Quand un directeur du Centre d’études et d’analyse (Cetan) n’a rien compris

Je ne sais pas à quoi sert un politologue. Je ne sais pas non plus la plus-value qu’il peut apporter à la société Française. Je ne sais pas à quoi sert le Cetan. D’ailleurs, j’ai été incapable de retrouver le moindre site Internet ni la moindre information concernant le CETAN, sauf que son directeur est Roland Cayrol… Par contre, je sais que M. Cayrol est au CEVIPOF, organisme public. Bref, la France continue à verser des salaires à des Universitaires dont on a aucune idée de leur utilité et dont leur analyse est largement soumise à caution. Dont acte.

Par contre, je sais que ce Monsieur n’a rien compris à la situation de l’UMP et que ses analyses sont fausses.

Point de départ : l’électorat de gauche, par définition, vote à gauche. L’électorat de droite, par définition aussi, vote à droite. Ainsi, l’électorat de gauche qui vote à droite ne peut le faire que par absence de son candidat de référence, car cet électorat est inamovible, par définition.

Car un électeur de gauche qui vote à droite alors qu’il y a un candidat à gauche, n’est pas un électeur de gauche, car c’est par sa faculté à voter pour son électorat qu’on le définit !

Maintenant, qui fait les élections en France ? C’est le camp des ‘pivots’, des abstentionnistes réguliers, des indécis, des pragmatiques. Ce sont eux, qui décident de l’issue des élections ! Dans tout le paysage politique, il y a des indéfectibles, mais il y a aussi, et ce sont les plus nombreux, des gens qui vont s’intéresser au nom du candidat, à ses pensées, à son programme, qui vont décider de l’issue finale et qui vont influencer directement l’issue du vote.

C’est la même chose aux Etats-Unis : les élections se faisant par Etats, des Etats bénéficient d’un budget très conséquent pour convaincre l’Etat, alors que d’autres seront totalement délaissés. Ces Etats, on les appelle des ‘Swing-States’, car ils peuvent faire basculer leur Etat en tant que vote Démocrate ou Républicain.

C’est la même chose en France : c’est ce que l’on peut appeler le ‘Swing-Electeur’ qui fait les élections.

Revenons-en à nos moutons : notre directeur du Cetan pense qu’il n’y a pas de droit d’inventaire à mener car l’électorat de droite s’en fout. Peut-être. Quid, dans ce cas, du ‘Swing-Electeur’ ? Lui, lors des dernières élections a délaissé la droite pour se reporter sur Hollande. Tout l’enjeu de la droite consiste à ramener dans son camp cet électeur ! Pour le ramener dans son camp, il faut engager le droit d’inventaire et essayer de convaincre à nouveau cet électorat indispensable pour faire gagner les élections.

C’est en ce sens que ce directeur n’a rien compris et qu’il fait une erreur politique grave en affirmant que la ligne de conduite de la droite n’a pas besoin d’être remise en question. C’est au contraire le seul moyen pour la droite de gagner à nouveau les prochaines échéances électorales.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 21 Août 2013

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QUESTIONS à
 » Ce débat est une totale erreur stratégique « 

Roland Cayrol, politologue, directeur du Centre d’études et d’analyse (Cetan)

Pourquoi le droit d’inventaire fait-il quasiment consensus à l’UMP, après avoir été inenvisageable pendant plus d’un an ?

YA l’origine de cette volonté, les ténors de l’UMP se sont demandé : pourquoi a-t-on perdu à la présidentielle ? Comme le débat stratégique sur la pertinence du ton droitier de la campagne n’a jamais été soldé, il reste un vrai  » mystère  » sur les réelles causes de la défaite. La demande d’inventaire illustre la bataille politique interne mais elle ne résout rien sur le fond. Elle ne répond pas à la question stratégique : l’UMP doit-elle se situer à droite toute, ou se tourner davantage vers l’électorat modéré et centriste, comme dans la plupart des grands pays européens ?

Est-ce que, derrière ce débat, se cache un nouvel épisode de la guerre des chefs à l’UMP ?

Absolument. Il n’y a que des stratégies individuelles derrière la volonté de mener l’inventaire du sarkozysme. Il n’y a pas de demande de l’opinion. La majorité des électeurs de droite ont voté pour Nicolas Sarkozy et n’exigent pas cet examen critique.

Pourquoi autant de ténors appellent cet inventaire de leurs voeux ?

Cela tient à des raisons tactiques. Cela permet de critiquer le quinquennat de Nicolas Sarkozy, en disant en gros :  » On aurait pu faire plus et il faudra aller plus loin la prochaine fois.  » Beaucoup de ténors UMP pensent que la droite a gardé trop d’héritages de la gauche, comme les 35 heures, sans oser les affronter. D’après eux, il faut être davantage à droite. Pour ne pas froisser des militants restés majoritairement sarkozystes, ils le disent sans épingler la personnalité de Sarkozy.

A l’UMP, certains pensent que le parti ne peut s’exonérer d’un bilan critique du quinquennat de Sarkozy pour être crédible et refonder un projet présidentiel…

Non, ce débat est une totale erreur stratégique car il ne porte pas sur les questions que les électeurs de droite se posent. Le bilan du quinquennat passé ne sera pas le problème des élections municipales, ni des européennes et encore moins de la primaire de 2016 pour la présidentielle. Mais comme la majorité du parti joue la surenchère sur le thème  » N’ayons pas peur du droit d’inventaire « , chacun est forcé d’y adhérer. L’essentiel n’est pourtant pas là. Les électeurs de droite veulent savoir si l’UMP sera unie, avec un candidat commun. L’autre question fondamentale sera de savoir ce que propose la droite pour la France dans les cinq années qui viennent.

Quels effets un droit d’inventaire peut-il avoir sur un ancien dirigeant voulant effectuer un retour ?

La situation de Nicolas Sarkozy à l’UMP est inédite et passionnante car, à l’exception de Berlusconi en Italie, dans un régime parlementaire, aucun dirigeant occidental sortant, battu, ne s’est représenté. Ailleurs, il y a comme une évidence : dans le cas d’une défaite, la page est tournée. Immédiatement après, on désigne le nouveau leader qui représentera le parti pour la prochaine élection. Comme on a perdu, le bilan est fait, et l’on passe à autre chose. C’est le cas partout, sauf en France.

S’il veut se représenter, M. Sarkozy peut-il s’exonérer d’un bilan critique de son quinquennat ?

Oui, car il ne s’agit plus de revenir sur le passé. Si son retour reste plus que compliqué, ses tentatives de retour ne doivent pas se situer sur ce terrain de l’inventaire. Il s’agit désormais d’affronter la situation actuelle et de savoir ce qu’il faut proposer pour l’avenir.

Propos recueillis par Al. Le.


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