Les droits d’auteur sont-il en adéquation avec les besoins d’aujourd’hui ?

C’est une très bonne question qui est posée ici, dans ce bel article : et si les Droits d’auteur bridaient une partie de la compétitivité numérique de la France ?

En clair, il faut savoir parfois être souple sur les Droits d’auteur, afin de favoriser un investissement numérique qui pourrait être capable de générer des revenus dans l’avenir…

La France aurait tout intérêt à être fer de lance en la matière pour gagner des parts de marché dans ce monde numérique mondialisé…

A réfléchir et à méditer…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 13 Mars 2015

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La France, petit village gaulois du Net

Au pays de Numérix, on marche sur la tête. Numérix ? C’est le nom donné à la France à l’époque contemporaine du numérique par Alexandre Moatti, historien des sciences à l’université Paris-Diderot et également contributeur à Wikipédia et auteur de nombreux sites Web. Par ce patronyme ironique, l’auteur entend moquer les attitudes de nos institutions et de nos élites, promptes à s’offusquer de la domination étrangère mais peinant à briller.

En matière de numérique, le livre ne cible pas le monde de l’économie, des communications ou des objets connectés, mais celui de la culture et de l’accès à la connaissance. Un terrain sur lequel l’Etat, par son investissement dans les musées, les bibliothèques, les universités, devrait être moins effacé et plus efficace qu’il ne l’est aujourd’hui.

Le bilan n’est, en effet, pas brillant selon l’auteur. Sur Wikipédia par exemple, à cause des droits d’auteur, la page du général de Gaulle est illustrée par des images provenant d’archives allemandes ou américaines, deux pays dont les institutions ont compris que, pour exister sur le Web, libérer une partie de leurs fonds est une bonne stratégie. Pour les mêmes raisons, pour les personnalités françaises, nombre de pages Wikipédia sont illustrées de pierres tombales…

 » misotechnie « 

Autre exemple, avec la numérisation des livres et le relatif échec de la Bibliothèque numérique à la française (ou à l’européenne). En réponse aux initiatives de Google, des fonds ont bien été levés, mais pour un résultat décevant. L’auteur a ainsi trouvé trois éditions de Jules Verne sur la bibliothèque numérique française Gallica, dont deux rééditions payantes et une traduction anglaise, mais pas l’édition originale, libre de droits. Il s’insurge aussi sur les crédits publics dégagés pour numériser des livres appartenant aux catalogues des éditeurs et que ces derniers font donc payer. Nationalisation des coûts, privatisation des profits.

Non sans verve et humour, l’auteur étale ses critiques du petit village gaulois. Il s’irrite du décalage entre la richesse culturelle publique (monuments, musées, médias publics, laboratoires de recherche) et sa faible disponibilité à l’arrivée. Alors que le numérique pourrait au contraire faciliter ces transmissions et aider à faire mieux avec moins (d’argent public), une certaine  » misotechnie « , terme forgé pour désigner des critiques de la technique contre Google et Wikipédia, semble freiner le mouvement.

Or, selon lui,  » il n’y aura pas d’accès à tous à la connaissance, s’il n’y a pas de partage de la connaissance par certains « . Il lance quelques pistes : revenir sur les droits d’auteur courant soixante-dix ans après la mort d’un auteur, disposer d’une véritable exception pédagogique permettant aux enseignants d’utiliser plus de trente secondes d’une œuvre musicale ou six minutes de films (sans acquitter des droits), créer un dépôt légal pour les articles scientifiques. Bref, un autre type d’exception culturelle que celle dont il est généralement question. Et une potion magique urgente à ingérer.

David Larousserie


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