Quand les taxis se trompent de cible

Les taxis se trompent de cible. Ce ne sont pas leurs concurrents qui entravent leur profitabilité, mais bel et bien l’état. L’Etat Français, ce n’est pas une nouveauté, déteste les entrepreneurs. Ces patrons ne sont bons qu’à être exploités et ponctionnés.

Résultat, les taxis, qui ne sont rien d’autres que des patrons, morflent. Ils paient des charges énormes et n’arrivent à vivre de leur travail qu’en faisant des heures interminables. La demande est difficilement au rendez-vous : les tarifs sont trop souvent prohibitifs, et ils sont prohibitifs car l’Etat prend les taxis pour des porte-monnaie sur pattes. Bref, c’est le chien qui se mord la queue.

Inutile donc de dire que, dans ces conditions, la moindre concurrence n’est pas vue d’un bon oeil.

C’est une erreur. Cette concurrence peut agir comme autant de poids supplémentaire pour demander à l’Etat de respecter ses entrepreneurs comme il se doit. Le vrai ennemi n’est donc pas la concurrence, car celle-ci est défendue dans la Constitution par la sacro-sainte liberté d’entreprendre. Le vrai ennemi est ce foutu état d’esprit nauséabond consistant à toujours faire passer le patron pour le méchant vis à vis du gentil qui serait le salarié.

Amis taxis, ne vous trompez pas de cible. Demandez à être respectés, à payer moins de charge, à avoir de meilleurs droits sociaux, mais laissez la concurrence jouer car cette concurrence est indispensable à l’intérêt général.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 7 Août 2013

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Les taxis soucieux de protéger leur rente

Il fut un temps où les taxis, suivant l’ordre du général Gallieni, se mobilisaient pour transporter les fantassins de la 7e division d’infanterie vers la première bataille de la Marne. L’été 1914 a ainsi vu triompher leur courage.

Quatre-vingt-dix-neuf ans plus tard, l’été 2013 a vu parader les taxis de la honte. Nul doute que les artisans taxis sont pénalisés par l’effet d’étranglement du numerus clausus créé par le paiement d’une licence hors de prix, et qu’ils souffrent de la montée en puissance constante de la pression fiscale, des charges sociales et de l’idéologie antivoiture de certains maires. Ils ont cependant usé de lobbying, non pour recouvrer plus de liberté mais pour fermer plus encore leur marché en contraignant les  » voitures de tourisme avec chauffeur « , ces transports de personnes qu’on ne peut héler dans la rue mais qu’on peut appeler par téléphone ou via une application mobile, à respecter un délai incompressible de quinze minutes entre la commande et la prise en charge du client.

En forçant les nouveaux entrants à accuser un retard artificiel, le gouvernement s’est fait l’allié de la rente au mépris des bienfaits du pluralisme dans l’offre économique et des intérêts directs des consommateurs et des demandeurs d’emploi (plus de 40 000 emplois pourraient être créés pour rattraper les grandes villes comme New York ou Londres).

La sanction tombe, une fois de plus, sur ceux qui rencontrent un certain succès parce qu’ils ont su faire preuve d’innovation (selon les offres : prix de la course annoncé à l’avance, identification du véhicule approchant par GPS, voiture haut de gamme, chauffeur en costume ouvrant la porte et proposant de l’eau, chargeur de téléphone, amabilité, etc.).

Comment ne pas penser à la fameuse pétition des fabricants de chandelles, bougies, lampes, chandeliers, réverbères, mouchettes, éteignoirs et des producteurs de suif, huile, résine, alcool et généralement de tout ce qui concerne l’éclairage qui, dans les fameux Sophismes de l’économiste Frédéric Bastiat (1801-1850), interpellaient les politiques contre  » (…) l’intolérable concurrence d’un rival étranger placé dans des conditions tellement supérieures aux – leurs – , pour la production de la lumière, qu’il en inonde – leur – marché national à un prix fabuleusement réduit ; car, aussitôt qu’il se montre, – leur – vente cesse, tous les consommateurs s’adressent à lui, et une branche d’industrie française, dont les ramifications sont innombrables, est tout à coup frappée de la stagnation la plus complète. Ce rival n’est autre que le soleil  » ?

Et les détenteurs de la rente – fût-elle, comme pour les taxis, minime – d’en appeler à l’adoption urgente d’une loi ordonnant  » la fermeture de toutes fenêtres, lucarnes, abat-jour, contre-vents, volets, rideaux, vasistas, oeils-de-boeuf, stores, en un mot, de toutes ouvertures, trous, fentes et fissures par lesquels la lumière du soleil a coutume de pénétrer dans les maisons, au préjudice des belles industries dont – ils se – flatt – ent – d’avoir doté le pays, qui ne saurait sans ingratitude – les – abandonner aujourd’hui à une lutte si inégale « .

La France est un pays de rentiers dans lequel la liberté s’est effacée au profit d’égoïsmes jaloux et syndiqués, arc-boutés sur le moindre privilège devenu, en temps de vaches maigres, un acquis immuable. Les richesses anciennes sont bien plus protégées que le profit éventuel d’entrepreneurs innovants. Certaines professions – dites  » réglementées  » – demeurent des bastions inviolables, y compris par la gauche qui, dans ses principes, en appelait jadis à l’égalité des chances et à la suppression des avantages de classe hérités du passé.

La surprotection des taxis, qui sont pourtant plus à plaindre qu’à blâmer – c’est dire l’inefficacité du modèle -, par des mesures kafkaïennes, déjà dénoncées par le rapport Rueff-Armand (1960) et le rapport Attali (2008), est un symbole désolant de la prime sans cesse donnée, dans notre pays, à certains favorisés. Elle révèle un conservatisme dont la puissance est telle que l’Inspection générale des finances a fait mettre sous clé un récent rapport  » explosif « , lu uniquement par le ministre de l’économie et son directeur de cabinet, qui évalue les gains considérables pour les consommateurs, le pouvoir d’achat, l’emploi et Bercy de l’ouverture à la concurrence des professions réglementées.

Les organisateurs de ce secret d’Etat savent qu’une telle réforme inciterait tous les acteurs, historiques comme nouveaux, à proposer le meilleur service au meilleur prix. Malheureusement, le malthusianisme et la peur de voir les rues assiégées par les bénéficiaires des rentes l’emportent toujours sur le courage, la vérité et le réformisme global. Jusqu’à quand ?

Mathieu Laine

Directeur du cabinet de conseil en stratégie Altermind

    Mathieu Laine enseigne à Sciences Po et vient de publier avec le pédopsychiatre Patrice Huerre  » La France adolescente – Et si on la laissait grandir ?  » (Lattès, 260 p., 18 €)

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Et le principe de précaution ?

On se fait beaucoup de noeuds au cerveau pour rien ! D’un point de vue juridique, quoiqu’en dise le Conseil d’Etat, la France est très bien armée : le principe de précaution est écrite dans la Constitution. De plus, on sait très bien que bon nombre d’OGM produisent eux même un insecticide. Il n’est donc pas compliqué que de faire le lien entre la consommation de pesticide et le principe de précaution pour casser la décision Européenne !

En droit, le principe de précaution équivaut à une inversion de la charge de la preuve. Cette inversion est déjà de mise en matière de droit social, dans le cas, en particulier, de harcèlement au travail. Les juristes ont donc toutes les armes pour fournir au Conseil d’Etat un dossier complet permettant d’interdire le Maïs sur le sol Français, or, le Conseil d’Etat persiste dans le fait de vouloir autoriser la culture de ce produit !

La situation de notre pays est donc dingue : non seulement l’incompétence de nos politiques est manifeste pour gérer le budget de l’Etat (pas un seul budget à l’équilibre en 30 ans), mais, pire, ils sont aussi incompétents dans les matières juridiques ! Un comble quand on sait que Science-Po et Ena sont des formations juridiques !

Décidément, la France est bien malade de l’incompétence de ses dirigeants !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 03 Août 2013

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Le gouvernement face au casse-tête des OGM
Le Conseil d’Etat a annulé pour la deuxième fois en deux ans l’interdiction du maïs transgénique MON810

Mêmes causes, mêmes effets : le 28 novembre 2011, le Conseil d’Etat annulait l’arrêté interdisant la culture du MON810, le maïs transgénique de Monsanto, sur le sol français et la ministre de l’écologie de l’époque, Nathalie Kosciusko-Morizet, annonçait sur le champ que le gouvernement prendrait une nouvelle mesure d’interdiction. Jeudi 1er août, rebelote : le Conseil d’Etat a cassé le nouvel arrêté d’interdiction, pris le 16 mars 2012, et le gouvernement s’est aussitôt engagé à  » maintenir le moratoire sur la mise en culture de semences OGM « .

Cette décision du Conseil d’Etat est tout sauf une surprise. Non seulement l’audition du 5 juillet du rapporteur public ne laissait guère planer de doutes sur les conclusions de la haute juridiction, mais même les opposants les plus farouches aux organismes génétiquement modifiés ne se faisaient pas d’illusions, reconnaissant depuis le début que les bases juridiques de l’arrêté d’interdiction de 2012 étaient bien fragiles.

Le Conseil d’Etat a jugé que Bruno Lemaire, le ministre de l’agriculture qui avait pris l’arrêté, a commis  » une erreur manifeste d’appréciation « . La haute juridiction estime qu’il n’a pas été en mesure d’apporter des éléments nouveaux,  » reposant sur des données scientifiques fiables  » et  » permettant de conclure à l’existence d’un risque important mettant en péril de façon manifeste l’environnement « , ainsi qu’il aurait dû le faire pour justifier la mesure d’interdiction au regard du droit européen.

L’annulation de l’arrêté ministériel ouvre théoriquement la possibilité d’un retour dans l’hexagone du MON810, autorisé dans l’Union européenne depuis 1998. Théoriquement seulement. Stéphane Le Foll, le ministre de l’agriculture, et Philippe Martin, son homologue de l’écologie, qui s’était opposé aux OGM en tant qu’élu du Gers, ont immédiatement fait savoir qu’ils avaient demandé à leurs services de  » travailler sur de nouvelles pistes  » afin qu’une nouvelle mesure d’interdiction soit prise  » avant les prochains semis « , prévus au printemps 2014.

Les experts du dossier, qu’ils travaillent pour le compte des partisans des OGM ou de leurs opposants, ne voient pas d’autre piste juridique qu’un nouvel – et troisième – arrêté d’interdiction.  » Il va falloir recommencer mais mieux étayer l’argumentaire, en s’appuyant par exemple sur l’insuffisance des études sanitaires et environnementales « , estime Michel Dupont, attaché parlementaire de l’eurodéputé José Bové (EELV). L’Union européenne a fixé, en février, de nouvelles règles d’évaluation des OGM, imposant des tests de toxicité à 90 jours.

Un nouvel arrêté ne serait-il pas condamné à connaître le même sort que ses prédécesseurs, dont le premier avait été annulé en raison d’un choix de procédure juridique considéré comme erroné ?  » Tant que l’on aura une réglementation européenne telle que celle qui existe aujourd’hui, l’Etat français ne pourra prendre que des décisions illégales, sauf à parvenir à démontrer l’existence d’un risque avéré « , affirme Maï Le Prat, avocate de l’association générale des producteurs de maïs (AGPM), un des organismes qui avaient déposé la requête en annulation devant le Conseil d’Etat.

Le gouvernement hérite donc d’un dossier brûlant, rendu encore plus complexe par le blocage du système européen d’autorisation de la mise en culture d’OGM. Huit Etats-membres – en plus de la France – ont interdit le MON810, selon des procédures aussi fragiles et dont certaines sont en voie d’annulation, sans que Bruxelles n’intervienne pour faire respecter la réglementation communautaire.

La Commission semble décidée à ne plus bouger tant que son projet de réforme du système d’autorisation, lancé en 2010 par le commissaire européen chargé de la santé, restera bloqué par les divisions des Etats-membres. Ce projet prévoit de donner la possibilité à chaque Etat d’interdire sur son territoire la culture d’un OGM autorisé au niveau européen, et ce sans avoir à s’appuyer sur des arguments scientifiques, comme aujourd’hui.

En France, l’impasse actuelle pourrait cependant conduire les différents protagonistes à explorer une nouvelle voie, en s’éloignant du terrain scientifique.  » Il est temps de se poser la question de la nécessité socio-économique des OGM pour l’agriculture européenne « , estime Michel Dupont. Dans l’autre camp, Luc Esprit, directeur général de l’AGPM, affirme que son organisme s’opposerait par la voie juridique à un nouvel arrêté d’interdiction, mais se dit prêt à envisager un gel de la situation,  » à condition que l’on se mette autour d’une table pour discuter de ce que l’on attend des OGM et des perspectives en terme de recherche « .

Cet énième rebondissement du feuilleton MON810 survient alors que l’Union européenne semble plus que jamais une terre hostile à la culture des OGM, que la culture du maïs de Monsanto y est marginale (et essentiellement concentrée en Espagne) et que le groupe américain a annoncé mi-juillet sa décision de retirer ses demandes d’homologation d’OGM destinés à la mise en culture en cours auprès des autorités européennes.

Martine Valo et Gilles van Kote

    Depuis 2011, plusieurs arrêtés d’interdiction annulés

    22 avril 1998 La Commission européenne autorise la mise sur le marché du MON810, un maïs transgénique développé par le groupe américain Monsanto.

    5 décembre 2007 Le gouvernement français décide d’une clause de sauvegarde vis-à-vis de cet OGM qui produit une toxine insecticide destinée à détruire certains ravageurs. Il en suspend la culture, puis l’interdit le 13 février 2008.

