Les économistes sont inutiles et ne servent à rien d’autre que de prédire ce qui est déjà arrivé ! (2/2)

Comme je le disais récemment, l’économiste est par essence et par définition un incompétent, ce, pour les raisons suivantes :

1. L’idéologie guide trop souvent ses recherches. Comme il n’a jamais travaillé en entreprise, il n’a pas les connaissances quant à son fonctionnement de base. Il parle donc, trop souvent, sans savoir, ce qui bride forcément ses propos en avantageant ses propres idées. Il va juste avoir tendance à privilégier les éléments qui vont servir ses opinions, en délaissant les autres.

2. La science économique n’est pas une Science en tant que telle. Car non seulement, elle est éminemment chaotique, mais réentrante (les recherches économiques peuvent influer sur des actions qui peuvent aller à l’encontre ou favoriser ces recherches). Si on prouve que x=3 et que des gens peuvent gagner de l’argent à essayer de démontrer que x=4, ils feront tout pour que x=4 et si x=4, x n’est plus égal à 3… L’économie permet ce genre de choses, on appelle cela de la spéculation. Et quand la spéculation se fait à très large niveau, elle dicte les lois. En mathématiques 1+1 fera toujours 2 même s’il y a de l’argent à gagner à ce que 1+1 fasse 3. On ne peut pas spéculer sur la nature, mais on peut spéculer sur l’économie, ce qui sort forcément la matière de son rang de Science.

3. Il y a eu beaucoup trop de crash économiques au XXe siècle pour que cette simili-science soit fiable. Les économistes ont toujours été très forts pour expliquer les causes après coup… En attendant, l’humain reste l’humain et peut-il être mis en équations ? Absolument pas car au moment où l’équation sera connue, il y aura toujours des petits malins pour modifier l’équation à leur profit. L’humain peut être mauvais et l’économie est un terrain de jeu idéal pour certains malins, raison pour laquelle la science économique ne sera jamais une Science… et tant mieux… Le tout est de le savoir.

La meilleure de ces preuves est que si l’économie était si puissante, les problèmes économiques de la Grèce, du Japon, de l’Espagne et de la France ne seraient pas si prégnants !

Les sciences économiques ne sont qu’une composante de l’étude de l’Humain au sens large du terme, Humain qui ne pourra jamais et ne sera jamais mis en équation car c’est lui qui les invente !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 11 octobre 2016

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Economistes au bord de la crise de nerfs

Particulièrement actif en France, le petit monde des économistes est perpétuellement déchiré entre son engagement politique et ses ambitions scientifiques. Portrait de groupe d’une profession en pleine mutation

Il n’est pas de bonne science sans -controverse. Mais l’économie est-elle une science ? Le livre de Pierre Cahuc et André Zylberberg (Le Négationnisme économique. Et comment s’en débarrasser, Flammarion, 240 pages, 18 euros) a relancé le débat en défendant l’idée d’une science  » objective « , autour de résultats incontestables, parce que issue des méthodes expérimentales qui prévalent en médecine ou en biologie. Une charge contre ceux qui pensent le contraire et se qualifient eux-mêmes d' » hétérodoxes « , mais qui cache un autre clivage, moins scientifique celui-là, le politique. Depuis les débuts de la discipline, au tournant du XIXe  siècle, l’économiste conseille les puissants. C’est pourquoi entre ceux qui prônent le tout-marché (à droite) et ceux qui rêvent du tout-Etat (à gauche), entre les théoriciens purs et les adeptes de la donnée brute, le paysage révèle une infinité d’approches qui illustre le foisonnement de l’économie française. A la veille de la campagne pour l’élection présidentielle, revue de détail de la galaxie française.

Celle-ci est d’abord le résultat d’un  » big bang « , l’explosion du paradigme de  » l’équilibre général « , la théorie économique de Léon Walras (1834-1910) qui posait les dogmes de  » l’efficience des marchés « , où acheteurs et vendeurs aboutissent de façon rationnelle à un  » prix d’équilibre  » grâce à l' » information parfaite  » dont ils disposent. Trop simple. Dans le sillage de John Maynard Keynes (1883-1946), nombre d’économistes ont mis en pièces ces principes pour mettre en évidence les phénomènes de rationalité limitée, d’information asymétrique, de marché incomplet…  » Ce triomphe de l’incomplétude a provoqué la dispersion de la profession, permettant à chacun de partir dans une direction différente « , analyse Pierre Dockès, -professeur à Lyon-II, qui va publier Le Capitalisme et ses rythmes (Les Classiques Garnier), monumentale histoire de la pensée et des faits économiques.

