Quand des pourritures s’attaquent à des ONG par pur intérêt personnel

Qu’il est facile de dire que des ONG font des crimes contre l’Humanité pour cacher ses propres souhaits de se faire toujours plus de fric sur la santé humaine !

C’est exactement ce qu’il est en train de se produire dans cette affaire où l’on parle de Greenpeace…

Donc, non, contrairement à ce que l’on dit, Greenpeace n’est en rien responsable d’un crime contre l’Humanité car Greenpeace n’est pas responsable de la non commercialisation d’un nouveau riz.

Par contre, comme dirait l’autre : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. ».

C’est ce que font donc certains dans le milieu pour se faire toujours plus de fric sur le dos de la population et si, accessoirement, cela peut engendrer une image négative sur ceux qui préservent véritablement l’intérêt général, c’est toujours ça de gagné !

Puant, vous avez dit puant ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 5 juillet 2016

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Criminel, Greenpeace ?

Ces jours-ci, la presse fait des gorges chaudes d’une lettre ouverte lestée d’une autorité écrasante : elle est signée par une centaine de Prix Nobel. Et si elle fait couler tant d’encre, c’est que l’outrance du message qu’elle véhicule est proportionnelle au prestige de ses signataires. Selon eux, l’organisation Greenpeace est, ni plus, ni moins, coupable de  » crime contre l’humanité « .

L’histoire est simple comme un message publicitaire. Greenpeace s’oppose aux organismes génétiquement modifiés (OGM) et, incidemment, au  » riz doré  » — un riz transgénique présumé capable d’apporter un surcroît de vitamine A. Or, dans les pays du Sud, rappellent les signataires, les carences en vitamine A conduisent à ce que, chaque année, jusqu’à un demi-million de jeunes perdent la vue, voire meurent. Donc Greenpeace est responsable de la mort de ces enfants.

 » Nous appelons les gouvernements du monde à rejeter la campagne de Greenpeace contre le riz doré, en particulier, et contre les cultures et aliments améliorés grâce aux biotechnologies en général, écrivent les Nobel. Et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour s’opposer aux actions de Greenpeace et accélérer l’accès des agriculteurs à tous les outils de la biologie moderne, spécialement les semences améliorées par les biotechnologies.  » La conclusion tombe, terrible :  » Combien de pauvres gens doivent mourir avant que nous considérions cela comme un crime contre l’humanité ? « 

Amalgame

Ces quelques phrases mises bout à bout forment une sorte de bonneteau mental qu’il faut décortiquer. D’abord, elles suggèrent que Greenpeace est coupable d’avoir bloqué la commercialisation du riz doré, se rendant ainsi responsable de la mort de centaines de milliers de  » pauvres gens  » ; ensuite, elles construisent un amalgame entre biotechnologies et action humanitaire, forgeant l’idée que la fonction première des OGM est de sauver des vies. Or tout cela est faux.

Bien sûr, Greenpeace a, et de longue date, fortement critiqué les efforts de l’International Rice Research Institute (IRRI) — l’organisation à but non lucratif basée aux Philippines et chargée de travailler sur les variétés de riz — pour développer le riz doré. L’association écologiste estime ainsi que celui-ci détourne l’attention du vrai problème (la pauvreté et l’accès à une nourriture diversifiée), qu’il échouera, que son innocuité n’est pas prouvée, qu’il ouvrira la porte aux OGM commerciaux, etc.

Il est permis de penser que cette posture montre la face la plus dogmatique et la plus sombre de l’ONG : si la diffusion de cette technologie avait ne serait-ce qu’une chance d’améliorer l’état de santé de millions de gens, pourquoi ne pas essayer ?

Mais, pour essayer, il faudrait que le riz doré soit disponible, et il ne l’est pas.  » En dépit de ce que ces lauréats du prix Nobel ont été amenés à penser, le riz doré n’est pas, et n’a jamais été, bloqué par l’opposition publique ou par Greenpeace, explique l’anthropologue Glen Stone, professeur à l’université Washington de Saint-Louis (Etats-Unis), qui a conduit, quatre années durant, un programme de recherche sur la riziculture aux Philippines. Le riz doré n’est tout simplement pas encore au point. « 

L’IRRI, en collaboration avec l’Institut de recherche philippin sur le riz, a ainsi mené un essai sur plusieurs parcelles en 2012 et 2013, mais le riz doré  » a montré des rendements inférieurs à la même variété dépourvue du transgène « , raconte M. Stone. Les deux instituts n’ont donc pas encore soumis le fameux  » golden rice  » aux autorités de régulation à des fins d’homologation.

Quant à la destruction d’une parcelle expérimentale, en 2013 (par des activistes locaux), précise M. Stone, elle  » s’est produite après l’achèvement de l’essai et n’a concerné qu’une petite parcelle de test, parmi des dizaines « . Greenpeace formule donc des critiques contre les OGM, avec des arguments parfois en rupture avec le consensus scientifique, mais n’est nullement responsable du non-recours au riz doré.

 » Cette histoire semble plutôt relever d’une manipulation de l’opinion publique par l’utilisation de scientifiques qui ne sont pas informés des faits sur le sujet « , conclut le professeur américain à propos de la motion des Nobel. Le mathématicien Philip Stark (université de Californie, à Berkeley) a, de son côté, compté parmi eux  » un Nobel de la paix, 8 économistes, 24 physiciens, 33 chimistes et 41 médecins « .

 » La science repose sur des preuves, pas sur l’autorité, a-t-il ajouté sur Twitter. Que connaissent-ils de l’agriculture ? Ont-ils conduit des travaux pertinents sur le sujet ? « 

L’organisation de la campagne soulève aussi quelques questions. Celui qui contrôlait l’entrée de la conférence de presse de lancement, le 29 juin, au National Press Club de Washington, n’était autre que Jay Byrne, ancien directeur de la communication de Monsanto et désormais PDG de v-Fluence, une firme de relations publiques… Interrogé, M. Byrne assure cependant qu’il s’est  » porté volontaire bénévolement pour aider à la logistique  » et qu’il n’a plus aucun lien d’aucune sorte avec Monsanto.

L’initiative arrive en tout cas au meilleur moment possible pour l’industrie. D’abord, le débat sur l’étiquetage des aliments transgéniques fait rage aux Etats-Unis. Ensuite, le glyphosate – l’herbicide compagnon de la grande majorité des OGM en culture – vient d’être classé  » cancérogène probable  » par le Centre international de recherche sur le cancer. Enfin, les discussions battent leur plein pour savoir si les prochaines générations d’OGM seront soumises à des contraintes réglementaires… Sur tous ces sujets, faites attention à ce que vous direz ou écrirez : selon de nouvelles normes en vigueur, vous pourriez vous rendre complice d’un  » crime contre l’humanité « .

par Stéphane Foucart


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