    8 septembre 2011 La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) estime que Paris n’est pas fondé à décréter une telle interdiction, sauf en cas d’urgence et de risque important pour la santé ou l’environnement.

    28 novembre 2011 Le Conseil d’Etat s’aligne sur l’interprétation de la CJUE et annule les deux arrêtés de 2007 et 2008.

    16 mars 2012 Le gouvernement prend un nouvel arrêté d’interdiction du MON810, s’appuyant sur un avis récent de l’Agence européenne de sécurité des aliments, le Haut conseil français des biotechnologies et une étude suisse.

    1er août 2013 Le Conseil d’Etat, compte tenu de la jurisprudence européenne et faute d’éléments nouveaux scientifiquement solides, annule l’arrêté français.

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Les plus imbéciles, ce sont les électeurs

M. Duron est donc le roi des cumulards. Une honte pour la démocratie. Une honte que l’électeur a lui même créé car ce Monsieur ne s’est pas bâti sa situation de cumulard professionnel tout seul ! Il faut que l’électorat comprenne qu’un tel cumulard ne peut pas travailler pour eux en ayant une telle charge de travail et que vôter pour un tel délinquant va très clairement à l’encontre de l’intérêt général !

La démocratie ne peut se permettre que de tels cas puissent être possibles en France à payer une fortune des personnes qui ne font pas leur travail correctement ! Mesdames et Messieurs les électeurs, soyez responsables et votez pour une autre personne que ces voyous qui ne savent que profiter indument du système !

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Philippe Duron désigné « roi du cumul » par le Parisien-magazine

Le Parisien-magazine a décerné à Philippe Duron député-maire de Caen, la palme du cumul des mandats, à l’occasion d’une enquête publiée ce vendredi.

Par Laurent Quembre
Publié par France 3 Basse Normandie, le 08/02/2013 | 16:30, mis à jour le 08/02/2013 | 17:28

Le maire socialiste de Caen occupe la première place du palmarès dressé par le Parisien-magazine, qui a mené une grande enquête sur le cumul des mandats en France.
Avec 4 mandats et 24 fonctions, Philippe Duron se classe premier, devant Gérard Larcher (UMP) et André Santini (UDI).

Le journal rappelle que Philippe Duron, est maire de Caen, Député du Calvados, qu’il est aussi à la tête de l’agglomération Caen-la-Mer et de Caen Métropole, qui gère l’aménagement du territoire pour 143 communes.
Philippe Duron préside également la Conférence de l’arc atlantique, censée promouvoir une trentaine de villes côtières en Europe, et le conseil d’administration de Normandie Aménagement, une société visant à soutenir des projets immobiliers.
Le maire de Caen préside aussi le mémorial de la bataille de Normandie et administre le Comité pour l’organisation des manifestations touristiques et économiques de Caen. A quoi s’ajoute une vingtaine d’autres fonctions….

Ce titre de « roi du cumul » de Philippe Duron a suscité des commentaires sur Twitter. Quelques exemples :
Le cumul des mandats de Philippe Duron lui vaut régulièrement des attaques de ses adversaires politiques. Comme ce fut le cas en septembre 2012, quand Philippe Duron a été nommé à la tête du conseil d’administration de l’agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF). Le président du MoDem 14, Philippe Lailler, avait ironisé sur cette nomination, comme le rappelle Ouest-France.

Le cumul, une tradition française

En France, explique Le Parisien, 83 % des parlementaires sont des « cumulards » : 476 députés (sur 577) et 267 sénateurs (sur 348) sont à la fois titulaires d’un mandat parlementaire – député ou sénateur – et d’un mandat exécutif local – maire ou maire-adjoint, président ou vice-président du conseil régional, président ou vice-président du conseil général.

Lors de ses vœux aux parlementaires, début janvier, François Hollande a annoncé une loi limitant le cumul des mandats politiques.
Elaboré par le ministre de l’Intérieur, Manuel Vals, le texte devrait être présenté au conseil des ministres le 27 février ou le 6 mars.

Il faudra plusieurs mois avant qu’il soit voté, voire plus … Car ce projet de loi provoque l’hostilité de nombreux élus, de tous bords politiques.

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L’exploitation du gaz de schiste trouve ses limites aux Etats-Unis

Ainsi donc la vérité se fait cruelle vis à vis des partisans du gaz de schiste : le filon risque de ne pas être exploitable car la nature se rebiffe. A force d’être dans une politique énergétique du ‘toujours plus’, toutes les sources énergétiques des Etats-Unis subissent un retour de vis sévère.

Il faudra donc bien penser, à moment ou à un autre, à purement et simplement réduire sa consommation énergétique. La climatisation pose un vrai problème, quand des solutions alternatives existent… mais peuvent être moins confortables il est vrai.

Que voulons-nous ? Faire des efforts ou subir de plein fouet les affres de mère nature que l’on aura largement initiées ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 31 Juillet 2013

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Le parc énergétique américain est vulnérable au changement climatique
Selon un rapport fédéral, la production souffrira de plus en plus des sécheresses, tempêtes et inondations

La multiplication d’événements climatiques extrêmes comme l’ouragan Sandy, qui a frappé New York en octobre 2012, constitue une menace sur le système énergétique américain. C’est la conclusion d’un rapport que le département de l’énergie a consacré mi-juillet à la vulnérabilité du secteur américain de l’énergie au changement climatique et à la multiplication des sécheresses, tempêtes et autres inondations.

Ce document, qui compile des dizaines d’études réalisées depuis le début des années 2000, a été publié un mois après l’annonce de son plan climat par le président Obama. Il met en évidence les inquiétudes de l’administration américaine concernant la sécurité énergétique à l’horizon 2060.

Depuis 1900, les températures moyennes annuelles ont augmenté de 0,8 oC aux Etats-Unis, ce qui s’est traduit par des épisodes de sécheresse et de canicule plus nombreux et plus longs. Pendant l’été 2012, 60 % du pays a connu un déficit en eau. Parallèlement, les tempêtes se multiplient. Ces phénomènes ont déjà entraîné des coupures d’électricité de plusieurs jours pour des millions de personnes.

Surtout, les infrastructures de production sont souvent situées dans des zones sensibles aux aléas climatiques. Or, les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat sont claires : la situation va s’aggraver. Le National Energy Technology Laboratory, basé à Pittsburgh (Pennsylvanie), estime que 350 centrales thermiques – 60 % du total – ont été construites dans des zones où l’eau devient rare, alors que d’importantes quantités sont nécessaires pour les refroidir. Actuellement, 90 % de l’électricité du pays est produite à partir de centrales fonctionnant au gaz, charbon, fuel.

Avec le réchauffement des températures, leur production devrait baisser significativement pendant les mois d’été. D’ici à 2060, la moyenne des capacités estivales devrait décroître de 4,4 % à 16 %, selon le modèle climatique utilisé.

Les sécheresses limitent également les capacités de production de certaines centrales hydroélectriques. A l’été 2010, les précipitations anormalement faibles sur le bassin-versant de la rivière Columbia ont engendré une diminution des quantités d’électricité distribuées par la Bonneville Power Administration, l’agence fédérale américaine qui fournit l’électricité dans le nord-ouest du pays. L’entreprise y a perdu 164 millions de dollars (124 millions d’euros).

Quant à l’extraction des gaz de schiste, très gourmande en eau, elle aussi est menacée par l’aridification. En juillet 2010, cette activité a été suspendue, faute d’eau disponible, au Kansas, au Texas, en Pennsylvanie et dans le Dakota du Nord.

Mais la baisse du niveau de l’eau n’est pas la seule crainte des experts : sa température pose aussi problème. Déjà, les incidents se multiplient : en août 2012, la centrale nucléaire de Millstone (Connecticut) a été contrainte de stopper un de ses deux réacteurs, car la température de l’océan dans le détroit de Long Island était trop élevée pour le refroidir. Un arrêt inédit depuis sa mise en service, en 1970.

Les deux semaines d’interruption ont entraîné une baisse de production de 255 000 mégawatts-heures et coûté des millions de dollars. Un tel incident s’était déjà produit en Alabama et dans l’Illinois entre 2007 et 2012.

L’intensification des vagues de chaleur va aussi conduire à des pics de consommation d’électricité provoqués par l’usage massif de climatiseurs que les installations existantes seront incapables d’alimenter. Le Laboratoire national d’Argonne, un des plus importants centres de recherche des États-Unis, estime qu’il faudra construire d’ici à 2050 de nouvelles structures pour produire 34 gigawatts supplémentaires dans l’ouest du pays, pour un coût total de 45 milliards de dollars.

Les infrastructures situées sur les littoraux sont très vulnérables à l’élévation du niveau des mers et aux tempêtes. En octobre 2012, des centrales thermiques du nord-est du pays ainsi que des raffineries et des oléoducs ont été endommagés par l’ouragan Sandy. Plus de 8 millions de personnes se sont trouvées privées de courant. Selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), ces événements extrêmes devraient être plus nombreux dans le futur : globalement, les épisodes de fortes précipitations seront deux fois plus fréquents d’ici à la fin du siècle.

Les phénomènes météorologiques qui occasionnent des dégâts supérieurs à 1 milliard de dollars se sont beaucoup accrus ces trente dernières années : 2011 et 2012 ont ainsi été les deux années les plus  » chères  » de l’histoire du pays.

Le rapport du département à l’énergie se contente de lancer quelques pistes de réflexion pour rendre les infrastructures moins vulnérables, notamment l’adoption de nouvelles technologies, comme la réutilisation des eaux usées pour rafraîchir les réacteurs.

Olivier Mary

    Les centrales nucléaires françaises sous surveillance

    Dans l’Hexagone, ni les premières restrictions d’usages de l’eau (en vigueur depuis le 26 juillet en Ardèche) ni les fortes températures récentes ne justifient d’alerte, indique EDF, qui assure une  » surveillance permanente  » des conditions météorologiques et hydrométriques. Le fonctionnement des 58 réacteurs français, dont 44 en bord de fleuve, peut être affecté soit par une sécheresse rendant le débit des cours d’eau insuffisant pour la dilution des effluents radioactifs, soit par une canicule conduisant à un dépassement des limites réglementaires de chaleur des eaux rejetées dans les fleuves après avoir refroidi les réacteurs. En 2003 et 2006, des dérogations avaient été accordées à certaines centrales, et plusieurs réacteurs avaient été arrêtés. Aucune demande de dérogation n’a pour l’instant été faite à l’Autorité de sûreté nucléaire, précise EDF.

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Les preuves s’accumulent contre Bernard Tapie

Décidément, les preuves s’accumulent pour démontrer l’escroquerie liée à l’affaire Tapie. Mieux, comme il y a eu, sans aucun doute, collusion de l’Etat par l’intermédiaire de son président et d’une Ministre de l’Economie, on peut parler de trahison envers le citoyen !

En effet, Sarkozy a abusé de sa fonction pour rétribuer M. Tapie avec les deniers du citoyen : cela s’appelle une trahison.

M. Sarkozy et Mme Lagarde devront être traduits devant la justice pour ces états de fait.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 30 Juillet 2013

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Affaire Tapie : les courriers qui révèlent l’escroquerie
Les juges pensent avoir trouvé des documents prouvant que l’arbitrage Adidas était truqué, et ont saisi des lettres adressées aux proches de Nicolas Sarkozy

Les trois juges parisiens chargés d’enquêter sur l’arbitrage Tapie pensent enfin tenir les documents susceptibles d’étayer leurs soupçons d' » escroquerie en bande organisée  » dans l’affaire Adidas. Il s’agit de deux lettres, rédigées par l’avocat de Bernard Tapie, Me Maurice Lantourne, et adressées les 5 et 12 septembre 2006 à… Pierre Estoup, celui-là même qui allait, quelques mois plus tard, signer une déclaration d’indépendance et rédiger dans sa quasi-globalité la sentence arbitrale accordant 405 millions d’euros à M. Tapie, le 7 juillet 2008.

Dans ces courriers, dont Le Monde a eu connaissance, il est exclusivement question du conflit entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais, lié à la vente d’Adidas. Or, ces deux hommes, financièrement intéressés au résultat de l’arbitrage Tapie – Me Lantourne a perçu 2,5 millions d’euros d’honoraires, et M. Estoup, près de 300 000 euros pour son rôle d’arbitre -, avaient pourtant assuré aux enquêteurs ne jamais avoir abordé ce sujet avant l’arbitrage.

Pour obtenir ces documents cruciaux, les juges Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut se sont rendus en perquisition, à trois reprises, les 3, 4 et 8 juillet, au cabinet d’avocats Fried Frank, dans le 8e arrondissement de Paris. Me Maurice Lantourne, le conseil de Bernard Tapie, y a travaillé de 2006 à 2009. Or l’arbitrage a été évoqué officiellement le 30 janvier 2007, pour se conclure, le 7 juillet 2008, par la sentence controversée. Les juges se sont fait remettre les courriers internes, fiches de travail et autres courriels de cette période, ayant trait à l’affaire Tapie.

La saisie a été contestée par le délégué du bâtonnier de Paris, et il a fallu qu’une juge des libertés et de la détention, la vice-présidente Annie Rochet, se prononce sur la possibilité de verser ces pièces en procédure. Le 12 juillet, dans une ordonnance détaillée, la juge Rochet a donné raison aux magistrats. Elle cite notamment le  » document 45, une lettre de Me Lantourne à M. Estoup datée du 12 septembre 2006. (…) Elle est en contradiction avec les déclarations des intéressés relatives à leurs liens.  » Effectivement, le 6 novembre 2008, déjà suspecté d’avoir eu des relations commerciales avec Me Lantourne, M. Estoup avait dû s’expliquer auprès des conseils du Consortium de réalisation (CDR), la structure chargée de gérer le passif du Crédit lyonnais.

