive en tête des pollueurs avec 8,9 milliards de tonnes, devant les Etats-Unis (6 milliards). – (AFP.)

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