Qu’on arrête d’emmerder les petits entrepreneurs avec des détails !

Il est louable de s’occuper de la santé des salariés. Mais cela ne doit pas être fait en déployant une paperasserie immonde tout juste bonne à ce que les chefs d’entreprise soient noyés par des tâches allant à l’encontre de leur activité première !

Quand des chefs d’entreprise passent leur temps à remplir de la paperasse, ils passent moins de temps à diriger leurs affaires ce qui peut provoquer, in fine, une grave remise en question de leur activité !

Encore une fois, une mesure les oblige à des procédures administratives lourdes en violant le fameux principe du « mieux qui est l’ennemi du bien ».

Je n’ai pas dans l’idée que nos PME sont un monde sans foi ni loi où tous les salariés en sortent complètement rincés et malades…

Ainsi, à quoi sert-il de déployer cette obligation pour savoir de combien le salarié se voit octroyer de temps à travailler moins pour partir en retraite plus tôt ?

Et encore une fois, la victime est le monde de ces petits patrons et de ces PME qui font tourner la France en n’oubliant pas de payer grassement ces politiques qui ne comprennent rien au monde de l’entreprise en dehors du fait que l’on peut continuer à la saigner à blanc puisqu’elle se tait…

A l’arrivée, un pays qui ne prend plus de goût au travail, prend beaucoup de goût aux 35h et aux subventions chômage grassement payés et un déficit qui s’envole…

A quand un grand coup de balai vis à vis de ces tocards qui nous dirigent en faisant des lois idéologiques inadaptées ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 11 octobre 2016

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Pénibilité : un casse-tête pour les petits patrons

Le gouvernement est confronté à un début de fronde des PME, qui dénoncent une  » usine à gaz « 

Dans son entreprise de construction, Gabrielle est toute l’administration à elle toute seule. Comptabilité, ressources humaines, mise aux normes, département juridique… Rien ne lui échappe. C’est comme ça depuis plusieurs années déjà, depuis que son mari est mort, lui laissant la gestion de la PME familiale à elle et à sa fille, qui espère-t-elle, reprendra la société quand il faudra.

 » Quand on est une petite PME, avec une vingtaine de salariés, il faut être sur tous les fronts, souligne la quinquagénaire, qui préfère conserver l’anonymat. Nous n’avons pas le luxe d’avoir des personnes dédiées comme dans les grands groupes.  » Alors quand elle a vu que les six nouveaux critères à examiner pour le compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P) étaient entrés en vigueur en juillet, elle s’y est d’abord attelée méthodiquement, avant de  » se noyer littéralement dedans « .

 » Les quatre premiers ne nous concernaient pas, mais les nouveaux si, raconte-t-elle. J’y ai passé des nuits, des week-ends, j’ai fait et refait des tableaux. C’est d’une complexité ahurissante. A se demander si la personne qui a conçu ça a déjà mis les pieds dans une entreprise. Le reste du temps, il fallait tout de même que je gère l’entreprise ! « 

Le  » C3P  » est une mesure qui permet aux salariés ayant accompli des tâches pénibles pendant toute leur carrière de cumuler des points. Grâce auxquels ils pourront partir à la retraite de façon anticipée, travailler à temps partiel pour le même salaire, ou encore accéder à des formations afin de se reconvertir vers un métier moins pénible.

Si les quatre premiers critères de mesure de la pénibilité (dont le travail de nuit, par exemple) sont en vigueur depuis 2015, ce sont les six derniers (posture pénible, manutention de charges, agents chimiques…) qui posent problème à Gabrielle en particulier, et au patronat en général. Furieux, le Medef et la CGPME ont bruyamment exprimé leur désaccord à plusieurs reprises, dénonçant  » une usine à gaz  » et appelant même, pour le premier, à la désobéissance civile.

 » Impossible de savoir « 

Une position qui a provoqué l’ire des syndicats et a poussé Myriam El Khomri et Marisol Touraine, respectivement ministre de l’emploi et ministre des affaires sociales, à rappeler Pierre Gattaz, le président du Medef, à l’ordre. Le 4  octobre, lors d’une rencontre avec des journalistes, Mme El Khomri a de nouveau mis le sujet sur la table en accusant le Medef de  » ralentir l’application du compte pénibilité « . Le problème, pour elle, est que les référentiels de branche (sortes de guides visant à faciliter le travail des employeurs) ne sont pas publiés à cause de la pression exercée par le patronat.

 » J’aimerais bien le voir, le référentiel, peste Stéphanie Pauzat, patronne d’une petite entreprise de nettoyage en Normandie, ça me faciliterait la vie.  » Comme Gabrielle, elle n’a qu’une peur :  » Ne pas être dans les clous quand il faudra faire ma déclaration en janvier  2017.  » Selon elle, l’affaire est tellement compliquée qu’il ne saurait d’ailleurs en être autrement.

La difficulté, explique-t-elle, tient au fait qu’il est  » impossible de savoir exactement  » dans quelle posture travaille un de ses employés ou quelle charge il porte.  » Il y a des quotas d’heures par an pendant lesquels le salarié est soumis à tel ou tel critère. Or, dans l’industrie, ils ont des tâches répétitives, donc les employeurs savent. Mais pour nous, c’est bien plus dur. Nos salariés changent tous les jours d’affectation, de tâche. C’est impossible de savoir pendant combien de temps une personne a gardé le bras en l’air et s’il était bien à 45 degrés « , se lamente la responsable, qui songe à indiquer que tous ses salariés sont exposés au risque maximal afin de ne pas avoir de problèmes.

 » Ce sont des critères ergonomiques, ce n’est donc jamais simple, concède Hervé Garnier, secrétaire national de la CFDT chargé de la pénibilité au travail. Un petit patron sans services RH peut trouver cela dur, mais tout a été fait pour les accompagner. Il faut que les choses se fassent, point barre. Ce sont les chambres patronales qui, en ne publiant pas les référentiels, mettent en difficulté les patrons de PME. « 

Tous estiment qu’ils sont pénalisés par la taille de leur entreprise.  » Dans les grandes boîtes structurées, ils ont beau râler, ils trouvent toujours  les moyens de s’en sortir « , considère Benoît Willot, gérant d’une franchise Super U dans le nord de la France. Lui a surtout peur du risque contentieux.  » C’est un sujet supplémentaire sur lequel on pourrait se faire attaquer par les salariés « , prévient-il.

Olivier Boudon, chef d’une petite PME spécialisée dans le chauffage et la plomberie dans l’Essonne, lui, n’en démord pas. La méthode est trop complexe :  » Pour arriver à mettre en place le dispositif, il faudrait que je sois derrière chaque employé pendant toute une journée, plusieurs fois par an. C’est impossible.  » Résultat, le patron a pris une décision radicale : référentiel ou pas, il n’appliquera tout simplement pas la réforme.  » Je suis seul aux manettes, je n’ai tout simplement pas le temps « , déplore-t-il. Ses espoirs, il les place dans le fait que  » l’administration ne pourra jamais contrôler tout le monde « . Et de conclure :  » Ils n’auront pas le temps. Comme nous. « 

Sarah Belouezzane

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