M. Estoup encourait une possible récusation, et Bercy s’interrogeait alors sur un éventuel recours contre la sentence. Il avait simplement admis avoir participé avec Me Lantourne à trois arbitrages déjà anciens, entre 1999 à 2002. Il avait ajouté :  » Je n’ai délivré aucune consultation, aucun avis, ni reçu aucune note dans le dossier faisant l’objet du présent arbitrage.  » Il a aussi assuré, le 19 décembre 2012, devant la Cour de justice de la République, qui examine le rôle de l’ex-ministre de l’économie, Christine Lagarde, dans cette affaire :  » Je n’ai jamais eu l’occasion de connaître de contentieux ayant pu intéresser Bernard Tapie.  » Le 8 octobre 2008, pour sa part, Me Lantourne avait écrit au CDR :  » Je n’ai jamais consulté M. Estoup…  » L’affaire s’était arrêtée là.

Depuis, les magistrats ont établi que les deux hommes avaient travaillé sur les mêmes dossiers à au moins neuf reprises, et pas trois. Et voilà maintenant que les juges disposent de ces fameux courriers de septembre 2006. Car dès le 5 septembre 2006, Me Lantourne écrit à Pierre Estoup. La lettre porte comme référence  » Aff. BT « . Il joint à cette missive toutes les pièces essentielles afférentes au conflit Tapie/Crédit lyonnais. Le 8 septembre 2006, comme l’atteste l’agenda de l’avocat, il rencontre M. Estoup. Avec cette mention :  » Quid dossier « . A l’époque, selon ses propres dires, il est pourtant censé ne plus travailler avec le futur arbitre depuis quatre ans.

Une semaine plus tard, le 12 septembre 2006, il s’adresse donc à nouveau à Pierre Estoup, cette fois pour lui adresser une note rédigée par ses soins et relative à l’affaire Tapie. Il y souligne qu' » il paraît aujourd’hui opportun de mettre un terme à la liquidation judiciaire  » et assure que les  » fautes commises par le CDR et le Crédit lyonnais sont extrêmement graves « .

Les juges n’ont plus guère de doute : pour eux, les deux hommes ont partie liée. Une conviction renforcée par une autre découverte, issue elle aussi de la perquisition. Le 1er octobre 2004, un confrère de Me Lantourne lui demande, en vue d’organiser une réception, une liste de ses invités personnels. Me Lantourne transmet en retour, le 8 octobre, un listing d’une vingtaine de personnes qu’il souhaite voir conviées. Parmi celles-ci… MM. Tapie et Estoup. La juge Rochet en conclut que l' » on peut y apprendre que B. Tapie et P. Estoup étaient invités à la même réception « . Quatre ans avant l’arbitrage. Et six ans après l’intrigante dédicace adressée en 1998 par M. Tapie à M. Estoup :  » Votre soutien a changé le cours de mon destin… « 

Mais les enquêteurs s’intéressent aussi à un deuxième arbitre de l’affaire Tapie, l’avocat Jean-Denis Bredin. La juge Rochet note d’ailleurs dans son ordonnance :  » On peut s’interroger sur la neutralité de JD Bredin.  » C’est que Me Lantourne a également adressé des courriers à son confrère, et ce bien avant qu’il ne soit désigné arbitre. Egalement référencée  » Aff. BT. « , une missive est rédigée le 25 avril 2006. Suivie d’une autre, le 29 septembre 2006, où Me Lantourne, à la demande de M. Tapie, transmet à Me Bredin le  » projet d’avis de M. Lafortune, avocat général à la Cour de cassation « . Comment le camp Tapie a-t-il eu connaissance de ce qui n’est encore qu’un  » projet « , rédigé par le magistrat Maurice Lafortune, le concernant ? La Cour de cassation se prononcera en octobre 2006, son arrêt faisant repartir la procédure de zéro.

Longuement interrogé le 3 juin, notamment sur l’activisme de Me Lantourne, Me Bredin s’en est pris à M. Estoup, à qui il avait pourtant consacré une dédicace l’assurant de ses  » très fidèles amitiés « .  » Le comportement de M. Estoup dans ses relations avec Me Lantourne et Bernard Tapie n’est pas normal « , a-t-il dit. S’il n’a aucun souvenir des courriers que lui a adressés Me Lantourne, il se rappelle en revanche des conditions dans lesquelles fut rédigée la sentence. M. Estoup, dont il juge les avis  » partiaux « , a  » fait la rédaction du travail préparatoire de la sentence dans sa quasi-totalité « . Pierre Mazeaud, le président ?  » Il a fait ses observations, mais oralement.  » Et ce fameux  » préjudice moral « , soit les 45 millions d’euros accordés au couple Tapie ? Il se souvient que l’un des arbitres  » trouvait que cela n’était pas assez « .  » M. Estoup ? « , risquent les policiers.  » Oui « , répond Me Bredin.

Sollicité par Le Monde, M. Estoup n’a pas souhaité s’exprimer. M. Lantourne, quant à lui, a appelé à  » la plus grande prudence sur les documents saisis, qui ne sont parfois que des projets de lettres. Par ailleurs, je maintiens n’avoir jamais demandé à M. Estoup de travailler en 2006 sur ce dossier. « 

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

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Peut-on se payer le luxe de soutenir les sciences humaines ?

Petit rappel : notre pays compte près de 3 millions de chômeurs. Ainsi, la question peut se poser crument : peut-on encore se payer le luxe de soutenir les sciences humaines ? Non ! En priorité, il faut s’attacher à offrir une formation qui soit en phase avec les besoins du marché. Si une matière n’est pas demandée par le marché, ou pas suffisamment, il ne faut pas s’appesentir plus avant : il faut purement et simplement la supprimer.

Par la suite, si le besoin se fait ressentir d’avoir de telles compétences, la formation devra être apportée par la filière continue, non la filière initiale.

La priorité doit être donnée à l’emploi, non à l’idéologie donnée à telle ou telle formation. Il faut être pragmatique, car c’est comme cela que l’on conduit un pays.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 16 Mai 2013

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Le gouvernement prépare un plan de soutien pour les sciences humaines
Certaines disciplines, notamment les langues rares, sont en train de disparaître

En France, les sciences humaines et sociales (SHS) sont souvent stigmatisées sur le plan de la recherche, par opposition aux sciences dures (physique, mathématiques), mais aussi au prétexte qu’elles ne produiraient que des chômeurs.  » On ne s’est pas assez occupé des sciences humaines et sociales « , reconnaît Geneviève Fioraso. La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche devait annoncer lors du premier Salon Innovation SHS, jeudi 16 et vendredi 17 mai, qui entend valoriser la recherche dans ces domaines, un plan global de soutien et de repositionnement des SHS.

L’un des volets de ce plan concernera l’insertion professionnelle.  » Le problème n’est pas tant de trouver un emploi. Il est plutôt sur l’adéquation entre le diplôme obtenu et le travail occupé « , souligne la ministre. En cause, les filières qui ne préparent qu’à un seul métier dominant, par exemple l’histoire, qui conduit au métier de l’enseignement. Pourtant seuls 11 % des étudiants s’orientent vers ce métier. Résultat : c’est la filière qui a la plus faible qualité d’insertion. Le taux de contrat à durée déterminée est de 42 % et seulement 50 % ont un statut cadre. Chez les étudiants en langues, lettres et arts, ce taux tombe à 42 %.

La psychologie n’a pas non plus très bonne réputation en matière d’insertion. Si les étudiants de la filière trouvent un emploi à plus de 90 %, ils sont moins de 10 % à être psychologues professionnels. Cela signifie que, pour la plupart, leur insertion n’a pas été prise en considération dans leur formation, et encore moins préparée. Une consolation : ils sont peu touchés par la déqualification (82 % ont un niveau cadre), mais le pourcentage de contrats à durée indéterminée n’est pas bon (51 %). Toutes ces filières devront nécessairement restructurer leur formation.

L’autre volet concerne les disciplines rares. La rareté étant fonction du faible nombre de spécialistes comme en anthropologie où l’on compte 200 enseignants chercheurs pour 3 700 étudiants, ou encore l’urbanisme (255 pour 4 700) ; mais aussi compte tenu du faible nombre d’étudiants. C’est le cas de la littérature et des langues anciennes : 1 520 étudiants pour 348 enseignants chercheurs.

Dans certaines disciplines, comme les langues rares, on ne compte parfois qu’un spécialiste habilité à diriger de la recherche, par exemple en ukrainien. Et quand le coréen explose, le vietnamien s’effondre.  » Quelle que soit la discipline, il faut une masse critique pour assurer un encadrement, avoir du temps pour la recherche et des étudiants qui s’engagent dans un troisième cycle – doctorat – pour nourrir la discipline et assurer la relève « , indique Manuel Tunon de Lara, président de l’université Bordeaux Segalen.

Au ministère, on estime qu’en deçà de 400 enseignants chercheurs, il y a menace. Douze disciplines rares ont déjà été recensées : de la théologie à l’histoire du droit en passant par les sciences politiques, la philosophie et les langues.

Des filières entières sont en train de disparaître. Les langues slaves, germaniques, scandinaves, romanes ou orientales sont, dans de nombreux établissements, sur la sellette. Sans parler du grec et du latin.

Pour éviter de supprimer sa licence de lettres classiques, l’université Jean-Monnet de Saint-Etienne a dû, il y a trois ans, se rapprocher de Lyon II et Lyon III qui connaissaient aussi une baisse du nombre d’étudiants.  » Les bonnes années, ils étaient une petite dizaine en première année de licence de lettres classiques. Mais parfois leur nombre tombait à cinq ou six. Cela devenait intenable, se souvient Khaled Bouabdallah. Evidemment, si on avait suivi les conseils d’un cost killer – spécialiste de la réduction des coûts – , on aurait fermé. « 

Les trois universités ont décidé de lancer une licence commune, et se partagent les dépenses. Dès la première année, la promotion a atteint une trentaine d’étudiants. Les étudiants inscrits en lettres classiques suivent les cours de grec et de latin à l’université de Lyon II ou Lyon III. Pour le reste, ils sont à Saint-Etienne et sont regroupés avec les étudiants de lettres modernes. Evidemment, au début, étudiants et enseignants ont un peu râlé. Et des questions sont toujours en suspens, comme la prise en charge des trajets des étudiants.

Dans un contexte budgétaire tendu, les universités ne pourront pas s’offrir le luxe de garder toutes les formations. Une cartographie des disciplines rares université par université est en cours. Elle devrait déboucher ensuite sur deux types de mesures : un observatoire pour réguler les recrutements, et des moyens spécifiques pour aider les universités à fonctionner en réseau lorsque le vivier des professeurs est trop faible. Mais également un fonds de consolidation national pour accompagner la refonte des projets pédagogiques et le maintien des équipes en place lorsque les étudiants ne sont pas assez nombreux.

Nathalie Brafman

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Un plaidoyer… bien mal défendu

« Peut bien mieux faire ! » Telle pourrait être le commentaire que l’on pourrait attacher à ce texte. En effet, ce Monsieur présente la situation, mais ne l’argumente ni ne la démontre. Sans démonstration, sans argumentation, ses propos sont vides, plats, même si on sait qu’il existe des faits qui peuvent largement démontrer et argumenter les propos.

C’est donc là où le bât blesse : on exige autrement mieux d’un Maître de conférence ! Ceci dit, il est Maître de conférence à Science-Po, source de médiocrité réputée dans notre pays.

Démonstration ? Tous nos politiques en sortent et pas un seul n’a été capable de voter un budget à l’équilibre depuis près de 30 ans. Je rappelle les chiffres de notre budget national : 240Mds de recettes, 300 de dépenses, soit un trou de 60Mds, correspondant à 25% des recettes. Pire, des intérêts sur les emprunts passé représentant 42Mds. Donc, on emprunte actuellement, pour rembourser les intérêts des emprunts passés.

Comme dirait la marionette de Philippe Lucas dans les guignols « Ils sont nuls et pis c’est tout ! ».

Sinon, sur le fond de l’article, on peut dire que la Loi sur la burqa a été une très mauvaise Loi. Mauvaise car profondément raciste. Non pas raciste par défense du modèle républicain et laïque qui doit être la pierre angulaire de notre démocratie. Mais bel et bien raciste car prenant sa source sur 300 cas Nationaux ! On ne fait pas une Loi pour 300 cas ! La jurisprudence aurait largement pu suffire. Las, cette Loi a créé l’amalgame et la stigmatisation. La loi est donc raciste.

J’aurais attendu ce genre de remarque de ce « Maître de conférence », mais peut être est-ce au delà de ses compétences.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 27 Juillet 2013

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Cessons de stigmatiser les musulmans !
La presse a fait de l’islam son punching-ball

Les islamistes ne sont pas seuls à être hantés par l’islam. Une séquence médiatique récente souligne l’extension et la profondeur de cette  » maladie obsessionnelle « . Ainsi, d’aucuns ont cédé à la tentation de privilégier le prisme religieux pour interpréter les événements de Trappes (Yvelines), et ce pour mieux ignorer leur dimension profondément sociale.

On retrouve la trace de cette même paresse ou malhonnêteté intellectuelle dans la question posée par le journaliste Laurent Delahousse au président Hollande, le 14-Juillet, évoquant le spectre d’un  » parti islamiste français « . Ou encore dans le tweet récent de la Femen Inna Shevchenko, intimement persuadée de la laideur intrinsèque de l’islam.

L’islam est devenu le jouet – ou plutôt le punching-ball – préféré des acteurs de la société du spectacle. Le fait n’a pas de quoi surprendre. Derrière la pseudo-audace journalistique ou la provocation féministe, cette posture de  » lanceur d’alerte  » ne fait que conforter l’esprit ou la pensée dominante qui prévaut dans l’espace public et politique.

