L’Etat doit s’occuper seul de l’assurance chômage

L’assurance chômage doit être du ressort de l’Etat et de l’Etat seulement. A chacun son boulot : le patronat et les syndicats n’ont pas à s’occuper d’un régime dont ils ne maitrisent absolument pas les cotisations. Le rôle des syndicats est de protéger les salariés, celui du patronat est de protéger les patrons. Par dessus tout cela, l’Etat doit être garant, seul, des cotisations de l’assurance chômage afin de faire en sorte de gérer les chômeurs.

Les chômeurs doivent donc être pris en charge par un seul et même organisme de dédommagement et d’assistanat à la recherche d’un emploi. Cet organisme doit être géré par l’Etat. Il ne sert à rien, voire est néfaste, le fait de faire gérer la recherche et l’indemnisation par deux, voire trois prestataires différents.

De plus, la durée d’indemnisation doit être en adéquation avec le profil à réinsérer. Cette durée doit aller de pair avec une recherche active et motivée de l’emploi : pas question de rémunérer quelqu’un à ne rien faire sans obligations mutuelles ! En ce sens, l’indemnisation doit être fortement réduite pour être redéployée vers la formation.

L’indemnisation des chômeurs ne peut être considérée comme un salaire de substitution ou un droit à ne rien foutre car on a travaillé par ailleurs. L’assurance chômage est une aide au retour à l’emploi et rien d’autre que cela !

C’est une question de crédibilité et d’égalité face aux classes laborieuses de notre pays comme les agriculteurs ou les artisans.

La dégressivité des allocations doit donc être appliquée et peu importe ce qu’en dit la CFDT. Si elle ne veut pas ce principe, rien ne l’empêche de financer la mesure sur ses fonds propres…

Quant aux majorations de certaines entreprises embauchant des contrats courts, je dis attention : rien n’empêche certaines entreprises de délocaliser leur production si elles ont l’impression qu’on les prend pour des vaches à lait.

N’oublions pas que « trop d’impôt, tue l’impôt ».

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 23 février 2016

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Assurance chômage : négociations sous pression
Patronat et syndicats doivent fixer de nouvelles règles pour le régime d’indemnisation, miné par sa dette
La discussion s’annonce ardue et son issue très incertaine. Lundi 22 février, le patronat et les syndicats ouvrent un cycle de négociations pour fixer de nouvelles règles sur l’indemnisation des demandeurs d’emploi – celles prévues dans la convention Unedic actuellement en vigueur expirent le 30 juin. Avant même de confronter leurs vues sur le sujet, les parties en présence ont été mises sous pression par les petites phrases de François Hollande et de plusieurs membres du gouvernement.

Le message adressé aux partenaires sociaux est limpide : il faut redresser les comptes de l’assurance chômage et modifier son fonctionnement pour que les personnes indemnisées reprennent pied dans le monde du travail.

Alors qu’elle avait dégagé un excédent il y a huit ans, l’Unedic a replongé dans le rouge, sous l’effet de la crise qui a détruit 586 000 emplois dans le secteur privé, entre le premier trimestre 2008 et le troisième trimestre 2015, selon un récent rapport gouvernemental  » sur la situation financière de l’assurance chômage « , transmis au Parlement.

Le déficit, pour 2015, devrait atteindre près de 4,5 milliards d’euros (contre 3,7 milliards en 2014). Et la dette, elle, va s’amplifier : de 21,3 milliards d’euros en 2014, elle pourrait passer à 35,1 milliards d’euros en 2018, soit l’équivalent de la quasi-totalité des ressources annuelles du régime. Du coup, la Cour des comptes s’est interrogée, dans un rapport remis à la mi-janvier, sur  » la soutenabilité  » du dispositif.  » Il n’est pas possible d’attendre de la seule reprise de la croissance la résorption de la dette « , a-t-elle mis en garde.

Sur le papier, ce sont les syndicats et le patronat qui gèrent l’Unedic depuis sa création à la fin des années 1950. Mais rien ne peut se faire sans l’aval de l’Etat : son agrément est requis pour permettre l’entrée en application des conventions ficelées par les partenaires sociaux. Et il scrute à la loupe les comptes du régime car ceux-ci sont pris en considération dans le calcul de la dette de la France, au sens du traité de Maastricht. Le gouvernement de Manuel Valls s’est d’ailleurs engagé, vis-à-vis de Bruxelles, sur un montant d’économies de 1,6 milliard d’euros, en 2016 et en 2017, au niveau de l’assurance chômage.

C’est dans ce contexte que le président de la République a invité, le 18 janvier, les organisations d’employeurs et de salariés à mettre au point  » une nouvelle convention « , en rappelant qu’ » en France, la durée d’indemnisation est la plus longue d’Europe  » alors que  » la durée de formation des chômeurs est la plus courte « .  » C’est ce qu’il faut changer « , a-t-il ajouté, en insistant pour tout soit mis en œuvre afin  » que le retour vers l’emploi soit encouragé « .

Quelques jours après, la ministre du travail, Myriam El Khomri, et le ministre des finances, Michel Sapin, ont indiqué que l’idée de verser une allocation dégressive aux personnes privées d’emploi figurait parmi les hypothèses à étudier. Autant d’interventions qui posent question  » sur le libre arbitre laissé aux gestionnaires de l’assurance chômage « , juge Antoine Math, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales.

Le Medef est resté très discret
A ce stade, difficile d’identifier les solutions qui vont émerger. Le Medef est resté très discret sur les propositions qu’il compte défendre – pour en réserver la primeur, assure-t-il, aux syndicats. L’un des négociateurs patronaux, Alexandre Saubot, par ailleurs président de l’Unedic et de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie, se borne, pour l’heure, à livrer des généralités.  » Nous souhaitons que cette négociation débouche sur une réforme structurelle ambitieuse qui permette de faire passer l’assurance chômage dans une logique d’accompagnement et de retour à l’emploi « , dit-il.

Pour le patronat, la dégressivité des allocations constitue l’une des options à examiner, parmi beaucoup d’autres. Mais on voit mal comment elle pourrait être retenue, car la CFDT y est hostile, la trouvant contre-productive en matière de retour à l’emploi. Un avis étayé par une étude de l’Insee diffusée en 2001.

En revanche, la centrale cédétiste n’est pas fermée au relèvement de l’âge à partir duquel les chômeurs peuvent toucher jusqu’à 36 mois d’indemnisation (50 ans, aujourd’hui), contre 24 mois maximum, pour ceux qui ont moins de 50 ans. Mais si une telle mesure était prise, il faudrait envisager une taxation  » pour dissuader les entreprises d’utiliser l’assurance chômage comme un système de préretraite « , souligne la CFDT.

Une orientation semble faire l’unanimité parmi les syndicats : celle consistant à majorer les cotisations sur les entreprises qui recourent aux contrats courts. Elle reviendrait à s’inspirer du principe  » pollueur-payeur « , selon la formule de Franck Mikula (CFE-CGC).

Le dispositif pourrait prendre la forme d’un système de  » bonus-malus « , enchaîne Stéphane Lardy (FO), qui récompenserait les employeurs vertueux (par des prélèvements moindres) et soumettrait à une ponction accrue ceux qui ne le sont pas. La foire aux idées ne fait que commencer.

Bertrand Bissuel


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