Les uns tentent de retrouver les lois de l’équilibre général et de l’efficience des marchés en convoquant la théorie des jeux et la science des comportements ou en se reposant sur le traitement de millions de données permettant de repérer des enchaînements de causalité. Les autres tentent de modéliser  les imperfections et les déséquilibres pour formuler de nouvelles théories de la dynamique de l’économie.

Tous cohabitent au sein d’établissements, comme l’Ecole d’économie de Paris, l’Ecole normale supérieure, Polytechnique, la Sorbonne ou l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Les sensibilités sont différentes, mais une chose les réunit : les mathématiques et le goût de la modélisation. Ils se retrouvent au sein de l’Association française de sciences économiques (AFSE), l’organisation  » professionnelle  » des enseignants du supérieur, ou dans des réseaux plus amicaux qu’académiques comme le Cercle des économistes. L’Ecole d’économie de Paris regroupe aujourd’hui entre 60 et 70 chercheurs. Après son emménagement dans des locaux actuellement en construction, en février  2017, elle devrait en regrouper 150.  » Une plate-forme où convergeront toutes les approches, de la plus mathématique à la plus pluridisciplinaire, et toutes les méthodes, de la plus théorique à la plus empirique « , affirme Daniel Cohen, vice-président de l’Ecole (et membre du conseil de surveillance du Monde).

Parfois, l’unité est plus forte, comme à l’Ecole d’économie de Toulouse qui s’est construite sur un regroupement de disciples autour d’un maître, Jean-Jacques Laffont puis le Nobel Jean Tirole, et d’une thématique, la modélisation des comportements des agents sur les marchés. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), lui, créé en  1981 par Jean-Marcel Jeanneney pour éclairer le pouvoir socialiste néophyte, puis développé par Jean-Paul Fitoussi, est plutôt l’héritier d’une filiation théorique keynésienne.

tradition marxiste très présente

Le paysage inclut également depuis longtemps une école  » critique  » née dans les années 1970 autour de brillants mathématiciens sortis de Polytechnique, comme Robert Boyer et Michel Aglietta, passés par l’Ecole nationale de la statistique appliquée à l’économie (Ensae) et néanmoins décidés à emprunter aux autres sciences sociales pour enrichir la compréhension critique de l’économie. Une économie considérée comme la résultante d’institutions politiques et de structures sociales, selon la tradition marxiste très présente en France depuis l’après-guerre. C’est l’école dite  » régulationniste « , dont l’héritier, créé en  1967, est le -Cepremap, dirigé aujourd’hui par Daniel Cohen et animé par Philippe Askenazy.

Une autre branche  » critique  » regroupe des économistes comme Jean-Pierre Dupuy, Olivier Favereau, André Orléan, Robert Salais, dans ce que l’on appelle l’économie des conventions, créée dans les années 1980 en partant de l’analyse de la coopération entre individus. André Orléan est le fondateur de l’Association française d’économie politique (AFEP), qui se réclame d’une approche  » pluraliste  » et pluridisciplinaire de l’économie par opposition à ce qu’il dénonce comme le prisme modélisateur et 100  % mathématiques des économistes traditionnels.

Professeur à l’Ecole -supérieure de commerce de Paris (ESCP), Jean-Marc Daniel, qui va publier Trois Controverses de la pensée économique – travail, dette, capital (Odile Jacob), propose une autre généalogie de la diversité des économistes français, qu’il scinde en trois parties. La première, spécificité française, est  » l’économie au pouvoir « , celle des experts de la direction du Trésor, de la direction de la Prévision, de l’Insee et de la Banque de France.

Les économistes universitaires seraient quant à eux marqués par leur rattachement originel aux facultés de droit :  » L’économie est restée pour beaucoup en France une composante de la réflexion générale sur la société.  » C’est de cette tradition qu’est née, soutient Jean-Marc Daniel, la participation directe des économistes aux débats politiques à travers les nombreux think tanks qu’ils animent, d’Attac à Génération libre.

La troisième composante est celle des ingénieurs économistes, héritiers de Walras. Sous l’égide de Maurice Allais (1911-2010), -X-Mines et Prix Nobel d’économie en  1988, des générations d’économistes ont été formées dans les grandes écoles d’ingénieurs françaises grâce au triomphe des mathématiques sur les sciences sociales au sein de la science économique mondiale, américaine en particulier, au début du XXe  siècle.