En présumant l’incompatibilité ontologique entre l’islam et la liberté, l’islam et la démocratie, ces coups médiatiques cultivent une hystérisation du débat public qui s’inscrit sur fond d’anxiété identitaire. Une série de sondages avait ainsi signalé qu’une majorité de Français trouve l’islam  » trop visible « , qu’il constitue une  » menace  » pour le pays. Sur ce point, l’alternance politique et l’arrivée de la gauche au pouvoir ne se sont pas accompagnées d’un véritable changement de climat.

Si la critique de la religion en général n’est en rien condamnable, viser systématiquement l’islam devient pour le moins troublant. Certes, cette démarche rhétorique et idéologique est censée frapper la religion en tant que telle, non les musulmans… Reste que derrière cette argutie formelle, ou fiction juridique, nul ne saurait ignorer la cible réelle de ce genre de postures.

Les citoyens français (ou non) musulmans (ou du moins apparemment) se trouvent prisonniers d’une chaîne de présomptions ou de soupçons – Arabes/musulmans, musulmans/islamistes, islamistes/terroristes – dans laquelle les divers éléments s’amalgament insensiblement.

Le discours agressif contre l’islam qui s’exprime depuis la fin de la guerre froide s’inscrit dans une histoire moderne : le regard porté sur les sociétés arabo-musulmanes fut transposé à la présence musulmane en Occident. L’islam est devenu aux Etats-Unis comme en Europe un problème de politique étrangère, mais aussi une question de politique intérieure. La présence musulmane étant perçue à la fois comme une menace sécuritaire et identitaire.

La montée de l’intégrisme islamique a coïncidé avec la quête d’un nouvel ennemi stratégique et symbolique en Occident. Partant, la critique de l’islam(isme) s’est substituée subrepticement à la critique du communisme.

Aux Etats-Unis, puis en Europe, l’incapacité supposée des sociétés arabes ou musulmanes à adhérer à la modernité, assimilée aux valeurs occidentales de démocratie, de centralité de l’individu et de sécularisation, s’est répandue dans les milieux politiques et intellectuels. Cette lecture culturaliste et essentialiste vient figer la représentation des musulmans dans l’image d’une masse informe, archaïque, à la fois soumise et incontrôlable (si ce n’est par la force). Cette perception a justifié le soutien des régimes occidentaux à des régimes arabes autoritaires, qui avaient le mérite de maintenir l’ordre et la stabilité…

Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, la figure de l’Arabo-musulman incarne définitivement cet ennemi symbolique de l’Occident. Cette perception est étayée par la thèse du  » choc des civilisations « , développée par le politologue américain Samuel Huntington, selon laquelle l’ordre du monde tient à un conflit de systèmes de valeurs dans lequel la civilisation islamique menace l’Occident.

Le soulèvement de peuples arabes en 2011 a revitalisé l’obsession islamiste. Preuve de la persistance des vieux réflexes, des notions superficielles ( » hiver islamiste « ) ou fantasmagoriques ( » islamofascisme « ) ont (re)surgi pour mieux réduire les Arabes à un bloc monolithique écrasé par le poids de la religion musulmane. Il serait intellectuellement malhonnête de résumer le  » réveil arabe  » aux outrances salafistes et à la montée des partis liés à la confrérie des Frères musulmans.

Le sentiment de méfiance/défiance par rapport à la chose musulmane va grandissant, illustré en France par l’instrumentalisation politique autour des manifestations visibles – ostentatoires – de l’identité musulmane (mosquée, port du voile, etc.).

En France, la problématique de l’immigration est dépassée aujourd’hui par celle – plus aiguë – de l’intégration ou de l’inclusion des musulmans, dont l’identité complexe contribue à interroger l' » occidentalité  » et leur compatibilité avec les valeurs de la République. Les débats récurrents sur l’intégration et l’identité nationale témoignent d’une tension sociale et d’un questionnement existentiel liés notamment à cette présence musulmane.

Pourtant, contrairement aux thèses culturalistes encore en vogue, il n’y a nulle incompatibilité entre le fait d’être musulman et l’adhésion au modèle républicain à la française, concept structurel mais non figé. Mieux, le discours critique développé par les musulmans de France contre le discours de stigmatisation dont ils font l’objet se fonde sur la devise de la République :  » Liberté, égalité, fraternité « .

Les musulmans de France renvoient trop souvent à un bloc homogène, figé, animé des passions humaines et rétif à la modernité. Pourtant, si singuliers soient-ils, les musulmans ne sont imperméables ni à la raison, ni aux valeurs universelles.

Béligh Nabli

Maître de conférences

à Sciences Po Paris

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Un problème de timing ?

Etait-ce bien le moment de faire un tel cadeau aux fonctionnaires ? Le gouvernement n’a-t-il pas autre chose à faire que de plomber encore un peu plus les caisses de l’Etat à montrer aux fonctionnaires (qui sont 5 millions par rapport aux 60 millions de Français) qu’il s’occupe de lui ? N’est-ce pas carrément une mesure démagogique pour s’assurer un vote en sa faveur lors des futures élections ?

Très clairement, ce gouvernement est dans l’immobilisme. Il n’a pris aucune mesure courageuse ces derniers temps. Qu’on ne me dise pas qu’il a fait des efforts budgétaires : ces efforts sont des mesurettes qui ne sortiront pas notre pays de l’ornière.

Bref, on est dans un mouvement attentiste.

Pendant ce temps, le chômage augmente, notre économie ne décolle pas et le gouvernement ne bouge pas… Ah si ! On file des mesures démago pour s’assurer les prochaines élections : cool !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 22 Février 2013

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Fonctionnaires : le geste symbolique du gouvernement
Mme Lebranchu a annoncé l’abrogation du jour de carence sur les congés maladie

Marylise Lebranchu s’efforce d’apaiser la colère des fonctionnaires. Mercredi 20 février, la ministre de la réforme de l’Etat a annoncé l’abrogation du jour de carence sur les congés maladie, que les syndicats réclamaient depuis plusieurs mois. Cette décision compense, en partie, la déception des agents après la récente confirmation du gel du point d’indice, qui sert de référence pour calculer les salaires dans la fonction publique.

Depuis début 2012, un fonctionnaire n’est plus payé le premier jour lorsqu’il prend un congé maladie. Cette mesure, instaurée par le gouvernement de François Fillon, visait à lutter contre l’absentéisme, contenir la progression des indemnités journalières (versées en cas d’arrêt-maladie) et réduire les disparités avec le secteur privé – où il y a trois jours de carence.

Ce changement de règles avait été ressenti comme une vexation par les syndicats de fonctionnaires. A leurs yeux, l’argument d’une plus grande équité avec le privé ne tenait pas la route puisque les trois jours de carence sont pris en charge par les employeurs pour environ 60 % des salariés du secteur marchand.

Le 31 janvier, la CGT, la FSU et Solidaires avaient appelé à faire grève pour obtenir – entre autres – la suppression du dispositif. De son côté, la Fédération hospitalière de France (FHF), qui défend les intérêts des hôpitaux publics, avait plaidé pour le statu quo. Dans une lettre adressée, le 19 février, à Mme Lebranchu, le président de la FHF, Frédéric Valletoux, indiquait que le jour de carence « a amélioré la prise en charge des patients grâce à un «présentéisme» renforcé ». D’après une enquête de la FHF réalisée en février, l’absentéisme a diminué de 7 % dans dix-neuf établissements, représentant environ 20 % de la fonction publique hospitalière, depuis l’entrée en vigueur du jour de carence. Montant des économies réalisées : de l’ordre de 65 à 75 millions d’euros selon la FHF. « Ceci ne peut être évacué d’un seul «trait de plume» », avait conclu M. Valletoux.

Le gouvernement en a décidé autrement. Dans un entretien au quotidien Les Echos du jeudi 21 février, Mme Lebranchu explique que la mise en place d’un jour de carence « est injuste, inutile et inefficace ». Selon elle, « les effets sur l’absentéisme ne sont pas démontrés » : entre 2011 et 2012, la proportion d’agents en arrêt court est passée de 1,2 % à 1 % dans la fonction publique d’Etat ; dans les hôpitaux, ce taux a reculé de 0,8 % à 0,7 % tandis qu’il reste stable dans les collectivités locales (1,1 %).

La ministre met aussi en avant les résultats d’une étude du ministère du travail, publiée le 12 février, qui constate que « les taux d’absentéisme des salariés en CDI de plus d’un an et des fonctionnaires ne diffèrent pas significativement ». Enfin, elle souligne que « l’impact budgétaire du jour de carence est très limité, de l’ordre de 60 millions d’euros pour l’Etat ».

Mme Lebranchu fait donc un geste significatif, qui sera mis en musique dans la prochaine loi de finances soumise au Parlement, mais elle ne veut pas non plus donner l’impression qu’elle offre un cadeau aux fonctionnaires sans contrepartie. « Nous allons renforcer le contrôle des arrêts de courte durée et des arrêts répétitifs, déclare-t-elle aux Echos. L’objectif est d’arriver à un niveau de contrôle équivalent à celui du privé. »

Sans surprise, les syndicats de fonctionnaires ont réagi positivement, jeudi matin, tout en martelant la nécessité d’aller plus loin. « Reste la question du pouvoir d’achat et du gel du traitement des agents publics pour la troisième année consécutive », insiste l’UNSA. Force ouvrière, elle, réclame « l’augmentation immédiate de la valeur du point d’indice de 5 % ». Mais cette revendication n’a aucune chance d’aboutir, à court terme, car elle n’est pas « compatible » avec l’objectif de réduire les déficits publics, comme l’a redit Mme Lebranchu, le 7 février, en recevant les syndicats.
Bertrand Bissuel

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De la nullité d’un éditorial du journal ‘Le Monde’

Le rôle d’un éditorial est de rappeler les faits… tous les faits ! Les propos du maire de Cholet sont inacceptables, il n’y a pas de débat. Par contre, les propos du maire font suite à une provocation des gens du voyage : ce sont eux qui ont commencé à faire des gestes intolérables vis à vis de ce Maire ! On n’a pas le droit de faire l’amalgamme entre des décisions d’un maire et des faits remontant à l’Allemagne Nazie. Les gens du voyage ont fait des saluts Hitlériens, et cela n’est pas tolérable. C’est de la provocation. Le Maire a été dans la bêtise, dans l’imbécilité la plus absolue de répondre de manière honteuse à ces provocations, mais il y a bien eu provocations !

L’éditorial oublie les provocations. C’est une faute journalistique lourde car elle ne rend compte des faits que de manière parcellaire. Elle tend à montrer que l’édile à tous les torts, alors que ce n’est pas le cas. Le Maire, dans sa position a tort à 90%, mais 90% n’est pas égal à 100%. Il faut le rappeler et être juste envers les deux parties !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 26 Juillet 2013

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ÉDITORIAL
De la nullité du débat de l’été

Sur deux des sujets les plus  » chauds  » de l’été, les violences de Trappes et l’affaire des gens du voyage, le débat politique a trop souvent relevé d’un seul adjectif : atterrant. Ce n’est pas dénué d’importance.

Passons, le plus vite possible, sur les mots de Gilles Bourdouleix. Lors de très vifs échanges avec des gens du voyage, le maire centriste de Cholet, douce commune de Maine-et-Loire, a marmonné :  » Comme quoi Hitler n’en n’a peut-être pas tué assez.  » De 1940 à 1945, les nazis ont exterminé plusieurs centaines de milliers de Tziganes en Europe.

Rien, absolument rien, ne justifie pareil propos. Ils stigmatisent une communauté, non pour ce qu’elle fait, juste pour ce qu’elle est. Cela s’appelle du racisme. Cela ne doit pas non plus conduire à une forme de déni de la réalité. Français depuis le haut Moyen Age, les gens du voyage se donnent rendez-vous chaque été à l’occasion de grands pèlerinages évangéliques. Comme aucune aire communale n’est assez grande pour accueillir des centaines de caravanes, ils s’installent parfois en toute illégalité sur des terrains de sport ou des propriétés privées. Et rendent la vie impossible à nombre de municipalités.

A propos de Trappes, c’est le discours du chef de l’UMP, Jean-François Copé, qui stupéfie.

Les faits. L’interpellation par la police d’une femme qui ne respectait pas la loi sur le port du voile intégral débouche sur deux nuits de violences urbaines. Il y a là en concentré tous les éléments d’une situation trop fréquente dans certaines de nos banlieues depuis depuis un trop grand nombre d’années : islam et islamisme, relations tendues entre jeunes et policiers, réflexes communautaristes sur fond de situation économique et sociale dégradée…

A aucun moment, ni le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ni le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, ne manifestent le moindre angélisme : pas de négation de la gravité des faits, pas de contextualisation en forme de circonstances atténuantes. Mais, sur les radios, on entendra M. Copé tonner contre les  » messages laxistes  » du gouvernement, lesquels seraient, selon le président de l’UMP, responsables de la  » montée de l’insécurité « .

L’affirmation est fausse. L’insécurité était la même quand la droite était au pouvoir : faut-il rappeler les émeutes de 2005 ? Le propos de M. Copé est encore absurde et dangereux. La situation dans certaines banlieues – mélange de difficultés d’intégration politique et économique – est trop complexe pour relever d’une approche aussi sectaire et manichéenne, opposant droite et gauche sur un sujet où le bilan des deux grands partis de gouvernement est mitigé et partagé.

La petite musique que laisse entendre M. Copé, c’est l’insupportable recette rhétorique du  » y’a qu’à  » –  » y’a qu’à  » changer de majorité pour changer la situation dans les banlieues, n’est-ce pas ? Cela relève de l’irresponsabilité politique – l’effet de la chaleur, sans doute.

