Avait-on besoin d’un tel profil au Ministère de l’Economie ?

On le sait : les banques ont directement été responsables de la crise financière mondiale en 2008.

On le sait aussi : le profil de nos politiques ayant tous fait Science-Po ENA, démontre que celui-ci n’est pas gage de leur professionnalisme. En effet, pas un seul n’a été capable de voter un budget à l’équilibre en plus de trente ans…

La nomination de notre ministre de l’économie pose dès alors question à deux titres puisqu’il a fait Science-Po et ENA et a été banquier !

L’entourage de ce Ministre a beau jeu de dire que ce Monsieur connaît le monde de l’entreprise à ce titre, son argument ne tient pas.

D’abord, la banque est à l’entreprise ce que Mc Donald’s est à la restauration. Aucune entreprise n’a été à l’origine d’une crise financière mondiale… les banques si…
De plus, la banque Rothschild n’est pas la banque de Monsieur ou Madame tout le monde car elle n’est même pas la banque de l’entreprise-tout-le-monde !
Rappelons en effet que le monde de l’entreprise ne se limite pas, loin s’en faut, aux mastodontes du CAC40, qui comme son nom l’indique, ne comprend que 40 membres… alors que le nombre global d’entreprises en France est de près de 3 Millions.

Vous pouvez cliquer ICI pour avoir un aperçu complet de la ventilation de ces entreprises par domaine d’activité. Les chiffres datant de 2011.

Ce Monsieur a travaillé à l’inspection des finances qui n’a pas brillé par sa compétence ces trente dernières années comme je l’ai dit ci-dessus. Aujourd’hui, la France continue à ne pas respecter ses engagements budgétaires et l’Allemagne grogne à raison de cette situation.

Son entrée à la banque Rothschild, il ne la doit pas à ses compétences, mais bel et bien à un carnet d’adresses bien fourni rempli au moment où il exerçait ses fonctions de haut fonctionnaire à l’inspection des finances.

En plus, il est devenu très riche par opportunisme et en rien par le travail ou le talent. Rappelons qu’un banquier se gave sur le travail des autres. Ainsi, gagner de l’argent en pilotant comme gérant de Rothschild le rachat par Nestlé d’une filiale de Pfizer, n’est pas un talent particulier, mais bel et bien un travail d’intermédiaire qui se gave avec un argent gagné sans aucun mérite. On voit aussi que les fusions-acquisitions ne sont en rien la norme des 3 Millions d’entreprises composant notre pays, seule une minorité étant à même d’engager pareille procédure.

Sous un costume de renouvellement, M. Emmanuel Macron est loin d’en être un. C’est un opportuniste qui sera incapable de résoudre les problèmes de la France.

Les hommes passent, la médiocrité reste… A quand un véritable renouvellement ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 28 Août 2014

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Emmanuel Macron L’envol d’un libéral de gauche
Apprécié des chefs d’entreprise, le nouveau locataire de Bercy a eu pour mentors Jacques Attali et Michel Rocard

François Hollande a longtemps résisté à l’idée de le nommer au gouvernement.  » Il n’est pas élu. Pour un ministre, c’est un handicap « , avait déjà balayé le président lorsque Manuel Valls, fraîchement promu à Matignon le 31 mars, avait songé à Emmanuel Macron pour un portefeuille à Bercy. Celui du budget. Peut-être aussi le chef de l’Etat craignait-il que le choix d’un ex-banquier de chez Rothschild, fût-il son ancien collaborateur à l’Elysée, fasse figure de provocation pour une partie de la gauche, deux ans après avoir désigné dans sa campagne électorale la finance comme son  » ennemie « . Les deux hommes, d’ailleurs, n’en ont jamais parlé directement. En habile manœuvrier, M. Macron sait qu’il ne faut jamais être en situation de demander quelque chose à François Hollande.

Lundi 25 août au soir, pourtant, le président s’est laissé convaincre. Le secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Jouyet, n’a eu qu’à énumérer les rares élus possibles et constater la minceur du vivier avant de lâcher tranquillement :  » Si l’on veut quelqu’un qui connaisse bien l’économie, adhère à la politique de l’offre, ait la confiance des entreprises et incarne une nouvelle génération, je ne vois que Macron…  » Manuel Valls y était toujours très favorable. Alors, va pour Macron !  » Il y a eu tout de suite unanimité « , raconte un conseiller du président. Vers 15 heures, mardi, François Hollande l’a appelé pour lui proposer le job. Parfaitement conscient de la tempête politique qu’il allait provoquer.  » J’assume « , a-t-il lâché devant ses collaborateurs. Et c’est ainsi qu’un ancien associé gérant chez Rothschild s’est retrouvé installé, à Bercy, dans le fauteuil d’Arnaud Montebourg, ministre de l’économie obsédé par le colbertisme économique et le dirigisme industriel.

