Quand l’ENA continue à former des riches… incompétents

Que l’école recrute parmi les privilégiés ne me choquerait pas tant que ça, du moment qu’elle forme des gens compétents…

Or, quand on voit les gens qui en sortent, et quand on voit l’état de déliquescence avancé de notre pays, force est de constater que le compte n’y est pas…

Ainsi, non seulement on recrute des gens déjà favorisés socialement, mais on recrute des nuls qui ont mis notre pays dans la dèche… Ces gens sont incapables de gérer ne serait-ce que le budget de la France : depuis 1980, pas un seul budget à l’équilibre.

Pour 2014, 227 Milliards de recettes, 307 Milliards de dépenses. C’est comme si un ménage gagnait 2200 Euros par mois et en dépensait, tous les mois, 3000… Tout en ayant 46 Milliards d’intérêts sur les emprunts passés. Ce qui ferait que notre ménage devrait verser 400 Euros par mois, d’intérêts sur les emprunts, sans compter le capital !

Merci les énarques !

De plus, quand on voit que les plus brillants (ou prétendus) vont à l’inspection des finances au Conseil d’Etat ou à la Cour des comptes, ça fait grandement marrer quand on voit nos résultats en la matière !

L’ENA souffre moins de son manque de démocratie que de compétence : à quoi sert donc le capital culturel revendiqué par l’école ?

Il est temps de résoudre cet état de fait…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 09 Octobre 2015

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A 70 ans, l’ENA peine à sortir de l’élitisme
Le recrutement de l’école ne s’est pas démocratisé, assure une étude
Née au lendemain de la seconde guerre mondiale sur une idée du Conseil national de la résistance, l’Ecole nationale d’administration (ENA) fête ses 70 ans vendredi 9 octobre. Préparée par la mission provisoire de réforme de l’administration animée par Michel Debré, alors maître des requêtes au Conseil d’Etat, l’ordonnance du 9 octobre 1945 entendait  » refondre la machine administrative française « . En clair, démocratiser le recrutement des hauts fonctionnaires d’Etat, grâce à un concours d’accès unique à la fonction publique. A l’époque, en effet, chaque corps ou ministère organisait son propre recrutement. C’était le règne de la cooptation.

Soixante-dix ans plus tard, ce vœu pieux s’est-il réalisé ? Pas du tout, si l’on en croit les travaux de Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS et chercheur au Cevipof.  » Le recrutement ne s’est pas démocratisé durant ces soixante-dix ans et l’ENA n’a pas réalisé le brassage social espéré par Michel Debré en 1945 « , souligne ce spécialiste de la fonction publique, dans une note intitulée  » L’ENA ou soixante-dix ans de paradoxe « .

Pour mener ses recherches, Luc Rouban a analysé six cohortes d’élèves, chacune étant composée de deux ou trois promotions, représentant une période bien particulière : la IVe République, les débuts de la Ve, les lendemains de 1968… jusqu’à la mondialisation des années 2000. Au total, la carrière de 1 299 anciens élèves a été examinée à la loupe, sur un total de quelque 7 000 anciens élèves, dont beaucoup se retrouvent dans le gotha politique et financier.

Indice de  » potentiel social « 
Selon Luc Rouban, la proportion d’élèves ayant un père exerçant une profession supérieure, après avoir oscillé autour de 45 % dans les décennies 1950 et 1960, atteint un niveau situé entre 55 % et 65 % à partir des années 1960 et grimpe autour de 70 % entre 2005 et 2014. Un niveau totalement déconnecté de la réalité du pays : la moyenne des catégories socioprofessionnelles supérieures dans la population active se situe aujourd’hui à environ 15 % seulement.

Pour améliorer son analyse et parce que ne retenir que la profession du père n’est pas selon lui un indicateur assez fiable, Luc Rouban a créé un indice de ressources sociales calculé à partir de la profession du père, du passage par une autre grande école au moins, du militantisme politique, des réseaux… Tous ces éléments permettant de se faire une idée de ce que Luc Rouban désigne comme le  » potentiel social  » de l’étudiant. Là encore,  » les données montrent que le potentiel social des anciens de l’ENA n’a pas faibli sur le long terme, bien au contraire « . Plus grave peut-être, l’écart se creuse entre les énarques qui sont entrés à l’école par le concours étudiant et ceux qui ont intégré l’établissement par le concours interne de la fonction publique.

Si l’ENA n’a pas réussi à diversifier socialement son recrutement, Luc Rouban identifie aussi une autre fracture,  » entre l’élite avec un grand E et une élite plus modeste « . De fait, les étudiants sortis de l’ENA dans la botte, c’est-à-dire les grands corps – inspection des finances, Conseil d’Etat, Cour des comptes – ont un potentiel social de départ supérieur au double de la moyenne des étudiants.  » La fracture est sociale, elle se retrouve aussi dans les carrières futures « , juge le chercheur. Quant aux femmes, si elles sont beaucoup plus nombreuses qu’en 1945, Luc Rouban est formel :  » A niveau de diplôme égal, elles doivent disposer de ressources sociales plus élevées que les hommes pour réussir à entrer à l’ENA. « 

Concours remanié
Nathalie Loiseau, nommée directrice de l’école en 2012, n’a pas attendu cette étude pour constater, elle aussi, que les élèves de l’ENA ne sont pas vraiment représentatifs de la société française dans sa diversité.  » Mais cette situation n’est pas propre à l’ENA, souligne-t-elle. C’est un problème qui touche toutes les grandes écoles. Nous avons tous le même problème : notre système éducatif a la forme d’un entonnoir et nous, nous sommes au bout. « 

Des chercheurs de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) planchent actuellement sur les origines et les parcours des étudiants. Leurs conclusions seront rendues lors d’un colloque fin novembre. Mais selon les premiers éléments, indique Nathalie Loiseau, les élèves seraient favorisés moins par leurs moyens financiers que par leur capital culturel.  » Un tiers de nos élèves a un parent enseignant qui connaît les parcours conduisant à l’excellence, souligne Nathalie Loiseau. Cette connaissance doit être plus équitablement répartie.  » Pour ce faire, l’école envoie ses élèves dans les collèges et dans les lycées pour parler orientation.

Pour respecter l’esprit de 1945, l’école, qui veut continuer à recruter les meilleurs élèves mais avec des profils plus variés, a tout de même remanié son concours. Une des innovations les plus marquantes pour les élèves de la promo 2016-2017, qui passeront prochainement les oraux, est l’introduction d’une épreuve collective d’interaction. L’objectif étant de tester les qualités relationnelles des candidats, identifier leur comportement et leur capacité à travailler en équipe et appréhender  » leur savoir-être « . Pour cette épreuve, pas de programme spécifique et rien à préparer donc.

Dans cette volonté de démocratiser le recrutement, les jurys ont un rôle primordial. Ils suivent désormais trois jours de formation sur les questions de discrimination, la manière d’évaluer les compétences recherchées et d’éviter les préjugés et les idées reçues.

Nathalie Brafman

Les Chiffres
7 000

C’est le nombre de fonctionnaires formés par l’ENA depuis sa création en 1945.

3 179

C’est le nombre total d’étrangers formés à l’ENA à la fin 2012.

1 517

C’est le nombre d’inscrits aux trois concours pour la promotion 2015-2016, pour 90 places.

1 %

C’est la proportion d’anciens -élèves qui font une carrière politique au niveau national,

selon la directrice de l’ENA.


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