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Remettre l’éducation et la formation au coeur de notre système politique

Quand j’entends que la réforme des universités, réalisée par Sarkozy, a été une belle réussite, ça me fait lourdement marrer ! Aujourd’hui, on ne compte plus les épisode où l’on déplore le manque de formation et des postes que l’on ne parvient pas à faire occuper à cause d’un manque de main d’oeuvre qualifiée !

La première logique, dans la réforme des universités, aurait été de s’occuper des étudiants et de leur proposer un poste à la hauteur de leur formation ! La tâche était indispensable quand on pense que 25% de nos jeunes sont sans-emploi. Las, l’enjeu a consisté à les rendre indépendant financièrement, ce qui n’a qu’un lointain rapport avec les vrais enjeux de ce que l’on peut attendre de notre classe dirigeante.

Les universités n’avaient pas le seul monopole de la formation en la matière : depuis quelques années, on délaisse les emplois dits « sous-qualifiés », manuels, qui sont dévalorisés de manière constante par la société. On pousse donc la classe d’âge des 20 ans à avoir le Bac… qui ne leur sera d’aucune utilité à faire leur place dans le marché du travail.

Ne vaut-il pas mieux un jeune sans le bac mais bien formé qu’un jeune avec mais au chômage ? Il y a bien sûr le « bac-pro », mais il n’est que peu valorisé et mériterait autrement d’être vendu car il fait partie des solutions au chômage des jeunes.

Quant aux personnes qui ne veulent pas se déplacer de 30km pour bosser, il faut leur rappeler que les allocations chômage ne sont pas un salaire, mais une aide au retour à l’emploi. Il implique donc des droits et des devoirs. Si les devoirs ne sont pas remplis, on est en droit de supprimer des allocations.

Le mille-feuille administratif joue aussi à plein son rôle en matière de gabégie financière.

Bref, cet article lève beaucoup de questions qui feraient l’objet d’autant de projets de réforme.

Quand se met-on au boulot ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 25 Juillet 2013

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REPORTAGE
A Saint-Dizier, la double peine des destructions d’emplois industriels et du manque de travailleurs qualifiés

Saint-Dizier (Haute-Marne) Envoyé spécial

Le premier mal contre lequel il faut lutter, à Saint-Dizier, en Haute-Marne, c’est le chômage. Le vieil hôpital de la ville, qui borde la berge sud de la Marne, a été vidé de ses urgences médicales pour faire place à un centre administratif où Pôle emploi a emménagé dans des locaux à la mesure de sa tâche. Sur un territoire où le taux de chômage s’approche des 11 %, les entreprises locales résistent mal à la crise.

Depuis 2008, la zone a perdu encore 10,26 % de ses emplois, soit la plus forte baisse de la région Champagne-Ardenne.  » Pendant les décennies qui ont suivi l’après-guerre, ce territoire a vécu grâce à l’activité de plusieurs mastodontes de la métallurgie « , raconte François Cornut-Gentille, député et maire UMP de Saint-Dizier. Des fonderies qui durant les  » trente glorieuses  » ont consommé plusieurs générations d’une main-d’oeuvre non qualifiée.

Mais, à partir des années 1980, la mondialisation a déplacé l’essentiel de ses activités hors des frontières hexagonales.  » Seuls sont restés les ouvriers sans formation « , constate Didier Cognon, président de Tremplin 52, association locale oeuvrant pour l’insertion professionnelle. Et ce, sur un territoire où l’industrie représente plus de 35 % de l’emploi salarié.

Maire depuis 1995, M. Cornut-Gentille ne maquille pas la réalité :  » Nous avons un fort taux de chômage, mais également des emplois non pourvus.  » Un point qui préoccupe également Pôle emploi.

Le tissu industriel du bassin évolue et la demande va vers des postes qualifiés alors que 40,1 % des demandeurs d’emploi sont sans qualification selon l’agence, contre 30 % au niveau national. La transition nécessaire semble évidente :  » Il faut adapter la demande d’emploi à l’offre « , résume Fabrice Herbert, directeur départemental de Pôle emploi. Belle intention. Evidente en théorie, mais qui, en pratique, s’avère difficile à mettre en oeuvre.  » Saint-Dizier est un bassin de fondeurs, rappelle Fabrice Herbert. Depuis trois générations, pères et fils se succèdent dans les fonderies du pays en apprenant le métier sur le tas. L’idée de former la génération suivante pour accéder à d’autres métiers n’est pas passée. « 

Longtemps, ici, on a été ouvrier de père en fils, et l’accès à l’emploi n’était jamais un problème.  » Etre métallo, c’est dans les gènes. L’idée qui perdure, c’est : « Mon père a travaillé là, je dois travailler ici. » Et pas trente kilomètres plus loin « , relève Jean-Emmanuel Millot, directeur de T2I, une entreprise d’insertion professionnelle.  » Dans un secteur frappé par la mondialisation, une frange de la population a du mal à s’adapter et à se rendre « employable » dans des métiers qui se complexifient « , ajoute encore Valérie Langlois, directrice du développement du territoire.

L’action de l’agence locale de Pôle emploi est également limitée. Cinquante agents sont en poste sur le bassin de Saint-Dizier, certains ayant en charge un  » portefeuille  » de plus de 500 chômeurs à accompagner vers l’emploi,  » alors qu’au-delà de 100 on ne peut plus parler de suivi personnalisé « , témoigne, un brin découragé, un conseiller.

Le même découragement prévaut face aux intentions gouvernementales. Selon, Freddy Boudesocque, animateur d’équipe de Pôle emploi Saint-Dizier, elles sont inadaptées, voire irréalistes. Ainsi, lorsque François Hollande prévoit un effort accru sur les formations non pourvuesde 30 000 en 2013 à 70 000 en 2014, M. Boudesocque déplore :  » Nous avons déjà du mal à remplir les formations existantes. Certains chômeurs ne sont pas en capacité de suivre une qualification. « 

Fabrice Herbertregrette que Saint-Dizier ne dispose pas de pôle universitaire :  » Les jeunes qui veulent se former vont à Dijon, Troyes ou Nancy. Les élus locaux n’ont pas fait le choix de la formation.  » Plus grave encore,  » l’apprentissage au métier de fondeur a perduré sur le bassin, témoigne Jean-Emmanuel Millot, alors que le métier était voué à mourir « .

Une politique incohérente dont il est difficile de désigner le responsable. S’agissant de formation, les donneurs d’ordre sont multiples : la région, la ville, l’Etat, Pôle emploi…  » Tous interviennent avec une articulation plus ou moins bien huilée « , note le patron départemental de Pôle emploi.

 » Il faut un seul interlocuteur « , reconnaît M. Cornut-Gentille. Finalement les futurs actifs les plus adaptables quittent le territoire.  » Ici, les entreprises savent qu’elles pourront avoir des difficultés à recruter de la main-d’oeuvre qualifiée « , déplore encore le cadre de Pôle emploi.

Aujourd’hui, le diagnostic d’une nécessaire priorité à la formation et à son adaptabilité aux besoins du secteur industriel est partagé par les acteurs locaux, syndicats et patronat, selon le maire de Saint-Dizier.  » Même le ministère de l’économie a désormais compris l’importance du soutien à l’industrie, poursuit M. Cornut-Gentille. Alors que sous les gouvernements d’Alain Juppé ou de Lionel Jospin, lorsque vous évoquiez un problème lié au tissu industriel, on sentait bien qu’ils n’en avaient rien à faire. Depuis Nicolas Sarkozy, qui a été suivi par Arnaud Montebourg, Bercy prend ces questions au sérieux « , conclut l’édile.

Eric Nunès

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Et l’intérêt général, il est où ?

Pas de débat, pas de programme, mais une belle lutte d’empoigne pour le pouvoir et les avantages qui vont avec : c’est le spectacle peu glorieux qui est proposé à Boulogne-Billancourt. Après, on peut déplorer que le petit peuple se désinteresse de la politique et en appelle au « tous-pourris » !

Que les hommes politiques, Nationaux comme locaux n’oublient pas l’intérêt général et on pourra se passer de ces épisodes peu glorieux !

Une honte ? Assurément !

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 24 Juillet 2013

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A Boulogne-Billancourt, la droite se déchire sur fond de batailles d’ego et de renversements d’alliances
Le maire UMP sortant affronte son prédécesseur, issu du même camp, pour les municipales

Il est une tradition bien ancrée à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) : lorsque pointe une échéance électorale, la droite locale se déchire et les alliés d’hier se muent en ennemis jurés. La campagne 2014 des élections municipales ne fera pas exception. Sur le ring électoral boulonnais, à droite, Pierre-Christophe Baguet, maire sortant UMP de Boulogne-Billancourt. Face à lui, à droite également, Pierre-Mathieu Duhamel, ancien maire UMP, en 2007 et 2008, a bien l’intention de reprendre son siège.

 » Les Boulonnais m’apprécient et saluent mon action pour la ville « , affirme Pierre-Christophe Baguet. Le maire de Boulogne s’affiche sûr de lui : de sa main droite, il agite la lettre d’investiture signée par Jean-François Copé, président de l’UMP ; de la gauche, il pousse le résultat d’un sondage commandé à Ipsos, réalisé en mai sur 611 électeurs, et montrant qu’il devance, dès le premier tour, de plus de 25 points tous ses adversaires.  » Il n’y aura pas de match ! « , promet M. Baguet.

Pas de match, voire une humiliation politique, c’est également ce que le maire de Boulogne-Billancourt assurait à son ancien premier adjoint et rival, Thierry Solère, candidat dissident à la législative de Boulogne en 2012. Pour sortir son ancien bras droit de la vie politique boulonnaise, Pierre-Christophe Baguet, encore député, décide d’offrir sa circonscription à Claude Guéant, alors ministre de l’intérieur.

L’opération tourne au fiasco : Thierry Solère, soutenu par Pierre-Mathieu Duhamel et Jean-Pierre Fourcade, 83 ans, ancien maire de Boulogne-Billancourt, arrache le siège de député promis au ministre sarkoziste. Mauvais perdant, Pierre-Christophe Baguet bougonne :  » Ce n’est pas Solère qui a gagné, c’est Guéant qui a été battu « , allusion au positionnement droitier sur un territoire de tradition centre droit. Fort de cette victoire, la troïka Duhamel-Solère-Fourcade veut refaire le match lors des municipales de 2014, et cette fois pour sortir du jeu Pierre-Christophe Baguet en personne.

Les campagnes boulonnaises sont, depuis vingt ans, fratricides.  » Lors des périodes de marée basse politique, la droite fait 70 % sur ce territoire. Il n’y a pas de risque de basculement ; cela suscite les appétits dans notre famille politique et les contentieux s’accumulent « , analyse Roger Karoutchi, ancien élu de la ville et vice-président de l’UMP.

C’est en effet Pierre-Christophe Baguet qui, en 1994, va chercher l’UDF Jean-Pierre Fourcade, alors sénateur et ancien ministre, pour conduire une liste contre le maire RPR Paul Graziani… dont il est l’adjoint.  » Le deal avec Fourcade, c’était que je l’aide à prendre Boulogne-Billancourt, qu’il me forme puis me laisse les prochaines législatives contre le député gaulliste Georges Gorse « , raconte M. Baguet. Jean-Pierre Fourcade est élu maire mais refuse de faire campagne contre M. Gorse, figure tutélaire de la ville et ancien compagnon de la Libération.

Pierre-Christophe Baguet enrage mais l’emporte néanmoins. Le nouveau député ne prévoit pas d’en rester là : après avoir mis un terme à la vie politique de Paul Graziani et Georges Gorse, c’est au tour de Jean-Pierre Fourcade d’être dans sa ligne de mire. En 2001, M. Fourcade reconstitue une équipe municipale avec deux nouveaux adjoints, Pierre-Mathieu Duhamel et Thierry Solère. En 2007, à une année de la fin de son mandat, l’ancien ministre giscardien décide de passer la main. C’est Pierre-Mathieu Duhamel qu’il désigne pour lui succéder.

Mais à l’approche des municipales de 2008, revient le temps des trahisons et des coups bas. Thierry Solère et Pierre-Christophe Baguet ont rejoint depuis deux ans la fusée politique sarkoziste.

Le ralliement de M. Baguet lui vaut l’investiture de l’UMP contre le maire sortant Pierre-Mathieu Duhamel. Ce dernier jette l’éponge :  » Je ne me voyais pas me présenter contre l’UMP dans la foulée de la victoire de Nicolas Sarkozy et diriger cette ville contre l’Etat et le département UMP des Hauts-de-Seine.  » Pierre-Christophe Baguet, secondé par Thierry Solère, sont élus maire et premier adjoint. Mais le trop ambitieux binôme sarkoziste fait long feu et explose sur l’aménagement de l’île Séguin.

Elus UMP contre élus UMP, anciens maires contre anciens adjoints,  » C’est le bazar à tous les niveaux. Trop de haines qui scindent l’UMP en trop de clans « , reconnaît un cadre départemental de l’UMP. La gauche regarde passer les missiles, mais s’affiche également divisé, trois candidats socialistes se disputeront la tête de liste lors d’une primaire à l’automne.

Eric Nunès

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Des chiffres et des faits surprenants

Le moins que l’on puisse dire, quand on lit cet article, c’est qu’il existe une forme de schizophrénie dans les dires des habitants des cités. D’un côté on est satisfait, d’un côté on déplore. Quand on voit les chiffres, impossible de savoir ce que pensent réellement les gens !