Le nouveau ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique a de fait vite été déniaisé. Une avalanche de réactions hostiles l’a accueilli dès l’annonce du nouveau gouvernement.  » C’est l’officialisation de la domination de la grande finance ! « , a aussitôt tweeté le vice-président du Front national Florian Philippot.  » Un financier technocrate comme ministre de l’industrie va mener notre outil de production à la catastrophe  » a renchéri le député maire de Nice, Christian Estrosi. Les  » frondeurs  » de la gauche, surtout, paraissent considérer sa nomination comme un chiffon rouge.  » Ce n’est pas un bon signe « , répétait sur BFM-TV le député socialiste Jean-Marc Germain.  » Macron le libéral pour remplacer Montebourg = provocation dérisoire « , a réagi sur Twitter le député socialiste Laurent Baumel, appuyé par son collègue Jérôme Guedj fustigeant  » un symbole regrettable « . Le seul message de félicitations remarqué est venu… d’Arnaud Montebourg :  » Bienvenue à Emmanuel Macron avec lequel nous avons travaillé si bien dès les premiers instants du ministère du redressement productif.  » Quelques minutes plus tard, Macron recevait un texto amusé d’Alain Minc, l’un de ses anciens mentors de l’inspection des finances :  » La politique est la seule héritière du surréalisme… « 

Qui pourrait mieux incarner la ligne du nouveau gouvernement que ce jeune homme de 36 ans qui avait largement contribué à élaborer, du temps où il était secrétaire général adjoint de l’Elysée, le pacte de compétitivité en faveur des entreprises à partir du rapport Gallois, puis le pacte de responsabilité, cette fameuse politique de l’offre qui hérisse tant les  » frondeurs  » de la gauche ?  » Il est beaucoup moins libéral qu’on ne le dit « , assure l’ancien enfant de la Gauche socialiste Julien Dray ;  » bien plus à gauche qu’on ne le croit « , soutient son parrain ministériel Jean-Pierre Jouyet. Emmanuel Macron est l’une de ces figures nouvelles du pouvoir, venu au PS à 24 ans avant de faire cet aggiornamento personnel que le parti, une fois aux responsabilités, a tant de mal à admettre. Et, s’il n’est pas un professionnel de la politique au sens où l’entend le président, il est bien la figure la plus politique de cette équipe  » Valls 2 « . L’incarnation de l’inflexion progressive du président vers une posture ouvertement sociale libérale. Il est aussi là pour cela.  » Le président sait qu’il fera parfaitement le job « , glisse-t-on à l’Elysée.

De multiples portraits dans la presse ont déjà maintes fois brossé son parcours, tellement typique de la nomenklatura française, du collège de jésuites d’Amiens au lycée Henri-IV à Paris, de Sciences Po à l’ENA, de l’inspection des finances à la banque Rothschild. Ses copains de promo à l’ENA répartis dans tous les ministères de droite puis de gauche. Son entregent dans les milieux patronaux. Ils ont parfois évoqué son mariage – une rareté, cette fois – avec Brigitte Trogneux, de vingt ans son aînée, rencontrée alors qu’elle était son professeur de français en première. C’est un de ces garçons qui dort peu, travaille beaucoup, réseaute plus encore, parle sans fard et avec brio, charismatique et attentif à ses interlocuteurs.

Sur le plan économique, c’est un pragmatique assez classique.  » Il est pour le respect des grands équilibres et la redistribution autant qu’elle soit possible « , résume un de ses anciens camarades de l’inspection des finances. Il faudrait y ajouter un goût pour l’industrie et une certaine forme de patriotisme économique qui l’ont amené, au tout début de ses engagements politiques, vers Jean-Pierre Chevènement, et qui furent, ces derniers mois, à la source de sa bonne entente avec Arnaud Montebourg. Pour autant, ses vrais mentors sont Michel Rocard et Jacques Attali. Avec le premier, il partage à la fois une relation affective démonstrative – il peut traverser une salle de restaurant pour aller embrasser sur les deux joues l’ancien premier ministre – et une pensée politique et intellectuelle qui l’a amené à s’accorder plus tard avec Manuel Valls.

Le second a fait de lui le rapporteur de la Commission pour la libération de la croissance française initiée par le président Nicolas Sarkozy en 2007. C’est là qu’il a enrichi un carnet d’adresses débuté au temps où il était chargé de mission à l’inspection des finances sous la direction de Jean-Pierre Jouyet et qu’il fit encore grossir dès 2008 en rejoignant la banque Rothschild sur les conseils de l’ancien patron de PPR, Serge Weinberg, un grand ami de Laurent Fabius.

