Quand les étudiants s’entraînent à devenir de(s) (bons ?) politiques

Les étudiants les plus ambitieux peuvent s’entraîner à devenir des politiques verreux en s’occupant de gérer une mutuelle étudiante. Ca fait un bon stage.

On a donc la Mutuelle des étudiants qui sert à certains à se goinfrer en se servant dans la caisse, ce, avec l’argent des étudiants.

Là, c’est l’UNEF qui s’en met plein les poches et avec l’aval de la MGEN. Bref, un système de mauvaise gestion qui montre que l’Etat devrait être responsable de la gestion de la santé des étudiants et que ces similis administrateurs sont des incapables et des voleurs.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 19 Février 2013

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La gestion contestable de la Mutuelle des étudiants, au bord de la faillite
Menacée de cessation de paiement, la LMDE est soutenue à bout de bras par la MGEN

La Mutuelle des étudiants, aussi appelée LMDE, est un grand corps malade. Au-delà des problèmes de qualité de service médiocre, pointés tour à tour par l’association de consommateurs UFC-Que choisir et une mission d’information sénatoriale, la première des mutuelles étudiantes accumule les difficultés financières, comme le montrent des documents que Le Monde a pu consulter.

La gestion comptable de la mutuelle – qui se partage le marché de la « Sécu » étudiante avec le réseau des mutuelles régionales emeVia (Smerep, Smeno, Smerra…) – laisse apparaître un déficit chronique et surtout une dette importante, qui menacent la pérennité de la mutuelle.

D’autant que les documents que Le Monde s’est procurés mettent au jour plusieurs choix de gestion contestables. A commencer par les indemnités versées à la vingtaine d’administrateurs délégués de la mutuelle, tous issus de l’UNEF (Union nationale des étudiants de France), qui contrôle la LMDE depuis 2001 grâce une domination systématique des élections internes. Le rapport annuel du commissaire aux comptes de la mutuelle dévoile que ces étudiants se sont partagé en 2011 près de 250 000 euros – un montant équivalent aux pertes de la mutuelle, hors éléments exceptionnels.

Chaque « bénévole » perçoit en moyenne 1 200 euros par mois, les mieux lotis atteignant 2 200 euros. Une pratique autorisée, mais en contradiction avec la « gratuité » des fonctions proclamée dans les statuts de la mutuelle.

D’autre part, la LMDE a conclu au fil des années plusieurs conventions réglementées avec des associations, au premier rang desquelles l’UNEF ou le syndicat lycéen UNL (Union nationale lycéenne). La mutuelle consacrerait à ces partenariats une enveloppe annuelle de 200 000 euros environ, selon la présidente, Vanessa Favaro. Ils la conduisent par exemple à sponsoriser les congrès de l’UNEF, en échange de coups de main du syndicat sur le terrain, de la distribution de préservatifs à l’affichage de publicités dans ses publications internes.

Un budget « peu important » que la présidente de la LMDE se refuse à détailler et met sur le compte de la mission de prévention santé dévolue aux mutuelles. « Financer un congrès, ça sort quand même du périmètre d’activité d’une mutuelle étudiante », proteste le sénateur socialiste Ronan Kerdraon, corapporteur du rapport sénatorial sur la santé étudiante publié en décembre 2012.

Au total, au 31 décembre 2011, la LMDE cumulait ainsi 23,4 millions d’euros de pertes sur dix ans ; la mutuelle a conclu les deux derniers exercices avec respectivement 3,6 millions et 832 000 euros de déficit – dont les deux tiers imputables à des facteurs conjoncturels, comme le renchérissement de la taxe sur les mutuelles mise en place en 2011, ou les frais liés à un plan de réorganisation entamé en 2009.

Mais l’examen des comptes montre que le déficit est aussi structurel. L’ensemble des dettes de la LMDE s’élevait fin 2011 à plus 65 millions d’euros, une somme comparable à ses recettes annuelles. Vanessa Favaro reconnaît que la santé financière de la mutuelle est « fragile », mais explique que les comptes sont « proches de l’équilibre » et assure « ne pas avoir d’inquiétudes sur sa qualité de gestion ».

Cette situation chroniquement déficitaire, la mutuelle n’a pu la surmonter que grâce à l’appui d’un « partenaire historique » : la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN). Bâtie en 2000 sans fonds propres en émettant 15 millions d’euros de titres participatifs (actions n’octroyant ni droit de vote ni part de capital), la LMDE bénéficie aujourd’hui encore d’une convention de substitution avec la MGEN. En clair, la mutuelle enseignante lui sert depuis plus de dix ans de caution financière pour poursuivre son activité. Ce qui portait fin 2011 la dette de la LMDE à l’égard de la MGEN au montant astronomique de 38,9 millions d’euros, payables à échéance d’un an. En début d’année, face à la menace d’une cessation de paiement, la LMDE a d’ailleurs dû solliciter une avance de trésorerie de trois millions d’euros du groupe MGEN, selon une source syndicale.

Un « geste de solidarité mutualiste » qui permet à la MGEN de renforcer son partenariat avec la LMDE – au risque de remettre en cause l’indépendance étudiante, érigée au rang de dogme par la mutuelle. « Sous-financé, le régime étudiant ne pourra survivre qu’en mutualisant ses moyens avec d’autres partenaires », explique-t-on à la MGEN. Le ministère de la santé juge ce rapprochement « cohérent avec la priorité donnée par le gouvernement au rétablissement d’une qualité de service conforme aux attentes des étudiants ».

Ce fatalisme n’a pourtant pas toujours existé. En 2002, la LMDE espérait, par la voix de son ancienne présidente Carine Seiler, réunir à l’horizon 2007 « toutes les conditions financières » nécessaires au dépôt de son propre agrément – une autorisation d’exercer délivrée par les autorités de contrôle si la mutuelle a les garanties financières suffisantes.

Aujourd’hui, plus question de s’émanciper de cette tutelle financière : « On n’a pas les moyens de garder les fonds propres nécessaires pour rencontrer les critères de solvabilité », lâche Vanessa Favaro. La présidente raconte que les rares excédents budgétaires ne servent pas à rembourser la dette, mais sont investis dans des projets « à destination des étudiants », comme la création du site Reussite-bac.com, qui concerne les lycéens. De même, le trésorier de la Mutuelle des étudiants prévoyait en 2003 que la dette serait épongée « aux environs de 2011-2012 ». Dix ans plus tard, il n’en est rien.
Corentin Dautreppe et Maxime Vaudano


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