Il est évident qu’il y a une sorte de honte, une sorte de mensonge dans les réponses des habitants : la vie n’y est pas facile mais on essaie de sauver les apparences sous couvert de réponses améliorées. Bref, une belle leçon concernant la typologie des sondages : dans un sondage aussi, on peut mentir…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 29 Juin 2013

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L’optimisme paradoxal des habitants des banlieues
77 % des habitants des ZUS se disent satisfaits de leur quartier, selon un sondage IFOP

C’est  » l’effet Cité rose « , du nom de ce film récent qui met en scène un garçon de 12 ans racontant les bons et les mauvais visages de sa cité : on vit avec les problèmes de sécurité de manière quotidienne mais on s’adapte. L’étude  » Perceptions et attentes des habitants des zones urbaines sensibles  » commandée par le ministère de la ville à l’IFOP, ne dit pas autre chose : l’insécurité et la violence sont le  » problème important  » le plus cité (35 %) par les habitants des quartiers. Juste devant l’emploi.

Ils sont 30 % à avoir subi personnellement la violence sous forme d’une agression verbale et 13 % d’une violence physique, révèle l’étude réalisée du 13 au 19 mars par téléphone auprès de 803 personnes représentatives des ZUS. C’est parmi les plus précarisés que le phénomène est le plus prégnant.

Pourtant quand on demande à ces mêmes habitants s’ils se sentent personnellement en insécurité, ils ne sont que 36 % à la ressentir  » de manière générale  » (33 % dans leur quartier), soit deux points de moins que la moyenne des Français. Pour eux, c’est un phénomène ponctuel sur lequel  » les médias en font trop « . Ce n’est pas leur quartier qui est en cause, tout au plus une rue ou un immeuble qu’il est préférable d’éviter.  » C’est une manière de mettre à distance ses difficultés qu’on retrouve sur d’autres problématiques « , dit Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP.

En effet, cette même stratégie semble s’opérer sur l’image que les personnes interrogées se font de leur vie de banlieusards. Ainsi, elles sont entre 42 % et 45 % à juger que leur quartier est sale, les immeubles en mauvais état, les espaces verts mal entretenus. 57 % souhaiteraient déménager. Mais elles sont aussi 77 % à être satisfaites de vivre dans leur quartier, estimant qu’il est  » agréable  » (75 %), que  » les différentes cultures sont une richesse  » (71 %) et qu' » il y a de la solidarité et l’entraide  » (57 %).

Plus paradoxal encore, 46 % de ces habitants disent s’en sortir  » correctement  » avec leurs revenus contre 44 % des Français. Ils se positionnent aussi spontanément plus fortement dans la catégorie des classes moyennes (51 %) que parmi les modestes (31 %) ou les  » défavorisés  » (7 %).

Attentes vis-à-vis de l’école

Même si cette France des ZUS n’est pas uniforme – l’étude montre une nette coupure entre une frange intégrée, ayant un emploi et se déplaçant facilement et une autre précarisée et mal insérée -, on sent le décalage entre la réalité perçue et celle vécue. Et surtout la capacité de ces habitants des quartiers populaires à cohabiter avec les problèmes et les relativiser pour tenter de s’y adapter.

Dernière surprise de l’étude : la très forte attente vis-à-vis de l’école. Pour 60 % des personnes interrogées, elle garantit l’égalité des chances. Seuls 39 % des Français le croient. Malgré cet optimisme affiché, le gouvernement n’en fait pas assez pour ses banlieues populaires : 71 % jugent que l’Etat ne leur consacre pas assez de moyens, quartiers rénovés ou pas.

Sylvia Zappi

    Une conférence citoyenne sur l' » empowerment « 

    Le ministère de la ville organise, dimanche 30 juin à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), une conférence citoyenne avec une centaine de représentants des quartiers. Mohamed Mechmache d’AC Le Feu et la sociologue Marie-Hélène Bacqué doivent y présenter les principales propositions de leur mission sur la participation des habitants.

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Quand Guéant a mal compris l’origine du mot ‘Ministre’.

Guéant prend les gens pour des imbéciles : c’est une évidence. Plus que tout cela, il a oublié l’origine du mot ‘Ministre’. Il vient du latin ‘Ministere’ qui veut dire ‘servir’.

Las, M. Guéant croit que ‘Ministere’ veut dire ‘se servir’. La confusion est donc minime…

Trève de plaisanterie.

Les actes de M. Guéant sont honteux car ils jettent, encore une fois, l’opprobe sur la classe politique actuelle. Entre les affaires Guéant et Cahuzac, les Français ont marre de payer des impôts pour des pourris qui ne pensent qu’à échapper à leurs impôts.

La vente des tableaux ne tient pas. Pas plus que les autres explications. Il faut donc en finir et faire le ménage dans ces politiques de pourris. Le renouvellement appartient aux Français. Auront-ils le courage, par eux mêmes, de procéder à ce renouvellement en ne votant pas bêtement toujours pour les mêmes politiques sortant toujours des mêmes écoles ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 3 Mai 2013

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Primes en liquide : les incohérences de la défense de M. Guéant
Daniel Vaillant, ex-ministre de l’intérieur, et Chantal Jouanno, ministre sous M. Sarkozy, contredisent sa version

Mis en cause depuis mardi 30 avril dans une affaire de fonds suspects, Claude Guéant multiplie les explications. L’ancien ministre de l’intérieur a-t-il bénéficié jusqu’en 2006 d’un système de primes en espèces instauré de manière occulte au ministère de l’intérieur ? Oui : c’est en tout cas la défense qu’a choisi celui qui fut bras droit de Nicolas Sarkozy de 2002 à 2012.

Une défense qui présente de nombreuses incohérences et qui est démentie par d’autres anciens collaborateurs de la place Beauvau, dont l’ancienne ministre Chantal Jouanno, membre du cabinet de M. Sarkozy au ministère de l’intérieur de 2002 à 2004.  » Je ne touchais que des primes sur mon compte bancaire ; rien en liquide « , a-t-elle assuré au Monde.

Lors d’une perquisition à son domicile, dans le cadre d’un éventuel financement libyen de la campagne de M. Sarkozy en 2007, les policiers ont découvert, comme l’a révélé Le Canard enchaîné mercredi, des paiements en liquide suspects, pour un total de 20 000 à 25 000 euros. M. Guéant – également interrogé pour un virement de 500 000 euros sur son compte, qui provient selon lui de la vente de deux tableaux – a aussitôt lancé une contre-offensive médiatique de taille : sept interviews en une seule journée.

Il a ainsi précisé, sur France 2, qu’avait existé, après 2002 et la fin de l’utilisation des fonds secrets, un régime spécifique au ministère de l’intérieur. Ce système de paiements en liquide aurait concerné  » des milliers de personnes « , dont les membres du cabinet du ministre. Or, selon M. Guéant,  » quand vous avez plusieurs milliers de fonctionnaires qui bénéficient de ce système, vous ne le changez pas du jour au lendemain « . Selon lui, il aurait fallu plusieurs années pour mettre un terme à ce dispositif :  » Nous avons réussi, en 2006. « 

L’affirmation étonne fortement le prédécesseur de Nicolas Sarkozy place Beauvau, de 2000 à 2002, Daniel Vaillant.  » C’est une défense un peu olé olé « , a-t-il indiqué au Monde. Il estime que M. Guéant entretient une confusion entre les fameux  » fonds secrets  » ou  » fonds spéciaux  » et les  » frais d’enquête et de renseignement « .

Et M. Vaillant de détailler :  » Il existait depuis 1946 des primes de cabinet, gérées par les chefs de cabinet, qui recevaient de l’argent venant de Matignon, qui le prenait à la Banque de France. Ces primes étaient distribuées dans chaque ministère.  » Ce système des fonds spéciaux gouvernementaux a perduré jusqu’à la fin 2001, date à laquelle Lionel Jospin, alors premier ministre, a décidé de le supprimer.

Selon M. Vaillant, cette réforme a été effective au 31 décembre 2001. Et dès janvier 2002, les membres des cabinets ont touché une indemnité de sujétion particulière (ISP), prime officielle qui figure sur les fiches de paye.  » Je n’imagine pas que Jean-Pierre Raffarin – qui a succédé à M. Jospin en 2002 – ait remis en place ce système « , ironise l’ancien ministre socialiste.

Les  » frais d’enquête et de renseignement  » eux, étaient attribués à certains ministères, dont l’Intérieur et la Défense, pour couvrir des dépenses particulières : rémunération d’informateurs, défraiement dans le cadre d’opérations  » d’immersion « , voire paiement de rançons, par exemple.  » Ces fonds sont gérés, pour l’Intérieur, par le directeur général de la police nationale « , explique M. Vaillant. Par ailleurs, poursuit-il, il existait aussi  » une petite prime annuelle, qui était versée en liquide aux fonctionnaires de police pour service rendu « . Mais elle portait sur de petites sommes, assure-t-il.

C’est également la version de Bruno Beschizza, ex-patron du syndicat des officiers de police Synergie, proche de Nicolas Sarkozy, et actuel élu UMP en Ile-de-France.  » Ce n’était pas de l’argent sale, mais de l’argent public, versé selon certains critères, opaques sur le mode de distribution « , assure-t-il. Mais ces deux enveloppes, tant celle des  » frais d’enquête  » que celle des primes de gratification, étaient gérées par la direction nationale de la police (DGPN), et non par le cabinet du ministre. Daniel Vaillant est catégorique :  » La DGPN était autonome, et on ne donnait pas au cabinet du ministre l’enveloppe dédiée à la police ; en aucune circonstance. « 

Plusieurs points restent troubles dans la version de M. Guéant. Si l’on suit sa logique, l’Intérieur aurait ainsi octroyé, durant quatre ans, de 2002 à 2006, des surprimes en liquide, qui se seraient ajoutées aux fameuses primes réintégrées dans les fiches de paye des membres des cabinets ministériels. A l’en croire, les conseillers de la place Beauvau auraient donc été mieux rémunérés que leurs homologues des autres ministères.

Le récit de M. Guéant comporte d’autres incohérences : il parle d’un système qui aurait perduré  » jusqu’en 2006 « , date à laquelle il serait parvenu à y mettre fin. Las. Dès 2004, le ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy a réformé les primes des policiers, instaurant des primes au mérite plus transparentes, à la place des enveloppes d’argent liquide.

M. Guéant est également confus sur le nombre de bénéficiaires du fameux  » système « . Interrogé lundi par Le Monde, il assurait :  » Quand je suis arrivé au ministère de l’intérieur, il y avait 400 personnes concernées par ces primes.  » Et mardi, sur France 2, il a évoqué  » plusieurs milliers de fonctionnaires  » qui en auraient bénéficié.

Le  » système  » dont parle M. Guéant existait-il réellement ? Selon plusieurs témoignages recueillis par Le Monde, il semble que non. Outre, l’ancienne ministre de l’écologie et des sports Chantal Jouanno (ex-UMP aujourd’hui UDI), un autre ex-membre du cabinet de Nicolas Sarkozy, qui souhaite rester anonyme, a apporté une version différente de celle de M. Guéant. Ce conseiller, qui a travaillé avec le socialiste Hubert Védrine, avant de rejoindre Dominique de Villepin au Quai d’Orsay et de le suivre au ministère de l’intérieur entre 2004 et 2005, est aujourd’hui dans le civil. Il est tout aussi catégorique que Mme Jouanno :  » J’ai bien touché une prime de cabinet officielle, virée avec mon salaire et mentionnée sur mon bulletin de paie, mais pas un centime ne m’a été versé en liquide. « 

Ce  » système  » de M. Guéant était-il réservé à certains membres du cabinet ?  » A ma connaissance, aucun de mes collègues n’a non plus bénéficié d’une telle faveur « , relève le conseiller. Selon ce dernier, l’équipe Villepin a intégré pendant plusieurs mois quelques collaborateurs du précédent cabinet Sarkozy et aucun ne s’est plaint de la suppression éventuelle d’une prime en liquide. Selon les conseillers du cabinet de M. Guéant joints par Le Monde, il n’y avait aucun système officiel ou officieux, de versement de primes en liquide aux collaborateurs. Encore moins à  » des milliers de fonctionnaires « , comme l’évoque M. Guéant.

Samuel Laurent

    Question sur la vente des tableaux

    L’exportation illégale de trésors nationaux constitue  » un délit passible de deux années de prison et une amende de 450 000 euros « . Mais si le bien a été importé légalement depuis moins de cinquante ans et qu’on veut l’exporter, l’attribution du certificat de sortie est automatique. Sur Internet, un article de Latribunedelart.com s’interroge :  » Claude Guéant a-t-il demandé un certificat d’exportation au ministère de la culture ?  »  » Il lui serait très simple de prouver l’existence de ces tableaux et leur exportation légale « , poursuit l’auteur, Didier Rykner.

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Le véritable scandale du boulot de nos Eurodéputés !

Accrochez-vous : c’est du lourd !

Avec votre argent, voilà une liste non-exhaustive de ce que font vos Eurodéputés :

– Ils profitent de leur salaire sans assister aux réunions, tout cela sans qu’il y ait de caméras car, chut, la fainéantise est secrète !

– Ils ont leur propre queue au bar (ben ouais, l’Eurodéputé n’est pas au service, c’est lui que l’on sert !)

– Ils ont leur propre couloir pour leur éviter de se blesser à ouvrir les portes

– Ils ont leur propre exposition de peinture où on sert du champagne à gogo

– Et le fin du fin : ils se font payer des indemnités en ayant une présence de 1mn sur leur lieu de travail !

Top non ?

Tout cela ne serait pas bien grave si ce n’était pas de l’argent public…

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On a versé trop d’argent pour sauver cette banque !