Car un autre élément structure ce paysage. Les pays qui ne sont pas dominants en matière de science économique, affirme Jean-Marc Daniel, survalorisent les approches  » hétérodoxes  » et  » critiques  » ; ce fut le cas de l’université française face à la domination anglaise et germanique à la fin du XIXe, et face à la domination américaine à partir de 1945. D’où l’apparition du courant post-marxiste et post-keynésien de la théorie de la régulation dans les années 1960-1970.  » Leur force était d’être des mathématiciens, polytechniciens et normaliens « , ce qui leur permettait d’être écoutés par la communauté internationale dans leur volonté de dépasser le marxisme, mais aussi la pensée dominante anglo-saxonne. C’est sous l’aile protectrice d’économistes comme François Perroux, à l’université, ou Edmond Malinvaud, à l’Insee, que cette approche à la fois mathématique et critique a pu se développer, avec d’un côté, les héritiers des deux Nobel Maurice Allais et Gérard Debreu, comme Roger Guesnerie ou Jean Tirole, et de l’autre, les  » régulationnistes  » comme Robert Boyer et Michel Aglietta. Car Boyer, Guesnerie et -Tirole ont un point commun : ils sont ingénieurs  des Ponts, l’école qui produisait alors les économistes les plus prometteurs.

Ces différents milieux vivent en parallèle durant les  » trente glorieuses « . Mais l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir (1981-1995), puis son ralliement au  » tournant de la rigueur « , voit les économistes  » ingénieurs  » s’approcher du champ de  » l’économie au pouvoir  » : Jacques Attali (X-Mines, ENA), Serge-Christophe Kolm (X-Ponts, Cepremap), Jean Peyrelevade (X) rallient la haute fonction publique à l’idée d’un choix cohérent : la relance sans l’Europe ou l’Europe avec la rigueur. Mitterrand tranchera… pour des raisons essentiellement politiques. A l’issue d’un dîner avec François Perroux et Edmond Malinvaud organisé par Jacques Attali, il aurait déclaré à ce dernier :  » Il n’y a -décidément rien à tirer de ces gens-là. « 

gestion des carrières

La victoire de la gauche en  1981 permet aux économistes de briser le monopole du savoir économique détenu par la haute fonction publique – dont ils bénéficient en puisant dans les statistiques de grande qualité cumulées par l’administration – pour produire de la contre-expertise et du débat public. Grâce à leur excellence mathématique, ils se font également une place sur la scène internationale en participant à des réseaux européens comme le Center for Economic Policy Research, créé en  1984, ou en séjournant dans les meilleurs départements d’économie des universités américaines : MIT, Harvard, Berkeley, Stanford, Chicago.

Un domaine échappe néanmoins à cette pluralité, celui de la gestion des carrières, concèdent Pierre Dockès et Daniel Cohen. D’où la querelle de clocher. Les deux institutions majeures sont, d’une part, le jury d’agrégation, d’autre part, la section 5 du Conseil national des universités, qui nomme les professeurs et les maîtres de conférences d’économie. Les membres de la section 5 sont élus par leurs pairs en deux collèges : un pour les professeurs, l’autre pour les maîtres de conférences. La liste qui remporte régulièrement les suffrages du premier collège est dominée, tout comme le jury d’agrégation, par les économistes traditionnels, dits  » mainstream  » (44  % aux dernières élections), contre la liste  » critique  » (26  %) et les listes syndicales classées à gauche (13  %). Les résultats s’inversent pour le second collège. L’AFEP avait demandé, en  2014, que soit créée une section  » Economie et société  » afin de rompre cette domination des économistes  » mainstream  » et d’assurer la promotion d’économistes  » critiques  » et ouverts aux sciences sociales. Le ministère, d’abord favorable, avait fait volte-face sous la pression du -courant dominant, en particulier du Nobel Jean Tirole au nom de l’unicité de la science.

Cet épisode douloureux, mais resté dans l’ombre des querelles institutionnelles, est peut-être l’étincelle qui a mis à nouveau le feu aux poudres jusqu’à déboucher sur le sous-titre vengeur du brûlot de Cahuc et Zylberberg pour évoquer les économistes  » hétérodoxes  » :  » Comment s’en débarrasser ? « 

Antoine Reverchon

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