Quand la SNCF joue dans la subornation de témoins pour échapper à ses responsabilités

J’ai toujours dit et affirmé que la SNCF était l’entreprise la plus incompétente de France. Elle le montre et le démontre encore aujourd’hui. Suite au drame de Brétigny (7 morts), la SNCF a voulu manipuler l’enquête.

C’est une honte. M. Guillaume Pépy, PDG de la boite, est toujours en poste et est soutenu par son ministre de tutelle.

Il est honteux que les Français continuent à financer cette boite qui n’a jamais su ce qu’était un client et a toujours orienté sa politique à privilégier des salariés enfermés dans un syndicalisme d’un autre âge.

Les faits d’aujourd’hui tendent encore une fois à démontrer mes propos.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 28 janvier 2016

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Accident de Brétigny : la SNCF soupçonnée d’avoir voulu influencer l’enquête judiciaire
Les salariés entendus par la justice auraient été  » briefés  » en amont par la compagnie
La SNCF a  » tout fait pour manipuler l’enquête judiciaire  » sur l’accident de train de Brétigny-sur-Orge, qui a fait sept morts et plusieurs dizaines de blessés graves le 12 juillet 2013, accuse Le Canard enchaîné dans son édition du mercredi 27 janvier.

Le train Intercités Paris-Limoges avait déraillé au passage d’un aiguillage défectueux en gare de la commune située au sud de Paris. Pour étayer son accusation, l’hebdomadaire assure s’appuyer sur de nombreuses pièces contenues dans le dossier d’enquête sur cette catastrophe.

Les journalistes ont notamment eu accès aux comptes rendus d’écoutes téléphoniques de certains responsables de la SNCF. Cette mesure, inédite pour ce type d’enquête, a permis aux enquêteurs de la police judiciaire de détecter leur  » double langage « .

Lors d’une audition, un dirigeant multiplie par exemple les propos lénifiants sur l’organisation des équipes de la maintenance sur place. Mais, en privé, il se lâche.  » Brétigny, c’est des -crevards. Faut tous les foutre dehors ! « , lance-t-il au téléphone.  » Sur le terrain, c’est souvent plus proche d’Audiard que de Proust, justifie un proche du dossier. Cela ne veut pas dire qu’il y a pour autant manipulation de la vérité, et que la SNCF est sortie des clous. « 

Selon l’hebdomadaire, tous les cheminots concernés par l’enquête ont été  » invités à un entretien avec le service juridique  » de la SNCF, suivie d’un débriefing après leur audition par les enquêteurs.  » Moi, je t’invite à ne rien apporter – aux policiers – … Tu viens avec rien. Il faut attendre leurs demandes « , déclare ainsi à un cheminot une cadre du service juridique, chargée de cet  » accompagnement « .

Dans un communiqué envoyé mardi 26 janvier au soir, la SNCF précise que le rôle de la direction juridique de la compagnie est de défendre et d’accompagner ses salariés  » lorsqu’ils sont mis en cause dans l’exercice de leur fonction. C’est le cas pour l’instruction concernant l’accident de Brétigny. Les salariés auditionnés par les juges sont totalement libres de leurs propos et participent à la manifestation de la vérité « .

Ecoutes de cadres dirigeants

Selon une autre source,  » les salariés ont la liberté de choisir la façon de se préparer à ces entretiens. Certains recourent au service juridique, d’autres aux syndicats et d’autres, encore, à des avocats. La SNCF n’intervient pas sur le fond du dossier, mais conseille sur l’organisation des auditions « .

Le Canard enchaîné évoque parallèlement les incitations du service juridique pour modifier un rapport interne sur l’accident, qui évoque le renouvellement d’appareils de voies  » en très mauvais état « . Pour le service juridique, pas besoin d’entrer dans tant de détails :  » On va supprimer “en très mauvais état”, ça n’ajoute rien. On se doute bien qu’on n’est pas en train de régénérer des appareils neufs « , glisse une juriste à l’auteur du rapport.

Ces premiers éléments seront-ils suffisants pour que la justice ouvre une procédure connexe pour entrave à la justice ou subornation de témoin contre l’entreprise publique ? Le procureur d’Evry, interrogé par Le Monde, s’est refusé à tout commentaire.

Cependant, en mettant sur écoute des cadres dirigeants du groupe public, les enquêteurs se sont assurés de la bonne coopération de la SNCF, et non de la seule promesse de coopération de leurs dirigeants.

Enquêter au sein de la SNCF sur un accident aussi dramatique, relève de la gageure. L’entreprise, dotée d’une organisation hiérarchique très forte, ne permet guère aux voix dissonantes de s’exprimer. Un  » consensus  » que la culture de la solidarité cheminote ne fait qu’amplifier. Les écoutes avaient pour objectif d’y voir plus clair sur la qualité des déclarations de chacun afin de préciser les responsabilités précises de chaque salarié.

La justice connaît déjà les raisons du déraillement à Brétigny du train Paris-Limoges. Le train est venu buté sur une éclisse – une grosse agrafe qui maintient deux rails au sein d’un aiguillage. Selon les différentes expertises, une fissure sur cet élément n’avait pas été détectée lors des tournées de surveillance, alors que trois des quatre boulons s’étaient cassés ou dévissés. Bref, un défaut de maintenance sur les voies est à l’origine de l’accident.

Mais qui est responsable de ce défaut de maintenance ? Début janvier, trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont été placés sous le statut de témoins assistés, tandis que SNCF Mobilité et SNCF Réseau sont pour leur part mis en examen.

Philippe Jacqué


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