Il faut que cela cesse et tout de suite ! On doit cesser dès aujourd’hui de verser des indemnités mirobolantes à des incapables ! On doit faire voter une Loi, munie d’une rétroactivité afin que M. Richard cesse d’être payé pour avoir été incompétent dans ce dossier.

Les retraites chapeau, les parachutes dorés doivent être illégaux. Il en va de la crédibilité même de notre système financier et sociétal dans son ensemble : lorsque l’on n’a pas rempli ses objectifs, on ne peut pas être payé.

Messieurs les députés, au lieu de cumuler vos mandats et ne passer que deux jours à voter des lois à Paris, vous seriez bien mieux inspiré de voter des Lois qui préservent l’intérêt général. On le voit dans ce dossier, le travail n’est pas fait. Quand on a une pension « extra-légale » financée par le citoyen, il a le droit que l’on enlève ce critère d' »extra-légalité ».

D’aucun diront que l’incompétence ne relève pas du pénal. Soit. Mais comme le droit se doit d’être au service du citoyen, des Lois rétroactives doivent pouvoir être votées pour dire que l’on ne peut obtenir un salaire conséquent lorsque l’on a failli dans ses missions. Bref, que les indemnités votées sans contre-partie sont illégales. Le droit est un outil de l’intérêt général, pas une inspiration divine gravée dans le marbre.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 20 Juillet 2013

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Dexia : le  » J’accuse  » de la Cour des comptes
L’institution appelle à poursuivre les anciens dirigeants de la banque, dont la chute a déjà coûté 6,6 milliards à l’Etat

La Cour des comptes, dans un rapport sur la banque Dexia rendu public jeudi 18 juillet, demande à l’Etat d’utiliser  » toutes les voies de droit encore ouvertes « , y compris devant la justice, pour remettre en cause les retraites chapeaux (les retraites supplémentaires) qui ont été ou qui seront versées aux anciens dirigeants de l’établissement placé sous perfusion d’argent public depuis 2008, et désormais promis au démantèlement.

L’ancien président du conseil d’administration de Dexia, Pierre Richard, ce banquier polytechnicien longtemps estimé, qui participa aux premières lois de décentralisation à la fin des années 1970 sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, est notamment visé.

En dépit du naufrage de Dexia, M. Richard, qui, à la fin de son mandat, avait cédé, en janvier 2006, ses fonctions exécutives au Belge Axel Miller, perçoit, en sus de sa retraite de fonctionnaire, une pension « extralégale » de 300 000 euros par an. Ce montant, auparavant de 563 750 euros, a été réduit sur intervention de l’Etat, le 11 mars. Il reste exorbitant du droit commun selon la Cour des comptes. Sur vingt ans, cette rente représente une charge de plus de 6 millions d’euros… M. Richard n’a cependant pas touché d’indemnité de départ. Contrairement à M. Miller, qui a perçu un « parachute doré » de 825 000 euros – il avait été fortement réduit après un coup de colère, en 2008, de Nicolas Sarkozy, alors chef de l’Etat.

Dans ce rapport au vitriol sur ce  » sinistre coûteux  » qu’a été la longue chute de Dexia entre son sauvetage en 2008 et le démantèlement final de 2011, la Cour des comptes se montre cinglante envers les anciens dirigeants de la banque franco-belge.

Il faut dire que les magistrats de la rue Cambon mettent directement en cause leur responsabilité dans cette affaire qui a déjà coûté 6,6 milliards d’euros à la France (2,72 milliards pour l’Etat et 3,9 milliards pour la Caisse des dépôts). Le coût pour la Belgique  » est au moins équivalent « , ajoute la Cour, qui juge que la facture pourrait encore s’alourdir

. » Les risques perdureront jusqu’au débouclage du dernier emprunt, dans quarante ans « , disent les auteurs du rapport.  » Si le scénario macroéconomique et financier prévu – dans le plan de résolution de Dexia – , qui suppose une sortie de crise rapide, ne se réalise pas, il n’est pas exclu qu’une recapitalisation doive à nouveau intervenir, ce qui entraînerait un nouveau coût pour les finances publiques « , expliquent-ils.

Dans ce contexte, juge la Cour des comptes, les responsabilités de ce désastre financier doivent être identifiées. Et, de ce point de vue, les magistrats jugent légère la défense de Pierre Richard et de ses anciens collaborateurs, qui présentent Dexia comme une victime de la crise financière. L’institution de la rue Cambon invoque  » la fragilité du modèle – Dexia – , la faiblesse de sa gouvernance et les défaillances de la régulation et de la supervision  » pour expliquer  » que le groupe n’ait pas survécu aux crises de 2008 et 2011 « .

La Cour épingle aussi la Caisse des dépôts, qui  » a toujours considéré sa participation – dans Dexia – comme non stratégique jusqu’au déclenchement de la crise. Ce choix est apparu critiquable à la Cour, car elle disposait tout à la fois d’un haut niveau d’expertise financière et d’une excellente connaissance du financement des collectivités territoriales « .

Ceci posé, les magistrats déplorent que les avantages financiers accordés aux anciens dirigeants de Dexia n’aient pas été remis en cause après le sauvetage public de l’établissement de prêts aux collectivités territoriales, mené dans l’urgence par la France et la Belgique – et de façon moindre par le Luxembourg. Et demandent qu’ils le soient aujourd’hui.

 » La mise en cause des responsabilités des dirigeants a essentiellement consisté en leur éviction, estime la Cour des comptes, qui n’a examiné que la situation des dirigeants français. Elle s’est accompagnée du maintien contestable d’avantages financiers, notamment en matière de retraites chapeaux.  »  » La Cour n’a pas relevé d’actions de mise en cause – de ces responsables – que ce soit à l’initiative des actionnaires ou des Etats entrés au capital à compter de 2008, poursuit le rapport. Les mesures sanctionnant la responsabilité du management n’ont pas été à la hauteur du coût pour les finances publiques des opérations de sauvetage. « 
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Or, selon la Cour des comptes, le biais juridique existe pour engager un contentieux à l’encontre des dirigeants bénéficiaires du régime de retraite surcomplémentaire mis en place en 1996. Outre M. Richard, deux autres cadres dirigeants sont appelés à percevoir, à leur départ en retraite, des rentes d’environ 100 000 euros et 80 000 euros par an. Un recours est possible jusqu’en 2014, selon la Cour, pour contester certaines  » formalités possibles irrégulières en droit belge  » et obtenir  » l’annulation de certaines décisions « .

De surcroît, la Cour des comptes dénonce les  » accords transactionnels de montant important  » conclus en faveur des dirigeants  » faillis « . Elle cible plusieurs  » fonctionnaires d’origine « , dont deux ont réintégré aujourd’hui la fonction publique et repris des fonctions dans leurs corps initiaux, à l’Inspection générale des finances et à l’Insee. L’un a touché 725 000 euros d’indemnité. L’autre plus de 670 000 euros.

Ainsi, l’Etat se voit directement interpellé, alors qu’il a renoncé à aller en justice contre les anciens dirigeants de Dexia, après avoir, il est vrai, exploré, pendant de longs mois, jusqu’au début de 2012, les pistes juridiques pour le faire. La voie pour contester avait semblé trop étroite, étant donné que les retraites avaient commencé à être versées, notamment à M. Richard.

L’équipe de direction mise en place en 2008 pour tenter de redresser le groupe – en l’occurrence, le Français Pierre Mariani, dépêché par M. Sarkozy à la tête de la banque – avait aussi souhaité s’épargner de nouveaux dégâts d’image, alors qu’il s’agissait pour Dexia de continuer à se financer sur les marchés financiers…

Anne Michel

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Ce beau pays démocratique qu’est la Russie !

Depardieu décidément avait bien raison : la Russie est bien un merveilleux état démocratique ! On le voit à la manière du pays de traiter ses opposants politiques : un peu trop d’ambition et hop, en prison ou une inéligibilité à vie !

Décidément, c’est un bien beau pays ! A quand Poutine Nobel de la paix ?

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 20 Juillet 2013

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REPORTAGE
Le Kremlin garde à l’oeil l’opposant Alexeï Navalny
Condamné à cinq ans de détention en colonie pénitentiaire, l’avocat a été remis en liberté sous contrôle judiciaire
Moscou Envoyé spécial

Alexeï Navalny est libre, vingt-quatre heures après sa condamnation à cinq ans de prison. Ce coup de théâtre surréaliste est intervenu vendredi 19 juillet, après l’examen à Kirov d’un appel du parquet. Le même procureur qui avait requis six ans contre l’avocat, au cours du procès, estimait soudainement qu’il pouvait être remis en liberté, sous contrôle judiciaire. Motif invoqué : sa candidature à la mairie de Moscou. Souriant dans la cage du prévenu, l’ennemi numéro un du Kremlin a demandé à ce qu’on vérifie l’identité du procureur, au cas où il s’agirait d’un sosie. Puis il a remercié les manifestants, sortis dans la rue la veille au soir.

Jeudi matin, il a fallu attendre plus de trois heures, dans l’enceinte du petit tribunal de Kirov, avant que la sentence ne tombe, au terme d’un procès à sens unique. Le juge a fini par égrainer les condamnations : cinq ans de détention en colonie pénitentiaire pour Alexeï Navalny, quatre pour son co-accusé, l’entrepreneur Piotr Ofitserov. Les deux hommes étaient reconnus coupables de détournement de fonds au détriment d’une entreprise forestière, à l’époque où l’avocat était conseiller du gouverneur de la région. Le jugement prononcé, les miliciens ont emmené les accusés en détention. Malgré sa libération sous contrôle judicaire, l’avenir de l’avocat demeure sombre : difficile d’imaginer une annulation de la condamnation.

Jeudi, peu avant 19 heures, à Moscou, les manifestants ont commencé à s’agglutiner sur les trottoirs, devant la Douma (Chambre basse du parlement), aux coins de Tverskaïa et le long de la place du Manège, fermée par la police. Ils étaient des milliers, furieux, mais sans rage révolutionnaire. Ils n’étaient même pas assez radicaux pour interrompre la circulation sur Tverskaïa, les Champs-Elysées de Moscou. Il est vrai que les cordons policiers sont dissuasifs.  » Un pour tous, tous pour un « , lançait la foule, reprenant le slogan favori d’Alexeï Navalny.  » Li-ber-té !  » et  » Poutine voleur !  » remportaient aussi un franc succès. Régulièrement, les protestataires s’applaudissaient, pour se rassurer et s’entendre vibrer collectivement.

Jana Tchebovskaïa, 27 ans, est une représentante typique de cette génération moscovite, éveillée à l’action après les fraudes aux élections de décembre 2011. Enseignante d’anglais et d’espagnol, elle a inscrit sur son tee-shirt blanc  :  » Pour Navalny et pour moi « .  » On a tous un sentiment bizarre, poursuit-elle. Personne n’est étonné, mais c’est terrifiant.  » Jana porte un regard nuancé sur l’avocat.  »  Ce n’est pas mon héros, son nationalisme ne me plaît pas, mais il n’y aura jamais de candidature idéale. Et il a fait beaucoup de bonnes choses avec son fonds contre la corruption. « 

Non loin de là, Alexeï Lebedev, lui, tient fièrement une feuille de papier. Elle précise qu’il est un  » frère de Navalny « . Spécialiste en marketing sur Internet, âgé de 29 ans, il estime que  » Poutine est un froussard en s’en prenant de cette façon à Navalny.  » Selon le jeune homme, très vindicatif,  » tout est devenu clair après les fraudes  » de décembre 2011.  » Il s’agit d’un pouvoir d’occupants, dit-il. Ils se sont barricadés à Moscou, où se trouve l’argent, tandis que le reste du pays se dégrade. Ils prennent les gens pour du bétail. « 

Malgré cette colère partagée, les perspectives de l’opposition restent incertaines. Près de 200 personnes ont été interpellées jeudi, en fin de manifestation. Beaucoup ont été relâchés dans la nuit. Une poignée avait tenté, en vain, de débuter une occupation, sur une place non loin du siège des services secrets, le FSB. Quant à Alexeï Navalny, son destin est en suspens. Le jugement marquera-t-il, déjà, la fin de sa carrière politique ? Ou bien va-t-il le propulser dans une nouvelle dimension, celle de prisonnier politique, de figure intransigeante prête au sacrifice de sa liberté ? Si le jugement est confirmé en appel, l’avocat deviendra inéligible à vie. L’état-major d’Alexeï Navalny, enregistré mercredi comme candidat à la mairie de Moscou, a dans un premier temps annoncé son retrait. L’élection du 8 septembre serait alors vidée de sa substance.

Le rebondissement de vendredi n’y change rien. Alexeï Navalny rejoint l’ancien patron du groupe Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, sur le banc des persécutés. Détenu depuis dix ans, ce dernier pourrait subir un troisième procès, en 2014. Leurs rapports avec Vladimir Poutine sont dissemblables. L’ancien oligarque a fait partie du cercle des puissants, qui ont bénéficié des privatisations douteuses des années 1990. Mais il n’a pas voulu respecter le contrat que l’ancien agent du KGB a imposé à ses semblables : la prospérité contre une absolue loyauté.

Le cas d’Alexeï Navalny est autre. Il n’est pas un acteur familier pour Vladimir Poutine, qui n’a aucune culture numérique et voit la société civile comme une bande d’agités, stimulés par l’Occident.

La dernière attaque d’Alexeï Navalny a visé un homme-clé du pouvoir : le patron des chemins de fer russes, Vladimir Iakounine. Sur son site, à deux jours du jugement, l’avocat a publié un schéma des sociétés offshore utilisées par ce cadre du régime. Aucune réaction officielle contre M. Iakounine, qui menace à présent de porter plainte contre l’avocat. Au printemps, Vladimir Poutine a pourtant lancé la  » renationalisation des élites  « , destinée à déclarer leurs biens immobiliers à l’étranger et à rapatrier les fonds cachés. Visiblement, la sévérité du pouvoir est un missile à tête chercheuse.

