Les maths ne doivent pas servir de leurre à l’incompétence des financiers

Les financiers ont tendance à faire une confiance aveugle dans les maths. Ils pensent que les modèles, car représentant des équations marchant dans certains cas, représentent la martingale absolue. Las, il n’en est rien, car le comportement humain ne peut se mettre en équation, car il est impossible de mettre en équation un comportement humain lié à l’interprétation des équations mathématiques qu’il a mis au point. En clair : le système est hyper-chaotique et hyper-réentrant car le comportement de l’humain face à l’équation n’est pas prise en compte dans l’équation. Tout comme n’est pas pris en compte dans l’équation, le fait que l’économiste n’est pas une machine, mais un humain, qui réagit avec des sentiments et émotions… qui ne sont pas contenues dans l’équation.

Bref, les maths dans la finance, ça ne marche pas… Mais ça a l’air de marcher car d’autres paient la note en cas de crise, donc, on continue car les états mettront toujours la main à la poche pour sauver les banques qui ont été à l’origine de la crise. Jusqu’à quand ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 31 Janvier 2013

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Maths et finances, amours dangereuses

 » DANS LES ANNÉES 1980, on a vu débarquer des financiers américains qui utilisaient nos équations à base de calculs stochastiques « , raconte Gilles Pagès, mathématicien et coresponsable du master de probabilités et finances de l’université Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie et de l’Ecole polytechnique, l’un des plus réputés au monde.  » On explorait avec passion ces nouveaux domaines pour le compte des banques « , poursuit Gilles Pagès.

Parmi ces pionniers, trois mathématiciennes, Nicole El Karoui, Laure Elie et Helyette Geman vont collaborer avec des banques, tout en restant universitaires, et créer des masters spécialisés. Helyette Geman va diriger pendant dix ans le Master 203 de Dauphine. La France va ainsi devenir la première fabrique mondiale de ces mathématiciens financiers, les analystes quantitatifs. Dans le monde, un  » quant « , ou maintenant un  » strat  » (pour  » stratégiste « ) sur trois est français.

Ces techniques, qui ont permis la création des produits dérivés et complexes, seront aussi les instruments de l’emballement du crédit et des audaces excessives qui aboutiront à la faillite de la banque Lehman Brothers en 2008, puis à la fragilisation du système financier mondial.

 » A l’origine, tous ces nouveaux produits dérivés des actions, des obligations et des taux d’intérêt étaient conçus pour couvrir un risque, par exemple de change ou d’évolution des prix, explique Gilles Pagès. Ils ont ensuite, et paradoxalement, été utilisés comme instruments spéculatifs, facteurs de risques.  »  » Les maths sont un maillon de la crise, mais pas décisif « , reconnaissait déjà Nicole El Karoui le 29 mars 2008 dans un entretien au Monde.

I. R.-L.


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