La réforme des universités (dite loi LRU ou loi Pécresse) a-t-elle été si bonne que cela ?

L’image que donne cette réforme c’est d’avoir été menée à la-va-vite… La priorité devait aller aux étudiants, las, la Cour des comptes dit que la réforme a entraîné une dégradation des conditions d’études, ce qui est un comble !

La qualité des formations a été sacrifiée, car le nombre d’enseignants a baissé.

Par contre, les primes et indemnités ont augmenté elles, signe que la réforme n’a pas été mauvaise pour tout le monde !

Bref, il faut remettre un coup de balai dans cette réforme, afin de remettre l’étudiant en son coeur car c’est pour lui, et pour lui seul, que l’on doit travailler…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 26 Août 2015

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Les universités équilibrent leur budget au détriment des formations
Dans un rapport confidentiel, la Cour des comptes juge que l’autonomie financière a entraîné une dégradation des conditions d’études
Les universités ont accompli leur passage à l’autonomie financière, imposée dans la douleur à partir de 2009, au prix d’importants sacrifices et au détriment de la qualité des formations. C’est ce qu’indique un rapport confidentiel de la Cour des comptes, que Le Monde a pu consulter. Un document qui se lit comme un réquisitoire contre l’autonomie, non pas dans son principe, mais telle qu’elle est mise en œuvre.

Les magistrats de la rue Cambon mettent en exergue le fait que le nombre d’enseignants a baissé entre 2008 et 2013, tandis que les effectifs d’étudiants ont augmenté.  » Alors que les effectifs enseignants avaient progressé plus rapidement que les effectifs étudiants de 2001 à 2008, la dynamique s’est inversée depuis 2009 « , regrette la Cour.

Depuis 2012, la gauche fait de la réussite en premier cycle une priorité, annonçant 5 000 nouveaux postes sur le quinquennat. Le rapport de la Cour des comptes montre que, sur le terrain, les conditions d’études se dégradent rapidement. Compte tenu du niveau très élevé de l’échec en licence, ce constat fait l’effet d’une douche froide. Selon les mesures, entre un quart et un tiers des étudiants seulement arrivent à obtenir leur licence en trois ans, de 40 % à 50 % en quatre ans, et un sur cinq abandonne ses études sans diplôme.

 » Dérives « 
La politique de ressources humaines des universités  » reste en chantier « , constatent les magistrats. Avec les deux lois sur l’autonomie (2007 et 2013),  » les procédures ont été remaniées et des souplesses introduites « , mais  » les politiques et pratiques de recrutement ont peu évolué « . Sauf en matière de primes et d’indemnités : leur croissance a été  » plus rapide que celle des effectifs « , avec  » le souci de rétribution des mérites individuels « . A ceci près que cela s’est accompagné de  » nombreuses dérives  » :  » anomalies  » et  » contournements  » des règles.

Le temps de travail des personnels techniques est, par ailleurs, inférieur de 2,6 % à ce qu’il devrait être. Quant aux enseignants-chercheurs, la Cour constate que les établissements n’ont pas mis en œuvre le décret de 2009 qui donne la possibilité aux professeurs de se mettre d’accord avec leur université pour faire soit plus de cours, soit plus de recherche. Son adoption, en 2009, avait provoqué un long conflit entre la ministre de l’époque, Valérie Pécresse, et les organisations syndicales, vent debout contre le projet.

Six ans plus tard, le texte, à peine modifié par les socialistes en 2014, n’est donc pas appliqué.  » La question des temps d’activités des enseignants-chercheurs reste entière, estime la Cour. La répartition à 50 % des obligations de service entre enseignement et recherche ne correspond plus à la réalité. « 

L’effort de l’Etat est insuffisant par rapport à l’explosion des effectifs (l’équivalent de deux universités par an). Les universités elles-mêmes n’ont pas créé tous les postes qu’elles auraient dû, recourant massivement aux vacataires, nettement moins chers. L’autonomie  » apparaît en réalité limitée « , déplore la Cour. Les universités sont dans une situation impossible : elles peuvent décider de leurs dépenses, mais pas de leurs recettes, ni de leur patrimoine, ni totalement de leurs recrutements.

Les charges pèsent lourd. Celles liées au personnel, notamment, au point que la Cour se pose la question de leur  » soutenabilité à moyen terme « . Les universités doivent assumer les conséquences financières de décisions (comme les revalorisations) qu’elles ne prennent pas elles-mêmes.

Vétusté
L’entretien de l’immobilier est une autre épée de Damoclès. Depuis quelques années, l’état du patrimoine s’est dégradé : 44 % est considéré comme vétuste ou en mauvais état. Là aussi, les coûts augmentent (à cause de l’énergie, notamment) et les universités ne sont pas  » totalement maîtres de l’évolution de leurs surfaces « , comme l’indique la Cour. Pour celle-ci, l’autonomie suppose qu’elles prennent la main sur leur patrimoine. C’est prévu par la loi de 2007, et trois établissements ont sauté le pas. Mais il est encore tôt pour tirer des conclusions.

Le passage à l’autonomie a été un choc. En 2008, 11 établissements étaient déficitaires. En 2010, ils étaient 28. Dès lors, les universités ont fait de gros efforts pour maîtriser leurs finances, qu’il s’agisse de la masse salariale ou des coûts de fonctionnement. Elles ont rationalisé leur fonctionnement, modernisé leur gestion, professionnalisé les services. Et elles ont mis de l’argent de côté.

La Cour se félicite de ces efforts, mais constate que les universités sont peut-être allées trop loin. Fin 2014, elles disposaient d’un fonds de roulement de 1,5 milliard d’euros et d’une trésorerie de 2,2 milliards d’euros,  » lesquels excèdent largement les règles de prudence et les besoins de leur gestion « .

Benoît Floc’h


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