Il faut changer les règles entre les pays pauvres et l’industrie pharmaceutique

Ce n’est pas une décision bonne pour l’Inde que celle que vient de prononcer son pouvoir judiciaire : à force de se voir déconsidérée, l’industrie pharmaceutique risque de se détourner de ce pays au profit d’autres.

Produire un médicament coûte cher. Alors que faire pour les pays qui n’en ont pas les moyens ? Il faut favoriser le dialogue en évitant de recourir à des oukases, gagnantes à court terme, mais perdantes à long terme.

L’Inde doit engager une discussion avec l’industrie pharmaceutique afin de l’encourager à investir dans ce pays, en lui expliquant qu’elle peut rattraper ses pertes sur le volume de la population Indienne pour se rattraper.

Tout le monde peut y avoir un intérêt à terme et le dialogue ne doit être rompu ni d’un côté, ni de l’autre.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 2 Avril 2013

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Novartis perd son bras de fer en Inde sur les brevets
La Cour suprême refuse de breveter une version simplement améliorée du Glivec, son produit vedette

Priorité aux génériques. Malgré la pression des multinationales de la pharmacie, qui veulent protéger leurs innovations, l’Inde a, une nouvelle fois arbitré, lundi 1er avril, en faveur des copies vendues à prix cassés. Objectif : favoriser l’accès aux soins des Indiens, dont 40 % gagnent moins de 1 euro par jour.

Après sept ans de bras de fer, la Cour suprême indienne a rejeté la demande de brevet déposée par Novartis pour son produit vedette, le Glivec. Depuis 2006, le groupe suisse souhaitait faire breveter en Inde la nouvelle version de cet anticancéreux, comme il l’a fait dans près de quarante pays, dont les Etats-Unis, la Russie et la Chine.

Revers majeur

Mais, lundi, la Cour suprême a confirmé les décisions de première instance et d’appel : le nouveau Glivec ne marque pas une amélioration suffisamment forte pour être protégé par des brevets. Le cours de la filiale indienne de Novartis a immédiatement reculé de près de 5 % en Bourse.

Au-delà de Novartis, il s’agit d’un revers majeur pour les laboratoires internationaux. Alors qu’ils misent de plus en plus sur l’Inde, un marché en hausse de 13 % à 14 % par an, le pays refuse ainsi l’utilisation d’une de leurs techniques privilégiées pour gagner de l’argent : l’ » evergreening « . Elle consiste à déposer des brevets pour un produit faiblement modifié, afin d’éviter la concurrence des génériques pendant des années de plus.

Cette décision  » décourage la découverte pharmaceutique « , a regretté Novartis. Elle va, au contraire,  » donner un énorme coup de pouce pour fournir aux pauvres des médicaments à des prix abordables « , s’est réjoui l’avocat Anand Grover, représentant l’Association indienne d’aide aux malades du cancer.

Au passage, la Cour suprême soutient aussi les industriels indiens, comme Cipla ou Natco, spécialistes mondiaux des génériques, notamment du Glivec.

Denis Cosnard


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