L’industrie Française continue à aller mal

Les causes de la stagnation de notre tissu industriel est malheureusement bien connu : nous produisons cher et mal. Cela est dû à la faible compétitivité de notre force de travail. Elle n’est pas compétitive car elle est trop payée pour ne pas travailler assez.

Les 35h, en la matière, portent une part évidente de responsabilité. Quand on fait travailler moins et que l’on paie autant, la compétitivité s’en ressent forcément.

Il faut remettre en place la valeur travail dans notre industrie, dans notre marché du travail.

Nous sommes en situation de concurrence mondiale. En ce sens, nous ne pourrons pas être compétitifs sans faire des efforts. La durée hebdomadaire de travail fait forcément partie des efforts à accomplir en la matière.

Mais même si elle doit être réformée, il y a pire. Nous avons un pays qui ne peut plus se permettre d’avoir 5 millions de fonctionnaires, eux aussi payés au 35h. Un gros effort devra aussi être entrepris en ce sens là. Les économies réalisées pourront servir à renforcer la recherche et développement de notre pays qui a été un leader technologique il n’y a pas si longtemps que cela.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 9 août 2014

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Le bond en arrière de l’industrie française
La production nationale a chuté de 12 % en six ans, pour revenir à son niveau de 1994

Depuis sa création en 1897, Esmery-Caron avait résisté à tout. Aux guerres, aux crises, aux frictions entre actionnaires. Quand les agriculteurs avaient cessé d’acheter ses sacs de jute, la société s’était reconvertie dans le plastique. Puis dans les toiles utilisées pour couvrir les stades. En mars 2013, une nouvelle usine avait encore été inaugurée à Dreux (Eure-et-Loir).

Une belle aventure stoppée net. Placée en redressement judiciaire en avril, la société a été liquidée en juillet. Des repreneurs viendront peut-être ramasser ce qui peut l’être. D’ici là, tout est arrêté…

D’anciens fleurons rayés de la carte, des faillites spectaculaires comme pour Caddie, des usines qui ferment, d’autres qui tournent au ralenti et vieillissent, et très peu de nouveaux projets : l’industrie française dépérit. Après avoir plongé en 2009, lorsque la faillite de la banque américaine Lehman Brothers avait tout bloqué, elle avait commencé à remonter la pente. Mais depuis le printemps 2011, elle est repartie en marche arrière.

Et le mouvement s’accélère. Au deuxième trimestre, la production industrielle a reculé de 2 % par rapport à la même période de l’année précédente, a indiqué l’Insee, vendredi 8 août.

En mai, la production française est même presque retombée, en volume, à son niveau plancher du printemps 2009, au plus fort de la crise. Cet épisode mis à part, il faut remonter à 1994 pour retrouver des chiffres aussi faibles. Comme si vingt ans étaient effacés.

Ce n’est sans doute pas fini. Juin a marqué un léger rebond, indique l’Insee. Mais en juillet, la production manufacturière est tombée à son plus faible niveau depuis le début de l’année, selon Markit.

Si l’on compare à juin 2008, juste avant l’éclatement de la crise, la chute est spectaculaire. En six ans, la production industrielle a diminué de 12 %. Quelques branches ont continué à progresser, comme l’aéronautique, l’assainissement de l’eau et la chimie.

Des marges trop faibles

Mais la plupart sont en déclin. Et certaines en pleine dépression. A commencer par le raffinage, dont la production s’est effondrée de 43 %. La crise a aussi provoqué des ravages dans la fabrication de matériel électrique et électronique, et l’énorme filière automobile, amputées chacune d’environ 25 % de leur puissance.

 » Oui, l’industrie française décroche « , reconnaît Thierry Weil, professeur à Mines ParisTech et cheville ouvrière du groupe de réflexion La Fabrique de l’industrie. Une partie de la baisse peut sans doute être attribuée à une  » tertiarisation  » logique de l’économie. Mais alors que la production industrielle est en hausse dans la plupart des pays européens, notamment en Allemagne, la France, elle, reste à la traîne.

De même, elle n’a pas connu le rebond du commerce extérieur dont d’autres ont profité. Les exportations de marchandises plafonnent depuis plus de deux ans, et l’Hexagone affiche le déficit commercial le plus important des grands pays de la zone euro, là où l’Allemagne et l’Italie sont excédentaires.  » C’est cela, le vrai critère qui montre le problème français « , note M. Weil. Un problème de compétitivité.

 » Les coûts salariaux sont élevés, alors que le niveau de gamme de la production est faible « , explique Patrick Artus, de Natixis, dans sa dernière note. L’industrie tricolore se retrouve piégée dans un cercle vicieux. Des produits trop chers qui se vendent mal. Des consommateurs qui manquent de pouvoir d’achat. Des marges en recul, qui ne permettent guère d’investir pour monter en gamme.  » Cela explique l’inertie de l’offre, qui ne répond ni à la demande intérieure ni à la demande étrangère « , conclut M. Artus.

Résultat : là où le président François Hollande et le ministre de l’économie, Arnaud Montebourg, visaient un  » redressement productif « , la désindustrialisation se poursuit inexorablement.

Dreux, la ville d’Esmery-Caron, constitue un bon exemple. Dans les années 1960, l’Etat avait choisi d’implanter sur place de grandes usines, comme celles de Renault et Philips. C’est de Dreux qu’est sorti le premier téléviseur couleur fabriqué en France.  » Ces sites majeurs ont fermé il y a plusieurs années déjà, à cause notamment de coûts trop élevés, et on a perdu 5 000 emplois « , dit Christophe Le Ciclé, l’un des responsables de l’agglomération du Pays de Dreux.

A présent, plus question d’automobile ni d’électronique. Quant à la troisième grande industrie qui avait essaimé sur place, la pharmacie, elle donne à son tour d’inquiétants signes de fragilité.

Ces dernières années, l’agglomération a néanmoins réussi à recréer quelque 4 000 emplois en ciblant plutôt, cette fois-ci, les PME. C’est ce tissu qui souffre maintenant, victime de cette crise qui n’en finit pas, du manque de soutien des banques et d’erreurs de gestion. Non loin d’Esmery-Caron, la fonderie Loiselet a ainsi déposé le bilan en décembre 2013, suivie en février par Qol, spécialiste du pressage du CD et DVD.

 » On ne baisse pas les bras « , assure-t-on à Dreux comme à Bercy. Pour M. Artus, cependant,  » les mesures de politique économique prises, même si elles vont dans le bon sens, risquent de ne pas modifier durablement ce panorama « . Selon lui, la  » thérapie de choc  » nécessaire reste à administrer.

Denis Cosnard

    Pas de rebond économique au troisième trimestre

    La stagnation de l’économie française se confirme. Le pays devrait enregistrer une croissance de seulement 0,2 % de son produit intérieur brut au troisième trimestre par rapport au deuxième, a annoncé, vendredi 8 août, la Banque de France, qui s’appuie notamment sur des enquêtes menées auprès des chefs d’entreprise.

    Le troisième trimestre s’annonce donc à peine meilleur que le précédent. Selon la majorité des économistes, l’Insee devrait annoncer, le 14 août, une croissance très faiblement positive, comprise entre 0 % et 0,1 % pour le deuxième trimestre.

    Une stagnation au deuxième trimestre, après une croissance déjà nulle au premier, puis une progression limitée à 0,2 % au troisième trimestre, mettrait définitivement hors de portée l’objectif gouvernemental d’une croissance de 1 % pour l’ensemble de l’année.


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