Il va falloir trouver une solution pour nos hôpitaux

Je ne sais pas si c’est le numérus clausus qui ne fonctionne pas où si c’est à cause du libéralisme acharné prévalent dans le milieu hospitalier, mais il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans notre pays en matière de santé. Déjà qu’il n’est pas normal que les médecins puissent s’installer où ils veulent est une chose, mais la situation décrite ci-dessous est proprement honteuse.

A Rodez, on a donc une politique de mercenaires. Des gens qui quittent l’hôpital pour y revenir intérimaire et faire +50% sur leurs indemnités. Comme c’est le contribuable qui finance, il faudrait peut être arrêter de prendre les gens pour des imbéciles. La santé a un coût, il doit être rétribué, mais cela ne justifie pas n’importe quoi !

Le Ministère de la Santé doit se saisir au plus vite de ce dossier et faire en sorte que ces abus appartiennent au passé ! Mme Touraine, vous avez du travail !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 18 décembre 2013

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A l’hôpital de Rodez, des recrutements au prix fort

CELA s’est passé à Rodez comme dans beaucoup d’hôpitaux. Il y a presque deux ans de cela, l’équipe d’anesthésistes-réanimateurs s’est retrouvée constituée quasiment  » à 80 % de remplaçants et 20 % de titulaires « , se souvient le docteur Kamran Samii. C’est à cette époque que cet ancien professeur au CHU de Toulouse à la retraite a été appelé à la rescousse pour aider l’hôpital à trouver une solution.

Le centre hospitalier Jacques-Puel a besoin de huit anesthésistes-réanimateurs pour fonctionner. Peu à peu, l’établissement a eu du mal à recruter et a dû faire appel aux remplaçants. L’organisation et le climat se sont dégradés, des conflits ont éclaté. De guerre lasse, quatre titulaires ont quitté l’hôpital, dont certains en retraite anticipée pour… faire de l’intérim.

Aucun praticien hospitalier n’a voulu d’un poste. Pour reconstituer une équipe de permanents, indispensable au fonctionnement, le docteur Smaii s’est appuyé sur un nouveau statut : praticien clinicien. Il permet de mieux payer les médecins, pendant une période de trois ans (renouvelable une fois).

Mais là encore, cela n’a pas été facile. Parce que personne n’avait envie de rejoindre  » un bateau qui coule « , mais aussi parce qu’ » être remplaçant permet d’être bien mieux payé. Ils gagnent 670 euros par jour, leurs frais de voyage, de repas et de logement sont payés. Ils peuvent toucher jusqu’à 14 000 euros par mois, contre 8 000 à 9 000 euros, hors gardes, pour un praticien clinicien « , explique le docteur Samii.

Finalement, cinq médecins ont signé un contrat de praticien clinicien, permettant d’occuper quatre équivalents temps plein. Certains sont des retraités devenus intérimaires, dont une praticienne qui travaillait auparavant à Rodez. Ils touchent 30 % de plus que les praticiens hospitaliers, selon la direction, contre 50 % de plus pour les intérimaires.

Mais, l’hôpital a toujours besoin de ces derniers pour assurer deux équivalents temps plein. Ils sont une dizaine à tourner, pour quinze jours, une semaine ou moins. Mais ceux qui exigent plus que la rémunération proposée n’obtiennent pas gain de cause.

 » Pas le choix  » Le directeur, Frédéric Bonnet, arrivé il y a dix-huit mois, se veut transparent. Pas question de déclarer un travail fictif, du genre dix jours payés pour cinq effectués. Il débourse plus que ce qu’autorise la réglementation, mais ces sommes rondelettes sont clairement inscrites dans les comptes.  » Nous n’avons pas le choix, si on respectait la rémunération, on ne ferait pas tourner la boutique « , explique-t-il.

A Rodez comme ailleurs, on attend que les pouvoirs publics se saisissent du problème.  » Le personnel non médical remplaçant – infirmières… – est payé au même tarif que les titulaires, ce devrait être la même chose pour les médecins « , glisse le directeur.

Le docteur Samii se désole de voir les hôpitaux  » se dépeupler de praticiens hospitaliers « . Pourtant, il préfère voir les intérimaires non pas comme des mercenaires cupides, mais comme  » une sorte d’élite  » que les hôpitaux n’arrivent pas à retenir, faute d’argent.

L. Cl.


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