Piotr Smolar

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Il faut réformer les mutuelles étudiantes

On le voit, le système des mutuelles étudiantes est un système suranné. Le président de ces mutuelles, élu, n’a aucune compétence pour mener à bien ses missions. Il n’est donc guère étonnant que sa gestion soit calamiteuse.

De plus, il y a même des soupçons de favoritisme dans le traitement des dossiers. Bref, il faut réformer ce système absurde et coûteux.

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 18 Juillet 2013

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La Mutuelle des étudiants
La LMDE est mise en cause par la Cour des comptes pour sa gestion et la qualité de ses prestations

Après UFC-Que choisir et les sénateurs en 2012, c’est au tour de la Cour des comptes d’étriller le système de sécurité sociale étudiante. Dans un rapport, qui doit être rendu public en septembre, mais dont Le Monde s’est procuré une version préparatoire, les magistrats de la rue Cambon critiquent, une nouvelle fois,  » une qualité de services (…) globalement très insatisfaisante  » et des  » coûts de gestion élevés avec une faible productivité « .

Chaque année, environ 1,7 million d’étudiants sont tenus de s’affilier à une  mutuelle étudiante pour se faire rembourser leurs soins, y compris pour assurer leur couverture maladie de base. Ils peuvent ensuite opter pour une couverture complémentaire. Ils ont en général le choix entre une des onze mutuelles régionales, regroupées dans le réseau Emevia, et la mutuelle nationale, La Mutuelle des étudiants (LMDE). C’est cette dernière, à laquelle adhère plus de la moitié des étudiants, qui est particulièrement critiquée par le prérapport de la Cour des comptes pour son inefficacité et sa désorganisation.

La Cour des comptes a mené sa propre enquête de satisfaction auprès de plus de 1 700 personnes affiliées à la LMDE. La note moyenne de satisfaction a été d’à peine 2,33 sur 5, soit le plus mauvais score de toutes les mutuelles étudiantes, qui sont globalement toutes mal notées. Des chiffres qui viennent démentir les 88 % de personnes satisfaites vantées dans les  » enquêtes de satisfaction autoproduites  » par la LMDE, note avec malice la Cour.

Il n’y a pas besoin de chercher bien loin les raisons de cette insatisfaction. Selon la Cour, la LMDE n’est en mesure de répondre qu’à un appel téléphonique sur 14. En février, plus de 200 000 courriers adressés à la mutuelle étaient en attente de suivi et les retards de traitement des feuilles de soins sont chroniques. Par ailleurs, la LMDE, comme les autres mutuelles étudiantes, accuse un important déficit de développement des services en ligne.

Autant de bugs qui causent des retards de remboursement récurrents pour les étudiants. Sans compter que les délais pour éditer les cartes Vitale sont particulièrement longs : neuf mois après leur inscription, 10 % des étudiants n’en ont toujours pas reçu et ne peuvent donc bénéficier du tiers-payant, estime la Cour.

Des difficultés qui ne sont pas niées par la présidente de la LMDE (issue du syndicat étudiant UNEF).  » Nous avons connu de gros soucis en 2012 en raison d’une réorganisation interne complexe, explique Vanessa Favaro, mais la situation est revenue à la normale. Nous répondons à un appel sur deux, même si ce n’est toujours pas suffisant.  » Tout cela malgré des frais de gestion qui ont augmenté de plus de 7 % depuis 2005 alors que la plupart des autres régimes ont baissé les leurs sur la même période.

La LMDE connaît des difficultés financières chroniques, avec 23 millions de pertes accumulées en 2011. Un plan social, lancé à cette époque, a abouti au départ de 130 des 640 salariés, moyennant  » des indemnités importantes « , note la Cour. Pourtant, ces personnels ont tous été remplacés  » quelques mois plus tard « , alors qu’un cabinet externe avait évalué que la productivité était supérieure de 20 % dans les caisses primaires d’assurance-maladie (CPAM) du régime général.

Au bord de la faillite

Sans compter que 2,2 millions d’euros d’intéressement ont été versés aux salariés entre 2007 et 2011, alors que la mutuelle perdait dans le même temps 3,8 millions d’euros.  » Réduire les coûts de gestion ne passe pas forcément par des réductions de postes, et l’intéressement est lié à des accords d’entreprise « , justifie Mme Favaro.

Au bord de la faillite, la LMDE a toutefois été contrainte de s’adosser en février à la MGEN, qui contrôle désormais de facto la gestion de la mutuelle. Un adossement encore trop récent pour que la Cour puisse juger de ses conséquences. Mais cette proximité, qui existe depuis longtemps, entraîne d’étonnantes pratiques. La Cour des comptes révèle ainsi que les enfants de fonctionnaires adhérents de la MGEN bénéficient  » d’un traitement prioritaire  » de leurs courriers et appels lorsqu’ils choisissent la LMDE, ce qui est en  » contradiction avec les principes du service public « .

Si les autres mutuelles étudiantes subissent des critiques moins lourdes, elles n’en sont pas moins visées par la Cour.  » Les mutuelles étudiantes paraissent significativement moins productives que les caisses primaires « , juge le prérapport, en notant qu’aucune n’assure autant de remboursements par adhérent que les CPAM.

Les mutuelles régionales contrôlées par la Cour n’ont pas non plus beaucoup progressé sur les outils en ligne. Et il leur fallait en moyenne plus de huit jours pour personnaliser les cartes Vitale, quand à peine 2,7 suffisent au régime général. Autant de dysfonctionnements en partie liés à l’architecture même du système de sécurité sociale étudiante, convient la Cour, qui plaide pour la suppression de ce régime spécifique.

Jean-Baptiste Chastand

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Quand la manipulation des chiffres ne touchait pas uniquement aux comptes de l’UMP

Sarkozy avait un problème avec les chiffres : c’est normal, quand on est avocat, on ne fait pas de Maths. Donc, M. Sarkozy s’est fait redressé ses comptes de campagne. Mais la filouterie ne s’est pas arrêtée là : elle a continué en manipulant les chiffres de la délinquance afin de faire croire que la politique sécuritaire du Schtroumpf était la bonne.

Comme il est plus facile de manipuler les chiffres que de mener une politique sécuritaire efficace, Sarko a préféré la première solution. Une solution de tricheur et de voleur…

Quand je pense que certains veulent son retour…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 13 Juillet 2013

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Des  » anomalies  » dans les statistiques de la délinquance
Un rapport de l’IGA souligne les effets pervers de la politique du chiffre prônée par M. Sarkozy

C’est une accusation qui a poursuivi Nicolas Sarkozy jusqu’au soir de sa défaite à la présidentielle de 2012. Selon un rapport de l’Inspection générale de l’administration (IGA), remis vendredi 12 juillet à Manuel Valls, la politique du chiffre mise en place par l’ex-chef de l’Etat et ministre de l’intérieur a engendré des  » anomalies  » et  » manipulations  » dans les statistiques de la délinquance.

Ce travail, commandé par le ministre de l’intérieur le 18 février à l’IGA, qui a conduit l’enquête avec les inspections générales de la police nationale (IGPN) et de la gendarmerie nationale (IGGN) ainsi que l’Insee, fait suite à son discours de novembre 2012 devant les préfets, où il exprimait sa volonté de  » rompre avec la politique du chiffre  » instaurée par M. Sarkozy.

Les rédacteurs ont inspecté les pratiques en matière d’enregistrement statistique des plaintes en remontant jusqu’à 2006. Les  » objectifs quantitatifs  » ainsi que  » certaines directives de l’administration centrale ont pu contribuer à minorer fortement les statistiques « , notent-ils. Notamment grâce à l’application de deux directives de 2006. L’une d’elles propose au fonctionnaire qui reçoit la plainte d' » ajuster  » la qualification pénale des dégradations délictuelles. Celles-ci représentaient 16 % de la délinquance générale en 2006. Elles passent à 11 % en 2011,  » faisant sortir, dès 2007 et les années suivantes, près de 130 000 faits  » des chiffres officiels.

 » Pratiques d’ampleur « 

Une autre méthode pointée du doigt consiste à modifier l’unité de compte pour certaines infractions. L’inspection prend l’exemple d’un délinquant qui casse dix voitures dans une rue. La procédure voudrait que l’agent constate dix faits, un par plaignant. Or, il est possible de n’en constater qu’un.  » Cette pratique est courante « , tranche l’IGA.

Les auteurs établissent un constat particulier pour la Préfecture de police de Paris. Là, est constatée, depuis 2006, une pratique de  » report systématique  » de la comptabilisation des faits dès que les objectifs assignés à un commissariat étaient atteints pour le mois. Concrètement, une fois le quota de plaintes rempli, les policiers arrêtaient d’entrer statistiquement tous les autres actes, jusqu’au mois suivant.  » Les statistiques avaient ainsi perdu tout contenu opérationnel, n’indiquant plus la réalité de la délinquance. « 

D’après l’IGA, chacune des directions territoriales de la Direction de la sécurité publique de l’agglomération parisienne avait des résultats précis à atteindre. Le plus souvent, à la baisse. Mais parfois à la hausse, lorsqu’un objectif de baisse n’était pas réaliste.  » Les ordres venaient du sommet de la Préfecture de Paris « , explique Michel Rouzeau, qui a dirigé l’enquête pour l’IGA et qui évoque  » des pratiques d’ampleur « .

Le commissariat du 17e arrondissement illustre cette pratique de  » dissimulation massive « . 6 686 délits et contraventions y ont été pris en compte sans avoir été  » statés « , selon le jargon policier. Pour l’IGA, ces pratiques, qui auraient cessé en mars 2013,  » font peser des doutes très forts sur la fiabilité des statistiques de la délinquance à Paris en 2012 et pour les années antérieures « . Même si l’inspection souligne la  » nouvelle impulsion ministérielle  » et la modernisation informatique qui devraient atténuer ces pratiques, elle estime qu’aucune statistique fiable n’est à attendre avant 2017. De quoi inaugurer une nouvelle bataille de chiffres ?

Shahzad Abdul

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Je ne comprends pas la logique Anglaise

Qu’on réfléchisse un peu : on se dit que les députés Anglais gagnent moins que d’autres professions. On ne peut pas les augmenter car, en temps de crise, ça ferait jaser. Les députés ne le veulent pas non plus. Soit, il suffit donc de réduire le salaire des autres…

Et bien non, la logique Anglaise est toute autre : elle force les députés à accepter une augmentation !

Décidément, je ne comprendrai jamais rien à la logique de nos voisin d’outre-manche…

Un article du journal ‘Le Monde’ daté du 13 Juillet 2013

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Les députés britanniques augmentés malgré eux

Pauvres députés britanniques… Détestés de l’opinion, qui a une très mauvaise image d’eux, vilipendés après le scandale de leurs notes de frais en 2009, les voilà en proie à un étrange paradoxe : jeudi 11 juillet, l’Autorité indépendante sur les normes parlementaires (IPSA) leur a proposé une augmentation de salaire de 9 %, à 74 000 livres par an (85 000 euros), dont ils ne veulent pas, mais qu’ils sont obligés d’accepter.

Cette situation ubuesque fait suite à l' » affaire des notes de frais « . A l’époque, le Daily Telegraph avait dévoilé qu’un élu s’était fait rembourser le nettoyage des douves de son château, un autre la taille des haies autour de son héliport, un troisième avait fait meubler sa maison à grand coût… Sans compter ceux – plus rares – qui avaient triché en fabriquant de toutes pièces de fausses factures.

Pour tourner la page, les députés avaient décidé de se dessaisir de leurs affaires financières et de les transférer à un organisme indépendant. C’est ainsi que l’IPSA est née. Jeudi, elle remettait son premier rapport.

Le problème est que ses recommandations sont une véritable bombe politique. Après un très sérieux travail de comparaison des salaires avec le reste de la fonction publique, l’organisme conclut que la rémunération des députés – 76 000 euros par an – a besoin d’être réévaluée. Les directeurs d’école et les dirigeants de la police sont par exemple mieux payés. L’IPSA souligne aussi qu’entre 1911 et 1980 les parlementaires gagnaient en moyenne 3,2 fois le salaire moyen britannique, un ratio qui est désormais tombé à 2,7. Pour faire bonne mesure, l’organisme recommande cependant une réduction de leurs très généreuses retraites et une baisse de quelques autres avantages financiers.

Anonymement, de nombreux députés de base partagent cette analyse. Beaucoup trouvent qu’ils travaillent énormément, avec une très forte pression, et qu’ils gagneraient probablement mieux leur vie dans le secteur privé.

 » Incompréhensible « 

Publiquement cependant, alors que les salaires des fonctionnaires ne vont progresser que de 1 % par an pendant les deux prochaines années, personne ne veut prendre le risque de défendre cette mesure. Une augmentation serait  » incompréhensible  » en ces temps d’austérité budgétaire, a estimé d’ailleurs Nick Clegg, le vice-premier ministre.  » Ces propositions ne doivent pas voir le jour dans la conjoncture économique actuelle « , ajoute Ed Miliband, le chef de file des travaillistes.

Le problème est que l’IPSA ne donne pas le choix aux élus. Ses recommandations sont ouvertes à consultation jusqu’au 20 octobre, et peuvent encore être modifiées, mais, ensuite, l’organisme prend seul la décision finale. Les députés ne pourront pas refuser leur augmentation. Celle-ci prendra effet en 2015, l’année des prochaines élections législatives. Cela promet d’intéressantes conversations sur les pas-de-porte pendant la campagne électorale.

Eric Albert (Londres, correspondance)

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