Il aurait d’ailleurs pu devenir fabiusien si ce dernier n’avait pas voté contre la constitution européenne. Il aurait aussi pu rejoindre Dominique Strauss-Kahn. L’équipe de DSK lui avait d’ailleurs commandé quelques notes avant la présidentielle de 2007.  » Mais il ne se sentait pas à l’aise avec le personnage « , rapporte une amie. Le plus étonnant est pourtant qu’il ait choisi François Hollande dès la fin 2008, alors que celui-ci était au plus bas dans les sondages.  » Il n’y avait personne autour de Hollande, et encore moins des types de son profil, explique un proche. Il avait donc moins de concurrents. Mais c’était un pari. Et il l’a gagné. « 

Etait-il en phase avec les promesses de campagne du candidat Hollande ou n’était-il qu’un ambitieux ? Quelques mois avant la présidentielle, il pilote comme gérant de Rothschild le rachat par Nestlé d’une filiale de Pfizer, une transaction à plus de 9 milliards d’euros qui fait de lui un millionnaire, sans que cela change en rien son engagement auprès de ce candidat qui a dit ne pas aimer  » les riches « . Avant le second tour, il se rend aussi à Londres pour rencontrer des expatriés français et minimiser la portée de la taxe à 75 % sur les très hauts revenus.

De la douceur et des bons mots, voilà ce qui a caractérisé le mode de pilotage, habile, de M. Macron dans les méandres de la géopolitique élyséenne. Hémisphère droit du cerveau présidentiel, le secrétaire général adjoint, toujours souriant et urbain, s’entendait parfaitement avec son vis-à-vis de gauche, Aquilino Morelle, nonobstant les divergences idéologiques. Mais aussi avec l’ancien secrétaire général Pierre-René Lemas, ennemi notoire du précédent. Au fond, M. Macron comptait, à l’Elysée, peu d’ennemis, même si sa médiatisation lui valait des jalousies.  » Je pars le cœur léger. Il n’y a pas de trahison des idées auxquelles je pouvais croire « , glissait-il au Monde peu avant son départ de l’Elysée, en juillet. Délicat euphémisme.

Tous ceux qui ont pu le voir en 2012 face au président nouvellement élu ont constaté qu’il était l’un des rares à lui parler sans détour, quitte à se désoler discrètement des circonvolutions de son action économique. Dès le début du quinquennat, il avait plongé dans la crise de la zone euro.  » Sherpa  » économique lors des conseils européens et des différents G8 et G20, il s’est tissé un réseau de relations en Europe et dans le monde, dont il a notamment usé pour plaider auprès de l’Allemagne que la France respecterait l’objectif de retour des déficits publics en-dessous de 3 % du PIB, mais plus lentement que prévu. C’est aussi lui qui a intercédé en faveur des  » pigeons « , ces patrons qui s’étaient élevés contre l’alourdissement de la taxation des plus-values de cession d’entreprise, orchestrant le recul du gouvernement. Et défendu bon nombre de patrons d’entreprises publiques comme Carlos Ghosn (Renault), Stéphane Richard (Orange) ou Henri Proglio (EDF). Après l’expérience mitigée Pierre Moscovici, puis l’épisode fracassant d’Arnaud Montebourg, le gouvernement socialiste a-t-il enfin trouvé son ambassadeur dans les milieux économiques ?  » Il connaît les boîtes, confirme l’Elysée. Les patrons l’apprécient. « 

Pendant deux ans à l’Elysée, il n’a cependant jamais cessé de rencontrer des élus socialistes, prenant parfois deux petits déjeuners, dès 7 h 30 du matin. Une candidature lui avait été proposée dans sa ville natale d’Amiens pour les municipales de 2012. Prudent, il avait décliné.  » L’erreur est de croire qu’il n’est qu’un banquier, assure Julien Dray. Moi qui suis marxiste, il m’a convaincu que la compétitivité de la France était un réel problème et que la politique de l’offre n’était pas un gros mot.  » Il aura pourtant fort à faire pour séduire les  » frondeurs  » de la gauche.  » Macron est un socialiste « , a d’ailleurs cru bon de préciser Manuel Valls, mardi, au 20 heures de France 2.

Avant de quitter l’Elysée, en juillet, Emmanuel Macron, qui caressait alors l’espoir d’une carrière universitaire aux Etats-Unis, avait organisé un pot avec l’ensemble du cabinet présidentiel.  » Je vais prendre un peu de distance, réfléchir, enseigner peut-être « , avait-il lancé, avant de se tourner vers François Hollande :  » Mais dès que vous aurez besoin de moi, je serai là.  » Il n’a pas attendu très longtemps.

Raphaëlle Bacqué et David Revault d’Allonnes


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